Il y a des jeux qu'on risque parfois de snober involontairement ,ce qui serait fortement cruel quand il s'agit d'une oeuvre conçue en marge des produits basiques et génériques qui composent les rayons des magasins.Le genre de création qui valorise le média qu'est le jeux video,Ico est de ceux là.À l'instar d'un MGS 2 qui allait au délà du ludique pour imposer l'expression d'un style à part entière,Ico fait partie de ces aventures aux multiples facettes,de nombreuses interprétations se manifesteront une fois le parcours initiatique terminé.Mais revenons donc sur l'aspect concret et mettons de côté les conjectures.
Ico a été conçu au sein des labos japonais de Sony,dans le studio dirigé par ce que l'on pourrait qualifier de nouvelle graine talentueuse ,le dénommé Fumito Ueda.Le jeu n'aura pas connu le succès en terme de ventes,se contentant juste d'une estime assez restreinte au sein des quelques joueurs qui auront eu la chance de vivre un cheminement aussi personnel.
Le rejet des différences
Le jeu débute dans une forêt ,on aperçoit de nombreux cavaliers aux accoutrements exotiques,on constate qu'ils escortent un enfant cornu.Ils traverseront une rivière à l'aide d'une barque pour atteindre une forteresse isolée de toute vie,le jeune garçon sera finalement conduit dans une pièce rempli de sarcophages,l'enfant sera enfermé dans l'un d'eux avec juste comme dernière paroles de la part de l'un de ces mercenaires :"n'y voit rien de personnel mais il faut protéger le village",une fois enfermé un séisme permettra la libération du jeune homme d'un destin funeste.En parcourant les lieux à la recherche d'une sortie,il tombera sur une étrange fille d'apparence assez saugrenue,la dénommée Yorda.Une fois libérée,Ico et Yorda feront équipe afin de se sortir de ce lieux si énigmatique.Voilà donc les débuts de cette aventure,une aventure plus cérébrale qu'autre chose d'ailleurs.
Un travail technologique somptueux au service d'une patte visuelle hypnotique.
Ico est juste l'un des plus beaux jeux de la PS2,encore à l'heure actuelle le premier projet ambitieux d'Ueda reste une valeur sûre en terme de splendeur visuel.Rendez vous compte,il s'agit d'un jeu sorti quasi en début de vie de la PS2 et pourtant il offrait une telle finesse ,une telle personnalité.Les animations sont incroyables,il n'y a qu'à voir quand on prend la main de Yorda et qu'on la tire vers nous tout en se déplaçant,le jeu de lumière,les feuillage qui bougent au grès du vent,tout a été si minutieusement élaboré que ça impose le respect.Il faut dire que sans cette maestria visuelle,le jeu n'aurait sans doute pas été aussi mémorable.Certes l'aliasing est présent mais il reste étouffé par tant de travail d'orfèvre.Ico est un jeu qui fait partie de la catégorie oeuvre intemporelle,si vous y jouez encore maintenant le jeu se montrera plus que séduisant.Toujours dans le visuel,on pourra déjà noter le contraste qu'il y a dans les choix de couleurs pour les deux personnages,le jeune garçon aux couleurs chatoyantes et la jeune fille complétement pâle tel un spectre.Ce ne sont bien évidemment pas des choix anodins,à vrai dire au delà des considérations philosophiques qu'on peut en faire,cette oeuvre artistique nous emporte loin et nous permet quasiment d'oublier les soucis de notre quotidien...
Un premier essai qui s'affranchit des fondements habituels
Ico ,au delà de son aspect visuel très remarquable,composait aussi avec la quasi absence de musiques pour contribuer à l'ambiance.Ici,tout est basé sur le son des environnements,du chant des oiseaux au bruissement du vent en passant par le moulin en mouvement constant,les bruits de pas de ce couple au parcours touchant.De ce fait,on est déjà détaché d'une des composantes essentielles ou coutumières aux jeux video tel que nous les avons connus depuis la genèse du média.Mais ce n'est pas tout ,toujours pour renforcer ce sentiment de situation alarmante et d'isolement malgré qu'on progresse avec un personnage avec lequel le jeune garçon ne peut converser vu la distinction des langages des 2 personnages,on est aussi étonné par le rejet d'une narration afin d'émouvoir le joueur ,les cutscenes se faisant rares d'ailleurs.Les concepteurs ont voulu engendrer toutes les émotions qu'il fallait seulement à travers (en grande partie) la progression dans cette forteresse pittoresque.La liste est longue,on pourra encore citer l'absence d'HUD ou d'un quelconque menu,tout le jeu est forgé pour immerger le joueur en mettant de côté les ingrédients qui caractérisent les jeux d'aventure en générale.
Des mécaniques traditionnelles tout de même.
Le jeu dans son ossature tient du jeu de plate forme/énigme,il fallait constamment prendre la main de Yorda,sans elle la progression s'arrêtait très rapidement puisqu'elle permettait d'interagir avec des portes aux motifs étranges.La fragile Yorda étant très faible ,elle ne pouvait pas grimper les grandes hauteurs ou se défendre face aux ombres qui apparaissaient entre une ou deux séquences de plate forme,ou se balancer sur une corde,ses mouvements étaient donc très restreints.Parlons aussi de la composante combat qui reste plus que simpliste,en même temps il ne s'agit pas d'un beat em all,il faudra se servir d'armes trouvés(bâton et épée entre autre) au préalable sur le terrain pour annihiler les ombres qui viennent enlever Yorda,des situations assez stressantes accompagnées toujours d'une musique un peu glauque.Ico avait donc une approche de gameplay assimilable aisément,la découverte de chaque nouvelle salle ou extérieur est toujours un plaisir car on sait pertinemment qu'il faudra résoudre une idée ingénieuse qui nous permettra d'approcher la sortie tant espérée de ce labyrinthe au squelette minutieux.
Conclusion: Ico fait partie de l'élite des jeux qui redonnent de l'espoir pour l'industrie,un conte philosophique qui met en évidence des thèmes comme la xénophobie,le parcours des deux personnages représentant cette volonté de lutter face à ce phénomène qui n'est pas une fatalité ,Yorda symbolise de son côté l'espoir d'une vie nouvelle et paisible où ces considérations puériles ne seront plus de mise (voir la fin sur la plage).Nulle niaiserie ni passage mielleux,on fait dans la simplicité tout en essayant d'engendrer des sentiments chez le joueur avec un parti pris singulier.Un jeu à ne pas manquer mais qui ne sensibilisera peut être pas tout le monde,il faut s'y sentir comme un poisson dans l'eau et là on en ressort pas indemne.Grandiose!
Le trailer:
Ps.Bon courage à Sorow et Shino(2 fans de Resident Evil ) et Tm pour leur rôle de modérateur
Wanda357 a raison, je trouve. Grayfoxx, tu as bien cerné le jeu, qui n'est pas un simple jeu. La première chose qui m'a marqué quand j'ai vu ce jeu en rayon, c'est la jaquette, qui à elle seul, m'a intrigué. j'ai jamais regretté mon achat.
Merci Nicolas et Fan2jeux
Nicolas> Même chose ,la griffe visuelle(inspiré d'ailleurs du style d'un artiste dont j'ai oublié le nom) qui m'avait charmé/séduit.
Nicolas> Même chose ,la griffe visuelle(inspiré d'ailleurs du style d'un artiste dont j'ai oublié le nom) qui m'avait charmé/séduit.