L'océan d'étoile revient pour la troisième fois sur nos consoles de salon. Si l'on glapit toujours de bonheur en voyant un nouvel RPG disponible chez nos revendeurs, l'arrivée de ce Star Ocean '3' n'a rien d'exceptionnelle pour autant, puisque le second épisode fut distribué par Sony Europe en mai 2000, un titre par ailleurs aujourd'hui fort bien côté à l'argus des collectionneurs. Théoriquement, Star Ocean : Till the End of Time, sera le dernier jeu à comporter un autre logo que celui de Square Enix, la compagnie devant prendre en charge elle-même la localisation de ses futures productions. Et cela ne sera pas un mal pour peu que des efforts soient consentis de ce côté-là, comme une traduction en français, n'est-ce pas monsieur Ubi Soft ? Pour le mode 60 Hertz, vous pouvez également repasser, mais très honnêtement, l'optimisation du 50 Hertz ne bride que très peu la vitesse du jeu original, de même que les bandes noires tant redoutées ne sont pas les pires que nous ayons vues.
Passée une somptueuse introduction façon science-fiction, vous faîtes connaissance avec Fayt Linegod et son amie d'enfance Sophia Esteed, enfants de quelques sommités scientifiques, en train de prendre du bon temps sur la très estivale planète Hyda IV. Une partie de jeu vidéo grandeur nature faisant office de tutorial, se voit brisée par l'attaque surprise d'une armée voisine, séparant le jeune Fayt de ses proches. A partir de là, se déploie un champ carrément immense puisque, dans l'univers de
Star Ocean, les individus ont en effet exploré une bonne partie de la voie lactée, découvrant divers mondes à la technologique plus ou moins évoluée, et avec lesquels il est d'ailleurs interdit d'interférer pour ne pas perturber l'équilibre naturel de leurs évolutions. Imaginez les possibilités offertes par des ballades de planètes en planètes ! Pourtant il n'en sera pas ainsi, la plupart du jeu se déroulera en particulier sur une planète, mais assez riche pour offrir moult environnements satisfaisants. Le postulat de base pour Fayt est donc de retrouver ses proches, mais l'aventure ira bien évidemment beaucoup plus loin, jusqu'à prendre des proportions démesurées.
Combats acharnés
Avant tout,
Star Ocean : Till the End of Time, offre un système de combat qui change du tour par tour, majoritaire dans les jeux du genre. Lorsqu'un combat est engagé (les ennemis sont visibles sur la carte) vous dirigez votre personnage comme bon vous semble sur l'aire de jeu, pouvant
switcher à tout moment sur le second ou le troisième. Les deux autres étant gérés par une I.A à laquelle il est possible de déterminer vaguement le style de combat à adopter (foncer sur l'ennemi ou se la jouer plus en retrait, par exemple). Au sein de ce principe de combat semi-automatique, le facteur réflexe est ainsi pris en compte, en plus de la stratégie. Cela dit, certains coups ennemis restent quasiment imparables, et nous rappellent que dans un RPG, tout le monde en prend généralement pour son grade lors des combats. Le temps s'arrête, histoire de farfouiller dans les menus (
items, magie...). L'attaque de base se répartit en plusieurs catégories : les attaques à longue ou courtes portées, ainsi que les attaques faibles ou fortes. Ces dernières permettent de briser l'éventuelle protection adverse, qui s'active une fois la barre de
Fury à 100%. Celle-ci fait aussi office de jauge d'endurance, puisque si elle atteint 0%, votre personnage est condamné à ne plus pouvoir attaquer, le temps de reprendre son souffle quelques instants. A noter dans ce jeu l'existence d'un petit plus stratégique, la mort par MP, et que cela concerne également vos ennemis. Il faut donc désormais gérer aussi bien ses HP que ses MP d'autant que certains ennemis seront davantage intéressés par vos précieux points de magie.
