Après un développement long comme le bras, la licence XCOM s'offre un épisode un peu particulier, bien loin de ses habitudes. Pour mieux nous surprendre ?
Annoncé en 2010 (!),
The Bureau XCOM : Declassified (qui ne s'appelait pas encore comme ça à l'époque) fut victime comme beaucoup de jeux d'une véritable malédiction. Prévu comme un FPS lors de son officialisation, le titre a finalement décidé de réapparaître il y a seulement quelques mois, devenant au passage un TPS. Un jeu de tir à la troisième personne qui a toutefois conservé les bases d'une série surtout connue pour ses jeux de stratégie au tour par tour. L'histoire se déroule dans les années 60, en pleine Guerre Froide donc, alors qu'une invasion alien débute. On y incarne William Carter, un homme au passé houleux qui est choisi par le nouveau commandant en chef, pour devenir l'une des têtes d'affiche du projet top secret, XCOM et plus particulièrement d'un département confidentiel appelé « Le Bureau ».
Au départ prévu pour parer à une attaque soviétique sur les États-Unis, « Le Bureau » va très vite devenir le gouvernail de la riposte américaine face aux attaques aliens, mais aussi de la propagande permettant d'éviter d'avertir les civils. Et pour mettre fin à cette guerre qui a déjà fait des milliers de morts et de disparus, le héros va devoir entrer dans le système de ces aliens (les Xénons) et parvenir à modifier leur réseau de communication. Le scénario qui va vous tenir tout le long de l'aventure est intéressant. Il l'est d'autant plus que l'on est véritablement acteur d'une situation qui dépasse l'entendement. On est loin de l'univers de
XCOM : Enemy Unknown et les années 60 sont ici fidèlement reproduites. Les femmes ont ainsi un rôle très secondaire dans cette lutte impossible, les cigarettes se fument par paquet de vingt à l'intérieur de la base, le mobilier est d'époque… tout est là pour se sentir comme dans un épisode de Mad Men, les aliens en plus.
Tout est fait pour que l'on se croit réellement dans une base secrète américaine à une époque où les téléphones portables n'existaient pas. Mais il y a toutefois quelques incohérences qui viennent ternir un peu le tableau. Il n'est ainsi pas rare de croiser des technologies dans le laboratoire que l'on n'a pas encore « activées » dans les missions ou même dans le tutoriel. Et côté finitions, les développeurs semblent avoir pris le temps sur certains détails, mais pas sur d'autres. Plusieurs exemples nous viennent ainsi à l'esprit : si on apprécie les nombreuses informations que l'on nous donne ici et là (les PNJ parlent entre eux), et les journaux audios qui permettent de prolonger l'expérience de base, on remarque aussi que certains sons ne se font pas entendre, ou que vos réponses aux dialogues à choix (semblables à
Mass Effect) n'ont finalement que très peu d'incidences. Les pièces et zones que l'on traverse n'ont aucun intérêt à être vraiment visitées : la plupart du temps, il n'y a rien à voir, si ce n'est le décor ambiant. Pas de lettre à porter à tel personnage, ou d'équipement alien pour les scientifiques. Il y a bien quelques photos, journaux audio et lettres ici et là, mais ce sont toujours des objets mis bien en évidence.
L'aventure est de toute façon assez scriptée, avec une volonté de vous faire suivre un scénario de A à Z. C'est plaisant, car l'histoire est passionnante. On accroche vite aux différents protagonistes que l'on croise, et il n'est pas rare de taper la causette avec eux. Concrètement, outre vos missions principales, vous allez avoir droit à quelques missions secondaires. Elles ne sont pas obligatoires, mais permettent d'emmagasiner de l'expérience (et de l'équipement). Les objectifs ne sont pas toujours les mêmes, ce qui est un excellent point. On varie les plaisirs : parfois vous devrez aller aider des innocents, d'autres fois récupérer un artefact. En plus de ces tâches où vous y êtes « actif », il est également possible de prendre part à des missions que vous n'aurez pas à faire puisqu'il vous faudra choisir des coéquipiers (que vous aurez au préalable recrutés et personnalisés) à envoyer. Cela aura comme conséquence de les faire monter en niveau sans pour autant qu'ils vous accompagnent sur le terrain (le vrai, cette fois-ci) et donc de créer une petite armée bien utile au cas où l'un de vos subordonnés perd la vie sur le terrain.
