Divers
Après l'interview moisie du mec de chez
Microsoft France, voici l'excellente interview de
Stephan Bole, PDG de
Nintendo France ...
Pour commencer, quelle est la situation de la marque Nintendo sur le marché français, au sortir de cette année ?
Stephan Bole : Depuis le premier janvier de cette année jusqu'à fin novembre, l'écosystème Nintendo pèse environ 51% du chiffre d'affaires du marché consoles, selon GfK. Cela comprend les consoles et les jeux de chez nous, mais aussi les jeux et les accessoires tiers.
Comment se comportent les autres marques face à vous ?
Les deux autres se partagent donc 49% en valeur [moins de 35% pour Sony et moins de 15% pour Microsoft toujours selon la même source, ndlr]. Côté progression du parc, la console la plus vendue cette année sera la Nintendo DS. Il va s'en vendre un peu plus d'1,8 million en 2009, selon nos prévisions. On vient de dépasser les 8 millions d'unités, ce qui n'avait jamais été atteint en France. Je rappelle que la PS2, qui a été un énorme succès, s'est vendue à 5,9 millions d'exemplaires à ce jour dans l'Hexagone. Les 8 millions de la DS, avec une progression qui reste fabuleuse, reflète bien notre stratégie d'élargissement de la cible. La Wii, elle, atteindra sans doute les 4 millions avant la fin de l'année, en termes de base installée. Il devrait s'en vendre 1,2 million cette année ; c'est moins que les 1,6 millions vendues en 2008, mais je tiens à souligner deux choses. D'abord, qu'une console connaisse son pic de ventes sur sa deuxième année, ça n'a rien d'anormal. C'est ce qui s'est passé sur PS2 : elle a été lancée en 2000, ses plus grosses ventes se sont faites en 2002, avant de descendre légèrement. Il se passe la même chose sur Wii. On peut regarder le verre à moitié vide, mais il faut se rappeler qu'aucune console de salon ne s'est vendue à 1,2 million d'exemplaires en un an en France, avant la Wii. Seule la DS a fait plus. Les ventes de hardware continuent à progresser.
Dans le contexte du marché global, jugez-vous que 2009 aura été, tout le même, une année de croissance ?
Non, le marché n'est pas en croissance. De janvier à novembre, d'après GfK, on est à -16% en valeur sur les ventes de consoles. Je voudrais juste souligner qu'il faut prendre un peu de recul vis-à-vis de ce chiffre. Le marché avait doublé en l'espace de trois ans. On sait que c'est un secteur cyclique, qui progresse par paliers. Plus on avance dans les cycles, plus les prix moyens ont tendance à baisser. Une partie de l'explication de la baisse du marché, donc, revient au fait que le prix moyen de certaines consoles a baissé. Le marché du jeu se porte plutôt bien.
On note tout de même que les ventes de Wii ont baissé, certes en valeur, mais également en volume, et ce malgré la baisse de prix. Quel est votre bilan de ce repositionnement ?
Le coup de fouet se fait sentir depuis 3 à 4 semaines [l'interview a été réalisée le 14 décembre, ndlr] : les ventes sont explosives sur Wii, à la fois en France, en Europe, et aux Etats-Unis. Il faut comprendre qu'il se vend autant de Wii en ce moment que l'an dernier à la même époque : les ventes ont été relancées de manière spectaculaire...
... sous l'effet de la baisse de prix ? N'est-ce pas aussi l'effet Noël ?
De janvier à septembre, on vendait moins de Wii qu'en 2008. Pour recoller à la tendance, la baisse de prix a été, en effet, une explication. Mais ça n'est pas la seule, vous avez raison. Sur ce marché, "the name of the game is the game", comme disent les américains : le nerf de la guerre, c'est les jeux. New Super Mario Bros. Wii fait du bien à la Wii. Beaucoup de jeux ont été lancés, à la fois pour le public large comme Wii Fit Plus, Mario & Sonic aux Jeux Olympiques, F1 2009 de Codemasters qui marche très bien, Just Dance... mais aussi pour les gamers. Il y a Muramasa : The Demon Blade, Resident Evil : The Darkside Chronicles de Capcom, Tales of Symphonia : Dawn of the New World. Cette dynamique software s'est associée à la baisse de prix. Il y a aussi les très long-sellers : Wii Sports Resort et Mario Kart Wii continuent à cartonner. Ils vendent des consoles en cette période.
Pour rester sur le hardware, Nintendo a sorti une édition noire de sa Wii. Est-ce vraiment une édition limitée, ou peut-on y voir le premier pas vers une stratégie de bundles, avec des machines de couleur différentes, par exemple ?
