Grosses cylindrées, femmes voluptueuses, tuning à gogo, flics aux allures de ripoux, rivaux de courses plus traîtres les uns que les autres… Bienvenue dans l’univers de la course made in EA.
Apparue sur la (relative) mythique
3DO, il aura fallu attendre l’arrivée de la PsOne pour que la série des
Need For Speed se fasse connaître du grand public. Un concept à l’époque très simple, celui de faire des courses haletantes tout en étant poursuivi par la police, qui permit à
Electronic Arts d’imposer sa nouvelle licence en l’améliorant le plus possible, tout en tentant de prendre quelques nouvelles directions comme la simulation (
Need For Speed : Porche 2000), ou le coté djeunz dans le moove incarné par la série des Underground. Après deux succès phénoménaux, le développeur, pour ne pas céder à la facilité une fois de plus (incroyable oui…), tente d’offrir un amalgame de la série, en théorie tout du moins et c’est ce que nous pouvions penser face aux premiers screens. Parce que dans la réalité des faits, Most Wanted n’est ni plus ni moins qu’un Underground 2, les flics et les courses de jour en plus. Explication.
Vroum Vroum story
« On n’est homme que lorsque l’ambition est notre qualité première. » Bien loin de promouvoir un quelconque philosophe de bas étage, cette phrase pourrait néanmoins illustrer n’importe quel scénario d’un Need For Speed ou d’un autre jeu de courses… et même celui d’un RPG… de n’importe quel jeu vidéo en fait. Passons. Une fois de plus, l’intrigue laissera votre matière grise se reposer et se montrera aussi accrocheuse qu’elle manquera d’originalité : vous êtes un jeune, vous savez, ce genre de personne qui croit avoir le monde à genoux parce qu’il possède une caisse dépassant le 250 à l’heure en moins de 10 secondes, qui croise lors d’un feu rouge une nymphe brune au volant d’un véritable bolide répondant au doux nom de Mia (la fille, pas la voiture hein !). Ni une, ni deux, la course poursuite s’engage une fois le feu au vert et se terminera sur le lieu de rencontre d’une quinzaine de personnes ayant la même passion que vous, à ceci près qu’ils ont des meilleures voitures que la votre, de plus belles filles que vous (pas difficile, vous êtes célibataire) et surtout une réputation d’envergure. Pas affolé pour autant, vous vous mettez rapidement le chef de la bande à dos et ne tardez pas à franchir les étapes en le provoquant en duel. Duel qui finira très mal et qui vous obligera à tout reprendre à zéro. Détail à retenir, les scènes cinématiques présentent des protagonistes joués par de véritables acteurs en chair et en os. Ceux-ci ont été filmés sur fond bleu pour pouvoir y intégrer des décors en images de synthèse et des textures sur les personnages, donnant un effet parfois un peu flou au niveau des fonds, mais dans l’ensemble pas désagréable. Alors certes, les différentes « stars » n’auront pas l’oscar du meilleur acteur, mais on s’en contentera, d’autant que la mise en scène est d’une certaine qualité.
C’est dans ce contexte que démarre le mode carrière dans lequel, une fois de plus, vous démarrerez avec la voiture du looser né (du moins dans le milieu, car une Fiat Punto, ce n’est pas si horrible que ça) et devrez grappiller quelques dollars pour avoir un tant soit peu de fierté. Héritage parfait des Underground, la partie customisation fait une fois de plus preuve de richesse tout en restant un peu moins complète dans les détails que dans certaines parties comme les nylons qui passent à la trappe, rien de grave étant donné que 90% des courses se déroulent de jour. Finie également la possibilité d’augmenter son multiplicateur de respect en ayant une caisse de qualité : le seul bonus offert part le tuning visuel, hormis évidemment un certain plaisir pour les yeux en vue externe, réside dans votre niveau de recherche de la police qui se nivellera vers le bas. Le jeu en lui-même se déroule de la même manière que l’opus précédent, à savoir le fait de pouvoir se promener dans une ville bien plus vide qu’à l’accoutumée (mais où est la circulation ???) en ayant le choix dans l’ordre des missions, qu’elles soient principales ou secondaires. A ce sujet, l’ancien très bon mode Drift qui consistait à enchaîner dérapage furieux a été supprimé au profit de deux autres modes bien moins accrocheurs. Le premier, Radar, vous oblige à accélérer rapidement afin de passer devant un certain point à une vitesse plus ou moins élevée : facile au départ grâce à de nombreuses lignes droites, le défi se compliquera lorsque le radar se situera à la sortie d’une épingle garnie de voitures. Pour le second, Péage, il vous suffira de franchir une parcelle de circuit en un temps limité tout en prenant garde à ne pas vous crasher dans, comme son nom l’indique, un des nombreux péages. Pour le reste, la formule restant à quelques détails près la même, il suffira d’enchaîner courses et tournois afin d’augmenter sa dose d’argent et de respect pour faire face à l’un des membres de la
Black List. Celle-ci indique le degré de puissance de 15 membres auxquels vous devrez faire face les uns après les autres avant d’atteindre le numéro 1, Razor, votre rival responsable de la perte de votre caisse. Un programme alléchant, mais rapidement répétitif tant l’impression d’avoir fait le tour de la bête se ressent après 3 ou 4 adversaires mis à genoux.
