
Salut Gamekyo !
Les découvertes continuent, et après une tentative pas très convaincante de m’intéresser à la série Black Matrix (l’article ici), je me suis dit qu’il fallait bien tenter l’autre grande série de Flight Plan, Summon Night. Vous en avez sûrement entendu parler un jour ou l’autre si vous vous intéressez un peu au J-RPG, car mine de rien cette série compte bien 13 épisodes, dont 6 principaux et 7 spin-off (c’est assez étrange de voir une série avec plus de spin-off que d’épisodes numérotés, quand on y pense. Et pourtant FF doit être bien pire à ce niveau...). En revanche, bien peu de ces jeux ont quitté le sol japonais, et encore moins auront fait le trajet jusqu’en Europe.
Pour ma part, je ne connaissais de la série que les spin-off GBA (dont j’ai parlé ici, pour rappel) et DS et un des spin-off PS2, Summon Night Exthesis, qui a fait pour moi office de porte d’entrée dans la série. Un jeu pas exceptionnel dont je garde tout de même un bon souvenir, j’espère avoir l’occasion d’en parler un jour. Mais étrangement, je n’ai jamais donné leur chance aux épisodes principaux, que je savais être des T-RPG mais qui ne m’avaient pas attirés plus que ça jusque-là. A dire vrai, j’avais déjà essayé très vite le premier sur PS1 il y a longtemps, et le peu que j’y avais joué ne m’avait pas vraiment donné envie, malgré des graphismes bien jolis. Il est temps de lui redonner une seconde chance...
Summon Night
Titre original : Summon Night
Consoles : Playstation, Nintendo DS
Développé & édité par : Flight Plan, Banpresto
Sorti en : 2000 (PS), 2008 (DS)
Pas de lézard, cette fois c’est bien le premier épisode de la série, même si après un court test des deux versions existantes pour voir laquelle est la plus agréable à jouer, j’ai choisi finalement la version DS qui comporte des petites modifications de gameplay qui améliorent le confort de jeu (pas de scénarios bonus ou autre ajout du genre, tant pis), mais abandonnent les doublages et la cinématique d’intro animée, dont je me fiche éperdument.
Et si je choisis ce premier épisode plutôt qu’un autre plus abouti et surtout plus reconnu comme le 3 ou le 4, c’est surtout pour observer l’évolution de la série et de son succès, de voir un peu ce qui a pu forger sa réputation et celles des jeux du même genre. Donc pas tellement parce que cet épisode m’attirait particulièrement, vu que je savais un peu à quoi m’attendre...
Pour commencer, le jeu pose évidemment les bases de la série, à savoir un tactical façon FF Tactics en vue isométrique, assez proche dans ses mécaniques des Black Matrix : gestion parfois étrange du dénivelé, possibilité de mettre ses personnages en mode défense ou contre-attaque à tout moment, XP distribuée en fin de combat, le fait qu’on déplace tous ses personnages lors de son tour puis l’adversaire fait de même, etc.
Rien que du très classique donc, et le jeu va se démarquer par son concept qui fait l’âme de toute la série : les invocations. Beaucoup plus simple à appréhender que celui de Black Matrix 00 (en même temps je me demande comment on pouvait faire pire que ce dernier...), il s’agit cette fois d’utiliser des Summonite, pierres existant en cinq variétés de couleur, en combinaison avec des accessoires que vous devez équiper à vos combattants.
Il faudra ensuite dans un premier temps essayer des combinaisons appelées « serments » pour tenter d’invoquer une créature, et si cela fonctionne vous pourrez par la suite invoquer cette créature directement sans dépenser de Summonite (mais des PM, oui). En effet, certaines combinaisons ne donnent rien, et n’auront pour résultat que des dégâts, du soin, ou un objet tombé du ciel.
Si la plupart des invocations sont semblables à des magies (lance un effet puis disparaît), les plus petites créatures peuvent être matérialisées en combat et pourrons être jouées comme n’importe quel autre personnage, avec une efficacité malheureusement très limitée.
Quelques restrictions tout de même : si avec le temps tous les personnages peuvent « équiper » une invocation pour la lancer en combat, seul votre héros et un nombre limité de personnages peuvent faire des serments, et donc découvrir de nouvelles invocations. En sachant qu’il y a une bonne quarantaine d’accessoires qu’il faut tester avec chacune des cinq pierres, ça fait un paquet de possibilités.
C’est à la fois un bon et un mauvais aspect du jeu, l’idée de tenter des combinaisons et de découvrir une nouvelle invocation est grisante (même si on retombe souvent sur les mêmes, vu qu’il n’y en a qu’une trentaine dans le jeu), mais entre le fait que les pierres soient limitées et que l’on tombe souvent sur une combinaison ratée, le système est assez frustrant, encore plus quand on réussit une invocation mais qu’aucun ennemi n’est à notre portée pour l’utiliser. J’imagine donc que le système était surtout prévu pour être utilisé avec le guide vendu à part...