On n'a rien contre les bundles, on en a fait beaucoup sur GameCube. La chose importante pour nous, c'est de s'assurer que la proposition soit la plus forte. Et nous constatons que le bundle avec Wii Sports Resort était la meilleure option pour vendre des consoles. On a tendance à penser que Wii Sports s'est vendu parce qu'il est proposé avec la Wii, en Europe, aux Etats Unis... Quand on regarde les chiffres japonais, on s'aperçoit pourtant que c'est la meilleure vente de jeu sur la Wii. On estime depuis plusieurs années que Wii Sports est la killer-application pour la console. Mais cette fois, nous avons pensé à une autre option : avec Wii Sports Resort, qui sera le numéro un des ventes de jeu en 2009, on s'est dit qu'il serait de bonne augure de le mettre dans un pack.
Pour relancer les ventes, donc ?
Évidemment, c'est ce qu'on cherche à faire non ? Parfois, on s'étonne de voir des bundles avec des jeux qui ne sont pas très forts. Nous, on essaye de mettre les meilleurs jeux, car on sait que c'est ce qui tire les ventes de hardware et non l'inverse.
Puisqu'on en parle, quelles sont les meilleures performances de l'année sur vos supports ?
Au jour où l'on se parle, et depuis le premier janvier, le top 5 des jeux en France est composé de cinq titres sur format Nintendo. Le premier, c'est Wii Fit avec plus de 500.000 unités vendues. Le suivant, c'est Wii Sports Resort, à plus de 500.000 également. Ensuite, Mario Kart Wii, qui devrait passer les 500.000 la semaine prochaine. Wii Sports Resort devrait, je pense, passer les 600.000 d'ici la fin de l'année. Wii Fit, quant à lui, ne progresse plus. Il va s'arrêter là. En revanche, New Super Mario Bros. Wii arrive très fort, à plus de 100.000 par semaine en ce moment. On pense qu'il devrait atteindre le top 3 de l'année et dépasser Wii Fit avant fin décembre. La quatrième vente de l'année, c'est Professeur Layton et l'Etrange Village sur DS [avec plus de 300.000 ventes, ndlr]. Il a bien fonctionné, et même maintenant malgré l'arrivée de la suite. Enfin, en cinquième position, Pokémon Platine sur DS [plus de 300.000 ventes également, ndlr]. Ce sont là des chiffres arrêtés à la fin de la semaine 49.
Il y a beaucoup de long-sellers dans ce top. Cela se ressent-il sur le taux d'attache des machines Nintendo ?
Il est à peu près équivalent à ce qu'on avait sur PS2 au même moment du cycle, mais est légèrement inférieur à celui sur Xbox 360 et PlayStation 3. En cumul depuis le lancement, il s'est vendu environ 4,5 jeux par DS écoulée. Sur PSP, le ratio est de 4,3 par console. La différence, c'est qu'il n'y a pas de marché full price sur PSP, alors que c'est le cas sur DS. Sur Wii, en cumul, d'après GfK en fin de semaine 49, on est à 5,2 jeux vendus. Sur PS3, c'est 5,7 jeux par machine, et Xbox 360, 6,3 jeux par machine. Il y a donc effectivement un jeu d'écart avec la machine de Microsoft, et un demi-jeu avec la PlayStation 3. Il faut néanmoins tempérer : 100% des Wii vendues l'ont été avec Wii Sports à l'intérieur, voire deux jeux. Et même si c'est moins vrai cette année, une grande partie des PS3 et des Xbox 360 ont été vendues sans aucun jeu avec.
Et depuis le début de l'année, ce taux d'attache a-t-il évolué positivement ?
Depuis janvier, le ratio d'attache est à 8,1 sur Wii. Sur PS3, il est de 8. Sur Xbox 360, il est à 9,1. Sur Wii, c'est donc un ratio normal pour une console, grand public ou pas. Il n'y a pas du tout de problème...
... en revanche, celui de la DS est de 4,8 depuis janvier. C'est peu.
Oui, mais les portables n'ont jamais eu de taux d'attache très élevé. C'est conforme à ce qu'on avait sur Game Boy, par exemple.
Parlons maintenant du Wii MotionPlus. Quel bilan faites-vous de ce périphérique, six mois maintenant après son introduction sur le marché ?
