Nombreuses sont les séries sur cette génération qui ont besoin d'une sérieuse remise en question, au point de pousser l'éditeur à lâcher temporairement le rythme annuel. Ce fut par exemple le cas pour Assassin's Creed ou encore Need for Speed. Et la question du jour est là : malgré un cycle de trois ans (pour trois développeurs qui se relaient), Call of Duty ne devrait-il pas lui aussi prendre un peu de repos ?
Tout était mal parti pour Infinite Warfare : une team dont on se méfiait après un Ghost trop peu marquant, une campagne de communication qui s'est pris le mur Battlefield 1, des tentatives de harponnage envers les fans en livrant Modern Warfare Remaster uniquement comme bonus et non en stand-alone… Et la dernière ligne droite n'a pas aidé, le titre devant passer après l'excellent produit de DICE et le bon coup de Titanfall 2. On ne pouvait donc avoir qu'une bonne surprise, et ce n'est pas le cas : ce nouveau cru est bien trop basique pour pouvoir briller, à commencer par sa campagne qui déjà nous fait le coup du retour en arrière après le coop de l'année dernière (jouable uniquement en solo ici), et malgré quelques tentatives, rien ne permet au jeu de décoller, soit un comble pour un produit qui voulait nous emmener dans l'espace.
Car oui, Infinity Ward a souhaité aller encore plus loin que de coutume en nous envoyant des dizaines d'années en avant (par rapport aux précédents), au moment où l'Homme a réussi à conquérir le système solaire, établissant des colonies un peu partout, d'où vont émerger une rébellion qui compte s'émanciper de ses origines terriennes pour devenir pleinement indépendante. C'est classique mais, bonheur, après le fourre-tout WTF de Black Ops III, on a au moins affaire à un scénario compréhensible : on est les gentils, ils sont les méchants. Alors oui, comme souvent, le coté psychologique veut vite prendre le pas, livrant de la compassion envers les ennemis, leurs intentions, les complots dans votre clan et… AH mais non, pas du tout en fait ! Ils sont vraiment méchants et nous très gentils, car dans Infinite Warfare, on s'en fout des questions existentielles : les vilains ont un but (nous annihiler) mais on ne sait pas trop pourquoi. Juste qu'ils le veulent, c'est tout, et une impression de simplicité ambiante renforcée pleinement par Kit Harington (Jon Snow dans Game of Thrones) qui livre une prestation totalement inutile laissant penser qu'il avait autre chose à foutre que de s'attarder trop longuement sur le projet : il est présent dans l'introduction (de manière réussie d'ailleurs) puis disparaît pour ne revenir que dans de rapides messages face à la caméra pour montrer à quel point il est méchant, jusqu'à ce qu'on le butte sans état d'âme. Échec total.
Titanfall 2 avait réussi en pourtant seulement six heures à installer une histoire classique mais efficace, et surtout un vrai attachement par rapport à la relation entre les deux protagonistes principaux, ce que Infinite Warfare n'a pas su faire en deux heures de plus. Si le casting a le mérite de bien jouer son rôle, on ne décèle aucun intérêt pour ces personnages et situations bien trop communes dans les FPS militaires, jouant constamment sur une bravoure qui tourne au ridicule, avec mention spéciale pour l'un des méchants qui se suicide sous vos yeux en faisant hara-kiri sur le toit d'un immeuble alors qu'il lui suffisait de faire trois pas en arrière pour aller s'écraser plusieurs dizaines de mètres plus bas. Parce que les méchants, 'voyez, ça n'a pas peur de souffrir apparemment, et on tient à nous le montrer. On voit quand même les intentions des développeurs et leurs envies de proposer une guerre « différente », bien plus meurtrière, mais la mise en scène ne suit pas, les personnages sont trop lambdas, certaines séquences importantes sont incapables de livrer le moindre degré de tension (ratage complet pour la séquence de poursuite dans une église) et au final, on progresse en s'en foutant un peu de tout, détruisant tout l'intérêt du chapitre final.
