La vieille génération prend peu à peu fin et From Software lui offre l'un des meilleurs crus de ce début d'année 2014.
C'est avec autant d'impatience que de crainte que le fan de la série se lancera dans ce
Dark Souls II. Oh, pas forcément la crainte de voir un mauvais jeu, les développeurs ayant en main une telle formule qu'il serait difficile de faire un faux pas impardonnable, mais surtout la crainte du challenge, de l'inconnu face à ce que cette suite nous réserve, et tout simplement le besoin d'avoir à soudoyer un nouvel univers qui n'attend qu'un moment d'inattention pour vous éclater la face. Et comme pour les précédents « Souls », ce nouvel épisode ne tombe pas dans une difficulté frôlant le n'importe quoi, genre un
Call of en vétéran avec des ennemis vous plaçant trois headshot de suite avec un gatling à 500m. Là encore, la difficulté est hautement relevée, mais jamais injuste, tout le principe de la saga reposant sur une progression à tâtons, le besoin d'apprendre les pattern ennemis, et tout simplement le besoin de s'armer de motivation car la mort, même si jamais définitive, décuple la haine comme rarement dans le jeu vidéo.
Et c'est même d'ailleurs pire qu'avant. On connaissait le coup classique du retour au dernier feu de camp après s'être fait démonter, où l'on constate la perte de toutes les âmes récoltées en cours de route, qui pour ceux qui ne connaissent pas servent à tout faire dans le jeu, de l'achat d'objets et équipement à l'augmentation des caractéristiques de notre personnage en passant par la forge et autres. Comme avant, il suffira ensuite de refaire le chemin pour tenter de récupérer votre dû à l'endroit même où vous avez trépassé en redoublant de vigilance car mourir à nouveau avant d'avoir atteint son gain l'enverra définitivement dans le néant. Petit ajout bien vicieux dans ce troisième épisode : chaque fois que vous « mourrez » (et ça arrivera très souvent), la faucheuse en profitera pour enlever une partie de votre jauge de vie maximum (jusqu'à -50%), ce qui compliquera encore plus les choses, à moins d'avoir une effigie humaine sous la main pour se remettre complètement d'aplomb.
Mais comme si cela ne suffisait pas, car From Software a bien pour ambition de vous faire souffrir, on découvrira que bien des ennemis de bases peuvent se montrer particulièrement dangereux, et même ironiquement parfois plus que certains boss (n'ayez crainte, ils sont toujours balaises). On notera également avec horreur qu'on démarre la partie avec une seule et unique fiole de Nestus (le soin donc), quand le premier
Dark Souls en offrait cinq directement avec des boost de capacités maximum allant de cinq en cinq (un par un désormais). Et d'ailleurs, pour bien pousser le vice jusqu'au bout des ongles, l'équipe a corrigé certains choses qui pouvaient amoindrir la difficulté du jeu précédent mais ont « oublié » de corriger quelques problèmes qui à contrario n'aidaient franchement pas. Ainsi donc, il n'est plus possible de découvrir une zone miracle pour farmer tranquillement puisqu'au bout d'un certain temps, les ennemis ne respawnent plus. En revanche, la caméra continue de jouer la rebelle à certains moments et on déplore toujours quelques bugs de collision, faisant qu'il arrive d'être touché par une lourde attaque alors qu'un obstacle était censé nous protéger.
L'impossibilité de farmer couplée à des réserves désormais limitées chez les marchands pourra s'avérer assez frustrant pour les amateurs qui aimaient passer du temps à forge pour tenter avec de nombreux coups d'essai de s'offrir l'arme ultime (avant de se rendre compte deux heures après qu'il y a toujours encore plus ultime). Nouvelle preuve d'une rehausse de la difficulté, surtout qu'on s'en prend plein la face pendant les premières heures, également à cause d'armes qui s'usent plus rapidement (même si on peut en équiper davantage) et d'un feeling demandant désormais plus de précisions dans les esquives et contre. Heureusement (?), on notera quelques adoucissements sur certains aspects afin de limiter le degré de folie chez les moins courageux. Il y aura en premier lieu les feux de camps plus nombreux et « mieux » disposés, vous régénérant toujours et servant de téléporteur pour l'ensemble des feux déjà visités, ainsi que le fait de voir le nombres d'ennemis d'une zone diminuer soudainement en cas de trop nombreuses morts. Un parfum de scandale pour les fans.
Même son de corde pour le level-design désormais moins fou que dans le précédent épisode où l'interconnexion générale faisait qu'on se perdait beaucoup trop facilement. C'est peut-être encore le cas aujourd'hui, vu que le jeu ne nous balise par la marche à suivre, mais l'architecture reprend davantage le principe des « zones » de
Demon's Souls, avec généralement une entrée et une sortie même si rien n'empêchera à la longue de débloquer quelques raccourcis, tout en ayant toujours la possibilité de dévier du chemin principal pour aller fouiner plus loin, quitte à se retrouver face à des streums capable de vous dégommer en un coup. Un level-design qui pourra donc être jugé moins profond mais n'empêchera pas la claque d'ordre esthétique propre à la licence. Sans mauvais jeu de mot,
Dark Souls 2 comme ses prédécesseurs possède une véritable « âme » artistique qui permet de contrecarrer les nombreuses failles techniques, dont un frame-rate qui souffre souvent (davantage sur PS3 que sur 360), un aliasing prononcé et des textures pas toujours au top. Les plus patients peuvent toujours continuer à croiser les doigts pour un portage New Gen.
Et comme pour
Dark Souls, l'aspect multijoueurs est de retour avec de nouvelles possibilités liées au principe de serments qui permettront de radicalement changer l'expérience face au mode off-line, avec selon votre choix la possibilité d'envahir les mondes pour les attaquer, pour défendre un autre joueur, ou inversement être celui que l'on vient défendre. Un ensemble qui permet de se la jouer PVP avec parfois le risque de se retrouver face à deux ennemis dans un territoire déjà hostile, renforçant davantage le sentiment de danger, surtout qu'il est maintenant possible de se faire envahir même lorsqu'on se trouve en état de carcasse. S'il n'est pas obligatoire (et encore un peu sujet à quelques bugs et glitchs selon les moments), le online reste en tout cas une plus-value, ne serait-ce que par le système d'aides & indications toujours présent. Mais que ceux qui souhaitent rester en paix relative se rassurent, l'aventure 100 % solo reste toujours de qualité (et ça ne vous empêchera pas de profiter des envahisseurs ennemis et alliés via IA), et vous occupera pendant plus d'une centaine d'heures si vous souhaitez tout voir à coup de New Game +.
Les plus | Les moins |
+ La patte esthétique
+ L'ambiance ultra travaillée
+ Le challenge sans jamais tomber dans la frustration
+ Le contenu dantesque
+ Quelques aides bienvenues
+ Le PVP très bien géré | - Level-design moins torturé
- Quelques problèmes techniques
- On aurait peut-être souhaité davantage de nouveautés |
Conclusion : Plus difficile, plus travaillé et même plus profond que le précédent opus sur de nombreux aspects, Dark Souls II est donc évidemment un indispensable pour les plus courageux qui auront une fois encore à traverser l'enfer durant des dizaines d'heures en s'apercevant qu'il y a encore toujours plus puissant à combattre. From Software maîtrise désormais un sujet qui reste à peaufiner sur certains aspects (notamment techniques), et on espère tout de même que l'évident futur passage à la nouvelle génération sera l'occasion pour l'équipe de tenter de nouvelles approches pour éviter de tomber dans le piège de la routine, jusqu'ici pardonnable vu que la licence joue de toute manière en solo dans sa catégorie.