Absolument culte sur PC, Serious Sam nous revient enfin après avoir marqué une petite pause de quelques années. Préparez lance-flammes et fusils à pompes : le carnage peut recommencer !
En 2005, les jeunes mâles (ou femelles), élevés à base d’
Halo,
Killzone et
Metroid Prime, ne connaissent plus vraiment la signification du
Doom-Like, le bon, le vrai. La recette est pourtant d’une simplicité affligeante. Tout d’abord, inventez un scénario à ambiance apocalyptique, tenant si possible sur un ticket de métro, qui mettra en scène extra-terrestres très méchants ne ressemblant à rien ou créatures échappées de l’enfer. Face à cette menace, prenez un homme, un seul, au visage aussi niais que déterminé, enlevez-lui le cerveau et offrez-lui le physique d’une armoire normande. Ne reste plus qu’à balancer des centaines d’armes et de munitions à travers les stages envahis de streums et la boucherie peut débuter. Tel était la base du grand
Doom, tel est la base de
Serious Sam 2.
Eviscération totale
Le FPS a donc, malheureusement pour certains, évolué avec le temps et les mœurs. Aujourd’hui, on prône la finesse et l’infiltration au dépend du bourrinage intensif, chose qui finalement a donné des titres magnifiques comme
Halo 2 ou, dernièrement,
F.E.A.R.. Mais voilà, en nous sommeille toujours cette sensation d’exaltation à la pensée d’un charcutage d’ennemis, tronçonneuse à la main, qui pourrait presque nous faire verser une larme tant les véritables sources du genre semblent ternies. Il suffit de voir le dernier cru de
Doom 3 qui tend vers le survival horror en privilégiant l’ambiance et les ennemis en faible nombre, mais très résistant. Et ce n’est pas la plus grande arlésienne du monde, aka
Duke Nukem Forever, qui nous redonnera le sourire. Ce sourire, autant être honnête, vous ne le retrouverez toujours pas lors des premières minutes en compagnie de Sam « Serious » Stone. En effet, contrairement au premier opus qui avait le chic de nous placer rapidement dans un bain de sang, ici, la progression se fait plus lentement afin de mettre en place ce que les joueurs placeront rapidement en statut de Némésis : le scénario. Vous avez bien lu, ce nouvel opus incorpore un scénario un peu plus recherché que son prédécesseur avec à la clef cinématiques véritablement ennuyeuses et PNJ qu’on aimerait pouvoir éviscérer rapidement.
Bref, vous l’aurez compris, ce que l’on pourrait appeler l’introduction, en plus d’être barbante à souhait, est on ne peut plus bancale et très loin de l’esprit de la série, surtout lorsque vous constaterez que les premiers affrontements se font par vague de deux ou trois ennemis. Risible, et l’envie de remballer le jeu pour le revendre de suite se fait sentir. Heureusement, les plus courageux qui auront le courage de passer cette prémisse retrouveront leurs marques. Se déroulant à la manière d’un FPS classique donc, les niveaux s’enchaînent rapidement pour la plupart et l’on s’y perd rarement, la faute probablement à un
level design somme toute linéaire, mais gardant la veine de la série. Après tout, on est là pour charcuter, pas pour semer des petits cailloux dans des niveaux jonchés de labyrinthe. Le jeu a bien entendu subi une rehausse graphique (encore heureux…) permettant de proposer des ennemis immenses, et donc bien plus impressionnants, mais également des mondes véritablement variés aux couleurs plus flashy les unes que les autres. Nous sommes bien loin de l’ambiance froide d’un
Painkiller, en témoigne le bestiaire, jonché de monstres aussi débiles les uns que les autres, qui nous mettra de nouveau face à de vieilles connaissances, comme les fameux kamikazes. Malgré cela, et après avoir vu ce dont étaient capables des hits comme
Halo 2 ou
Doom 3 au niveau technique, on ne peut s’empêcher de penser que le portage de
Serious Sam 2 a été quelque peu effectué à la va-vite, car, là où la version PC proposait une finesse incroyable et un
frame rate à toute épreuve, on déplore ici nombres de textures floues et certains ralentissements lors de passages surchargés. Si, à ce niveau et à l’époque, on pouvait faire l’impasse sur les lacunes du premier épisode, le statut de cet opus (un jeu de dernière génération tout de même) rend la chose impardonnable.