Après bon, la campagne n'est pas totalement loupée. Elle se contente de faire du Call of mais sans la moindre dose de génie, reprenant certains aspects de Black Ops III (dont un Hub pour changer son équipement avant chaque mission) et ajoutant deux nouveautés : des combats en vaisseau assez réussis pour le coup, et presque plus prenants qu'une partie des phases à pied, ainsi que des missions secondaires que l'on peut sélectionner sur une carte à la Mass Effect, offrant pour la moitié d'autres séquences de vaisseau, et quelques originalités comme des phases d'infiltration qui permettent de casser la routine. Mais comme on le disait dans d'autres articles, Call of se cherche actuellement sans réussir à se trouver. Avoir piqué les idées de parkour de Titanfall est une chose par exemple, mais encore faudrait-il que ça serve : d'un bout à l'autre de la campagne, on a couru sur les murs 3-4 fois, la glissade ne sert à rien et le double jump est disponible une fois sur trois, et dans des niveaux où le level design n'est pas forcément très adapté pour.
D'ailleurs, osons de nouveau prendre Titanfall 2 comme comparatif car ce dernier avait le mérite de proposer quelque chose d'important en ces temps : faire plaisir aux joueurs. Les joutes étaient en effet grisantes et le titre revendiquait son gameplay arcade pour que l'on puisse multiplier les prouesses, entre pompe ultra percutant, les attaques au corps-à-corps qui envoient voler l'ennemi, le level-design qui poussait à la mobilité. Bref, c'était FUN. Infinite Warfare non. Outre le fait que la moitié des armes manquent cruellement de punch, pas grand-chose n'est fait pour le plaisir et on se retrouve comme depuis des années à faire l'essentiel des joutes planquées derrière une caisse vu que rien ne pousse à se déplacer : même en mode normal, les ennemis peuvent vous abattre en quatre-cinq balles. Jamais le pompe n'a été aussi inutile que dans ce jeu. Bon point tout de même à signaler : si les armes procurent pour la plupart peu de sensations, on est largement fourni en gadgets intéressants, dont des grenades électriques qui pètent bien, ou encore la bonne idée de pouvoir prendre le contrôle de robots ennemis pour ensuite éponger les rangs adverses jusqu'à carrément se faire exploser à coté d'eux. Quelques bons moments en somme qui n'empêcheront pas un « Meh » une fois les crédits de fin atteints.
Évidemment, si Call of Duty se vend autant aujourd'hui (même si moins qu'avant), c'est aussi et surtout grâce à son multi qui ici va de nouveau reprendre les fondamentaux de Black Ops III, délaissant les classes pour des armures qui offrent l'équivalent mais avec davantage de souplesse, au risque de dénaturer ce que devait être le concept : quel que soit votre choix de départ, il n'impose aucune restriction sur votre équipement souhaité, ne laissant comme différence que les choix dans les perks et les supers. Après, ce n'est pas parce que d'autres ont débarqué entre temps que la formule est soudainement devenue moisie, gardant une belle efficacité avec du bon contenu autant dans les modes de jeu que les cartes, même si toutes ne se valent pas dans ce dernier cas, et qui pour la plupart n'exploite pas vraiment le parkour, le pire étant « Frontier » produit par un level-designer n'ayant probablement pas touché à un FPS consoles depuis les années 90.
Le débat se poursuivra probablement entre les fans avec ceux qui vont s'éclater et d'autres qui diront que « c'était mieux avant », mais reste que ce n'est pas loupé, à défaut d'être indispensable si l'on a déjà le précédent tant ça manque de neuf. Même chose d'ailleurs dans le mode Zombies, dont la seule et unique originalité reste son skin très 80s avec ses couleurs flashy et ses cinématiques dignes d'un vieux dessin animé à la scooby-doo (le vrai, pas celui en 3D immonde). On aime ou on déteste mais le trip est parfaitement retranscris, avec toujours un coté coopération ultra poussé et des tonnes de secrets à découvrir pour ce trip horde/survie qui là encore ne révolutionne rien, même s'il fait le boulot.
Les plus
Les moins
+ Quelques bonnes idées (dont les missions secondaires)
+ Les phases en vaisseau réussies
+ Plein de gadgets très cool
+ Le mode zombie 80s
+ Multi toujours complet
- Vraiment trop classique
- Campagne qui manque de fun
- Scénario risible
- Méchant complètement foiré
- Quelques bugs de scripts
- Quelques maps loupées
Conclusion : A moins d'être suffisamment fan pour devoir obligatoirement prendre votre dose annuelle, ce nouveau cru de Call of Duty reste l'un des plus dispensables de ces dernières années, n'apportant rien de plus que les autres et restant trop timides sur certaines de ses nouveautés. Une campagne inférieure à Titanfall 2 en terme de fun et d'attachement, un Zombie qui ne tire son originalité que par sa patte esthétique, et un multi efficace mais qui fait aujourd'hui dans la routine. Le renouvellement, c'est pour quand ?
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