Il est de retour. Le grand blanc qui a hanté notre jeunesse, qui nous a fait frémir devant notre télévision, qui nous a définitivement fait passer l'envie de nous aventurer trop loin sur la plage. Les mâchoires de la mort qui tue reviennent… et ce n'est pas si mauvais qu'on aurait pu le croire.
Il existe certains jeux dont on imagine assez mal une quelconque adaptation vidéoludique. Les dents de la Mer (Jaws en US), véritable mythe made in Spielberg, narrait un synopsis simple, mais efficace où l'on suivait les massacres d'un grand requin blanc terrorisant les alentours d'une petite ville vacancière. Alors que l'on s'imaginait déjà prendre part à la chasse à un de ces impitoyables nemesis, on fut tous surpris lorsqu'on apprit que la fine équipe d'Appalossa, déjà auteur de softs « maritimes » avec le très reposant Ecco : The Dolphin, allait nous proposer ni plus ni moins que d'incarner le mangeur d'hommes. Après un an de retard sur les plannings, le soft est enfin entre nos mains. Prêt à dîner ?
Pulsions sauvages
Soyons brefs, soyons francs. Les dents de la Mer est une bonne surprise dans le sens où l'on n'en attendait qu'une adaptation sans relief à enterrer rapidement. Dénué de sens moral et d'une quelconque forme de « sérieux », le soft se veut avant tout fun et défoulant, et la mission semble réussie même si le texte qui va suivre démontrera le manque de travail des développeurs. Vous êtes donc un requin, blanc, énorme et vous avez faim. Petit plus face à vos congénères : vous avez un cerveau, celui du joueur en l'occurrence, et verrez rapidement que la charge frontale mène rapidement à une mort rapide. Réflexion donc au cours des différentes missions qui composent le jeu, le système de progression reprenant les bases d'un GTA. Oui, vous avez bien lu. Après avoir passé les quelques minutes d'entraînement, vous aurez libre accès à l'île de l'Amitié et ses alentours et aurez donc loisir de choisir entre continuer le jeu, exécuter quelques missions secondaires, vous amuser en croquant quelques mets (délicieux) ou sauvegarder tout simplement.
Certes, vous ne pourrez conduire véhicules ou user du dernier magnum à la mode, mais doté d'un corps massif et d'une mâchoire d'acier, le statut de roi de la mer semblera rapidement à portée de nageoire. Construction de luxe (comme un petit port), bateaux, vitres, portes… Une grande partie du décor peut être mis en morceaux ou au fond de votre estomac. Le requin ayant souvent besoin de se nourrir comme l'indique la jauge à l'écran, le moindre poisson ou surfeur imprudent satisfera votre appétit. Joueur à ses heures perdues, l'animal pourra également s'amuser avec ses proies comme lui assener de violents coups de queue, lui foncer en pleine face ou le mordiller frénétiquement histoire de mettre un peu de rouge dans le grand bleu. En plus de votre matière grise nivelant ce sentiment d'instinct pur et donc toujours dans l'optique de mettre le réalisme de côté, vous ne serez pas aveugle, chose plutôt satisfaisante dans un jeu vidéo. Vous voyez donc aussi clair que dans de l'eau de roche et n'aurez alors pas besoin de vous fier uniquement aux mouvements des ennemis pour les repérer. Pour autant et en plus d'un lock bien utile, il vous sera possible d'adopter la vue de prédateur qui mettra en valeur uniquement les êtres vivants, utile lorsque la fringale vous tiraille et que les proies du coin sont toutes petites.
GTA : Amity Island Stories
Revenons-en au système de progression. Pouvant acquérir de l'expérience avec vos exploits, libre à vous de faire quelques missions secondaires pour gagner quelques nouvelles compétences ou de vous lancer dans le scénario dont les écrits tiennent, à l'instar du film, sur quelques pauvres lignes, mais l'intérêt n'est bien entendu pas ici. Tout comme GTA donc, la carte se devra d'être débloquée au fur et à mesure de votre périple afin d'obtenir un total de trois côtes, certes plus ou moins semblables, mais réservant leurs lots de surprises comme les coins balnéaires, les petites plages, les cimetières de bateaux, le parc d'attraction ou les usines qui tiendront par moment une place importante dans l'histoire. Un jeu qui tente donc tant bien que mal d'offrir de la variété dans ses décors comme dans ses missions : destruction de ports, chasse aux pécheurs, fuite de la réserve scientifique, cruel combat contre un bébé orque… Malheureusement, même avec tout cela, l'ennui et le côté répétitif prennent le dessus et ce n'est probablement pas l'une des 32 quêtes secondaires qui changeront la donne vu qu'une majeure partie de celles-ci consiste à rejouer une des missions principales, mais cette fois sous un temps limité. Mais s'il n'y avait que ça…
Une fois de plus, une année de retard ne rime pas avec jouabilité aux petits oignons et disparition de bugs, bien au contraire puisque le cas de la jouabilité ici sera sans conteste le gros point noir du jeu. Pas forcement maniable, même avec le lock, le requin semble parfois impossible à diriger, la faute à une caméra complètement à la ramasse lorsqu'elle est placée à la troisième personne : entre le fait de se placer constamment à la surface de l'eau empêchant de voir le plus important (sous l'eau donc) ou ses « bonds » aléatoires une dizaine de mètres en avant, on opte très vite pour une vue à la première personne, plus pratique, mais éliminant une grande partie du spectacle gore. Egalement à l'appel, les bugs de collision sont constants, surtout dans les lieux rocheux et étroits, bloquant ainsi le mammifère à de nombreuses reprises, mais également dans le système de destruction des éléments qui nous obligera à nous y reprendre à plusieurs reprises avant de réussir à briser une vitre, un bout de bois ou même une simple porte, embêtant lorsque vous êtes poursuivis par une bande de piranhas capables de réduire votre barre de vie en environ 3 secondes, et énervant pour le joueur qui finira par abandonner la partie… probablement pour longtemps.
5/10