Le premier retour que l'on a, c'est la satisfaction du consommateur. Et nous avons des enquêtes. On sait que Wii Sports Resort fait partie des jeux qui ont un indice de satisfaction très élevé. C'est donc un premier élément de réponse pour le Wii MotionPlus. L'autre élément, c'est que Wii Sports Resort sera la première vente de l'année sur le marché français. On vend d'ailleurs plus de Wii MotionPlus seuls, que de Wii Sports Resort. Le troisième élément de réponse, c'est qu'il y a eu quelques jeux d'éditeurs tiers utilisant ce périphérique qui ont été lancés avant les nôtres. Et qui ont plutôt bien fonctionné. Je pense à Tiger Woods PGA Tour 10 et Grand Chelem Tennis. Mais l'essentiel est à venir : Red Steel 2, par exemple, et d'autres titres pas encore annoncés, et notamment le nouveau Zelda dans lequel vous ferez vos combats à l'épée grâce au Wii MotionPlus. Il a été pensé à 100% pour cet accessoire.
Et sur le volet online, 2009 a-t-il changé les choses pour les supports Nintendo ? Quel est votre bilan sur le dématérialisé, et plus généralement le jeu en ligne, où l'on vous dit en retard par rapport aux concurrents ?
L'expérience en ligne est évidemment perfectible. Elle a pour elle deux choses : elle est gratuite, déjà. Ensuite, j'entends souvent parler de retard. Peut-être sur la qualité de l'expérience - et là-dessus nous écoutons les critiques -, mais je vous donne juste un chiffre. Il y a chaque semaine, en France, entre 200.000 et 300.000 personnes différentes qui se connectent pour jouer à Mario Kart Wii en ligne. A ce jour, il s'est vendu 200.000 Halo 3 en France, qui est l'un des jeux en ligne les plus emblématiques de la Xbox 360. Et les autres jeux sur 360 ne se sont pas vendus davantage. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a plus de gens qui jouent gratuitement à Mario Kart Wii en ligne, chaque semaine en France, que de gens qui jouent au premier titre online sur Xbox 360. Je ne dis pas que le Xbox Live n'est pas une grande expérience pour les gamers, mais il faut relativiser les choses.
A-t-on d'ailleurs une idée du nombre de Wii connectées en France ?
Je n'ai plus le chiffre en tête, mais de mémoire, on était à plus de 45% des consoles en France. Encore une fois, l'expérience doit s'enrichir sur Wii, elle va s'enrichir. C'est notre coup d'essai en la matière, mais le online aujourd'hui fonctionne, et en masse, c'est une réalité.
Et concernant la dématérialisation ?
Là-dessus, on a une politique un peu différente de ce qui se pratique ailleurs. On a pour objectif de ne pas mettre sur le marché dématérialisé des produits qu'on pourrait trouver dans les boutiques. La logique, c'est d'utiliser la Console Virtuelle pour le fond de catalogue. Et puis, il y a des titres plus indépendants. C'est une chose à laquelle on croit : il n'y a pas de raison selon laquelle le jeu vidéo ne devrait pas avoir sa production indépendante. Cela existe dans le cinéma, dans beaucoup de domaines de l'entertainment. Si ce n'est pas le cas dans le jeu vidéo, c'est pour deux raisons : d'abord, le développeur va avoir du mal à trouver un éditeur qui va prendre des risques pour lui. Ensuite, même s'il arrive à se faire éditeur, c'est le distributeur qui refuse de le référencer. Internet a quand même cette grande vertu d'abaisser les barrières d'entrée, et d'offrir en direct le meilleur des productions indépendantes. Parfois, on a de super surprises, comme World of Goo... et c'est formidable. Nous voyons ça comme un ballon d'oxygène pour l'industrie, où l'on reproche souvent la concentration des éditeurs.
Mais côté bilan DSiWare et WiiWare ? Où en êtes-vous ?
Je n'ai pas les chiffres sur moi, je ne peux donc pas en parler. On ne communique pas sur les volumes, cependant.
Vous avez, tout de même, des retours sur ces services...
Encore une fois, les plus passionnés vont dire qu'on ne met pas assez de contenu, et on les écoute. Sur DSiWare, ça va s'enrichir, sur WiiWare aussi. On croit fondamentalement à ces deux canaux de distribution, mais ça n'est jamais en contradiction avec ce qui est mis en magasins. C'est en tout cas, chez Nintendo, la façon dont on voit les choses : quand un titre a le potentiel pour aller en boutique, il y va toujours.
Quel rôle prend Nintendo vis-à-vis des contenus tiers sur ces supports ? Vous contrôlez les concepts, de façon plutôt éditoriale, ou vous vous assurez seulement du bon fonctionnement technique des titres soumis par le studio ?
