Fort de son succès mondial, Naruto, le manga de Mazaki Kishimoto paraissant quotidiennement dans le magazine japonais Shônen Jump, puis adapté en animé depuis octobre 2002 au japon, est désormais devenu culte tel un Dragon Ball d’antan. Plusieurs jeux ont donc déjà découlé de cette licence juteuse. L’excellente série des Naruto : Gekitô Ninja Taisen, éditée par Tomy et réalisée par 8ing sur Nintendo GameCube, comptera un troisième épisode d’ici le 12 novembre. Toujours chez le même éditeur, on retrouve 3 softs GameBoy Advance, toujours dédiés à l’univers des ninjas de Konoha. Enfin, Bandai édite les épisodes PlayStation 2 connus sous le nom de Naruto : Narutimate Hero, dont le deuxième opus est sorti tout récemment sur le continent asiatique. Voici donc le test import de Naruto : Narutimate Hero 2, développé par Cyber Connect 2.
Moi, pas comprendre…
Une fois passée l’introduction (reprenant des passages de l’animé, le tout ayant été visiblement monté avec le minimum d’attention possible, sur la musique du quatrième
opening), qui est une petite déception, place à l’action. Les menus de base d’un jeu de combat vous sont alors proposés :
Story, Versus, Training, Option, Bonus (représenté par la chambre de Naruto) et un menu d’achat (tenu par Jiraya) servant à acheter ces derniers. Rien que de part cette phrase, vous l’aurez compris : mieux vaut connaître l’univers du manga de Kishimoto avant de se lancer dans ce jeu…Complètement en Japonais qui plus est. La barrière de la langue existe, et particulièrement dès lors que vous pénétrez dans le mode
Story du jeu. En dehors du fait de ne rien comprendre à l’intrigue de l’histoire, qui reprend à quelques détails près l’originale, c’est surtout lors des combats et des scénarios parallèles que viennent les complications. Explication : pour les combats, que vous soyez en mission, que vous avanciez dans l’histoire propre du jeu ou en quête de nouveaux
jutsu (ces modes
in-game seront détaillés ultérieurement), des règles seront établies pour chaque affrontement. Ainsi, si au court de l’histoire d’origine, Naruto (qui sera le personnage incarné le plus fréquemment) se retrouve confronté à un ennemi plus puissant; cela se traduira par des règles en début de combat dans le ton suivant :
« Gagner le combat, l’adversaire a son attaque boostée, l’adversaire a sa défense boostée, vaincre l’adversaire en effectuant une balayette ». C’est ce type de règles qui vous attendent, et elles doivent toutes être strictement appliquées sinon à vous la défaite. Pour une fois qu’un jeu de baston propose des règles, on ne va pas s’en plaindre…Sauf si l’on ne parle ou ne lit pas le japonais justement ! Car dans ce cas, on y va plus à l’intuition qu’autre chose. Ca rallonge considérablement la durée de vie, mais finit vite par exaspérer les pros du lancé de pads; donc, soyez prévenus.
Un autre point sensible concernant aussi le problème linguistique est, comme précité, l’incompréhension notoire pour le novice arrivant dans ce monde que tout le monde connaît sauf lui. Car si les amateurs du manga peuvent se tarer de « ne pas avoir besoin de comprendre » la moitié du scénario original, il n’en sera pas de même pour l’autre moitié du mode
Story. Cette dernière proposant un scénario original, très bien pensé et construit exclusivement pour le jeu de chez
Bandai, peut très bien s’interposer entre deux chapitres de l’histoire d’origine (à contrario d’un scénario d’
OAV, la plupart du temps intemporel). Ici aussi, prévoyez donc les manuels de Japonais et le café si vous ne maîtrisez pas encore la langue. A présent, finies les mises en garde, place aux combats.