Car XCOM oblige, chaque mort est définitive. Ici, le principe reste le même, mais s'avère cependant beaucoup plus permissif que
XCOM : Enemy Unknown. Alors que le second place des sauvegardes automatiques bien vicieuses, le premier le fait plus régulièrement et à des moments clefs, ce qui permet en plein combat de revenir en arrière, pas trop loin, et ainsi réitérer l'essai. On a aussi un laps de temps avant qu'une personne du groupe tombe véritablement au combat. Les fans de la franchise crieront au scandale, tandis que les autres comprendront ce choix puisqu'à la place du tour par tour, le titre de 2K Marin propose une pause tactique. Celle-ci fonctionne sur le même principe que
Mass Effect ou
Dragon Age, sauf qu'elle est en temps réel. En slow motion, vous devez en effet gérer les attaques puissantes de vos alliés, mais aussi les vôtres. Mais encore une fois, ce n'est pas un mode pause : l'action continue de se dérouler pendant que vous faites vos choix, elle est simplement ralentie au maximum.
Et dans les phases de shoot, certes jouissives, n'est pas Bioware qui veut. En fait,
The Bureau : XCOM Declassified souffre d'un problème d'I.A. commun à beaucoup de TPS où l'on dirige une escouade de trois personnages. Vos deux accompagnants n'ont jamais le réflexe d'envoyer leurs attaques spéciales, et ont tendance à rester coller à vous, quitte à se mettre en dans le champ de vision de l'ennemi. Même chose quand il s'agit d'éviter les grenades, vous pouvez être sûr que l'un de vos coéquipiers va se prendre la déflagration, avec plus ou moins de dommages au passage. À la rigueur, ça ne pose pas de problème, elle fait cependant le job de manière très correcte, on est très loin de l'I.A. d'un
Fuse par exemple, mais c'est lorsqu'il faut qu'elle sauver le personnage principal que le drame survient. Soit elle est trop loin, soit pas assez rapide, soit elle emprunte le passage où il y a le plus d'ennemis, et donc, tombe au combat également. C'est rageant de recommencer une portion de mission à cause de ce genre de problème, heureusement assez peu répandu.
Visuellement, le jeu de 2K Marin est plutôt joli. Si l'on met de côté les bugs graphiques en DirectX 11 sur PC et le framerate étrange sur consoles, on fait face à un titre utilisant plutôt bien l'Unreal Engine. Les environnements sont variés, les effets spéciaux sont au rendez-vous, et certaines cinématiques sont vraiment épiques. Et si l'on a du mal à revenir dans le jeu une fois l'aventure terminée (ce qui est dommage dans un jeu comme XCOM), la durée de vie de celle-ci est tout à fait satisfaisante. Pour tout retourner de fond en comble, il nous a fallu un peu plus d'une douzaine d'heure.
Les plus | Les moins |
+ Un scénario passionnant
+ Une ambiance réussie
+ Environnements variés
+ Durée de vie au rendez-vous
+ Gameplay tactique au top | - Optimisation à la ramasse (PC)
- I.A. frustrante
- Problèmes de finitions
- Des choix de dialogues sans réelles répercussions |
Conclusion : The Bureau : XCOM Declassified offre une aventure très scriptée, mais aussi très immersive. Son ambiance années 60 et son invasion d'aliens s'avèrent être deux éléments aussi passionnants qu'importants. Si le gameplay est intéressant pour un TPS, le jeu aurait tout de même gagné à être mieux optimisé et des problèmes d'I.A. sont difficilement concevables dans un jeu de 2013.