Depuis quelques années les éditeurs ont décidé de prendre du vieux pour en faire du neuf, non pas par plaisir mais par besoin. On pourrait se dire que de faire l’effort de déterrer un vieux jeu de leur catalogue pour le remettre aux goûts du jour est une bonne chose pour les nouveaux joueurs qui ont forcément loupé plusieurs générations de consoles et donc de licences vidéoludiques inoubliables pour les retro gamers. L’éditeur aujourd’hui est probablement dans la pire des situations financières, car oui comment investir dans des dizaines de supers productions triple A sans savoir si cela va fonctionner auprès des joueurs, comment créer de nouvelles IP (licence) sans prendre le risque de perdre des centaines de millions et pour finir comment assurer la popularité et le maintien au plus haut niveau de ses licences phares. La réponse est simple : Le remake.
1/ DIFFÉRENTS NOMS QUI NE DONNENT PAS TOUS LA MÊME FINITION
L’éditeur n’est pas con, il va jouer sur les mots de son remake pour qu’ils soient vendeurs. Effectivement ils ne vont pas simplement écrire sur la boite que le jeu est un simple portage HD, non, non, on aura le droit a du « Remastered », « Définitive Edition », « Edition spéciale », « Edition anniversaire », « Deluxe Edition », « Enhanced Edition », « Reloaded », « Classic HD », « HD version », « HD Remix », « HD Collection », « Ultimate », « Extended Cut », « Redux » …etc. Derrière cette panoplie de sous titres, il ne se cache pas la même finition, le même effort pour créer un vrai remake.
Faisons le tri dans ce merdier marketing :
- Remastered : Meilleurs résolutions, upgrade des fps, 2 ou 3 brins d’effets en plus, vous repassez à la caisse pour un jeu qui n’a pas vraiment changé.
- Définitive Edition : Bon là on vous prend pour un con, c’est le même jeu que t’as acheté mais avec tous les DLC et autres conneries de précommandes. Mais aussi 2 ou 3 retouches vite faites pour le marketing.
- Edition Spécial : n’a de spécial que le nom car on vous aura rajouté un vieux mode tout pourri et trois skins pour votre héros.
- Edition Anniversaire : Là clairement c’est marketing, on va toucher le coeur des trentenaires avec une version de son vieux jeu qui revient sur une console actuelle…parfois y’a même pas de changement !
- Classic HD : On te sert un vieux jeu en HD en espérant qu’il soit pas trop dégueulasse sur un écran plat. Même textures, même effets, même bande son, le portage à 10€ mais qui peut rapporter gros.
- HD Version : Ici c’est le portage d’un jeu sur portable vers une console de salon, qui par défaut ne sert à rien car si le jeu a été développé sur portable c’est qu’il y avait une raison.
- HD : là on peut avoir de tout, de la refonte complète (texture, bande son, éclairage) comme pas grand chose (simple lissage). Ce terme est le plus vague et le plus mal utilisé car HD à la base ça parle juste de l’augmentation de la résolution. Un abus de langage donc.
- HD collection : Deux ou trois jeux remis en HD, histoire de rappeler aux minots qu’il y avait autres choses avant call of.
- Ultimate : Là, on vous prend vraiment pour un con, clairement.
(Les différences sont parfois pas évidentes…)
2/ LA NOSTALGIE VAUT DE L’OR
Toucher le coeur des joueurs, voilà bien le pourquoi du comment ces éditions re-liftées de nos anciens jeux sont tellement présentes aujourd’hui. Le joueurs se raccrochent souvent et facilement à ce qu’il connait, alors quand on annonce un remake de Zelda ou de Final Fantasy, forcément c’est le jackpot. Beaucoup de fans, beaucoup de souvenirs et beaucoup de pognons pour l’éditeur. Re-découvrir son jeu préféré dans les meilleures conditions même si il n’a que 1 an fait toujours mouche. Car les experts marketing ne vous présentent pas le jeu comme si vous y avez déjà joué mais comme si vous allez le redécouvrir, il vous annonce une expérience inédite ou ultime. Le consommateur passe donc du statut de joueur à celui de collectionneur. Le grappin marketing est lancé, vous n’avez pas envie d’y jouer, vous le désirez tout simplement.
(…d’autres fois le remake est bien flagrant !)
3/ SI ON ESSAIE PAS, ON NE SAIT PAS
Afin de relancer des séries actuelles ou de vieilles licences, l’éditeur se sent obligé de tester le marché. Faire un remake ou un portage HD est le meilleur compromis pour lui. Savoir à moindre coût si sa licence a encore de l’intérêt auprès du public, si les anciens fans sont encore là et si les nouveaux joueurs sont intéressés par cet univers. D’autres fois un remake est fait car le jeu de base n’a pas atteint la dimension prévue par l’éditeur, on se retrouve donc avec des remakes de jeux qui n’ont même pas 5 ans ! Leur message est clair, on a merdé mais on vous a écouté. On va donc repartir à zéro en suivant vos retours. Cela ne marche pas à tous les coups mais cela a le mérite de donner une deuxième chance a des jeux parfois bons, avec de bonnes idées, mais qui n’ont pas été travaillés avec autant d’ambition qu’une licence connue. Car oui ce schéma s’applique essentiellement aux nouvelles IP. L’exemple le plus marquant actuel est Mirror’s Edge.
