Daredevil fait parti des héros les plus torturés parmi la communauté super héroïque (quelle provienne de chez Marvel, Dc ou autres).

Les scénaristes prennent en effet un malin plaisir à faire souffrir l’aveugle Matt Murdock en le plongeant dans les pires tourments. L’œuvre ici présentée est sans doute la plus fondatrice de cet état de fait et donc du personnage. Sorti en 1986, la saga Renaissance (Born Again en VO) est le fruit de Frank Miller (scénario) et de David Mazzucchelli (dessin) et est tout à fait représentative du changement et du souffle nouveau apporté par des gens comme Miller ou Alan Moore à l’industrie des Comics durant les années 80.

Au passage, si le duo Miller/Mazzucchelli vous dit quelque chose, c’est qu’ils sont également à l’origine d’un autre récit d’anthologie datant de la même décennie avec Batman Year One (1987). Le scénariste opèrera d’ailleurs un traitement assez similaire sur l’homme chauve-souris et le diable de Hell’s Kitchen avec The Dark Knight Returns et Year One d’un côté et Born Again et The Man Without Fear de l’autre, à savoir le retour / la renaissance du héros et leur origine respective. Dans les deux cas, il s’agit d’œuvres aujourd’hui encore dites définitives et quasi intouchables sur lesquels les scénaristes continuent de s’appuyer et auxquels ils ne préfèrent pas se frotter (en cherchant à les réécrire) … encore que Scott Snyder sur Batman semble s’y essayer actuellement avec son arc Year Zero.


Mais revenons donc à Born Again et son histoire découpée en 7 chapitres aux noms évocateurs : Apocalypse, Purgatory, Pariah, Born again, Saved, God and Country et Armageddon.
Pour qu’un super héros renaisse, il faut d’abord qu’il meurt et dans le cas présent qu’on cherche à le tuer, ce à quoi va s’employer Wilson Fisk, dit le Caïd, chef suprême de la pègre New Yorkaise. Plutôt qu’une mort au sens stricte du terme (comme en connaisse tant de super héros avant de revenir 2 mois plus tard), Miller va démolir page après page son héros avant de le reconstruire.

En bon stratège, Fisk ne va pas attaquer de manière frontale, ni même s’en prendre directement au super-héros, mais bien à l’homme, l’avocat Matthew Murdock. Ayant appris l’identité secrète de Daredevil, sa première action sera de détruire l’existence sociale de Matt en usant de corruption. Un procédé qui plongera notre aveugle dans la paranoïa aiguë, le destituera de son emploi, le mènera à la rue, seul et et aux bords de la folie. Une déchéance tant physique que psychologique et un état d’instabilité profond qu’attendait le Caïd pour agir et provoquer un combat plus directe afin de le briser définitivement. Aux portes de la mort, Murdock devra son salut à une mystérieuse et providentielle personne ainsi qu’à sa foi, élément important chez le personnage.

Evidemment suivront sa renaissance et sa vengeance mais je vous laisse découvrir cela à la lecture si ces quelques lignes vous ont inspirés.





Si Born Again est avant tout l'histoire d'un homme, Matt n'est pas le seul à connaitre l'enfer et nous suivons également les destins tourmentés de Ben Urich (reporter au Daily Bugle en charge d'enquêter sur Matt) et de Karen Page (ex-copine de Matt). Deux personnages tout ce qu'il y a de plus normaux (comprendre sans super pouvoirs) qui apportent un point de vue encore un peu plus humain sur l'action.

Cette saga reste aujourd’hui encore un modèle d’écriture, le traitement apporté à Matt et aux personnages secondaires est exemplaire, venant soutenir l’intrigue et apportant encore plus de profondeur au récit. Bien entendu, le travail de Mazzucchelli au dessin n’est pas étranger à tout cela et est tout autant à saluer que celui de Miller au scénario avec un découpage fluide et un trait appuyant et soulignant chaque action et expression à la perfection.







Il est relativement facile de lire Born Again de nos jours, le meilleur moyen en VF étant de se procurer le « Marvel les grandes saga n°8 : Daredevil » aux éditions Panini Comics. Un livre prenant place dans une collection plutôt low cost mais qui à l’avantage de coûter très peu chère. Investissement minime pour une grande histoire, je vous conseille fortement de vous laissez tenter.