On y perd plus que l’on en gagne
Principale curiosité de ce nouvel opus, la présence de membres des forces de l’ordre représente-t-elle à elle seule un renouvellement de la série ou, mieux, un justificatif total de l’achat si on possède déjà
Need For Speed Underground 2 ? La réponse est non. Certes, les aficionados n’auront même pas lu cet avis avant de se procurer la bête, mais pour les autres, non, les courses-poursuites avec la police ne donnent pas pour autant la sensation d’un quelconque retour aux sources. Les raisons sont simples : alors que dans les premiers volets de la série, la police représentait la plèbe et que l’on avait surtout le loisir de se mettre dans leur peau pour goûter aux sensations d’arrêter des malfrats, ici, elle essaiera tout au plus de vous gêner et quelques coups sur le coté suffiront à les mettre KO. Alors bien entendu, plus tard dans le jeu et à l’instar d’un
GTA, elle deviendra véritablement ennuyeuse, mais restera au final assez optionnelle, en prouvera l’absence de difficulté à lui échapper lorsque qu’on vous le demandera. Ces moments, moyennement intenses donc, dureront malheureusement assez longtemps, et ce, à cause d’un nombre de poursuivants plus ou moins nombreux selon vos fautes commises, et dieu sait qu’elles peuvent être en grand nombre si vous n’y prenez pas garde : des points de décors peuvent par exemple être détruits, ce qui forcément, augmentera votre indice de recherche. A contrario, une fois que les flics vous ont perdu de vue, libre à vous de rouler prudemment ou d’accéder à certaines cachettes en attendant de vous faire oublier. Et le but dans tout ça ? Celui de gagner des points de respect… vous vous attendiez à quoi ?
Autre point qui, pour les développeurs, n’a pas eu besoin d’être un peu plus travaillé : le
gameplay. En gros identique au volet précédent, il garde les mêmes lacunes sans prendre en compte ce qui a pu être proposé chez la concurrence, hormis la possibilité d’actionner un ralenti (cf.
Midnight Club 3). Pourtant, quoi de mieux pour rythmer une course que la possibilité de gagner du boost en frôlant les voitures lorsque que l’on est en première place et qu’on compte bien la garder (sa place) ou celle de se servir d’un effet d’aspiration, chose bien utile lorsqu’on est en queue de peloton et que l’on prie pour un retournement de situation avant la ligne d’arrivée. Quant à la circulation et comme dit précédemment, elle semble avoir en partie disparue et seuls quelques policiers ajouteront de la variété aux décors. Sans tomber dans le classicisme habituel, le jeu garde tout de même quelques bons points en partie dus aux bases instaurées par ses grands frères : les courses s’enchaînent bien et les raccourcis sont un poil plus nombreux. Une bonne idée également que la nitro se régénère lorsqu’on roule assez vite, mais, après avoir goûté aux Takedown et autres possibilités des derniers opus des
Burnout, ce maigre menu suffira-t-il à contenter la foule ?
Alors que les deux premiers Underground offraient un graphisme très nocturne en raison de leur contexte, Most Wanted offre en grande partie des courses en plein soleil, offrant alors une teinte jaune à la plupart de vos escapades. Heureusement, et contrairement aux versions sur la précédente génération, les graphismes ont fait un véritable bond avant malgré la présence évidente d’un moteur identique. Mais malgré l’aspect très propre de l’ensemble, ce n’est pas vraiment ce que l’on était en droit d’attendre sur une Next Gen ou un PC dernier cri, sans compter que l’animation n’est pas vraiment au top. Décevant donc, surtout après le passage d’un certain
Project Gotham Racing 3. Les parcours se suivent et se ressemblent, et comme dit un peu plus haut, les seules surprises viendront des quelques altercations avec le décor, voire avec certains véhicules comme le camion transportant des troncs d’arbres qui se déverseront sur la route en cas de choc puissant. Bref, comme on a déjà pu le constater avec les opus 2006 de Madden, Fifa et Tiger Woods, EA n’a pas vraiment tenté de démarrer la nouvelle génération en trombe. Rien de surprenant donc.