La PS5 et la Xbox Series tout juste sorties, j'ai décidé de vous parler... d'une vieille console ! D'une très vieille console, même. Et pas la plus connue, en plus : la Videopac. Mais ne partez pas tout de suite ! Cette concurrente de l'Atari 2600 n'a pas eu un grand succès, mais peut-être que les plus anciens s'en souviennent. Quant aux autres (l'écrasante majorité), cet article vous fera découvrir - je l'espère - une console qui n'avait pas beaucoup de moyens, mais des idées.
Pour Gamekyo, je vous propose un extrait de mon article publié sur Game Forever, présentant les jeux de cette console.
Le dossier complet présente les différents modèles de Videopac ainsi que le fonctionnement de la console (et y'a plus d'images !), à lire par ici :
https://www.gameforever.fr/videopac.php
L’Odyssey², sortie en Europe sous le nom de Videopac, est une console intéressante à plus d’un titre, l’une des rivales de l’Atari 2600 qui ambitionna de se faire une place dans le marché vidéoludique, mais qui fut bien loin d'y parvenir. La Videopac est cependant un réel témoin d’une époque où le marché du jeu vidéo se cherchait encore ; c’était également une console novatrice pour son époque, mais la réalité a mis à mal les ambitions affichées à son lancement.
> De Magnavox à Philips
Magnavox est une entreprise américaine spécialisée dans les téléviseurs, postes de radio et téléphones. Le jeu vidéo devient logiquement un prolongement évident dans les activités de la société lorsqu'en 1971, Sanders Associates et son ingénieur Ralph Baer ("le père des consoles de jeux") contactent Magnavox pour leur proposer un prototype de console de jeu, la "Brown Box" ; une révolution qui permet de connecter une machine uniquement dédiée au jeu vidéo sur un téléviseur ! Le contrat est signé, et la Magnavox Odyssey, première console de jeu commercialisée de l'histoire, sort en 1972 avec son jeu de tennis qui allait inspirer peu après Pong d'Atari.
D'autres jeux seront proposés sur cette Odyssey, mais également des clones - des consoles à jeu dédié - sorties de 1974 à 1978.
Le premier modèle de Magnavox Odyssey, toute première console de jeu commercialisée
Lorsque la société Magnavox est achetée par le groupe néerlandais Philips, sa division électronique décide de sortir une nouvelle console fin 1978. Aux Etats-Unis, elle prend logiquement le nom « Odyssey² », marquant la volonté de prendre la suite de l'Odyssey, une marque déjà bien implantée dans le marché nord-américain.
"Magnavox" et "Odyssey" sont en revanche des marques inconnues en Europe. Philips s'occupe donc directement de la commercialisation dans le même temps de la console, qui prend officiellement le nom de Videopac.
Si la stratégie nord-américaine de la filiale Magnavox est claire et repose sur la seule marque "Odyssey²", le groupe Philips adopte pour l'Europe une toute autre stratégie - celle qui sera également appliquée pour son format de cassettes Video 2000 (concurrent de la VHS) au début des années 80 : faire de la Videopac un standard dans le domaine des jeux vidéo, lequel pourra être décliné en plusieurs modèles, voire plusieurs clones. La Videopac sortira ainsi sous plusieurs marques différentes (Schneider, Radiola, Siera...), et le groupe néerlandais va également passer un accord avec le groupe français Thomson, qui pourra ainsi développer sa propre console compatible avec le standard Videopac : ce sera la JOPAC.
> Les jeux
L’ambition affichée de la console était véritablement de devenir un « ordinateur de jeux ». Le jeu vidéo restait évidemment son credo principal, mais il était prévu de proposer de nombreux programmes permettant de transformer la Videopac en ordinateur moderne, d'où la nécessité du clavier. L'aspect éducatif était bien mis en avant pour convaincre les parents d'acheter cette console plutôt qu'une Atari 2600 exclusivement dédiée aux jeux. Allons cependant au-delà de la publicité - et Philips ne lésina pas sur les moyens à l‘époque : la Videopac n'avait absolument pas la puissance d'un ordinateur, comme elle n'était d'ailleurs pas la plus puissante des consoles de sa génération, et elle ne pouvait fonctionner sans cartouche.
L’ensemble de la gamme Videopac compte en fait officiellement 66 jeux, quand sa concurrente, l’Atari 2600, en a proposé bien plus de 1 000 (même si la qualité laissait souvent à désirer). La liste des jeux est disponible sur Wikipedia. La ludothèque était relativement variée, et proposait aussi bien des jeux de sports (basket, foot...) que des jeux d’action et de réflexion.
