Comme chaque année, Konami nous propose une nouvelle version de Winning Eleven et comme chaque année, nous sommes quelques milliers, que dis-je, plusieurs millions à nous ruer dans les meilleures boutiques d’import pour nous procurer la sainte galette de l’été. Fiers de notre réputation de winningophiles psychopathes, nous avons donc pu nous procurer le huitième opus de la série de foot ultime sur consoles, à savoir le très attendu et si peu dévoilé Winning Eleven 8. Voici donc nos impressions à chaud sur la bête, ses défauts (oui, oui il y en a quelques uns) ses qualités et tout ce qui fera de cet été un enfer pour tous les fans de foot qui veulent quand même voir un tant soit peu le soleil.
Petit récapitulatif du déroulement des événements classique, pour tous ceux qui n’auraient pas encore pris connaissance de ce qui a pu se passer depuis la sortie en 2004 de l’inénarrable Winning Eleven 4 sur Playstation. D'un coté on retrouve donc la version nippone du soft, avec les Winning Eleven (J-league ou Final Evolution) et de l'autre ceux que beaucoup plus connaissent, les Pro Evolution Soccer. On taira, pour des raisons que tout le monde comprendra, les méfaits de KCEO avec les ISS, qui sont plus une insulte à ce noble sport qu'est le foot que des simulations à part entière. En général, sortent donc dans l'ordre Winning Eleven, Winning Eleven J-League, Pro Evolution Soccer et finalement aboutissement de tous ceux là Winning Eleven International. Première partie de la cuvée 2004, Winning Eleven 8 vient donc de faire son entrée dans le très exigeant marché nippon. Autant le dire tout de suite, si les précédentes versions rassemblaient en général quelques simples innovations de gameplay, ce dernier opus en date révolutionne véritablement la série en matière de données statistiques et footballistiques. 200 équipes dont pas moins de 138 clubs pour la plupart complètement licenciés, (avec nom véritable et maillot officiel) 26 stades différents dont le Vélodrome, le Parc des Princes, San Siro (nous reviendrons sur celui là un peu plus tard) ou encore le Stadio Delle Alpi et pour finir une quantité impressionnante de joueurs de tous les pays modélisés à la quasi perfection, Winning Eleven 8 a toutes les cartes en main pour pulvériser la concurrence une bonne fois pour toutes.
The season starts here
Première chose et pas des moindres, lorsqu’on lance la galette dans la PS2, après une somptueuse séquence d’intro qui encore une fois insiste sur l’imperfection de l’être humain, Winning Eleven 8 nous dévoile un habillage complètement nouveau, tout de blanc vêtu et d’une simplicité à faire pâlir les meilleures productions des équipes d’Electronic Arts. Les icônes nous permettent - en anglais - de naviguer rapidement dans les différents modes de jeu. Aucune révolution de ce côté, nous retrouvons les modes classiques que sont le match amical, la coupe, (Internationale, Européenne, Asiatique, Africaine, Américaine et Konami) la Master League et enfin la Ligue qui a complètement été revue pour l’occasion. En effet, en plus des équipes nationales, il sera possible d’entamer un vrai championnat (Calcio, Ligua ou Ligue néerlandaise) avec les clubs du pays en question. Certes il n’est pas possible comme en Master League de procéder à des transferts mais c’est déjà un bon début et ça promet beaucoup pour les moutures à venir.
Etape finale lorsque le joueur s’est bien fait les dents sur les différentes coupes proposées et les ligues nouvelles ajoutées, la Master League est encore une fois nettement plus complexe que dans les versions précédentes. Hormis les effectifs qui sont presque à la hauteur de nos attentes légitimes, cette nouvelle ligue des maîtres ajoute son lot d’innovations toutes très utiles malgré ce que certains pourront dire. En ce qui concerne la stratégie, les Arsène Wenger en herbe seront comblés, il est désormais possible d’observer à la loupe l’équipe qu’il nous sera donné d’affronter. On dissèque alors les qualités des joueurs, les stratégies d’attaque et de défense employées lors des matches précédents, la formation qui sera utilisée lors de la rencontre, le tout pour trouver la parade ultime qui permettra à son équipe de brider les ardeurs d’un adversaire toujours plus hargneux. Les mêmes options seront aussi disponibles en ce qui concerne notre équipe, on pourra alors observer au microscope les actions qui ont conduit au but ou qui ont menées l’équipe à se prendre une jolie cacahuète en pleine lucarne. Tout ceci permet au sélectionneur inné que constitue chaque français (que personne ne fasse semblant de s’offusquer, c’est un fait scientifiquement reconnu !) de mettre en place une formation équilibrée en fonction des différentes individualités présentes sur le terrain, pour atteindre un jour le niveau des grands stratèges de l’histoire, Marcello Lippi ou autres Otto Rehhagel.