Des nouveautés dispensables.
Basique, quand tu nous tiens… Pas forcement considéré comme un défaut, le
gameplay du
Doom-Like pur demande aujourd’hui, ironiquement, un temps d’adaptation. Sans non plus retourner à l’époque d’un bon vieux
Wolfenstein 3D, où l’on ne pouvait modifier la cible verticalement, on se contentera plutôt de comparer notre sujet à un mythique
Duke Nukem 3D où simplicité et efficacité était les maîtres mots. Car si, comme dans tout bon jeu de tir à la première personne, les bases restent les mêmes comme straffer, sauter ou vous abaisser, il est ici inutile de chercher de quelconques variantes comme une approche typée infiltration pour la simple et bonne raison que l’intelligence artificielle ne s’y prête absolument pas. Ne vous attendez donc pas à voir des ennemis sauter derrière les caisses pour se protéger de vos rafales ou organiser des actions en groupes : ici, et on le répète, c’est le tir au pigeon qui compte et, pour peu que vous preniez la fuite, les autochtones vous poursuivront tel des pantins sans vie en repérant automatiquement vos cachettes, éliminant d’office les tentatives d’embuscade. Un peu répétitif certes, mais les boss sont là pour remettre les pendules à l’heure (sans pour autant vous faire réfléchir pendant des heures à un plan d’action).
Enfin, qui dit FPS, dit arsenal conséquent et, à ce titre, il n‘y a pas grand-chose à redire. Les armes disponibles au fur et à mesure de votre aventure sont aussi nombreuses que puissantes, même si l’originalité que l’on y trouvera résidera plus dans leur design que dans leurs fonctions premières, et on se sent toujours invincible une fois le Gatling récupéré. Il faut dire que, une fois l’introduction terminée, vous, joueurs assoiffés de sang, aurez à de nombreuses occasions de passer intérieurement en mode
Berserk tant certaines salles pullulent de monstres en tout genre, et où seuls vos réflexes et votre lot de munitions seront capable de vous sauver. On retrouvera aussi les divers bonus éparpillés çà et là qui n’ont pas beaucoup changé comme courir plus vite ou multiplier son High Score. Conscients qu’ils étaient sur le point de sortir un véritable
Serious Sam 1.5, les développeurs ont tout de même inclus quelques originalités en la présence de diverses machines de guerre, comme des tourelles, ou des véhicules. Très maniable dans l’ensemble, ces phases ennuyeuses tombent souvent comme un cheveu sur la soupe et l’on n’en vient à souhaiter rapidement de retourner à pied trucider de l’extra-terrestre. N’est pas
Halo qui veut…
En attendant Duke Nukem Forever…
Bien plus long que son prédécesseur, ce second cru nous fait l’honneur de nous proposer un unique mode multijoueurs, mais pas n’importe quel mode puisque que l’on aura à loisir de refaire l’aventure en coopération à 4. Malheureusement indisponible en écran splitté, il faudra se rabattre sur le multiconsole ou le
Xbox Live pour goûter à ce délice qui représente peut-être le point fort du jeu. Les joueurs ne possédant pas de Xbox supplémentaires et n’étant pas connectés se sentiront forcément lésés et c’est compréhensible vu qu’il y avait matière à proposer ne serait ce qu’un coop à 2 sur la même machine… Afin de ne pas tout de même finir ce test sur une mauvaise impression, ajoutons que le jeu est vendu à 40€ neuf dans toutes les bonnes crémeries et que c’est un argument suffisant pour se plonger dans cet univers loufoque en laissant notre cerveau dans l’armoire.