Il y a longtemps eu un préjugé, qui date d'il y a plus de vingt ans, selon lequel Nintendo continuait à exercer un veto éditorial. C'est révolu depuis des années. Depuis la Nintendo 64, on ne se permet aucun commentaire sur le contenu des éditeurs. Ils prennent la responsabilité des contenus. On est vis-à-vis d'eux dans la position de l'imprimeur de livres face à l'éditeur. En dehors du porno, par exemple, on n'émet aucun commentaire. Sur DSiWare et WiiWare, il y a néanmoins une sélection qui est faite, pour des raisons essentiellement techniques. Le service s'enrichit donc, mais à la vitesse à laquelle nous pouvons suivre leur mise en place. C'est la raison pour laquelle vous ne voyez pas de profusion de titres arriver.
L'aspect DLC semble encore en retrait par rapport à ce que l'on peut trouver sur les consoles PS3 et Xbox 360. C'est quelque chose qui peut se développer à l'avenir sur Wii ?
On ne s'interdit pas d'aller dans cette direction, mais on n'est pas obnubilé par ça. Nous voulons être pragmatique, et respecter la volonté des éditeurs. On trouve du DLC sur Guitar Hero, qui, au passage, s'est vendu plus sur Wii en France que sur n'importe quelle autre console... Tiens, c'est encore une idée reçue : on dit que les éditeurs ne fonctionnent pas sur format Nintendo. Je vous donne, là encore, quelques chiffres. Il s'est vendu deux millions d'épisodes des Sims sur DS et Wii, en cumul, en France. Resident Evil 4 Wii Edition sur Wii s'est vendu à 200.000 exemplaires, un record - sur PS3, RE 5 n'est qu'à 150.000 aujourd'hui. Il y a 68 titres en France sur DS qui ont dépassé les 100.000 unités vendues. Sur ces 68, vous en trouverez 36 en provenance d'éditeurs tiers. Il y a dix titres d'éditeurs tiers sur Wii qui se sont vendus à plus de 100.000 exemplaires en France. C'est plus que sur Xbox 360, par exemple. Il y a donc une sorte de vue de l'esprit selon laquelle on vendrait moins de titres éditeurs tiers sur format Nintendo qu'ailleurs... Un dernier exemple : Batman : Arkham Asylum, un très bon jeu sorti cette année, ou encore Prototype. Ces deux jeux-là se sont moins bien vendus, et ce sont pourtant de bonnes ventes, que Grand Theft Auto : Chinatown Wars. Alors qu'on considère que GTA sur DS ne s'est pas bien vendu (rires) ! Il a même fait plus que Street Fighter IV sur Xbox 360. Alors oui, c'est moins que Grand Theft Auto IV, mais si on considère que la DS n'est pas sa plate-forme naturelle, et que le marketing aurait pu être plus percutant...
... ça n'est pas, aussi, un titre qui ne correspond pas au public Nintendo en général ?
C'est un des meilleurs titres DS sortis cette année, il méritait de se vendre plus, peut-être avec un meilleur marketing. Mais peut-on parler d'échec quand on dépasse des titres PS3 et Xbox 360 que l'on considère comme des succès ?
La base installée n'est pas non plus tout à fait la même : 8 millions de DS, contre 2 millions de PS3 et encore moins de Xbox 360, ce n'est pas rien...
Oui, mais ce n'est pas la base installée qui fait qu'un jeu se vend. Le grand défi des éditeurs, c'est d'arriver à élargir les ventes d'un titre. On s'aperçoit que les titres dit "gamers" n'arrivent pas à dépasser un certain nombre de volumes. Notre stratégie est claire : on cherche à élargir et réunir les publics avec des jeux comme New Super Mario Bros. Wii, Mario Kart Wii, Wii Sports Resort ou encore Professeur Layton. On arrive à casser les limites de volumes de ventes dans lesquelles l'industrie est un peu enfermée. La vraie question qu'il faut se poser, c'est pourquoi ? Ne serait-on pas dans une industrie trop élitiste ? Street Fighter IV, un excellent jeu, ne serait-il pas super élitiste ? Il aura du mal à se vendre plus que ce qu'il a déjà fait auprès d'un public averti, qui a une dextérité phénoménale. Veut-on se concentrer uniquement sur ce public de passionnés, qui est fondamental, ou essayer de proposer autre chose ? Avec des jeux qui peuvent plaire aux gamers ! Regardez New Super Mario Bros. Wii, des gamers prennent un pied fabuleux avec leur copine, leurs enfants, leurs copains, avec des usages qui sortent des expériences "core", généralement en solo, devant sa console.
A-t-on d'ailleurs une idée du "palier" du public gamer dont vous parliez, en France ?
