
Iratus A um Via Sacra soit ''Contre la voie sacrée'' en latin...
Introduction
Dragon Quest : L'odyssée du Roi Maudit est le premier Dragon Quest de la saga à sortir en Europe, d’où l’omission du suffixe numérologique VIII lors du choix de son titre.
Ses graphismes cell shadés de toute beauté, son chara-design enchanteur signé Toriyama, sa bande son royale et épique orchestrée par Koichi Sugiyama, ainsi que ses personnages charismatiques ont permis aux néophytes occidentaux de découvrir une perle traditionnelle du rpg et surtout de comprendre pourquoi cette saga est une véritable légende au pays du soleil levant.
Mais il demeure un pilier fondamental du jeu (déjà présent dans les précédents opus) et qui est passé inaperçu chez nombre de joueurs et de testeurs : un message très clair pourtant, encore faut-il être capable de lire entre les lignes (si si, cela est possible même dans un jeux vidéo). Ce message concerne l
a Religion, les dogmes, l’Ordre sociétal passé et contemporain, et il revêt la forme très subtile d’une dénonciation morale teintée d'une légereté certaine, notamment dirigée contre le dictat de l’Eglise catholique, et le pouvoir sacré du Vatican en Occident.
Evidemment seule une analyse scénaristique approfondie (léger spoiler inside) me permettra de mettre en exergue ce dont je souhaite vous faire partager.
Partant de ce constat,
il paraît judicieux de se poser plusieurs questions :
Qu’en est-il de ce scénario ?
Que nous cache t-il ?
Quelles allusions cyniques y trouve t'on ?
Qu’est ce que la presse n’a pas découvert dans ce titre richissime en contenu scénaristique et en allégories historico-religieuses ?
Où veulent en venir Yuji Horii le producteur et surtout la ribambelle de scénaristes dont Jun Fujisawa, Atsushi Narita, Yukinori Yamaguchi, Takaharu Takesada, Kazuma Shinkawa, Koichi Sugiyama, Kiyonori Tsutsumi, Masahiro Noda, Yoshio Fukushima, Tetsu Konno, Keiji Noda, Naohiro Ikeda, et Kazuma Shinkawa ?
Avant d'aller plus loin je tiens tout de même à préciser que l'analyse qui suit tente de lever le voile concernant les thèmes suscités, car pour le commun des joueurs tout ceci est passé inaperçu.
Je rajoute
la chose suivante et cruciale: Je parle parfois de blasphèmes dans la mesure ou certaines conotations et allusions religieuses s'en rapprochent fortement, mais je ne condamne aucunement une telle posture de la part des scénaristes, tant le travail éffectué est admirable.
De plus pour la majorité d'entre nous il s'agira plus d'une
simple dérision concernant le sacré voire une dénonciation dans le pur style de la Fontaine pour d'autres.
Quoiqu'il en soit la
dénonciation est largement perceptible, et prend forme sous couvert d'une sombre histoire de malédiction du roi, de manipulation religieuse, et de rivalité fraternelle...
Un scénario originellement blasphématoire et anti religieux ?
Comme pour d’autres episodes dans la série DQ, la critique la plus acerbe dirrigée contre la Religion (Christianisme de toute évidence) est issue de la notion d‘humanisme pure, valeur souvent atteinte par le héros lequel fourvoie sans peine l’être surnaturel, sacré et religieux et censé lui être transcendant.
- Pour rappel dans DQ IV il s’agissait de faire ce que Le roi divin de Zenithia ne pouvait accomplir lui-même : défaire Necrosaro.
- Dans le cinquième volet, c’est le Seigneur de l’obscurité qu’il fallait détruire, puis à nouveau dans DQ VI.
- Enfin
la dernière bataille de DQ VII vous pousse purement et simplement à livrer bataille contre Dieu lui-même (inspiration Radiant Silvergunienne ?).
D'ailleurs il est communément admis que la saga titile les institutions religieuses mais également les acteurs de l'industrie. En veut pour preuve, les réticences de départ chez Nintendo of America ou d'une manière plus globale les jeux au contenu scénaristique jugé ''choquant'' (et donc modifié) durant les années 90 (voire Xenogears et sa censure).
DQ VIII : Des détails graphiques qui ne trompent pas !
