Anciennement nommé
Kurayami lors de son annonce en 2006 (!) puis remodelé dans sa majeure partie pour être enfin présenté quatre ans plus tard sous le titre de
Shadows of the DAMNED, le nouveau bébé de Suda51 (
Killez 7) et Shinji Mikami (
Resident Evil 4) avait suffisamment de bons gènes en lui pour en faire le gros jeu d'action de cette année 2011. Certes, une fois le titre torché, le constat s'avère être assez mitigé mais de nombreuses qualités pourront tout de même vous conduire à craquer. Voyons cela.
Scénario de base dans le jeu vidéo depuis la création, Garcia Hotspur (notre héros mexicain) va voir sa chère et tendre se faire enlever par son pire ennemi, Flemming, seigneur des enfers dont les yeux, leur nombre surtout, pourrait faire flipper Ten-Shin-Han. Loin de vouloir la manger ou vous attirer dans un quelconque piège, le démon en question aimerait surtout mettre la belle dans son pieu et comme Garcia n'aime pas offrir grand-chose hormis des balles dans la tête, vous allez donc devoir traverser une partie des enfers pour sauver votre Paula des ténèbres qui semblent l'envahir peu à peu. Suda51 oblige, l'ambiance est loin d'être sérieuse et si les litres d'hémoglobine versés valent bien le +18 de la PEGI, la star du studio
Grasshopper n'ayant pas hésité à tourner les situations en dérisions, style Evil Dead 2, dont on trouvera justement de nombreux hommages, auxquels on rajoutera quelques délires à tendance sexuelle. Ambiance, tout ça...
En bref, on rentre facilement dans cet univers, d'autant plus aidé par la bande-son de Akira Yamaoka, preuve en est avec ces bruitages de fond lorsqu'on évolue dans les ténèbres, semblant tout droit sortis d'un
Silent Hill. Concernant le gameplay, on sent clairement cette fois la patte de Shinji Mikami avec une aventure qui se vit comme le quatrième
Resident Evil, sans en atteindre la perfection coté renouvellements des situations, malheureusement. Ultra linéaire, le titre ne se livre que trop rarement au jeu des énigmes, pas plus mal diront les amateurs d'action et on se contentera donc, généralement, de trouver des cerveaux et autres fraises-boyaux pour nourrir les têtes de nourrissons qui dont office de portes (la classe) ou tout simplement trouver le moyen de passer à l'étape suivante en actionnant des interrupteurs plus ou moins cachés. Pas de quoi rester bloqué plus de deux minutes. Répétitives, les énigmes finissent par se montrer énervante à force de tirer sur des moutons pour dissiper les ténèbres sur le territoire, surtout arrivé en fin d'aventure où les développeurs semblent réutiliser constamment les mêmes idées. Enfin, s'il n'y a pas grand-chose à redire concernant les boss, les deux principales phases annexes du jeu (un shoot 2D et une espèce de horde/survie) souffre du syndrome
Bayonetta : molles et trop longues.
Lors de la première prise en main, la jouabilité diffère assez peu du titre précité de Mikami. La caméra reste toujours placé au dessus de l'épaule et on n'a pas trop de mal à viser, avec même la possibilité de bouger en tirant. Les choses sont en revanche complètement différentes concernant l'arsenal. Plutôt que de s'embêter avec une mallette et donc un inventaire limité, Garcia ramasse donc tout ce qui se trouve sur son chemin, à commencer par les nombreuses bouteilles d'alcool qui lui rendront de la vie. Avec modération ? Du tout. À ses cotés, Johnson, démon un tantinet pervers qui pourra se transformer en un peu tout ce que vous souhaitez, enfin surtout en lampe pour vous éclairer faiblement et en arme. Assez radin à ce niveau,
Shadows of the DAMNED ne proposera que trois armes (équivalent du gun, pompe et mitraillette) qui évolueront heureusement tout au long de l'aventure, de manière automatique en avançant dans les chapitres (lock sur la mitrailleuse, possibilité de tirer des boulets avec le pompe) et tout simplement en les boostant avec des joyaux rouges pour augmenter la puissance, la vitesse de rechargement et la capacité du chargeur.
Seulement, les joyaux rouges en question, il faudra les chercher un peu partout et si les niveaux brillent bien par leur linéarité, il ne faudra pas hésiter à fouiller chaque recoin et tenter d'ouvrir la moindre porte pour trouver vos précieux trésors capables de vous faciliter grandement la vie dans les modes de difficulté les plus élevés. Le constat est le même pour les joyaux blancs qu'on pourra trouver dans des coins secrets ou tout simplement les ennemis selon notre manière de les tuer (privilégiez les écrasements au sol !). Ces derniers serviront de monnaie d'échange face à un démon gourmand, permettant de grailler munitions, alcool et là encore, des joyaux rouges.
Mais au-delà du simple plaisir de la recherche en ces lieux hostiles, les fouilles serviront surtout à prolonger la durée de vie incroyablement courte, sans conteste la grande déception du titre surtout après
Bayonetta pour le citer à nouveau. Pour faire simple, atteindre les crédits de fin ne vous demandera pas plus de dix heures en mode normal et en prenant votre temps. Une bonne moyenne pour le genre mais l'ennui, c'est que les développeurs ont oublié la définition du mot replay-value : pas de multi, pas de bonus à débloquer en fin de partie, pas de challenge, pas de défis. Rien, nada, le néant. Seuls ceux qui voudront se refaire l'aventure dans un mode de difficulté plus élevé (ou tout simplement les chasseurs de succès/trophées) trouveront un intérêt à se lancer une seconde fois dans l'aventure.
Conclusion : Véritable hommage à la saga Evil Dead de par son univers complètement barré et son humour à chaque chapitre,
Shadows of the DAMNED ne nous fera pas oublier son manque de renouvellement dans le gameplay, un constat d'autant plus dommageable avec une durée de vie aussi courte qui fera réfléchir à deux fois avant de tenter l'achat.