Jusqu’alors focalisé sur la série des Tony Hawk’s, Neversoft Entertainment a décidé de changer d’air avec le développement de Gun, ce jeu de western où l’action se déroule bien loin des skate-parks et autres univers urbains. Le pari est-il réussi pour Neversoft, ou feraient-ils mieux de retourner à leur série de skate, qui leur a toujours assuré des ventes faciles à travers le globe ?
On a peu parlé de
Gun avant sa sortie, en évoquant la plupart du temps qu’il s’agirait d’un
GTA se déroulant dans le désert. A ceux qui ne cessent de comparer
Gun à
Grand Theft Auto, je leur dis : Stop ! Avec
Gun, on a à faire à un pur jeu d’action, dont l’aspect aventure/RPG est réduit à sa plus simple expression. Ici, tout est question de gunfights, de violence et d’action pure. Colton, notre héros ténébreux et très charismatique, devra traverser de nombreuses villes et faire de multiples rencontres avant de mettre la main sur l’assassin de Ned, son père adoptif. Le jeu débute alors que Ned apprend à Colton à chasser le gibier dans les forêts du Montana. Un didacticiel plutôt classique, qui ne nous laisse pas imaginer ce qu’il va se passer quelques instants plus tard. Dans la première heure de jeu, le bateau où Ned et Colton se trouvent se fait attaquer par des ennemis ; Ned décide alors de protéger Colton, et l’oblige à s’éloigner de la bataille qui fait rage en le poussant à l’eau. C’est à ce moment que l’aventure démarre réellement, après un prologue haletant, alors que Colton reprend ses esprits et découvre que son père n’a pas survécu à l’attaque du bateau. Néanmoins, en possession d’un indice, il va devoir partir à la recherche d’un allié pour tenter de retrouver le prêtre qui est à l’origine de la mort de Ned. S’ensuivra une série de rencontres, d’amitiés et de trahisons mises en scène avec maestria par les développeurs, en offrant de nombreuses références à des grands classiques du cinéma de western.
Il était une fois dans l’Ouest…
L’aventure de
Gun est subdivisée en un certain nombre de missions à accomplir, missions qui auront généralement pour unique objectif de faire la peau à tous ceux qui se dresseront sur le chemin de Colton. A défaut d’être très variées, les missions de
Gun nous offrent un rythme tout bonnement génial qui empêche de s’ennuyer l’espace d’une seule seconde. Si l’aventure principale compte moins d’une dizaine d’heures pour être complétée, le nombre de missions secondaires qui permettent d’augmenter les statistiques du héros est assez important. La durée de vie ne doit pas être considérée comme un obstacle, mais évidemment, si on le considère d’entrée comme un jeu d’aventure, cela risque de décevoir. Pour commencer une nouvelle mission, il faut le plus souvent aller parler à un personnage dont la position est indiquée sur votre carte en bas à gauche de l’écran. Vous ne serez donc jamais perdu dans
Gun, mais n’aurez pas non plus l’impression d’être trop guidé. Un certain nombre de missions secondaires sont accessibles par le biais de posters « Wanted » accrochés un peu partout dans les villes que Colton traversera. L’objectif sera à peu près toujours le même : partir à pied ou à cheval pour retrouver le criminel en question, afin de gagner de l’argent et des statistiques pour la suite de l’aventure.
A propos du cheval, justement parlons-en : c’est le seul moyen de transport du jeu, et il permet de traverser les grandes plaines et vallées très rapidement. Doté d’une barre de fatigue qui baissera si vous forcez trop sur les accélérations, le cheval pourra même en mourir en cas d’abus. Parallèlement, votre monture possède aussi une barre de vie, et elle ne fera généralement pas long feu lors des superbes fusillades à cheval. Heureusement, il est possible de monter tous les chevaux que vous rencontrez, et ils sont généralement bien placés et disponibles lorsqu’on en a besoin. La maniabilité à dos de cheval est véritablement excellente, et les gunfights redoublent d’intensité. Vraiment jouissif.
Rarement de telles sensations ont été ressenties à cheval dans un jeu vidéo, et on peut même ajouter qu’Epona et Barbie Aventure Equestre peuvent toutes les deux aller se rhabiller. Le seul vrai regret à ce sujet, c’est que la liberté qui nous est offerte de se déplacer librement dans les grandes zones qui joignent les différentes villes est assez inutile, puisque ces grands espaces vides ne recèlent quasiment aucun secret. Au final, on préférera utiliser les chevaux principalement lors des missions, car une fois sorti du cadre de celles-ci,
Gun n’a plus vraiment d’intérêt. Encore une fois, c’est tout le contraire d’un
GTA, et il n’y a aucune raison de s’en plaindre, vu la qualité des scènes d’action dont regorge le titre d’Activision.