Je ne peux pas vous répondre avec exactitude. Ce que je constate, c'est qu'il y a peu de titres "hardcore" qui dépassent les 200.000 unités, et il n'y en a pas beaucoup à franchir les 100.000. Après, il y a des exceptions : Grand Theft Auto IV a dépassé en cumul 800.000 unités en France. Mais voilà : Wii Fit est à 1,6 million, Mario Kart Wii à 1,8 million, et Wii Sports Resort va être à plus de 600.000 ventes en l'espace de six mois, et va continuer. New Super Mario Bros. Wii, devrait de son côté atteindre les 500.000 cette année, et a encore du coffre pour doubler ça en 2010. Professeur Layton, typiquement, des gamers y jouent, mais pas seulement. Chez Nintendo, on pense que c'est l'avenir : pour être capable de faire grandir cette industrie, il faut réunir les publics autour de titres comme ça. Il faut absolument que le jeu vidéo aille dans cette direction. Pour sa survie, tout simplement.
J'en profite pour relayer les plaintes de certains joueurs, qui réclament davantage d'attention avec des titres dits "gamers". Qu'avez-vous à répondre à ceux qui estiment que la Wii n'est pas suffisamment alimentée en gros jeux ?
Il y a des gamers qui ne jurent que par la Haute Définition, et on respecte ça. A ceux-là, qui ne peuvent pas prendre de plaisir autrement que sur la HD, j'ai envie de dire : "Allez sur Xbox 360, allez sur PlayStation 3". Maintenant, il y en a qui sont curieux, qui s'intéressent à ce qui est bon, de qualité. Et là, une offre existe sur la Wii. La meilleure idée, c'est d'aller voir votre guide d'achat, par exemple, pour constater le nombre de jeux notés 7, 8 ou 9. Je suis sûr que parmi ces titres-là, il y en a qu'ils n'ont pas essayé. Quand des joueurs me demandent à quoi jouer sur leur Wii, il m'arrive de leur parler de No More Heroes, Okami ou MadWorld pour ne citer qu'eux... Parfois, ils ne connaissent même pas ces jeux. Je leur dit "Eh bien va voir sur Metacritic, ou sur Gamekult !". Ces jours-ci, il y a Pro Evolution Soccer 2010 sur Wii, Muramasa : The Demon Blade, Resident Evil : The Darkside Chronicles, Tales of Symphonia : Dawn of the New World, de très bons jeux. La production sur Wii s'intensifie pour 2010 avec l'autre grosse bombe japonaise, Monster Hunter Tri, ou encore Tatsunoko Vs. Capcom : Ultimate All-Stars, No More Heroes 2 : Desperate Struggle... Il y a des titres pour les gamers. Mais ça ne suffit pas d'être un bon jeu : il faut aussi savoir le pousser. On en sait quelque chose. Si Resident Evil 4 Wii s'est vendu à 200.000 exemplaires en France, comme peu de titres avant lui, c'est aussi parce que Nintendo a essayé de le pousser pour tester son potentiel. Sa cible a été élargie. C'est un jeu bien noté par les gamers, et qui a réussi avec du marketing à aller plus loin. Est-ce que c'est le cas de tous les titres ? Je suis effaré de voir, en allant chercher Muramasa pour mon fils, que j'ai eu des difficultés à le trouver en troisième ou quatrième semaine. Y a-t-il un problème de distribution ? Nous faisons passer des messages en permanence auprès des distributeurs, pour maintenir Okami, par exemple, en rayons durant toute la vie de la console. La bonne nouvelle, c'est qu'ils passent ensuite à des prix plus accessibles.
Est-ce que, malgré tout, on ne peut pas vous reprocher d'avoir manqué d'un vrai gros titre AAA sur Wii en 2009, pour attirer les joueurs sur cette plate-forme ?
Je trouve que MadWorld, c'est audacieux de la part de Sega. Des coups comme ça, il y en a eu cette année. Encore une fois, qu'ils se renseignent sur les guides d'achats : il y a des jeux dont je ne pense pas qu'ils aient fait le tour. Je suis même persuadé du contraire. Pour répondre à votre question, c'est effectivement difficile de gérer un planning ; mais en 2010, on n'aura pas à se poser la question. Il y aura des jeux. Après, les passionnés diront toujours qu'il n'y a pas assez de titres. Et puis, qu'est ce qu'un triple A ? Muramasa : The Demon Blade, n'est-ce pas un jeu AAA ? Je préfère raisonner par rapport à la satisfaction potentielle du consommateur. Pour autant, il se vend moins que Resident Evil 5 ; mais quand je vois ce que pensent certains joueurs de RE 5, je ne pense pas qu'il y ait eu de distinction entre l'un et l'autre en termes de AAA pour les joueurs. Ceux qui, par contre, ne jurent que par le FPS en HD, n'ont qu'à aller sur les autres consoles.
En tant que consolier, vous estimez-vous satisfait du support des éditeurs tiers sur Wii ? Que reste-t-il encore à faire pour séduire les audiences de gamers ?
