Déception, simple portage, manque d'ambition… Objectivement, et donc pas seulement du point de vue de ses détracteurs, la PSP manquait encore de titres forts, inédits, poignants. Le genre de killer-app qui mettrait enfin tout le monde d'accord quant à l'achat de la machine. Et bien justement, quand on parle du loup.
Pour beaucoup,
Syphon Filter c'est un peu le
Metal Gear Solid du gros bourrin : de l'espionnage oui, un peu de subtilité également, mais surtout de l'action pure et jouissive à la troisième personne qui primait sur un scénario un peu convenu. De quoi donner lieu à une trilogie sur PlayStation première du nom qui laissa nombres de souvenirs impérissables a contrario de son récent homologue PlayStation 2, décevant à plus d'un titre là où on en attendait forcement beaucoup. Une fois n'est pas coutume, c'est la petite sœur qui va rattraper le coup en accueillant un nouvel opus inédit, et accessoirement l'un des meilleurs jeux de la machine. Gabe is Back !
Quand le bourrinage prime sur la discrétion
Dévoilé via de nombreux briefings et
cut scenes sur lesquels nous reviendrons un peu plus tard, le synopsis général offre tout ce qu'il y a de plus efficace en matière d'action, de suspense et surtout de classicisme, car si haletant, voire prenant il est, celui-ci est loin de réserver un tantinet de surprises le long de ses sept missions, elles-mêmes découpées en plusieurs épisodes. Alors que l'agent secret Gabriel Logan, dit '
Gabe', se rend en Alaska pour contrecarrer une menace en apparence bénigne, sa mission le mettra rapidement face à de dangereux terroristes, prêts à tout pour finaliser un nouvel équipement de guerre.
Metal Gear Solid vous avez dit ? Non, pas de tank nucléaire sur pattes ici, ni de cow-boy refoulé et encore moins de ninja expert en galipettes. On a des méchants vraiment méchants, des gentils vraiment gentils, un héros taciturne manquant un peu de charisme qui n'a d'œil que pour sa mission et qui prend bien plus de plaisir à éviscérer ceux d'en face, parfois de façon très gore comme vous le verrez, qu'à draguer les filles d'à côté. En parlant de demoiselles, deux seront suffisamment mises en avant pour satisfaire les fans de chair fraîche, à savoir la sulfureuse Xian Ling qu'on ne présentera plus aux fans de la série et la blondasse de service qui passe plus de temps à se faire enlever qu'à nous rendre service… On retiendra donc de la miss uniquement ses longs et torturés '
heeeeeeeeelp meeeeee !!!' qui rappelleront de douloureux souvenirs aux amoureux de
Resident Evil 4. Pas de scènes en images de synthèse pour mettre en place tout ce beau monde, mais une pléthore de cinématiques en temps réel malheureusement un peu trop statiques dans l'ensemble pour un rendu au final plus proche de scènes tirées de RPG PC que d'un trip James Bondien.
Avant de débarquer sur les terres gelées d'Alaska, il vous sera possible de passer par une case entraînement bienvenue, surtout face à une jouabilité dont seuls ceux vouant un culte au pad
Nintendo 64 s'habitueront en quelques secondes. En effet, en l'absence de second joystick sur la portable de
Sony, et souhaitant offrir un système de caméra meilleur que celui du Splinter Cell de la même machine, les développeurs nous ont donné la possibilité d'utiliser les 4 boutons standards pour la vue ou la visée. La croix quant à elle sert à s'abaisser, à utiliser les éléments du décor, mais aussi de touches de raccourci pour l'inventaire. Quant aux deux boutons de la tranche, l'un sert à locker ou sniper, et l'autre à tirer. Difficile au début, on se rend pourtant rapidement compte que l'accessibilité est exemplaire, même si dans le feu de l'action, il nous arrivera de nous mélanger les pinceaux. Rien de grave cependant, le seul ennui concerne finalement la sensibilité inégale des boutons selon la situation, et viser peut parfois poser problème, surtout que les missions se veulent plus souvent teintées d'action que d'infiltration. En effet, si on essaie de faire part de finesse face aux ennemis équipés de gilet pare-balles, il nous arrivera plus souvent de foncer dans le tas que de longer les murs, couteau à la main. A noter également que comme la plupart des jeux du genre, le lock est une bénédiction même s'il ne vise pas toujours celui qu'on veut.