Coté transferts, quelques petits outils facilitent encore le travail du recruteur, on peut ainsi obtenir une sélection des joueurs qui auront une plus forte tendance à vouloir signer dans son équipe. C’est tout bête mais cela évite la multiplication de demandes de transfert et ça permet surtout d’optimiser ces demandes car il n’est toujours possible de n’en faire que cinq par journée. En plus de ce petit outil indispensable, nous trouvons aussi d’autres modes de recherche très appréciables. La recherche de jeunes talents ou de joueurs à capacités spéciales (coup franc, attaque, défense, rapidité) tout ceci a pour but d’accélérer la mise en place de négociations effectives et intéressantes. Les émoluments attribués à chaque victoire sont eux aussi un petit peu plus conséquents et le capital de l’équipe monte assez vite dès le début de la saison. Il est en effet très appréciable de pouvoir procéder à des achats assez vite, de manière à se débarrasser des stars maudites que sont Castolo, Minanda ou Espimas. Mais ne vous inquiétez pas, Konami a enfin compris qu’il était désormais devenu insupportable pour un bon paquet de joueurs qui n’avaient pas envie de recommencer pour la énième fois le même calvaire. Il est en effet désormais possible de démarrer une saison de Master League avec l’équipe réelle sélectionnée dans sa version 2003-2004, ça soulage, non ?
L’homme qui valait 36 millions de pixels
Sur un plan graphique, même si l’évolution ne nous collera pas au mur, elle reste quand même indéniable. Le nombre d’animations est proprement hallucinant, à chaque position son coup typique. On voit ainsi des frappes en pivot, des shouto taclo, des reprises de volée au raz du sol, ou encore des passes de l’extérieur – si belles, mais étonnement beaucoup trop nombreuses – qui ajoutent encore à la fluidité de l’action. Les mouvements sont tous réalisés dans une suite logique et non plus saccadés comme dans les versions précédentes. L’action n’en a pas été ralentie pour autant comme on avait pu l’observer dans Winning Eleven 7, il est même très courant de devoir calmer le jeu tant les joueurs agissent avec rapidité et précision lorsqu’il s’agit d’emballer une action. Le jeu à une touche de balle est donc enfin payant lorsqu’il s’agit de déstabiliser un adversaire, si en plus il s’agit d’un pauvre ami humain dépassé par les événements lors d’une soirée tournois, ça en devient alors jubilatoire. Ne parlons même pas des nouvelles cut-scenes qui viennent habiller le jeu d’une manière très soignée. On peut ainsi observer les changements sur le bord du terrain, un tout nouveau panneau a fait son apparition pour indiquer le temps additionnel, on peut voir les joueurs se lamenter devant la sortie sur civière de tel ou tel attaquant indispensable à l’intégrité de l’équipe, – mais qui rentrera sur le terrain si sa blessure n’est pas trop sérieuse - s’énerver avec son équipe lorsqu’un joueur subit les remontrances d’un arbitre un peu trop regardant, – mais cette fois présent sur le terrain – ou encore halluciner lorsqu’un joueur vient remonter les bretelles à un adversaire qui a effectué un tacle un peu trop appuyé sur un de ses copains. D’autres petits détails ajoutent encore à l’immersion, lorsqu’une faute n’est pas sifflée, le joueur lève rageusement les bras en direction de l’arbitre et comble de la perfection masochiste, certains buts sont refusés pendant la célébration pour hors jeu. Alors que l’on fait – plein d’humilité – le tour de la pièce en hurlant sa joie, on observe un changement sur le visage du buteur, il a remarqué le drapeau du juge de touche qui s’était levé avant la conclusion heureuse, c’est si douloureux mais aussi si réel que ça en devient plaisant. En tout cas personnellement, j’attends toujours de voir mon but inscrit sur le tableau d’affichage pour hurler ma joie maintenant…
Les joueurs eux, sont en général plutôt bien modélisés, les stars sont proches d’un rendu photo réaliste, mais la plupart des joueurs connus sont eux aussi très reconnaissables, avec une mention spéciale pour Vieira, Totti ou encore Pirès à qui il ne manque plus que la parole. Par contre certains joueurs ressemblent à tout sauf à leur alter ego virtuel, Drogba par exemple ne ressemble à rien, à se demander si les développeurs ont un jour passé trente secondes sur sa photo… Mais ces petites erreurs sont relativement rares et surtout quelque peu anecdotiques à coté des animations spéciales pour les joueurs les plus connus. Si Henry a toujours l’air aussi stupide lorsqu’il marque un but, Cissé a désormais le droit – comme dans la réalité – de se lancer dans une série de flip-flaps à chaque réalisation, Beckham mystifie les défenseurs par des dribbles ultra rapides dont il a le secret, Ronaldinho – s’il n’a pas pour l’instant droit à son petit gri-gri officiel – balade toute une défense sans plus de difficulté qu’il n’en faut pour le dire et Giuly court la tête dans le guidon en laissant sur place toute une ligne défensive en mois de deux secondes. Ce sont certes de tout petits détails mais ils apportent encore plus de personnalité aux joueurs qui les réalisent et ils permettent surtout de rentrer dans le jeu à vitesse grand V.
