L'indéniable succès critique de Wasteland 2 sur PC (fin 2014) a motivé InXile à se retrousser les manches pour tenter de remettre le couvercle sur consoles avec une version Director's Cut affinée sur de nombreux aspects, mais pas parfaite pour autant.
Râler fait partie des problèmes du genre humain, toujours prêt à pester pour tout et n'importe quoi avec depuis quelques temps un doigt accusateur envers Kickstarter et ses nombreuses dérives, entre des cas de projets arnaques, des tentatives d'amateurs qui ne connaissent vraisemblablement pas la façon de produire avant de se lancer dans le bain, des studios qui font le coup de mendier de l'argent alors qu'ils ont des sorties de secours déjà prévues avec x éditeur, quand ce ne sont pas les éditeurs eux-mêmes qui ont de plus en plus en vue le financement participatif pour amoindrir les risques. Des tâches sombres qui ternissent un système qui ne manque pourtant pas de louanges, étant avant tout responsables de la résurrection de genres morts. Car oui, qui pouvait imaginer le retour du RPG old-school il y a quelques années, où l'on squattait messenger entre vieux routards à se remémorer les souvenirs perdus d'une époque bénie faite de productions chronophages entre Baldur's Gate et Fallout, quand le vétéran du groupe osait parler d'un certain Wasteland, titre révolutionnaire de la fin des années 80 qui est parvenu à poser de nombreuses bases. Oui, des conversations faites de fantasmes innocents jusqu'à Kickstarter, ayant permis de voir émerger du Pillars of Eternity, du Divinity Original Sin et, justement, Wasteland 2 sur lequel nous allons nous attarder dès à présent.
Les 3 millions de dollars récoltés devant être dépensés avec réflexion, l'heure n'était pas au budget cinématique et plutôt que de pondre du moche, le studio a préféré jouer la carte old-school avec une introduction live façon série Z digne d'une production RTL9 qui en fera sourire quelques uns, contrairement au jeu lui-même qui techniquement n'envoie pas du bois même avec sa rehausse sous Unity 5. Wasteland 2 sent le vieux, dans le bon comme le mauvais sens du terme, et si ce n'est pas forcément le point sur lequel on attend le plus ce genre de production, impossible de ne pas signaler les quelques soucis techniques, entre petits bugs et chutes de frame-rate, servis sur un plateau avec une pincée de temps de chargement aussi nombreux que longs. Une fidélité non voulue avec les années 90 et il faudra faire avec. On en profite pour vous résumer le synopsis qui tient sur un post-it : comme dans la plupart des scénarios du genre, la fin du monde est dû à certains gouvernements ayant fait un peu trop joujou avec l'arme nucléaire. Le monde ressemble désormais autant à Fallout qu'à Mad Max ou Hokuto no Ken et ce sont ces mêmes puissants qui décident alors de se barricader dans une prison servant désormais de fort pour leur propre survie, non sans avoir dégager au préalable les prisonniers qui se trouvent livrer à eux-mêmes dans un monde mourant. De quoi mener à un univers où règne la loi du plus fort, jusqu'à l'émergence des Rangers, une milice prête entre autres à défendre veuve et orphelin. Vous incarnez l'une de leurs nombreuses escouades.
RPG oblige, la première étape vient donc de la création de notre avatar. Ou plutôt nos avatars puisqu'il faut concevoir notre propre escouade de quatre combattants. Les moins doués opteront pour une équipe préconçue, quitte à apporter un peu d'ajustements derrière, tandis que les autres pourront concevoir en détails chacun des membres, le but étant évidemment de construire un groupe homogène capable de parer aux différentes situations en faisant gaffe aux trois arbres de compétences, le premier étant évidemment pour les armes, le second pour le social qui vous vous en doutez est obligatoire pour le genre (nouveaux choix dans les dialogues, marchandage…) tandis que le dernier détermine les aspects qui n'ont de secondaires que leur nom vu leur importance, dont le crochetage par exemple. C'est d'ailleurs ici que l'on remarque le premier détail qui fait la force des bons RPG : la plupart des caractéristiques sont suffisamment intéressantes pour qu'on passe plusieurs dizaines de minutes à essayer de ratisser large et une fois encore, le fait de disposer de quatre personnages permet d'entrée de se répartir les tâches. Par exemple, sachant que tout le groupe agit comme un seul homme, inutile dans un premier temps de poser les bases du charisme sur plusieurs membres.