Niveau arsenal, on est très fourni avec l'indémodable pistolet, la mitrailleuse, la mitrailleuse lourde, le fusil à pompe, etc. Quelques armes se démarquent bien entendu du lot comme le magnum, d'une efficacité redoutable, le lance-roquette qui ne vous servira vraiment que face à un gros boss, ainsi que le magnifique sniper et ses multiples munitions : classiques, électriques, explosives ou imbibées de somnifères. Au niveau du corps à corps, vous pouvez casser le coup des imprudents, les égorger avec un bon couteau, ou encore utiliser le mythique tazer dont la jouissance d'utilisation vaut depuis le premier épisode de la série. Ah, quel plaisir de voir son ennemi hurler de douleur face à nous jusqu'à le laisser brûler… Bref. Excepté cette dernière, les autres armes de combat rapproché seront utilisées au mieux deux fois durant l'aventure, tant il est bien plus simple, quitte à se la jouer discrétion, de coller une balle de pistolet silencieux dans le crâne d'un terroriste retourné plutôt que de s'approcher à tâtons en craignant à chaque seconde qu'il ne se retourne. En parlant de
headshot, sachez que contrairement aux premiers épisodes de la série, vous serez légèrement moins contraints de viser les crânes de vos opposants munis de pare-balles vu qu'un bon tir de fusil à pompe à bout portant les mettra hors service illico. Enfin, et parce qu'il n'y a pas que les armes dans la vie, on évoquera l'équipement qui nous a été confié pour cette mission et si la présence d'un grappin et d'un radar reste sans surprise, celle d'accessoires de vision l'est un peu plus : une lampe torche pour l'ambiance, des lunettes infrarouges pour les recoins un peu trop sombres, d'autres de vision thermique pour repérer toutes formes de vie et enfin, l'UDSU qui vous permettra de repérer chaque objet avec lequel vous pourrez interagir comme une caisse, une porte, un boîtier électrique ou une de ses maudites mines laser qui vous tue sur le coup si vous avez le malheur de la traverser.
Beau, complet et passablement ardu
Nous avions déjà senti, et ce n'est rien de le dire, un certain potentiel niveau technique avec les nombreux screens et vidéos diffusés jusqu'alors, mais une fois entre les mains, le verdict est sans appel :
Syphon Filter : Dark Mirror est l'un des plus beaux jeux de la machine, si ce n'est le plus beau. Détaillé de partout, des décors aux personnages, le jeu ne peut que surprendre : les textures sont travaillées, les effets spéciaux nombreux, les divers filtres liés aux différentes visions (thermique, infrarouge) sont transcendants, là où
Splinter Cell Essentials avait lamentablement échoué, sans parler des petits détails réjouissants comme l'équipement qui apparaît directement sur le dos de Logan. La perfection n'est pas de ce monde et certains points noirs sont à signaler et, à ce propos, le jeu est très sombre par moments et certains passages sont difficiles à appréhender pour peu qu'une source trop importante de lumière soit à vos côtés, et ce, même si vous avez modifié l'option Gamma en conséquence. Autre ennui, le
frame rate chute parfois en présence de nombreux personnages tirant à tout va, même s'il faut avouer que cela reste assez rare. Enfin, plus critiquable cette fois, l'ambiance qui se dégage de certains stages n'est pas des meilleures, faute à un manque flagrant de PNJ qui ne sont là que pour être sauvés ou tués sous nos yeux.
Pour autant, le jeu saura nous offrir huit bonnes heures de jeu intenses et il est d'ores et déjà conseillé d'opter directement pour le mode de difficulté standard, le mode facile se résumant à une balade sans intérêt. Certes un peu court,
Syphon Filter : Dark Mirror se permet du coup de ne pas laisser de temps morts dans l'action : carnage, plates-formes, énigmes, prises d'otages, désamorçage de bombes, infiltration, protection d'allié… A moins de faire le jeu d'une traite sans lâcher la console, il y a peu de chances pour que vous ressentiez un quelconque ennui et même une fois le jeu bouclé, on retrouve quelques petits à côtés avec plusieurs niveaux de difficulté, des secrets à chercher dans chaque stage pour débloquer moult bonus, dont des stages inédits. A cela se rajoute un mode multijoueurs en Ad-Hoc ou Infrastructure : jouable jusqu'à huit, il permet de prendre part à de nombreux
Deathmatch classiques (seul ou en équipe), des parties à objectif ou encore en Rogue Agent. Avec la possibilité d'utiliser un micro pour parler à ses coéquipiers, le fait de créer des équipes avec une liste d'amis et d'examiner les fiches de caractéristiques des adversaires pour déterminer la meilleure marche à suivre pour les vaincre, on pouvait s'attendre à du lourd à ce niveau. C'est le cas oui, mais malheureusement, avec seulement 5 cartes en tout et pour tout, l'intérêt retombe assez vite. Ne reste plus qu'à attendre un éventuel pack à télécharger prochainement.