Dans un autre registre et si l’on étudie de manière plus poussée les détails du graphisme,
on constatera plusieurs choses amusantes mais lourdes de sens :
- le symbole représentant l’attribut de puissance de la déesse est ici non pas un sceptre (voire le sceptre de la papauté au Vatican)
mais une sorte de fourche directement inspirée des armes diaboliques les plus communément admises (fourche du malin symbole de la destruction, de l’emprise des âmes par le Démon…).
- Dans la majorité des églises des villages, on trouve des ornements démoniaques sur les portes, et pire même, dans le village des 3 angles ou dans le port devant une basilique, on rencontre purement et simplement
un démon en lieu et place du prêtre habituel : consternant !
- Au sommet des églises, c’est ce
trident maléfique qui remplace la croix, le crucifix symbole du Christianisme.
- Par la suite, vous comprendrez que l’âme diabolique de Rapthorne réside à l’intérieur de la grande statue de la Déesse. De cette statue, sur l’île de Neos, surgira ensuite sa forme physique, qui attendait patiemment sa délivrance qu’il obtînt en possédant Marcello. Quel message fort ! Nous pouvons l’interpréter comme cela : Le Mal puise ses sources de l’adoration de l’image taillée, de la Divinité…Il se cache derrière la foi (Chrétienne) attendant patiemment son heure, afin de ravager foi et croyance.
Du choix de la Déesse
Pourquoi avoir choisi une Déesse en place et lieu d’un Dieu ?
La réponse me paraît claire et évidente, elle puise sa source dans le nouveau testament (Bible) ou plutôt dans son interprétation hyperbolique fortement appuyée par l’Eglise catholique au fil des siècles.

Celle ci a favorisé au cours de l’Histoire du Christianisme, et continu d’entretenir,
la divinisation du culte de la vierge Marie.
Placée au même stade que la trinité, voire au dessus (Marie mère de Dieu), cette divinisation de la vierge est réelle à l’heure actuelle, et donne souvent l’impression, en Europe et ailleurs (pays d’Amérique du Sud récemment convertis par des missionnaires d’Amérique du Nord) que les chrétiens prient une simple femme en lieu et place de Dieu unique et impersonnel.
Une diatribe sévère contre l’Eglise, le Clergé et le Catholicisme.
Dans DQ VIII on ne compte plus les fois où le héros rencontre malgré lui au cours de son périple,
des hommes de foi en tunique noire, livre saint à la main (et à l’allure directement inspirée des moines de l’Eglise Catholique) avachis dans des bars, totalement ivres et occupés à se saouler tout en matant vicieusement les croupes généreuses des serveuses.
Attardons nous maintenant sur le
clergé et la haute autorité religieuse du monde de DQVIII symbolisée par le grand prêtre sérénissime. A un moment précis du jeu Marcello l’ex templier (allusion à la franc maçonnerie) qui tue malgré lui (par la puissance démoniaque du sceptre) le grand prêtre sérénissime se retrouve alors le seul membre des templiers non emprisonné et encore vivant, qui dispose du statut le plus élevé.
Dès lors, il se retrouve fière de sa personne, et à sa cérémonie d’intronisation (de courte durée), s’en va dans une critique farouche et acerbe dirigée à l’encontre de son défunt prédécesseur.
Cet arriviste n’hésite pas à déverser une colère inouie à l’égard du statut pontifical de la plus haute autorité religieuse du monde de DQ VIII et qui est tout simplement l’équivalent du Pape au sein de l’Eglise catholique.
[Cela dit en passant, ce Marcello s’inspire directement de feu Marcello Cervini, qui était était un religieux italien du XVIe siècle, qui devint le 222e pape de l'Église catholique, en 1555, sous le nom de Marcel II (en latin Marcellus II, en italien Marcello II). Il fut le dernier pape à choisir comme nom de règne son prénom de baptême. Au Concile de Trente, en 1545, il avait joué un rôle important comme légat pontifical.]
Reprenons le cas de Marcello : il prononce un discours très dur et virulent, reprochant entre autres à ses adorateurs d’avoir vénéré un vieil homme, qui les dépossédait de leurs richesses, et va même au-delà en
dénigrant ouvertement le culte de l’image taillée (comprendre la statue du grand prêtre). Le rapprochement avec le Christianisme est évident, et se caractérise par le culte dédié à la statue du Christ dans les églises et autres lieux de cultes catholiques.