Seulement – Voila le paragraphe qui fait mal à tout le monde – quelques petites imperfections irritantes à souhait se sont subtilement cachées dans ce Winning Eleven 8. Les gardiens tout d’abord ont perdu quelques neurones depuis l’année dernière, lorsqu’il faut les sortir en cas de tête à tête avec l’attaquant, n’espérez pas de trait de génie de l’homme aux gants de cuir. Mis à part quelques exceptions comme Buffon ou Barthez qui rattraperont quasi systématiquement la balle dans des positions impossibles, les autres portiers auront une très fâcheuse tendance à se trouer dès qu’il s’agit d’aller à la rencontre de l’action. En outre, lorsqu’ils sont campés dans leurs cages, ces derniers font preuve d’une réactivité à toute épreuve, vous devrez la plupart du temps frapper au moins deux fois pour passer définitivement la balle derrière la ligne. Autre gros point noir du jeu, les touches. Comme chaque année un nouveau système de touche est proposé par l’équipe de K.C.E.T.. Cette année, si l’on n’est pas armé d’une bonne dose de patience, des hurlements vont se faire entendre aux quatre coins de l’hexagone. Petite explication, alors que dans Winning Eleven 7 on contrôlait le joueur qui allait recevoir la balle, dans Winning Eleven 8 c’est de celui qui effectue la touche qu’on prend le contrôle. Jusque là rien de bien choquant vu qu’avant cela se passait de cette manière. Le seul problème c’est que le receveur est à présent indépendant du passeur, ce qui provoque quelques quiproquos si l’on veut jouer une touche rapidement et que le joueur est à l’opposé de là ou l’on veut envoyer la balle. En plus, comble de l’irritation, les joueurs adverses peuvent à loisir passer devant le receveur et récupérer la balle la fleur au fusil, sans avoir à entrer en contact. C’est très frustrant et surtout incompréhensible vu la qualité du système qui avait été choisi pour WE 7/PES 3. Dernier pinaillage et pas des moindres, certains stades seront tout bonnement à éviter si vous n’avez pas envie de subir des ralentissements dignes des meilleurs génériques de Telefoot. Ainsi dans certaines enceintes comme San Siro, nous avons pu observer des chutes de framerate impressionnantes, probablement proches de 20 ou 30 fps, c’est beaucoup trop étant donné la nouvelle rapidité des actions dans la surface. La principale raison vient sans doute du fait que l’équipe de K.C.E.T. ait du adapter son moteur physique aux spécificités de la Xbox pour la future adaptation de PES 4 sur cette dernière et autant dire que la PS2 ne suit pas sur ce terrain la machine de Microsoft…
We are definitively a Football Tribe
Côté gameplay, on approche de quelques millimètres la perfection, le foot n’a jamais été aussi réaliste sur consoles, Winning Eleven 8 apporte aux vrais fans de football un expérience de jeu jamais égalée et qu’il sera difficile de supplanter. De nombreuses améliorations ont été apportées dans le jeu pour favoriser la fluidité de l’action. Finies les passes systématiques au joueur le plus proche de vous, via un système de dosage par pression de la touche X ou Triangle, le receveur de la passe peut désormais être sélectionné en fonction de son éloignement. Une aubaine lorsqu’il s’agit de se sortir d’une phase dangereuse devant la surface. Avant il s’agissait de prier pour ne pas qu’un joueur passe devant soi au moment où l’on essayait tant bien que mal de se dégager, à présent c’est tout simple, il suffit de presser un peu plus fort et plus longtemps la touche X pour passer à un joueur placé sur une ligne plus offensive. De même plus besoin de passer par une passe haute pour effectuer une transversale. Par la même manip, tous les joueurs regarderont passer la balle pour la laisser au joueur le plus lointain. Si vous sentez le danger de vous faire contrer, un petit coup de L1 pour prendre la balle et le tour est joué.