A ceux qui ne connaissent pas la série et qui s'inquiètent du coup de disposer d'une équipe sans personnalité, rassurez-vous, Wasteland 2 puise toute l'identité de son casting dans les guests qui vont se charger d'offrir toute la magie que l'on retrouvait dans les années 90. Plusieurs têtes brûlées pourront rejoindre votre escouade, offrant généralement des acquis salvateurs que ne possède pas encore le groupe mais prenez garde à ne pas trop compter sur eux jusqu'au final. Chacun possède sa propre personnalité et peut souvent ne pas être d'accord avec vos choix, et agir directement sur la progression dans le bon comme dans le mauvais sens du terme, comme tuer quelqu'un que vous auriez bien voulu maintenir en vie, engendrant des situations certes drôles au début mais à risques puisque outre leurs envies de n'en faire qu'à leur tête en combat en ignorant vos ordres, ils peuvent également décider de se barrer définitivement, vous laissant en plan avec vos larmes sans qu'une quick-load ne vienne réparer cela si les mésententes datent de plusieurs heures.
Mais bien avant de devoir prendre en compte tout cela, il faut déjà se lancer dans l'aventure qui se présente sous la forme suivante : des zones principales où l'on évolue en vue du dessus ou de 3/4, une carte, et des events aléatoires en cours de route. Ce qui surprendra le plus les amateurs de productions actuelles reste donc indéniablement la carte qui fait expressément dans le minimaliste où vous vous contentez de bouger doucement une flèche symbolisant votre groupe au cœur des terres désolées. Ça a le mérite d'être facile à prendre en main et on évolue ainsi tranquillement pour balayer le brouillard en allant soit directement rejoindre les zones de quêtes quelles soient principales ou annexes, soit on choisit de prendre notre temps en fouinant un peu pour découvrir quelques trucs secondaires, parfois bloqués par des zones irradiés tant qu'on n'a pas l'équipement adéquat, et souvent interrompus par des séquences aléatoires (que l'on peut parfois éviter), menant très souvent à des combats contre x bestioles ou bandits, et d'autres fois à un marchand plus ou moins utile selon la situation. Bien entendu, on a tendance à tout accepter (sauf au retour d'une mission avec la moitié d'un groupe en train de crever) pour pouvoir gonfler notre pécule d'expérience et d'objets pourris à revendre pour s'offrir du lourd. Notez que ces déplacements sur la carte use une jauge symbolisant l'eau à la disposition de l'équipe, que l'on ne pourra remplir qu'avec un retour précipité au bercail, ou via les quelques oasis placés sur la carte, heureusement suffisamment nombreux.
Grande force du titre, les quêtes principales comme secondaires sont suffisamment travaillées pour ne pas laisser un sentiment d'inachevé et on sent la volonté des développeurs d'impliquer au mieux les joueurs, et surtout de les surprendre. Même si la version Director's Cut ajoute des doublages pour la majorité des dialogues importants, le titre ne cache pas son intention de revenir aux vraies sources avec ce beau cadre qui va vous débiter des milliers de lignes de textes dont chaque choix de discussion est sujet à en rajouter une fournée. De là se dresse deux problèmes. Le premier, c'est que cette lecture intensive sied mieux au PC et en second, c'est que la traduction française certes améliorée n'est pas toujours en adéquation avec le HUD. Notre langue demandant souvent plus de caractères que l'anglais pour une même phrase, les traducteurs n'ont pas eu d'autres choix que de réduire la police de certains textes, les rendant totalement illisibles selon la taille de votre télé et la distance qui vous sépare de cette dernière. Et plus important, faire fi des dialogues est la plus mauvaise idée qui soit car déjà, vous passerez outre les détails du background qui peut se montrer aussi glauque que drôle, mais surtout car vos choix peuvent avoir une importance des plus capitales sur le déroulement de l'aventure. Le genre de détails à prendre impérativement en compte si vous avez le choix du support, et ne cachons pas que le PC s'en sort ici vainqueur dans l'appréciation du trip offert.