En se référant à l’ancien testament un verset vient corroborer cette thèse soutenue par les scénaristes :
- Exode 20 : 4 : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. »
Le message caché adressé au Vatican
Au fil du jeu,
le pouvoir de l’Eglise et celui des templiers (sa branche armée) sont largement mis en avant. La Religion revêt plus que jamais un aspect de rituel pas sérieux pour un sou, elle joue le rôle d’une grande cérémonie sacrée mais grotesque :
Une définition à la quelle Marx aurait volontiers adhérée. Ceci est réellement choquant, particulièrement si l’on aborde la chose sous le prisme des usages, des coutumes et du Dogme eucharistique.
En effet aux USA et en Europe (civilisation judéo-chrétienne par essence),
le sacré tient encore une place importante dans la conscience du peuple, et il est très mal perçu de critiquer une religion monothéiste (en particulier le Christianisme).
Notons (pour les joueurs les plus avertis) que si l’on revient en arrière, dans nos anciens temps médiévaux, on ne peut qu’être en accord avec le cadre religieux tel qu’il est dépeint dans ce DQ VIII.
Certes on peut également se laisser penser que
le cynisme anti clérical n’est pas omniprésent, en se référant à quelques cas particuliers dans cette longue aventure. Citons les personnes pieuses que vous rencontrerez dans certains villages ou en dehors de la ville, et qui (bien qu’ils soient insignifiants pour votre progression scénaristique) vous confient qu’elles se livrent à des prières répétées, et vous apprennent qu’elles se rendent en pèlerinage à Neos…
Leur lieu de pélrinage est d’ailleurs localisé en plein désert hostile, et surveillé de près par un contingent de templiers. Cette île est une formidable
allusion à la cité de Jérusalem durant le temps des croisades (11 et 12° siècle en particulier) avec notamment l’apparition de Abbot Francisco, abbé de l’abbaye de Maella, puis son assassinat par Dhoulmagus.
Histoire, Ordre et Religion
D’autres allusions historiques et religieuses existent. L’abbaye de Maella, sous le contrôle des templiers, est plus qu’une représentation de l’Ordre des hospitaliers de Malte (XVII° siècle).
L’Abbaye est située près de la ville de Simpleton est elle est censée respirer la justice et l’équité. Mais les peuplades indigènes n’ont pas le droit de se joindre à l’Ordre des chevaliers templiers…ou du moins pas avant que Marcello n’en devienne le grand maître et en accord avec son mépris pour l’aristocratie, va les encourager à se joindre à l’Ordre.
De la même manière les rangs d’Hospitaliers étaient réservés aux maltais natifs.
Citons également
le prêtre du village d’Empycchu lequel n’hésite pas à nous faire montre de toute son arrogance, et de sa xénophobie. Il exècre les indigènes locaux et
il nous clame haut et fort qu’il est parvenu à les « civiliser »…
Ne tenons nous pas là le discours clérical de l’Eglise Catholique durant ses plus « belles » années (XIX° siècle) de conversion forcée à travers les peuples les moins avancés techniquement, et sa politique d’envoi de missionnaires à travers l’Afrique par exemple ?
De toute évidence, les scénaristes font appel à la querelle des universelles problématiques missionnaires du XIX siècle.
A un autre niveau, et si l’on en revient au choix du sceptre, il s’agit d’un objet renfermant une grande puissance, et qui puise ses origines dans la Bible.
Psaume 2 :9 : « Tu les briseras avec un sceptre de fer, tu les mettras en pièces comme le vase du potier. »
Le sceptre se révèle être l’arme de la Déesse, mais auparavant sa puissance a été massivement utilisée à des fins destructrices d’où l’aspect en fourche – trident démoniaque.
Par la suite Il brisera la statue de la grande Déesse et la mettre en pièces comme le vase du potier.
Un huitième volet plus subtil dans son approche de la Religion ?
Le huitième épisode de la Saga, même s’il s’inscrit dans une lignée hautement iconoclaste, est moins empreint de blasphèmes et de sacrilèges en tous genres même si les références bibliques sont nombreuses.
Afin d’affronter le seigneur des Dragoviens, Il s’agit de monter les marches d’un escalier qui nous amène aux cieux.
L’allusion avec l’escalier qui mène au paradis (dans les 3 religions monothéistes) paraît claire.
Jacob en rêva lors de son voyage vers Haran, et au sommet de cet escalier, siégait Dieu tout puissant.