En ce qui concerne les dribbles, tout est plus simple et plus compliqué à la fois. S’il est à présent nécessaire d’oublier purement et simplement les mouvements spéciaux comme les crochets effectués avec R2, l’accent a par contre été mis sur les dribbles simples. Comme dans la réalité, un joueur – de talent – peut désormais effacer deux ou trois défenseurs d’une simple petite déviation de course en diagonales ou d’un crochet bien sentit. Ca fait un tout petit peu moins foot champagne et on a surtout moins l’impression de jouer à un jeu vidéo que de mener une vraie équipe à la victoire. Plus aucun attaquant ne peut par contre déborder la défense par une course solitaire sur l’aile, c’est presque systématiquement le défenseur qui a le dessus dans cette situation. Petite astuce toutefois, si vous voulez vous débarrasser d’un défenseur latéral un tout petit peu trop collant, usez et abusez des changements de directions par diagonales successives, vous le prendrez alors à chaque mouvement de vitesse et pourrez centrer le plus tranquillement du monde.
Pour terminer et parce que je ne pourrais certainement pas tout dire sur ce dernier opus en date sans avoir à contacter une maison d’édition pour un 1000 pages digne du My Life de Bill Clinton, sachez que les bidouilleurs trouveront eux aussi leur bonheur dans ce Winning Eleven 8. Ainsi, en attendant les patchs qui ne vont certainement pas tarder, l’on pourra modifier à peu près tout ce qui peut l’être dans le jeu. De la coupe de cheveu des joueurs, (certaines excentricités sont d’ailleurs à débloquer comme des chapeaux extravagants) en passant par les sponsors sur les maillots et les célébrations au moment des buts ou encore la manière de tirer les penaltys (à l’ancienne ou à la Figo avec rupture). On pourra bien sur procéder à quelques transferts gratuits – désormais disponibles dès le départ sans avoir à débloquer quoi que ce soit – pour mettre à jour les effectifs qui datent un petit peu puisqu’il s’agit des équipes de la saison 2003 – 2004 (Drogba à Marseille, Giuly à Monaco ou Davids à Barcelone). Enfin, pour les plus bricoleurs d’entre nous, sachez que les maillots sont personnalisables à 100% puisqu’il est même possible d’y intégrer des sponsors de manière assez simple, oubliez toutefois les dessins compliqués à moins d’avoir un certain temps devant vous…
Winning Eleven 8 : l'avis de Small
Trêve de suspens inutile, à mon sens, cet épisode surpasse aisément son illustre prédécesseur, tant sur le fond que sur la forme et ce dans tous les domaines. Nouveaux menus plutôt ergonomiques (merci les icônes pour les non japonisants), nouveaux contrôles utiles dans le jeu (coups francs indirects), encore plus de cohérence dans la physique de la balle et des joueurs (mais comment font-ils ?), nouvelles équipes, nouvelles compétitions (championnats nationaux...), bref, autant le dire sans détour, je suis conquis après seulement quelques petites heures de jeu. Cela dit, et pour être tout à fait honnête, je me dois également de vous faire part de mes inquiétudes concernant, en vrac, les quelques ralentissements constatés sur certains centres et frappes, les effectifs loin d'être à jour pour la saison 2004-2005, les noms d'équipes fantaisistes à souhait, un arbitrage parfois surprenant et le japonais qui devrait empêcher la plupart d'entre vous, moi y compris, de profiter pleinement de la Ligue Master qui s'annonce pourtant somptueuse. Mais pour tout le reste, ambiance en tête, l'expérience vaut mille fois d'être tentée. Plus, que jamais, we are still a football tribe. Vivement PES4, en octobre. D'ici là, les vrais (riches) passionnés ont ma bénédiction pour craquer en import. Amen.
9/10