Le plus connu des jeux Videopac est ni plus ni moins que l’adaptation maison de Pacman, KC Munchkin (Glouton et Voraces en français). Le but du jeu était sensiblement le même que le légendaire Pacman, à la différence que le glouton disposait d’antennes (le détail qui tue !). Le petit glouton deviendra ainsi la mascotte officieuse de la Vidéopac ! Aux Etats-Unis, Philips dut retirer de la vente KC Munchkin suite à un procès intenté par Atari et Midway, qui avaient obtenu les droits de Pacman sur le marché nord-américain. Loin de se laisser démonter, Magnavox / Philips sortent un nouveau jeu avec le Munchkin pour héros, Crazy Chase, au principe similaire à Centipede.
Glouton et Voraces, un meilleur clone de Pacman que l'adaptation officielle sortie sur Atari 2600
Certains jeux se seront également révélés particulièrement originaux, et ont de quoi faire sourire, comme le jeu de morse… le langage codé hein ? Ce type de jeux faisait bien évidemment partie de l'aspect éducatif mis en avant, même si en 1980, apprendre le morse en jeu vidéo n'était pas très avant-gardiste.
Autre preuve que les prémices du logiciel éducatif annonçaient sans doute l'échec de ce genre de jeux sur consoles : Programmation, proposant de faire... de la programmation, dans le but affiché de faire de la Videopac un véritable ordinateur ; ce qui se sera révélé être une odieuse arnaque, car le logiciel en question n'est qu'un simple assembleur, de la pseudo-programmation sans intérêt. Un logiciel éducatif d'initiation au piano était également proposé, mais on peut douter de la méthode.
Plus ambitieux, trois jeux de plateau étaient également sortis sur la console : The Quest for the Rings (aux airs de Seigneur des Anneaux), Conquest of the World et The Great Wall Street Fortune Hunt. Ces jeux utilisent la console comme support complémentaire pour certaines actions (combats, déplacements...) ; une idée intéressante qui fut saluée à l'époque comme une innovation.
La boîte de Quest for the Rings, comprenant en plus de la cartouche, un plateau, des pions, une carte à placer sur le clavier de la console, et le livre du maître du jeu
Les jeux étaient développés par les équipes internes de Philips / Magnavox pour leur très grande majorité. On dénombre ainsi 60 jeux Vidéopac officiels - les jeux maison étaient tous numérotés. Les autres jeux numérotés au-delà ne sont jamais sortis ou peuvent être des homebrews (des jeux développés par des amateurs). Parmi les jeux Videopac, 12 disposent d'une version optimisée pour Videopac +, et seulement 3 jeux seront exclusifs à cette dernière.
Seulement deux éditeurs-tiers (Parker et Imagic) se sont risqués sur la Videopac, la plupart des éditeurs du début des années 80 préférant sortir leurs jeux sur les machines concurrentes, Atari 2600 (largement) en tête. On dénombre ainsi seulement 6 jeux d‘éditeurs tiers, dont les adaptations des classiques de l'arcade Q*Bert et Frogger.

Si les jeux étaient graphiquement limités, l’emballage était en revanche réussi : avec ses boîtes en plastique solides et ses belles illustrations, la Videopac offre une leçon de packaging quand on compare ces boîtes à celles des machines concurrentes, et même des consoles des générations postérieures, comme la NES et ses boîtiers cartons fragiles, ou comme celles de la Master System et de la Turbografx-16 (la PC Engine américaine) avec leurs illustrations souvent risibles. Les cartouches de jeu Videopac destinées au marché français étaient même produites en France !
A ces jeux, il faut également ajouter 2 modules additionnels : le C7010 pour jouer aux échecs ; et le C7420 exclusif Videopac +, pour faire de la programmation en BASIC permettant de créer de vrais jeux.
C'est tout pour cet extrait.
L'article complet sur Game Forever présente les différents modèles de consoles - car déjà à cette époque, il y avait un modèle Pro ! - et revient aussi sur l'échec de cette console ainsi que de son (maigre) héritage : la Philips CD-i !
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https://www.gameforever.fr/videopac.php
Je suis toutefois en désaccord sur le supposée ridicule des illustrations des cartouches de master system.
Gamesebde3 Les illustrations Master System ont leur charme en effet, mais y'en a quelques unes (pour ne pas dire pas mal) gratinées quand même.
Forte Eh oui, cette console était encore commercialisée en 85 !
Il aime pas les liens one drive gamekyo ?
A noter que ces trucs en plastoc étaient les mêmes que pour les jeux de l'ordinateur VG5000µ (Philips et Schneider), sauf que dedans il y avait un plastique moulé pour mettre une K7 (un K7 audio quoi ^^) et pas une cartouche Videopac.
Et en plus, il y a quelques jeux Videopac de Philips qui ont eu des versions VG5000µ (comme le Pacman like "Glouton", ou le space invader like "le monstre" ^^). Alors je parle bien de versions VG5000, elles n'étaient pas tout a fait les mêmes que les versions Videopac