Après une année 2016 particulièrement élogieuse pour le genre infiltration (Deus Ex, Hitman et Dishonored), 2017 risque d'être moins notable en la matière vu le planning, sans pour autant laisser les fans pleurer dans leur coin. Preuve en est de l'arrivée du nouveau Styx.
C'était donc il y a un peu plus de deux ans, à une époque où la nouvelle génération de consoles avait encore tout à prouver, que débarqua Styx : Master of Shadows, une licence proposant une infiltration brute ne laissant aucune autre place que la discrétion. Imparfait, son prix bien plus doux que la norme lui a permis de se constituer un premier public, chose que l'on retrouve avec cette suite plus ambitieuse mais également plus chère, tout en restant moindre que d'autres (une cinquantaine d'euros maximum). La moindre des choses quand l'éditeur Focus Home fait le (mauvaise) choix de placer le lancement en plein coeur d'une énorme vague de AAA et du lancement d'une nouvelle machine.
Donc on retrouve le gobelin Styx avec sa tronche de vieux bourru compensé par un cynisme certain qui se remarque à chacune de ses vannes qu'il ne peut s'empêcher de placer à de nombreuses occasions : pendant les cinématiques, après avoir réussi un monde, après chaque « mort » ou tout simplement durant la progression. Pas trop de lourdeur la majorité du temps sauf quand les phrases reviennent après un échec ou quand on nous place des références geeks qui n'ont rien à faire là, et le vrai défaut de tout cela reste l'absence de VF, ce qui fait toujours un peu mal aux fesses pour un titre développé en France (on rassure : les sous-titres sont bien traduits). Satisfaction en revanche sur le plan technique où l'Unreal Engine 4 permet d'oublier la faiblesse graphique du premier et si l'on reste loin des plus grands, le titre parvient à offrir de beaux plans, parfois superbes, toujours fournis avec l'architecture des niveaux qui jouent toujours sur la verticalité et ici dans des proportions énormes au point que l'on a souvent du mal à savoir par où commencer.
L'objectif principal reste pourtant assez clair et tout le défi sera donc de savoir comment arriver à nos fins, si possible sans se faire repérer car comme dans le premier, le gameplay « combat » est réduit à sa plus simple expression pour tout miser sur la discrétion. Passe encore lorsqu'il n'y a qu'un opposant dès lors que vous maîtrisiez la parade mais dès qu'une troupe arrive face à vous, dont la moitié qui vous balance des projectiles au loin, ça pue à l'avance le Game Over et le retour à la dernière sauvegarde, sachant que vous pourrez toujours enregistrer votre progression comme bon vous semble. Heureusement, vous disposerez cette fois d'une palette de mouvements améliorés dont la possibilité d'abuser des cordes pour vous déplacer tranquillement, n'empêchant pas une certaine imprécision de temps à autres (et une caméra pas toujours idéale) au point que l'échec vient souvent d'un saut foireux plutôt que d'un trépas par le fil de la lame.
Styx bénéficiant maintenant directement de capacités qu'il avait besoin d'apprendre dans le premier, l'arbre des capacités se voit renouveler en conséquence avec cette fois un choix dans les compétences ultimes qui demanderont non pas de l'expérience mais un morceau de Quartz, trouvable dans les niveaux et suffisamment bien caché pour ne pas tomber dessus sur la ligne droite. Un argument pour l'exploration qui s'accompagne de plein d'autres dont la présence de multiples objectifs secondaires pour booster la durée de vie moyenne si vous vous contentez du minimum (une dizaine d'heures), sachant évidemment que plus vous accomplissez d'objectifs, plus l'expérience à la fin du niveau est importante, et donc le nombre de compétences à rajouter. Attention tout de même car des malus existent pour faire baisser votre compteur, comme lorsque vous êtes repérés ou que l'alarme est déclenchée. De toute manière, rien ne vous empêchera de recommencer ensuite un niveau mais il faudra retenir que seuls les points d'expérience gagnés « en plus » (par rapport à votre précédente tentative) ne seront validés pour éviter de craquer le système en recommençant un même stage plusieurs fois de suite.
Toujours dans cette optique d'exploration poussée avec une carotte au bout, vous aurez cette fois des tas de matériaux à looter un peu partout, ces derniers permettant de crafter ensuite diverses choses dans des établis dédiés dont les indispensables fléchettes de toutes sortes et des potions. On mise alors sans mal sur une progression lente et l'envie de tout voir en exploitant au mieux ce qui est mis à notre disposition, dont les nombreuses possibilités de pièges pour éliminer la menace sans éveiller de doutes (bouffe empoisonnée, lustre qui se décroche, etc.), en rajoutant que notre clone d'ambre sera toujours là pour faire une partie du boulot. De toute façon, l'IA n'est de base pas un grand problème avec ses quatre jauges de détection qui laisse le temps de fuir en cas de problèmes même si les choses se compliqueront rapidement par le bestiaire rehaussé dont certains ennemis qui arriveront à sentir votre odeur, et d'autres qui compenseront leur cécité par une ouïe incroyablement fine.
Si Cyanide a donc fait du bon boulot pour rehausser les épaules de sa franchise, il reste néanmoins du travail à faire sur de nombreux aspects. On parlait du manque de précisions plus haut engendrant de bons moments de frustration (particulièrement si on joue en haut level de difficulté sans sauvegarde) mais on pourrait rajouter également certains boss loupés et peut-être un léger manque de personnalité car en dépit de quelques cinématiques, les personnages hors Styx ne dégagent pas grand-chose, et l'on reste de manière générale dans une narration faiblarde même si on l'avoue, ce n'est peut-être pas le coeur du genre. Félicitons en revanche l'arrivée du mode coopération (uniquement en ligne) qui permet à n'importe quel moment de rejoindre un ami ou inversement, le visiteur incarnant tout simplement un clone qui ajoute des restrictions : il devient impossible d'user des parades et ressusciter votre compagnon bouffera la moitié de votre barre de vie (ou ce qu'il en reste).
Les plus
Les moins
+ Toujours plus de possibilités
+ La qualité du level-design
+ Le rendu satisfaisant
+ La variété des niveaux
+ La motivation à fouiner
+ Le mode coopération
+ Bonne replay-value
- Narration bof
- Plusieurs cas d'imprécisions
- Et donc une potentielle frustration
- Certains boss
- L'IA souvent neuneu
- Humour parfois assez lourd
Conclusion : Toujours porté par quelques défauts notables, la franchise Styx fait tout de même un joli bond en avant en terme de qualité et commence à affirmer sa place dans l'univers des jeux 100 % infiltration. Encore du boulot à faire sur les nombreux problèmes d'imprécisions, la narration ainsi que l'IA, et ce sera cette fois la bonne.
7/10
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