Il faut préciser que les éditeurs qui fonctionnent sur Wii sont ceux qui ont pris la mesure de la plate-forme. Dès le début, les japonais l'ont bien compris. Capcom, Sega ou encore Konami avec sa version de Pro Evolution Soccer inédite. Ils sont venus avec des expériences de jeu audacieuses, innovantes, qui prenaient en compte les spécificités de la console. Les ventes auraient mérité d'être meilleures. Les éditeurs occidentaux s'y sont mis beaucoup plus tard. Mais plus ça va, plus la prise en compte de la spécificité de la Wii progresse. Pour avoir du succès, par exemple, il ne faut pas faire un simple portage. Ça, ça ne fonctionne pas.
De l'avis de beaucoup de développeurs, les consoles Nintendo ne sont plus nécessairement un eldorado pour des productions plus modestes. 2009 a marqué, de ce point de vue, un retour sur terre particulièrement violent. Certains entament déjà un exil de leurs budgets vers d'autres supports ; doit-on du coup s'attendre à moins de jeux en 2010 ?
Il y a eu ce phénomène sur toutes les consoles qui ont marché très fort. Plein de titres arrivent, puis une correction de marché se fait. Que ce soit sur PlayStation 2, sur GameBoy, sur PSone, sur Super Nintendo, sur Megadrive, sur NES, ça s'est produit. C'est naturel : vous êtes éditeur, vous voyez une grosse base installée, des développements simplifiés, vous voulez y aller. Et puis il y a forcément trop de titres, des jeux mauvais. Alors oui, c'est vrai que quand l'offre est pléthorique, c'est difficile d'émerger. C'est déjà le cas sur DS, alors imaginez ce que ça doit être sur l'iPhone et ses dizaines de milliers de titres !
Cette correction du marché va-t-elle ramener l'offre à une situation plus mesurée, prudente peut-être en 2010 et après ?
J'espère qu'elle sera globalement de meilleure qualité. J'ai de bons espoirs, sur Wii comme sur DS. Des acteurs ont peut-être compris que ce n'était pas possible de débarquer avec des titres qu'ils pouvaient développer rapidement, et de les mettre sur le marché sous prétexte qu'il y avait près de 50 millions de Wii, et 100 millions de DS. La qualité des jeux, c'est fondamental pour la survie de l'industrie.
Parlons-en, justement, de ces fameux jeux pour 2010. Quid du nouveau Zelda ?
(Il sourit) J'ai bien peur de ne pouvoir vous donner des révélations qui ne soient pas encore faites à ce jour. Mais vous serez surpris, il y a beaucoup de jeux pour les gamers qui n'ont pas encore été annoncés...
Il faudra attendre l'E3 maintenant j'imagine ?
Il y aura des annonces, évidemment, à l'E3. Mais tous ceux qui ont déjà été annoncés vont arriver vite, dans les mois qui viennent. Super Mario Galaxy 2 notamment. Chez les tiers, l'actualité est plutôt sympathique : Tatsunoko Vs. Capcom : Ultimate All-Stars, Sin and Punishment 2 que l'on va sans doute distribuer, Monster Hunter Tri, où l'on va essayer de faire ce qu'il faut pour le online. On pense qu'il peut décoller sur le marché européen, il n'y a pas de raison. On disait la même chose de Pokémon, de Kawashima , de Professeur Layton... Il y a une perméabilité importante avec la culture japonaise en France. Mais dans les jeux qui n'ont pas encore été annoncés, il y aura des titres très forts.
Et côté objectifs, qu'espérez-vous de l'année prochaine ?
Notre stratégie est limpide : l'élargissement. Et ça reste la même depuis le début. Ce n'est pas à 100 millions de DS et 50 millions de Wii que l'on va changer. L'enjeu pour 2010 en France sera de passer de 4 à 5 millions de Wii, et de passer de 8,5 millions à plus de 10 millions de DS.
Vous ne croyez pas à la saturation du marché, donc...
Non. Alors, il faut être humble et on essaye de l'être. Mais regardez au Japon : ils ont vendu 26 millions de DS. Ils sont 130 millions d'habitants, contre la moitié en France. En proportion, c'est comme s'il y en avait eu 13, voire 14 millions chez nous. On n'est qu'à 8 millions. Alors oui, il y a peut-être un contexte de saturation au Japon, d'où la DSi XL. Mais en Europe et aux Etats-Unis, on en est encore loin. Même chose pour la Wii : étant donné la pente des ventes, on peut dépasser la PlayStation 2.
Comment comptez-vous positionner la DSi XL sur le marché français ? A-t-on déjà des éléments sur son positionnement tarifaire, voire sa date ?
