Développeur : Red Entertainment
Editeur : Activision
Date de sortie : 22 novembre 2002
Lefthead et Righthead fumaient encore. Il se tenait au milieu des corps de ceux qui avaient été ses collègues quand il était encore vivant. Par delà la tombe, il tenait sa vengeance, muette et borgne...
Gungrave est un jeu d'action atypique. Sous couvert d'un beat'em all "stylé" qui pourrait passer pour un clone de
Devil May Cry, il s'agirait presque plus d'un shoot'em up à la 3ème personne. Jugez plutôt : munitions infinies (sauf pour les attaques puissantes, les "Tirs Démolition"), bouclier qui absorbe les coups avant que la barre de vie ne descende et qui se recharge (!), possibilité de se soigner en utilisant un niveau d'énergie Spéciale (qui sert également aux Tirs Démolition), ciblage semi-automatique des cibles...
Bref, tout ou presque est fait pour rendre le jeu ultra-violent et (trop ?) accessible, et d'aucuns diront ultra-répétitifs. C'est certes le cas, mais le défouloir est là. Grave avance sans broncher, dessoudant toute vie et détruisant toute structure sur son passage. Disons-le nettement : un jeu de bourrin.
Et le gameplay, ne fait que confirmer, tout est simplifié au possible, et il devient vite intuitif de faire un carnage.
Au niveau technique, l'aspect graphique cel-shadé est très agréable, donnant une impression manga sympathique. L'animation n'est pas mal, bien qu'il semble manquer des étapes dans les mouvements de certains antagonistes. Des bugs d'affichage viennent s'ajouter au tableau, pouvant même faire disparaître un boss lors d'un affrontement (
ndlr : cela m'est arrivé hier soir même !).
Du côté musique, elles sont très agréables, lorsqu'elles sont audibles, principalement lors des cut scenes ou des briefings. Le reste du temps, les coups de feu assourdissants cachent toute ambiance sonore. On notera tout de même le doublage japonais de bonne facture.
Le GROS point fort de ce soft peu reluisant au demeurant est constitué d'un chara design excellent, avec des personnages d'un charisme fou (Grave, Bear Walken, etc.), et d'autre part d'un scénario et d'une mise en scène géniale.
En effet, hormis les scènes de carnage total, les cut scenes sont admirablement menées, que ce soit dans la progression de l'histoire ou dans les flashbacks (en ton sépia, s'il vous plaît), qui en apprend sur les personnages, ainsi que sur les tenants et aboutissants de ce drame (on oubliera les deux affrontements ultimes, ainsi que le dernier niveau, complètement à côté de la plaque à mon sens, bien que le dernier "lieu" important du jeu soit très fort symboliquement parlant).
C'est vraiment cela qui fait plaisir et qui donne envie de progresser dans le jeu.
Un effort a également été fait sur la mise en scène des
Grave Shoots, les coups de grâce infligés aux boss, lorsqu'ils sont au plus mal.
Donc,
Gungrave est jeu pour les bourrins, à n'en pas douter, mais disposant tout de même d'un background et d'un scénario largement à la hauteur. Il a d'ailleurs donné lieu à un anime, réalisé par
Madhouse (responsable également de l'anime
Devil May Cry entre autres).
L'anime a en effet été créé à partir du jeu vidéo. Sans rentrer dans les détails de l'anime sur l'histoire, etc. (au risque de gâcher la surprise et de spoiler et le jeu et l'anime), je vais principalement m'attacher à établir le parallèle entre les deux.
Les deux commencent de la même manière : une jeune fille,
Mika Asagi, poursuivie par "des monstres" arrivent dans un labo et remet une valise au scientifique présent,
Dr. T. Celui-ci comprend alors qu'il doit activer Beyond The Grave, un mort-vivant chargé par Maria Asagi de protéger sa fille.
Le carnage peut donc commencer. Là où la première et énorme différence se fait sentir, c'est au niveau de la narration.
Le jeu vidéo se contente de rester à la même époque en expliquant certains points du passé ponctuellement (ce qui est suffisant, que tout soit clair), alors que l'anime consacre d'emblée une bonne dizaine (si ce n'est plus) d'épisodes sur les débuts des protagonistes principaux, à savoir
Brandon Heat (qui deviendra Grave),
Harry McDowell, son meilleur ami, et
Maria Asagi, celle qu'il chérit secrètement.
L'anime prend donc le large par rapport au jeu et se permet de rentrer dans des détails qui ne laissent aucune ombre dans l'enchaînement des évènements, alors que le jeu reste - volontairement - évasif pour certains points.
La différence majeure intervient à la fin des deux oeuvres. En effet, le dernier niveau si détestable du jeu, ainsi que les deux ultimes affrontements ont complètement été occultés, pour offrir un dénouement peut-être plus terre-à-terre, mais tellement plus juste et cadrant avec l'histoire sans aller trop loin dans la science-fiction.
La conclusion des deux oeuvres est également diamètralement opposée, dans le sens où le jeu peut laisser apparaître une suite, alors que celle de l'anime laisse un goût légèrement amer, bien qu'étant plus belle.
Je vous laisse le soin de découvrir cela par vous-même.
Je recommande surtout vivement le visionnage de l'anime, qui est loin d'être aussi bourrin qu'il n'y paraît et qui bénéficie du scénario du jeu, mais sublimé par le souci des détails apportés sur les personnages et l'univers.