(EA donne une deuxième chance à Faith)
4/ AMORTIR POUR S’EN SORTIR
Il faut bien le comprendre et surtout le retenir car j’ai l’impression de le répéter, le répéter, le répétéeret cela + + l’infini…..Un triple A coûte très cher aujourd’hui. Voir trop cher car les budgets du jeu vidéo sont devenus colossaux certains même supérieurs à des superproductions de film comme Star Wars ou Marvel. On parle de budgets entre 100 et 200 millions de dollars pour les plus grosses productions comme récemment Watch Dogs (140 millions d’euros), GTA V (250 millions de dollars) ou pire Destiny et ses 500 millions ! Bref, de grosses sommes que les éditeurs ne peuvent pas supporter tout seul (partenariat constructeur) et se doivent d’amortir en amont. Mais alors où se place le remake dans cette histoire ? Il se place soit avant soit après la sortie d’un gros jeu. Avant pour récupérer un financement supplémentaire pour soutenir un autre projet, exemple : Final Fantasy X HD > Final Fantasy XV ou Zelda Wind Waker HD > Zelda Wii U. Après pour amortir les dépenses publicitaires qui correspondent généralement à près de 50% du budget, exemple MGS Collection, Ground zero > MGS V, Halo Master Chief Collection > Halo 5 ou des mauvais résultats par rapport à l’objectif attendu, exemple les définitives éditons de Tomb Raider ou Sleeping Dogs, Metro Redux.
Faut vraiment comprendre qu’il ne le font ni par plaisir, ni pour votre plaisir mais par besoin ! Sans ça, les jeux à gros budgets triple A seraient moins nombreux et surtout plus risqués. Sans parachute il ne fait pas bon de sauter.
(Square Enix à besoin de fond pour ses gros projets comme FF XV qui traîne depuis 2006)
5/ LE JOUEUR AIME LA CAROTTE
Le maillon faible de ce cercle vicieux, c’est tout simplement le joueur lui même. Il râle car il y a trop de remake mais bizarrement ceux-ci se vendent comme des petits pains. Comme dit plus haut, chacun est plus ou moins touché par un jeu selon sa génération, du coup l’achat nostalgique prend le relais sur l’achat réfléchi. Les éditeurs ont compris que grâce à ça, y’avais moyen de financer ou de limiter les pertes, aujourd’hui ils en abusent et probablement à cause de nous. C’est comme les DLC, les Saisons Pass, les jeux annuels, le joueur est aujourd’hui limite tenu en laisse par les éditeurs et leurs pouvoirs marketing. Si aujourd’hui cette 8ème génération est gavée de portage HD, de remastered ou de remake en tout genre c’est bien parce que nous, les joueurs, nous avons laissé la porte ouverte sur la 7ème génération à s’empiffrer de collection HD, d’édition anniversaire et autres compilations. L’éditeur sait que le remake est vendeur, que cela satisfait le client en plus de satisfaire son économie. Un produit 2 en 1 que les joueurs comme les éditeurs ne sont pas prêts de s’en passer.
(Les collections HD 3 jeux en 1 à petit prix, pourquoi s’en priver ?)
Pour conclure, je dirai que ce business du neo-retro s’installe dans une logique vidéoludique, avec un besoin financier pour l’éditeur et un besoin émotionnel pour le joueur. Redécouvrir son jeu préféré dans les meilleures conditions et avec les technologies d’aujourd’hui reste un vrai plaisir tant que l’oeuvre de base n’est pas transfigurée. Et si en plus cela permet de faire découvrir à toute une génération de nouveaux joueurs le jeu vidéo d’avant, c’est une réussite en quelque sorte pour le devenir du secteur. L’éditeur lui assure ses financements et la création de nouvelles licences sans risquer de se voir couper les ailes. Ce cercle est peut-être perçu comme vicieux pour beaucoup de joueurs protestants du « trop » de remakes sur cette nouvelle génération mais j’espère qu’à la lecture de cet article vous vous rendrez compte que ce cercle est finalement bénéfique pour l’évolution même du marché vidéoludique. Et comme je le dis souvent pour les DLC ou les Saisons Pass, personne ne vous oblige à les acheter, soyez responsable de vos achats.
Oui y'a que les cons qui changent pas d'avis
ellie Bin avant je monétisé mon site et même si ça peut sembler débile même un petit site coûte de l'argent par an. Mais là je le prends à mes frais et ça se comblera avec les liens affilés aux bon plan.