Il n'y a pas de date, a priori ce sera le premier trimestre. Comme au Japon, son prix sera légèrement plus élevé que la DSi. Cette console est née d'un constat : 90% des utilisateurs d'appareils portables s'en servent à domicile. On cherche donc à rendre l'expérience de jeu plus confortable. Autre élément, l'aspect collectif du jeu : grâce à la XL, les autres personnes pourront regarder l'écran aux côtés du joueur. On croit dur comme fer à cette machine, et elle sera au coeur de nos plans pour 2010.
N'avez-vous pas peur de brouiller les consommateurs avec tous ces modèles de DS ?
On cherche surtout à s'assurer que la dynamique reste forte. Et pour cela, il faut essayer de trouver des approches. Ce qu'apporte la DSi XL s'avère beaucoup moins bête que cela en a l'air dans la vie des consommateurs.
2010 devrait être marqué par l'introduction de nouveaux périphériques comme le projet Natal chez Microsoft, et le "motion controller" de Sony. Y voyez-vous l'occasion, pour ces concurrents, de surfer sur des phénomènes que vous avez lancé avec la Wiimote ?
On préfère avoir un avis en essayant des "killer-app", et on n'en a pas beaucoup pour l'instant. Ce qu'on voit, c'est que la reconnaissance de mouvements, qui faisait sourire certains il y a quatre ans, va devenir une direction adoptée par l'industrie. C'est normal, car c'est ainsi que les marchés évoluent. Maintenant, si la reconnaissance de mouvements n'apporte que des portages sur ces consoles-là, ce ne sera pas intéressant. Mais encore une fois, "the name of the game is the game". Tout dépend des grands jeux développés, ou pas. Et j'ajouterais qu'au moment où la PlayStation 3 et la Xbox 360 vont arriver avec ces propositions-là, il y aura une maturité importante sur le Wii MotionPlus. On diffuse l'accessoire rapidement, ce qui devrait permettre aux éditeurs tiers d'avancer là-dessus. Si le prochain Zelda doit exploiter à fond la technologie du Wii MotionPlus, c'est bien parce qu'on pense qu'il est possible de faire quelque chose de grand.
Vous ne pouvez tout de même pas rester insensible aux ambitions placées, chez Sony, comme Microsoft, dans ces deux périphériques. Certains responsables présentent déjà leur arrivée comme celle d'une nouvelle console à part entière...
Typiquement, la reconnaissance de mouvements, c'est Nintendo qui l'apporte. On n'a pas à réagir, il suffit d'aller plus vite. On a l'expérience, ce qu'on appelle la prime au leader. A nous de l'exploiter. C'est simplement la confirmation d'une stratégie, et le Wii MotionPlus est une illustration de ce souci d'aller plus loin. On va tenter d'avoir plus de contenu, plus de jeux.
Et la Wii HD, toujours pas ?
(rires) Sur cette génération, on l'a dit : il n'y a pas eu de promesse HD. Si certains gamers ne jurent que par la Haute Définition, il vaut mieux qu'ils prennent une Xbox 360 ou une PlayStation 3.
Et pour terminer, un sujet d'autant plus sensible qu'il est particulièrement d'actualité...
Le piratage ?
En France, Nintendo a été débouté en première instance dans son procès qui l'opposait aux distributeurs de linkers sur DS. Comment avez-vous vécu cette décision ?
Il faut voir ce qui se passe au niveau mondial. On a engagé des actions fortes face aux fabricants, aux importateurs, aux distributeurs d'appareils de copiage de jeux sur DS. Partout, la jurisprudence évolue dans un sens de condamnation des linkers. Il se trouve qu'un jugement en France ne concerne pas cette tendance de fond. Ce n'est qu'un jugement de premier instance, sur lequel le Procureur de la République a fait appel, pour réclamer davantage de preuves. Il n'a jamais été dit, du reste, que la distribution des copieurs était légale. Je rappelle que 36 mois de prison, dont 8 fermes, ont été requis contre l'un des prévenus... qui par ailleurs a été condamné, pour la même affaire, à Hong Kong, à 44 millions d'euros par un tribunal [la société en question est Divineo, ndlr]. Notre position ne change pas : on se joint à l'appel du Procureur de la République. La diffusion de linkers, ne nous voilons pas la face, sert à diffuser massivement du contenu illégal. Le piratage met en danger toute l'industrie : les fabricants, les développeurs, les distributeurs, les éditeurs. On prend nos responsabilités, et on encaisse parfois des revers comme celui-ci. Mais la jurisprudence va dans le bon sens. L'appel suspend également la décision du jugement, et on fera tout pour apporter les preuves suffisantes. Il n'y a pas de différences entre copier un jeu sur Internet, et aller chez un concessionnaire Ferrari, prendre une voiture et partir avec. Il n'y a aucune argument qui tienne ! Il y a de la mauvaise foi chez ceux qui reprochent aux jeux leur prix, car ce sont les premiers à aller télécharger des titres comme World of Goo, développé par deux types dans un garage, et dont le prix n'a rien à voir avec les blockbusters à 70€. C'est grave. Nous sommes actifs dans ce combat, et on a bien l'intention de nous inscrire dans la durée.