Des décors en pixel art magnifiques et très détaillés pour les combats. C’est moins vrai pour les décors de fond lors des discussions.
A tout cela s’ajoute des classes et des skills que vos personnages gagnent avec les niveaux donc vous n’avez pas d’influence dessus, et surtout une feature spécifique à la version DS, héritée des 3ème et 4ème épisodes : les Party Skills et les Brave Clear, les seconds vous permettant de gagner les premières en remplissant à chaque combat principal un objectif précis, qui consistera toujours à respecter une limite de niveaux pour vos combattants, et surtout d’éviter que l’un d’entre eux soit mis KO, sans quoi adieu la récompense. Très faciles à remplir au début, ces objectifs deviennent de plus en plus dur par la suite et ça devient même quasi-insurmontable à partir du chapitre 8, vu les dégâts que font vos adversaires par rapport à vos personnages...
Du coup j’ai fini par les lâcher alors que les Party Skills sont intéressantes en offrant des bons boosts de groupe, et même par tricher tellement les combats deviennent ingérables si on ne farme pas pour avoir les niveaux et les équipements suffisants (et vu que chaque combat dure au minimum 30 minutes, bonjour les heures de farm rébarbatives). Au final, j’ai un peu eu l’impression que ces conditions de victoires ont été implémentées sans vraiment être adaptées à la progression déjà pas très égale du jeu...
Car quand à côté de ça, on peut (si je me fie à certains témoignages sur le net) plier le jeu sans forcer en ne filant de l’xp qu’à son héros et en le laissant décimer seul les adversaires, on se dit qu’il y avait déjà un petit souci de base avec l’équilibrage de la difficulté.
Bref, pour résumer, les combats sont corrects, mais malheureusement frustrants sur pas mal d’aspects.
En dehors des combats, le jeu n’a malheureusement pas grand-chose de mieux à proposer, si ce n’est des cutscenes encore une fois sous forme de visual novel (mise en scène inexistante, donc) et la carte de la ville où l’on sélectionne simplement l’endroit où l’on veut aller.
En effet, au début de chaque chapitre (19 en tout), on a généralement un petit temps pour aller parler à ses camarades pour des dialogues souvent pas très instructifs, pour s’équiper en boutique, pour sortir de la ville pour s’entraîner au combat, ou même pour quelques mini-jeux toujours sympathiques que j’admets ne pas avoir eu la patience de faire.
Au final, mis à part la belle 2D léchée qui n’a rien à envier à celle d’un Tactics Ogre et les musiques plutôt réussies quoique peu nombreuses donc vite répétitives (le thème de combat est cool, mais bon sang, en avoir plusieurs pour varier ça n’aurait pas fait de mal...), le jeu ne fait pas beaucoup rêver et se montre donc assez redondant. Et ce n’est pas la possibilité de choisir entre 4 personnages au départ (deux garçons, deux filles) qui va y changer quelque chose, puisque le scénario est le même dans tous les cas, seuls certains dialogues changeront ainsi que le compagnon affilié à chaque héros/héroïne. A noter tout de même quatre fins différentes, dont une mauvaise où votre héros/héroïne devient le roi du mal. C’est déjà ça.
Reste alors la raison d’être de ce type de jeu, et ce pourquoi on les apprécie (ou pas...) : le scénario et les personnages.
Comme d’habitude dans ces productions, les dialogues composeront à peu près la moitié de votre temps de jeu.
Là encore, Summon Night va instaurer l’univers qui servira de background commun à tous les épisodes par la suite : les personnages évoluent dans le monde fantastique de Lindbaum, autour duquel gravitent quatre autres univers où habitent les différentes créatures qui seront invoquées via les serments évoqués plus haut : les fameuses Summon.
Ce premier épisode va présenter cet univers de la plus simple des manières : votre héros/héroïne, un lycéen ordinaire, sera soudainement transporté dans ce monde et devra découvrir ce pourquoi il est arrivé là et comment rentrer chez lui (oh un [i]isekai, comme c’est original

).
