Il y a une période durant laquelle un joueur attend tellement un jeu avec impatience qu'une petite voix raisonne dans sa tête:
"Et si j'en attendais trop ? Et si au final je serai déçu ?"
C'est ce qui m'était arrivé pour L.A. Noire, le jeu était efficace mais perdait toute la notion du jeu "bac à sable"... Eh bien en cette fin d'année, j'ai attendu GTA V comme un enfant attendant de déballer ses cadeaux de Noël, le résultat est sans appel, je ne suis ni déçu, ni agréablement surpris... Je suis tout simplement sur le cul.
Non seulement je l'aurai attendu avec passion mais en plus le résultat est au-delà de mes attentes... Maintenant je le saurai, c'est l'effet Rockstar Games... Alors, qu'est ce qui en quelques mots caractérise cet effet après une bonne grosse journée de jeu ?
Premièrement ce qui frappe lorsque l'on commence à jouer à GTA V c'est la crédibilité de l'univers qui nous est proposé, nos premiers pas dans la ville sont toujours autant grisants, on se plait à incarner le personnage et à vivre son aventure pleine de rebondissements en fonction des endroits que l'on visite, chaque joueur peu se créer son propre petit scénario au sein même du jeu sans forcément suivre des missions et on se surprend à retomber alors en enfance comme lorsqu'on jouait aux Hot Wheels...
Sauf que lorsqu'on parle de GTA V on ne se contente pas de faire mumuse avec des yeux d'enfants scrutant son tapis de jeu et se forçant à imaginer toute l'animation qui pourrait régner autour de son jouet favoris, non, on est totalement immergé, l'ambiance est palpable, L.A. non seulement est bien reproduite mais en plus elle transpire l'insécurité, l'excès à tous les niveaux, la décadence et la déchéance...
J'adore le sens du détail sur lequel mise Rockstar à chaque fois, ce sont décidément des gens qui savent parler aux joueurs et lorsqu'on fait attention ne serait-ce qu'à l'univers sonore du jeu entre miaulements de chat, circulation automobile, alarmes de voitures, transports en communs, sonnette de bicyclette violemment coupée par une détonation de pistolet on comprend alors toute l'implication qu'a eu un tel projet... Une ville dans un jeu vidéo ne doit pas se contenter d'être une ville, elle doit vivre et c'est ce qui fait toute la différence avec les autres open-world. Ici Los Santos est plus qu'un lieu bercé dans des couchés de soleil, c'est un personnage, un lieu qui respire et suinte par tous les pores et quand on apprend un peu à la connaître on ne veut plus la quitter...

Oui, vous m'avez toujours vu sur ce site crier mon enthousiasme envers ce jeu, là où je me montre souvent critique envers l'industrie du jeu vidéo en général, eh bien cela reflète bien pour moi le niveau qu'a atteint GTA V vis à vis du reste. Le jeu ne se contente pas de mettre les petits plats dans les grands, en cette fin de gen il transcende juste la définition qu'on pourrait se faire d'un jeu, d'ailleurs peut on parler d'un jeu ? L'ambition l'incarne totalement et à tous les niveaux si bien qu'il touche autant au 7ème art qu'à la simulation de vie... Mais l'intelligence qu'il y a derrière reste ce qui le distingue véritablement.
En effet, lorsque l'on pose les pieds dans Los Santos on remarque à quel point on est face au miroir de l'amérique moderne et de toute son arrogance, de son culot, ses vices tirés à quatre épingles. Plus qu'une simple caricature, GTA V est la meilleure satyre que l'on pourrait faire de la Californie aujourd'hui tant sur son développement infatigable que son côté misérable et dépravé de l'Amérique profonde. Rockstar n'hésite pas à tacler tout ce qui incarne la dynamique de leur pays et met en lumière à quel point celui-ci parfois peut être grotesque, allant du marketing puant de firmes comme Apple à l'amour des armes à feu de la NRA. Oui, c'est aussi ça que se trouve être GTA.
Mais assez parler de la profondeur, parlons de ce qui fait le "jeu".
Tout d'abord la claque visuelle que j'évoquais tout à l'heure. L'ambiance est saisissante de réalisme, je ne parles pas de photo-réalisme (même si à un certain degré on pourrait) mais d'un réalisme qui nous met en total immersion tant l'ambiance à la fois cinématographique et proche de nous lorsque n'importe qui décide de vivre sa petite vie en ville est frappante.
GTA V est un subtile mélange entre le film de gangster à la Guy Ritchie et le gros road trip américain à la Oliver Stone. On sent un vent de liberté une fois nos doigts sur la manette et l'addiction vient sans appel, on peu s'arrêter braquer une station service sur la route 66 en décapotable et on sème les flics en poussant sur le champignon pour rejoindre le coeur animé de la ville comme s'il s'agissait d'une formalité...