Et que pensez-vous de la scène homebrew, l'autre versant des linkers ?
Le DSiWare et WiiWare sont des réponses que l'on apporte à l'univers du développement indépendant. Encore une fois, il y longtemps eu un préjugé qui désignait Nintendo comme fermé, alors que c'est précisément Nintendo qui a inventé le système des éditeurs tiers il y a plus de vingt ans.
Enfin, pour conclure, s'il y avait une critique que vous souhaiteriez vous adresser sur cette année 2009 ? Qu'auriez-vous aimé faire, ou ne pas faire, ces 12 derniers mois ?
On a eu un début 2009 sur la Wii qui ne nous a pas permis d'entretenir le rythme. On a perdu du temps pour des questions de calendrier, et on va essayer de mieux calibrer 2010. Les six premiers mois avant Wii Sports Resort, on a vécu sur ce qui était lancé avant. En dehors de Punch-Out !!, qui nous a déçu côté ventes, MadWorld, Little King's Story - encore un jeu méconnu -, il n'y a pas eu grand-chose. La Nouvelle Façon de Jouer, ce n'est pas suffisant pour alimenter une machine, même si ça peut apporter beaucoup sur certains titres, comme Metroid Prime Trilogy.
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publié le 21/12/2009 à 19:52 par
funkenstein
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commentaires (42)
j'ai bien aimé la question sur le piratage qui est bien complete dans son ensemble.
et comme depuis quelques temps, nintendo jap laisse du mou et informe mieux ses presidents.
une interviews qui n'est pas bourré de langue de bois.
Et surtout pas l'envis.
Il a fait une petite erreur Sin and Punishment 2 est bien une licence de Nintendo donc encore heureux qu'il l'édite et le distribue sinon "Mais vous serez surpris, il y a beaucoup de jeux pour les gamers qui n'ont pas encore été annoncés..."
J'espère que ce n'est pas une nouvelle fois du vent , cette année il devait y avoir de grosses annonces et on a vu ce que ça a donné à l'E3 , un conférence tout juste passable enfin bon vu qu'on aura le droit à du zelda à l'E3 2010 nintendo une nouvelle fois va pouvoir bien s'en tirer.
Rikimaru bah déjà on a 3 jeux nintendo sûr ^^ (Mario,Metroid, Sin and Punishment + peut-être Pikmin 3 et Zelda...enfin peut-être), après il reste retro studio qui a rien annoncé depuis MP3, la Team Sora et Intelligent systems qui depuis le FE ds a rien sortit. Donc bon pense pas que ce soit du vent. En tous cas belle interview
Après je suis d'accord faut des truc fort, perso je vois bien Star Fox pour Retro (oui bon je suis aussi un fan désespéré qui l'attend depuis des années ). Bon après Nintendo font de la pub pour leurs jeux, sorte des vidéo. mais c'est sûr cas force de le sortir 3 mois après son annonce et en ne faisant pas forcément de "hype" bah sa vas ce ramassé un de ces jours.
en plus mes ptits cousins croient c'est la copine à Yoshi : faudrait pas leur enlever leur innocence è_é O_O nan Birdo c'est pas la copine a Yoshi....Mais....Mais...Noooooooooooon
il me semble que c'est la suite de lost magic DS(excellent jeu)
mais bon, je parle certainement pour rien vu que tu pense toujours que nintendo ne soutiens pas les tiers puisqu'il ne les montrent pas a l'E3, d'ailleur, c'était le fantome de kojima qui est venu présenter metal gear twin snake ou encore shinji mikami pour ne prendre que ceux la.
fin tu sais quoi laisse tomber, je discute pour rien avec toi.
1/ La conférence est d'abord, comme nombre de conférence d'entreprise, lié à rassurer les actionnaires sur sa dynamique d'entreprise. Ensuite de présenter la stratégie et les plannings aux professionnels, et en dernier aux joueurs.
2/ Ce qui n'est pas montré en conférence, est présenté par la suite durant l'E3.
Osef du contenu de la conférence.
mais ça ne veut pas dire que ça appartient à nintendo.
la preuve le premier c'est ubi. et depuis taito a été racheté par square en 2006