Les personnages commandés par l'ordinateur se permettent de se soigner, mais ne se remettront en aucun cas des MP, il faut donc veiller au grain. Il arrivera par ailleurs régulièrement que vos comparses n'en fassent qu'à leurs têtes, révélant quelques couacs au sein de l'I.A. Le principal atout d'un tel système de combat, outre son dynamisme jouissif (réactivité sans faille, zooms à foisons, cris portés dans tous les sens !), réside dans les possibilités de combos à plusieurs. Prenez par exemple Fayt pour projeter l'ennemi vers le ciel, qui sera tailladé à son zénith par un sort glacé de Nel, pour ensuite être percuté par l'explosion d'énergie de Cliff et enfin à Fayt de l'achever en le transperçant de sa lame avant qu'il ne retombe au sol, inerte. Tout bonnement excellent ! Mais par-dessus tout, on prend rapidement l'habitude de se servir des coups spéciaux, au prix de quelques HP, que l'on gagne au fur et à mesure des combats et que l'on attribue à chaque type d'attaque (il suffit de maintenir le bouton enfoncé pour les déclencher). On doit également penser, après chaque passage de niveau, à attribuer des points dans les quatres compétences principales qui sont HP, MP, Attaque et Defense. Si les menus sont conséquents, le jeu reste donc simple d'accès, vraiment pas plus compliqué qu'un bon vieux
Final Fantasy des familles. Signalons enfin la présence d'une
Battle Jauge, véritable clé de voûte d'un
level-up efficace. Lorsque celle-ci est remplie, suite à vos assauts effrénés, il faut redoubler d'attention pour ne pas se la faire briser par l'ennemi afin de remporter des bonus à la fin du combat, dont les plus intéressants sont sans conteste la 'Triple Experience' et le 'Double Fol' (la monnaie du jeu). La rapidité de votre montée en puissance, et votre aisance dans le jeu, dépendent donc beaucoup de votre capacité à gérer cette jauge bienfaitrice.
Un an et demi d'âge
Certains aspects de la réalisation de
Star Ocean : Till the End of Time ont clairement vieilli. Point de délabrement en ce qui concerne les décors des cités et leurs habitats, lesquels fourmillent de détails et sont d'une qualité irréprochable. En revanche, les personnages manquent cruellement de finesse et d'expressions faciales, ce qui se ressent au cours des nombreuses et longues
cut-scènes, souvent peu dynamiques. Des modèles humains qui ne sont donc pas au niveau des dernières productions du genre. En ce qui concerne Motoi Sakuraba, on s'étonne un peu de la présence sur une jaquette PAL, d'un
sticker créditant le travail du bonhomme à la bande-son, dans la mesure où quasiment aucune de ses productions n'a touché l'Europe avant celle-ci. La bande-son contient du bon et du moins bon, elle n'est pas spectaculaire, mais recèle quelques morceaux de bravoure, ainsi que plusieurs mélodies qui touchent le cœur de plein fouet. Un enrobage musical de très bonne facture, sans rien d'inoubliable, toutefois.
Une longévité certifiée
Déjà très long dans sa quête principale (comptez 55 heures en moyenne, les séances régulières de
level-up étant indispensables, quel que soit le niveau de difficulté choisi), le jeu recèle quelques donjons optionnels, des sous-quêtes, un modeste 'Gold Saucer' (c.f
Final Fantasy VII), ainsi qu'un
Battle Trophy, ces petits défis à relever tout au long du jeu, au nombre de 300, qui représentent un investissement délirant (du genre battre les
boss sans se faire toucher). Marque de fabrique de la série, la création d'
items de toutes sortes (nourritures, armes, etc.) est une composante facultative, mais qui peut conférer des bonus que ne renieront pas les joueurs qui prendront le temps d'explorer cet aspect.
Star Ocean : Till the End of Time est donc indéniablement riche et long, et c'est bien ce que l'on demande en premier lieu à un RPG, avec bien sûr... un scénario captivant. De ce point de vue, le contrat ne semble pas parfaitement rempli, car s'il atteint des véritables sommets dans son ambition, et si la plupart des personnages sont charismatiques (la froide Nel et le doux psychopathe Albel en tête), un véritable fossé demeure entre la première et la seconde partie du jeu (grosso modo entre les deux DVD). On passe un agréable moment dans une première partie très prenante au sein d'une querelle entre les royaumes de la planète Elicor II, tandis que la suite décolle et s'enflamme jusqu'à atteindre des proportions démesurées. Si l'intention est sûrement louable, reste que la mise en scène et la narration peinent à soutenir cette volonté d'amener l'histoire dans des sphères toujours plus lointaines.
Un petit péché par orgueil qu'on pardonnera tout de même bien volontiers tant ce
Star Ocean a à offrir au bienheureux joueur qui lui aura mis la main dessus. Et mieux vaut être persévérant, car si le système de jeu est simple, le dosage brutal de la difficulté (en particulier quand l'aventure redevient 'galactique' au deuxième DVD) fait qu'il n'est pas bon d'être un petit joueur. Bouder un jeu comme
Star Ocean : Till the End of Time serait donc criminel, malgré les lacunes qu'il peut comporter et qui le priveront toutefois l'accès aux plus hauts sommets d'excellence du genre.