Rockstar est précis, à la fois dans sa façon de reproduire les choses mais aussi dans son gameplay. A ce niveau l'évolution qui m'a le plus marqué est sans conteste la conduite auto-mobile... Elle avait été vivement critiqué dans GTA IV où les voitures semblaient lourdes avec une suspension excessive. Ici c'est la nervosité qui est au rendez-vous, les voitures non seulement tiennent à la route mais en plus, à n'importe quelle vitesse sont d'une souplesse à conduire qui ne laissera personne indifférent. C'est hyper précis, hyper maniable, à un tel point qu'on se sent enfin capable de faire les choses les plus périlleuses sans prendre trop de risques. GTA étant un jeu avec beaucoup d'aller-retours ce fût une joie pour moi de constater qu'ils ont rendu la conduite à ce point efficace, aussi direct, facile et précise à jouer qu'un jeu au gameplay aussi pointu qu'un Mario.
Pour les gunfights, là encore j'ai envie de parler de souplesse. Car ceux ci sont très proprement exécutés, votre personnage réagit à la perfection, le système de couverture a été grandement amélioré et tout les déplacements semblent se faire avec un naturel plus que convaincant. Reste le curseur de la visée, qui au début est plutôt déstabilisant tant celui-ci est petit, mais on se rend vite compte que cela ajoute au challenge et on se prend assez vite au jeu cette petite contrainte ajoutant du piment aux situations. Les armes sont toujours aussi punitives, j'ai l'impression parfois que les détonations sont un peu trop étouffées, dommage... Mais ça reste jouissif à prendre en main.
Pour les combats au corps à corps, rien à dire, là aussi Rockstar maîtrise son sujet et a balayé le côté bancale de ceux du IV avec à la fois des animations dynamiques et un vrai rapport de force entre des personnages habités par la violence et de simples citoyens.

Mais le gros tour de force de Rockstar reste leur mise en scène, déjà je tiens à le dire d'une mission à l'autre on ne s'ennuie presque jamais, celles-ci sont variées, funs, insolites, et lorsqu'il s'agit de faire des braquages on sent une tension monter qui nous fou le chibre à l'air tellement on veut tout exécuter à la perfection. Le joueur est tellement impliqué que lui même se sent organisé et méthodique à chaque petite action qu'il fait, il est littéralement happé par l'action et le fait de passer d'un personnage à l'autre pour gérer son casse à tous les niveaux ne fait que grandir notre enthousiasme. Elaborer un plan pour qu'il se déroule sans aucune fausse note, choisir quels options fera de vous le meilleur braqueur et appliquer tout cela dans une mission à l'action intense nous laisse entendre qu'il y a la manière des autres open-world de nous faire faire des tâches répétitives et banales et la manière de Rockstar Games.
Voilà pour mon premier avis... J'aurais pu continuer longtemps, je n'ai pas parler des 3 principaux protagonistes par exemple qui sont juste géniaux ainsi que du jeu d'acteur tout comme du script... J'ai rarement vu des personnalités aussi hautes en couleur dans un jeu vidéo. Chacun a vraiment ses tiques, ses humeurs, ses faiblesses, ses atouts et son cercle d'amis un peu fou. Un vrai plaisir de faire ce GTA V rien que pour le découvrir d'avantage... On est bien loin de GTA IV pour le coup où on restait sur une approche trop classique.
Imbriquez vous bien ! Ce jeu est certainement le meilleur de tous les temps alors vaut mieux que j'y retourne...