Rockstar avait promis un patch pour refroidir le Hot Coffee : il est arrivé hier en grande pompe, accompagné de son propre site web et d'une poignée de corrections de bugs. Car alors que tout le monde analyse et étudie, on en aurait presque oublié que la version PC distribue les plantages aléatoires depuis plus d'un mois. Ce qui est tout de même plus important qu'une fausse partie de fesse.
Retour de quelques semaines en arrière, en plein scandale Hot Coffee. Au terme d'une mini-enquête de quelques jours, l'organisme de classification américain des jeux déclare finalement Grand Theft Auto : San Andreas Pour Adultes Uniquement, l'équivalent d'un film porno (voir article San Andreas : mods en danger ?). La grande majorité des revendeurs outre-Atlantique commence alors à retirer le jeu des étalages et Take Two, pieds au mur mais la tête haute, promet l'arrivée prochaine d'un patch PC chargé de désactiver l'accès aux scènes de sexe.
Celui-ci est disponible depuis hier et le moins qu'on puisse dire est qu'il ne s'agit pas d'une mise à jour comme les autres. On lui a ainsi fait l'honneur d'un site web propre (http://www.nomorehotcoffee.com), ce qui donne une idée de l'importance que l'éditeur accorde à ce fichier d'à peine 11 Mo. Take Two profite également de cet espace dédié pour revenir sur les grandes lignes de sa défense durant toute l'affaire, à savoir que les scènes Hot Coffee n'était pas censées faire part de l'expérience San Andreas, que celles-ci sont accessibles uniquement via modification intentionnelle du jeu, et que les acheteurs devraient vraiment s'intéresser au classement figurant sur la boîte avant de mettre la main au portefeuille. Des conseils pleins de bon sens mais à ce stade, autant essayer d'arrêter une tornade avec un filet à papillons.
Car les implications de cette affaire vont beaucoup plus loin que la simple série Grand Theft Auto. Reniflant l'odeur du sang, politiques et avocats s'attaquent désormais à d'autres titres, de Mark Ecko's Getting Up: Contents Under Pressure à Killer 7 en passant par les Sims 2. La scène des modders, désignée par Rockstar comme seule responsable, a été discréditée. Enfin la crédibilité de l'ESRB, l'organisme de classification américain, a été remise en cause, à tel point que Washington envisage désormais d'intervenir officiellement dans le processus. L'affaire semble sérieuse, assez sérieuse pour que Doug Lowenstein, président de l'ESA (une association défendant les intérêts des éditeurs de jeux vidéo outre-Atlantique), décide d'organiser un petit-déjeuner à 1000$ le couvert au bénéfice des Amis de Hillary Clinton. Il y a un peu moins d'un mois, la sénateur démocrate avait annoncé son intention de donner du mordant aux classements de jeux en interdisant, entre autres, la vente de jeux violents ou sexuellement explicites aux mineurs.
Ah ! Au fait, ce fameux patch ne fait pas qu'émasculer San Andreas. Dans la liste des changements, on trouve également quelques corrections de bugs. Car pendant que les officiels américains s'étripent autour d'une fausse partie de fesse, les joueurs (comptant parmi eux la rédaction d'Overgame) slaloment entre les plantages complets et les disparitions importunes du son depuis la sortie du titre sur PC. Bonne nouvelle : ces problèmes sont, paraît-il, résolus. Merci Rockstar, donc, pour s'être enfin rappelé que derrière toutes ces études, ces analyses et ces affaires politiques, il y avait un jeu.