Blague à part, le début de l’aventure propose des choses intéressantes, entre le mystère de votre apparition (vous avez été « invoqué » en tant que Summon, au moins c’est original) et surtout la place centrale que tiennent les Summons et les Summoners dans le monde, puisque dans ce premier épisode seuls certains « élus » en sont capables et par conséquent cela a engendré une fragmentation du peuple entre les Summoners qui agissent comme le pouvoir dominant et le reste de la population, vivant dans les bidonvilles, avec en prime une petite réflexion sur la responsabilité d’avoir un tel pouvoir et ce qui en découle. Mais évidemment, tout ceci est bien vite mis de côté pour nous raconter les guerres de clans vachement moins intéressantes entre les différents gangs de voyous de la ville (y compris les Summoners, caricatures d’aristos péteux comme on en voit plein dans les productions de ce genre), et on passe les chapitres à rencontrer toute une foultitude de personnages (plus d’une vingtaine rejoindront vos rangs, la plupart dans la seconde moitié du jeu, dommage) dont on se demande pour certains ce qu’ils fichent là... Tout ça pour évidemment finir par affronter un dictateur ultra-caricaturé assoiffé de pouvoir, lui-même manipulé par une organisation obscure qui fomente l’invasion des démons sur le monde de Lindbaum. Du coup le scénario ne décolle pas vraiment et reste prévisible tout de long, donc on s’ennuie un peu.
Les personnages, parlons-en aussi. Certains sont évidemment bien clichés voire inintéressants (non vraiment, Monaty, je vois pas à quoi elle sert...), mais dans l’ensemble ils sont plutôt corrects, à défaut d’être véritablement travaillés. On est malheureusement au premier épisode de la série, et même si les dialogues sont bien entendu nombreux, ils creusent finalement assez peu les personnages, et préfèrent se concentrer soit sur l’avancée du scénario (ouf !), soit sur les banalités d’usage dans les jeux nippons, genre le gamin qui veut devenir un chevalier ou l’autre gus qui aime couper du bois (pas ouf...). Et avec le chara design encore très balbutiant, particulièrement quand on voit les artworks in-game qui font très amateur, ça retire finalement à tout le monde le peu de charisme que les personnages pouvaient dégager. Ça s’améliorera heureusement dans les suites (enfin, si on aime le style).
Reste le point le plus décevant : les conversations nocturnes, la seconde marque de fabrique de la série (non parce qu’il y a Summon dans le titre, mais le Night est pas là pour faire joli non plus...).
Pour rappel, il s’agit tout simplement de discussions entre le héros/héroïne et un personnage laissé au choix du joueur. Ça peut aboutir à une romance pour certains personnages, mais la plupart du temps ça se résume à des discussions amicales, là encore très banales.
Elles arrivent comme prévu en fin de chapitre et vous laissent le choix de discuter avec de nombreux personnages, mais la plupart des dialogues ne comportent que 3-4 lignes de texte (et je n'exagère pas !) et sont là aussi d’une banalité affligeante. Ces discussions seront évidemment plus fournies dans les épisodes suivants, mais la niaiserie des dialogues ne semble pas avoir disparu, si je me réfère aux autres épisodes que j’ai fait...
Il y a le choix pour le partenaire lors de la discussion nocturne. Mais les dialogues sont loin d’être passionnants...
Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce premier épisode. Sans être véritablement mauvais, le jeu n’est pas vraiment attrayant au premier abord, impression qui se confirme une fois le jeu fini. Le scénario est correct mais relativement banal même pour l’époque, idem pour le gameplay qui propose ses subtilités mais sans être aussi complet qu’un FF Tactics sorti sur la même console (considérant la version PS1, mais la version DS ne change pas grand-chose si ce n’est un peu de confort de jeu), un chara design qui ne fais pas franchement rêver, et des dialogues bien trop ennuyeux, surtout concernant les conversations nocturnes. Ne lui reste alors que les graphismes réussis en 2D, son univers intéressant quoique pas super original, et son système de Summon encore perfectible. Ça fait peu pour donner envie d’y jouer. Et de ce que j’ai vu, le second épisode fait tout juste un peu mieux pour attirer le chaland. Du coup, j’ai toujours du mal à comprendre ce qui a motivé les joueurs japonais à s’intéresser autant à cette série et pousser le studio à continuer et multiplier suites et spin-off, car il faudra attendre les Swordcraft Story et surtout les épisodes 3 et 4 pour que la série décolle vraiment et s’attire les faveurs des fans de « kyarage » (chara game, ou « jeu à personnages »).
Du coup, difficile de conseiller ce premier épisode à qui que ce soit pour découvrir la série, car il ne parlera sûrement qu’aux fans ayant fait les épisodes plus récents, notamment le 6 qui comme d’autres joue la carte du fan service en faisant intervenir des personnages de tous les épisodes précédents. Pour ma part, je pense tout de même m’essayer au 3 ou au 4 par curiosité, sans m’attendre à grand-chose si tout l’intérêt des jeux repose sur les personnages plus que sur le gameplay. Pour l’instant, mon expérience sur les spin-off a été beaucoup plus satisfaisante, et ce serait quand même étonnant que la série principale se montre moins passionnante que ces derniers...
On verra bien !
Une des nombreuses cartes téléphoniques sur le jeu vendues à l’époque au Japon, symbolique de l’obsession de la collection que l’on peut voir là-bas.