Quand Colton Luke rencontre Max Payne
Si l’on voulait établir un parallèle avec un autre jeu, prenons plutôt en référence
Max Payne. En effet,
Gun reprend certaines lignes directrices de celui-ci, dont notamment l’orientation action, et le ralentissement du temps. Ici appelé QuickView, ce système permet à Colton de ralentir l’action afin de zigouiller plusieurs ennemis en un temps record. La barre de QuickView se vide assez rapidement, et il faut donc en faire bon usage au cœur des gunfights. Il est possible d’acheter des objets chez les marchands qui permettent d’allonger la durée du QuickView. Il existe aussi des améliorations pour les différentes armes, mais vous vous rendrez compte assez rapidement que l’argent ne court pas les rues dans
Gun, et il sera nécessaire d’effectuer les missions secondaires et de découvrir les mines d’or si vous désirez faire du shopping. Colton possède un arsenal d’armes plutôt varié, allant du simple pistolet à balles illimitées au fusil de sniper, en passant par le fusil à pompe, l’arc, les cocktails Molotov, et j’en passe. Cependant, inutile de chercher des armes trop modernes, puisque le jeu se déroule à la fin du XIXe siècle. En d’autres occasions bien précises, un canon et une mitrailleuse gatling pourront, et devront être utilisés.
Le gros point noir des combats dans
Gun concerne l’IA des ennemis, peu évoluée : dans le meilleur des cas, les ennemis vous lancent des cocktails Molotov à la figure et bougent dans tous les sens à une vitesse folle pour éviter vos tirs, mais on a rarement l’occasion de voir des comportements plus réalistes. Cela dit, les ennemis se cachent derrière le décor et c’est déjà suffisant pour se croire en pleine partie de paintball à certains moments. Un paintball plutôt violent, puisque les effusions de sang et les têtes qui explosent sont légion au Far-West. A ce titre, il faut savoir qu’un bon
headshot tuera instantanément tout ennemi, à l’exception des boss. Si la plupart des missions se résument à tuer un personnage ennemi, Cowboy ou Indien, certaines bonnes idées un peu plus variées ont tout de même été implémentées dans le jeu : on aura par exemple l’occasion de mettre le feu à un bâtiment, de rassembler plusieurs chevaux à un endroit sans se faire voir, de mettre en place un dispositif explosif pour détruire un train, etc. Dernier détail concernant les combats, Colton peut régénérer sa barre de vie en se désaltérant… avec de l’alcool. Décidément,
Gun n’a pas usurpé sa classification 18+, comme l’indique le logo PEGI sur la boîte du jeu.
Sweet Home Alabama
D’un point de vue technique également,
Gun tire habilement son épingle du jeu. Derrière des décors aux textures pas toujours très élaborées, on découvre un rendu graphique relativement soigné, particulièrement au niveau de la modélisation des personnages. D’une manière générale, on peut dire que le jeu s’en tire plutôt bien, sans compter que les environnements énormes dans lesquels Colton évolue se traversent sans aucun temps de chargement. On notera toutefois de maigres ralentissements, mais qui ne nuisent en rien au fun procuré par les scènes d’action. Quatre niveaux de difficulté vous sont proposés au début de la partie, il est possible de sauvegarder votre progression à tout moment du jeu. Certains checkpoints invisibles au sein même des missions vous permettront de ne pas recommencer la mission du début en cas de game over, et qui plus est avec une barre de santé pleine (ce qui a souvent tendance à faciliter le jeu). Une mission qui semblait difficilement réalisable à première vue devient alors à votre portée une fois la barre de vie recouvrée en cas de mort après le checkpoint.
Musicalement,
Gun en met plein les oreilles de tous les côtés : musiques tantôt jazzy, tantôt mélancoliques, elles collent parfaitement à l’action en toute circonstance, et n’agressent jamais l’oreille en restant très discrètes, cachées derrière des bruitages très réussis également. Mais s’il n’y avait qu’une chose à retenir, ce serait les voix originales américaines qui ont été conservées pour la version européenne (sous-titrées en français), et qui permettent d’assurer une crédibilité et une authenticité à chaque dialogue. Doublée d’une mise en scène convaincante, l’ambiance sonore contribue grandement à faire de
Gun une expérience de jeu unique et originale.