Le seigneur des Dragoviens est clairement plus puissant que Rhaptorne dans le jeu, on peut faire le rapprochement avec la puissance de Dieu qui surpasse celle de Satan dans la Bible.
Autre subtilité que j’ai mis du temps à extraire du scénario : celle issue de la relation entre Angelo et Marcello, les demi-frères.
Elle ressemble à s’y méprendre à la vision de Saint Augustin concernant
les rapports entre les Chrétiens et les juifs à la naissance du Christianisme dans la Rome antique. Marcello, l’aîné est choisi pour diriger le royaume de Dieu sur Terre. Mais au lieu d’user de cette destinée et de ce pouvoir pour accomplir le bien, il détruit (à l’aide de Rhapthorne) le saint sanctuaire de Neos.
Après la bataille contre l’équipe, Angelo lui porte meme secours, alors qu’il est sur le point de se précipiter (en lâchant prise lui-même) dans le cratère depuis lequel Rhapthorne apparaît. Il lui fera comprendre qu’il ne le laisserait pas mourir et qu’il continuerait de vivre, en sachant que le frère qu’il avait méprisé sa vie entière, lui a accordé sa pitié.
N’est-ce pas là le fameux pardon si cher au Christ, celui là même qu’il a accordé en épargnant la vie (défaite, honte) de Judas, à l’avance en connaissant la trahison qu’il était sur le point de commettre ?
Conclusion
En conclusion, je dirais simplement que ce monument du RPG nippon, n’a pas fini de nous dévoiler
tous ses mystères qui se cachent entre les lignes de son script scénaristique richissime.
Pour ma part j’ai tenté de mettre en avant le message le plus concrêt, le plus évident qui me parvenait à l’esprit en analysant le contenu de ce jeu sous le prisme de la croyance et de la foi.
Et en ces termes précis, nul doute que la volonté des scénaristes est de mettre en avant une vision clairement critique contre l’Eglise, le Catholocisime occidental en particulier.
Pour terminer et pour
illustrer ce que j'avance, il faut savoir que la majorité des japonais sont boudhistes ou shintoistes. Les chrétiens sont quant à eux minoritaires. Notons également les restes culturels du confucianisme du début du 17° siècle, qui sont également présents dans les esprits.
Mais
la notion de monothéisme pur et les normes religieuses admises en occident ne sont vraiment pas prises au sérieux au pays du Soleil levant, d'où la plus grande facilité chez les artistes, de faire preuve de cynisme, et de flirter avec le sacré grotesque.
De l’instrumentalisation de la papauté par le Vatican jusqu’à l’hypocrisie vicieuse d’un clergé habile dans ses manipulations sur ses paroissiens, Dragon Quest VIII est au jeux vidéo ce que le livre
Contre Benoît XVI est à la littérature : Un message moralisateur et flirtant avec la stigmatisation, et qui brise les dogmes et les tabous de la Chrétienté.
Lastboss
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Crédits:
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_Dragon_Quest_VIII_characters
http://anepigone.blogspot.com/2008/01/reflections-on-dragon-quest-viii.html
Remerciements à Alexkidd (l'un des rares joueurs à avoir saisi les facettes cachées et les sous entendus du scénario de ce jeu)
J'avais remarqué la dénonciation, non pas de la Religion en elle même, mais des doctrines menées par les religieux en son nom.
Mais j'avais jamais poussé l'analyse aussi loin.
Bravo !
Mais bon je doit avouez que la finalité du dossier qui est de montrer le blasphème est bien présente ^^
Sinon le passage de marcello peut en diviser plus d'un déja avec des potes on c'est engueuler à cause de sa
Marcello à clairement un bon fond et avait aucunement de faire le mal apres avoir réussis à dompter raphtorne c'est juste une gaf faite par le héros, bien entendus involontaire il était impossible de se douter que marcello avait toujours le controle de son corps, et de ce qui est de ses intentions claire que le jeux mais en avant un cotée un peu "louche" à Marcello. Personnellement je voie Marcello comme qqun qui à le sens du devoirs et qui à justement profiter de raphtorne pour acomplire au mieux sa mission, mais il à finalement été déborder par sa trop grandes ambition !
Mais bon nous pourrions en parler pendant très longtemps et à écrire c'est plustot cassecouille car je suis que j'ai dit des chose que je n'est pas voulue dire ^^
Mais bon très bon dossier au final