Un de perdu, dix de retrouvés
Une fois le premier combat lancé, les possesseurs du premier opus pourront faire un constat plutôt décevant et étonnant. En effet, si dans la version précédente du soft les personnages modélisés s’exprimaient via des animations faciales, ce ne sera pas le cas ici, puisque ces dernières laissent leur place à un visage et une bouche fixes. Comme si les programmeurs venaient de faire un pas en arrière. En contrepartie, le
gameplay a été revu à la hausse, vous permettant ainsi d’effectuer un double saut dans les air, afin d’éviter de vous retrouver bec dans l’eau suite à une attaque pourtant réussie. L’interactivité avec les décors persiste et signe, avec la possibilité de marcher sur l’eau, de courir à la vertical sur un arbre ou un mur, d’effectuer des déplacements en profondeur de champ (les mouvements possibles étant restreints à de la 2D dans un décor en 3D), et des tonnes de parcelles polygonales à éclater chemin faisant. Dans ces dernières, vous pourrez trouver des armes ou des objets à utiliser par la suite, tels des shurikens, des bombes, des parchemins explosifs… Tout un attirail pour le parfait petit ninja que vous êtes. Parmi les petits plus ajoutés par rapport au précédent titre, on note la possibilité de pouvoir choisir entre plusieurs alliés pouvant intervenir lors d’un combat, notamment grâce à un item lui permettant d’attaquer le temps d’un battement de cil de l’adversaire. Le nombre de personnages jouables a lui aussi été revu nettement à la hausse, avec pas moins de 18 nouveaux protagonistes sélectionnables. Mais attention, que les adorateurs des fameuses furies du précédent opus s’apprêtent à être déçus. En effet, peu de nouvelles techniques spéciales feront leur apparitions ici, la moitié des nouveaux combattants n’en possédant tout simplement pas. Ceci étant, les anciens gardent les mêmes que précédemment, à l’exception d’un coup en plus lors de la dernière furie exécutable.
Mais le grand intérêt de ce
Naruto : Narutimate Hero 2 est sans aucun doute l’innovation de son mode histoire. Hormis le fait que le scénario soit plutôt bien retranscrit par rapport au manga, c’est surtout d’en avoir fait un
RPG qui le rend si intéressant. Vous incarnez donc Naruto et devrez vous balader aux quatre coins de Konoha, afin de converser avec les personnages principaux et ainsi avancer dans le jeu. Mais qui dit
RPG, dit aussi « liberté d’action ». Vous ne serez donc pas obligé de progresser dans le jeu, et des dizaines de mini-quêtes vous seront aussi proposées. Ainsi, en bon
Genin (ninja) que vous êtes, vous aurez à effectuer des missions allant du rang D au rang A, puis S pour les missions spéciales. La difficulté des missions étant évidemment en rapport avec la lettre (D étant le plus faible niveau), elle variera selon les règles qui deviendront de plus en plus incongrues et à la limite du faisable. Dans un autre genre, vous pourrez accéder à des mini-jeux comme une course en équilibre, un parcours d’obstacles sur un arbre, ou encore, imiter les positions ridicules de Shikamaru ou de l’hilarant Gai
Sensei. Le plus incontestable reste néanmoins la possibilité de customiser vos personnages. En effet, lorsque vous effectuerez des missions, sachant que n’importe quel protagoniste peut être choisi, vous récolterez des points d’expérience pour ce dernier. Libre à vous par la suite, de placer ses points à votre convenance afin d’améliorer son attaque, sa défense, son esquive, son chakra (énergie) ou encore sa vitesse. Mais la customisation ne s’arrête pas à ces quelques possibilités, les programmeurs ayant eus la bonne idée de créer une recherche de
Jutsu (technique), vous permettant d’apprendre les techniques de vos adversaires; et c’est là que ça devient cocasse. Vous pourrez donc via cette option, combattre vos adversaires avec leurs propres techniques… Le rêve de certains fans prendra sûrement vie grâce à cette nouveauté des plus ingénieuses.
Des graphismes hachés menus
Côté réalisation, on peut entrevoir une certaine amélioration graphique en ce qui concerne les décors, ce qui n’est pas le cas pour les personnages. Ainsi donc, ces derniers sont toujours représentés avec un
cell-shading plutôt grossier et des hachures permanentes… Certains diront que c’est pour donner un aspect plus proche du manga, mais que l’on ne s’y trompe pas, ça n’excuse en rien ce style graphique si brouillon. Côté sonore, on est par contre très bien servi, avec des thèmes absolument sublimes lors de l’histoire (en faisant abstraction de la première musique de fin), et des centaines de dialogues interprétés par les doubleurs de l’animé. Pour finir, le jeu dispose d’une durée de vie des plus appréciables en solo, et d’autant plus avec le mode multijoueur, à la condition de savoir gérer la maniabilité complexe de ce soft.
8/10