Car outre cet aspect, ne cachons pas non plus que la prise en main Wasteland 2 est loin d'être idéal pour une pauvre manette, autant dans certaines actions bien moins facile d'accès que la navigation au cœur des menus. Certes on s'y fait, mais on sent le manque d'expérience des développeurs sur PS4 & One. Il faudra pourtant que les intéressés s'y fassent, ne serait-ce que pour aborder les combats qui sont loin de faire dans la facilité même si là encore, on comprend très vite à quoi l'on a affaire. Dans les zones, les déplacements sont libres et si vous repérez un ennemi, c'est celui qui dégaine le plus vite qui attaquera le premier, ne laissant que peu de place à la réflexion dans un premier temps… contrairement au combat lui-même. Cela se présente sous la forme d'un tactical avec des déplacements par case, usant autant de points d'actions que n'importe quelle autre de vos demandes : attaques, compétences, soins, etc. Tout le principe réside la distance entre vous et l'ennemi pour la simple et bonne raison que chaque arme (hormis celles au corps à corps) sont plus ou moins efficaces en fonction de votre portée, demandant souvent de devoir vous approcher voir de reculer pour les snipers, quitte à bouffer suffisamment de PA pour ne vous permettre qu'une attaque au lieu de deux. Essentiel car chaque action est soumise à un pourcentage de chance pour toucher un adversaire, même proche, en rajoutant qu'il faudra prendre en compte que certains critiques peuvent toucher un allié si placé sur la même file. Sans oublier évidemment le coté très aléatoire de vos mercenaires qui ne vous considèrent pas toujours comme le leader du siècle. Heureusement, pour les nouveaux-venus, la difficulté peut-être modifiée n'importe quand en cours d'aventure, histoire d'aborder lentement mais sûrement chaque aspect paraissant facultatif au départ mais pouvant rapidement vous sauver la mise dans les plus grosses joutes : système de couverture, possibilité de s'abaisser (ce qui baisse les PA disponible) et surtout, parmi les nouveautés de cette édition, un système de tir précis façon Fallout totalement inaccessible tant que vous ne maîtrisez pas suffisamment bien une arme, mais incroyablement gratifiant au moment venu.
Les plus
Les moins
+ Le travail sur l'univers
+ Dialogues badass et drôles
+ Du pur RPG à l'ancienne
+ Le principe des alliés
+ Système de combat très carré
+ Les nouveautés apportées
+ Difficulté ajustable
+ Hautement chronophage
+ Durée de vie énorme
+ Et replay value très efficace grâce à des choix d'importance
- Pas bien beau
- Des soucis techniques
- Prise en main difficile sur consoles
- Il faut aimer lire, et parfois avec des textes tout petits
- Pas de mini-carte
- Les zones aléatoires en copié/collé
Conclusion : Wasteland 2 incarne la preuve qu'il faut toujours garder une once d'espoir quant au retour de genres injustement jugés morts et enterrés. Les développeurs d'Inxile ont exploité au mieux l'argent fourni par les fans pour nous offrir une production certes non dénuée de défaut, mais d'une fidélité admirable aux années 90 capable de toucher en plein cœur les trentenaires (ou plus), un peu comme redécouvrir l'odeur de la lessive qu'utilisait mamie à l'époque où les pogs étaient rois de la récré. Du lourd en somme, et si la version PC reste à privilégier, les consoleux pourront s'en sortir sans problème après quelques heures à batailler avec les menus et le HUD.
We allow you to add your own review of a game you have played. Moderators are allowed to delete your review if you do not respect the following rules :
- Your review don't have to be too short or too long (around 4 to 20 sentences).
- Your review need to be understandable. Avoid text errors.
- Like for the boards, flooding, racist content, pornographic links or image links, or warez content is forbidden.