Vous avez toujours rêvé d'un jeu où les héros de vos mangas favoris se réuniraient pour en découdre, entre Ring Out et coups spéciaux dévastateurs ? Et bien c'est maintenant chose faite, avec ce Battle Stadium D.O.N. sur GameCube, dont voici le test import.
L'essai n'est pourtant pas nouveau, puisque Ganbarion s'y était déjà attelé, voilà tout juste un an, avec un excellent
Jump Super Stars sur
Nintendo DS. Ce dernier reprenait alors toutes les juteuses licences ayant vu le jour dans les pages du magazine Shônen Jump, dans un jeu de combat détonnant et original. S'écartant clairement de cette voie novatrice et foisonnante, et s'orientant plus vers un plagiat éhonté d'un
Super Smash Bros., ce
Battle Stadium D.O.N., développé par
8ing (les créateurs de l'excellente série des
Naruto : Gekitô Ninja Taisen sur GameCube) n'en possède en aucun cas la carrure, et ce, malgré la présence de
guests on ne peut plus emblématiques. Explications et détails dans les lignes qui suivent.
Le Jump Super Bros. du pauvre ?
D. pour Dragon Ball Z, O. pour One Piece et enfin, N. pour Naruto… Ce
Battle Stadium D.O.N., avec ce
cross-over des trois séries animées les plus populaires du Japon, possédait déjà un intérêt pour le fan ne serait-ce que par le biais d'un seul de ces bulldozers médiatiques. Mais que l'on ne s'y trompe pas, la qualité du soft ne reflète pas la moitié du potentiel que serait en droit d'offrir une telle rencontre. Et cela se voit très vite imagé, dès l'introduction, piteuse en de nombreux points. Tout d'abord par cette modélisation, plus qu'approximative de nos super saiyens, véritablement malmenés ici. De par une animation étonnamment lente, ensuite, avare en dynamisme de bout en bout, y compris pour l'indulgent envers ces chutes de
framerate inexcusables. Comprenez que je ne juge ici qu'une cinématique en précalculé, qui, une fois visionnée ne peut que, logiquement, laisser présager le pire quant à la qualité du soft
in-game. Alors que l'écran titre offre, dans un souci de dépaysement, une interface
high-tech tout juste agréable, on passe en revue les menus, tentant tant bien que mal de noyer le poisson sur la pauvreté ludique qui nous attend. En effet, feignant plus d'une demi-douzaine de modes de jeu, le joueur découvrira bien vite que seuls trois d'entre eux ne se différencient pas que par leur nom. Le choix se restreint ainsi aux modes Arcade et
Survival en solo, et à un petit
Simple Battle en multijoueur. Un autre mode multi, le
Custom Battle, est toutefois disponible dès le début de jeu, mais ne constitue aucun intérêt pour qui n'a pas bouclé une centaine de fois cette petite farce que se révèle être l'Arcade.
Petite farce ? Oui, car tout d'abord dénué d'un quelconque contexte scénaristique (il ne fallait pas rêver), ou même de challenge (en dehors du boss final), jusqu'à huit combats s'enchaînent, sans plus de cérémonie, entre chargements foireux et victoires à la va-vite. En effet, déjà bien agacé par les gros bugs de ralentissement précédant l'affrontement, on ne pourra s'empêcher de pester contre ce gong, marquant la fin des hostilités, et survenant dans la demi-seconde qui suit le coup fatal (les perdants n'ont même pas le temps de s'affaisser, c'est dire !). Une désagréable sensation d'inachevé envahit alors le joueur, qui n'a pour seule impression, en l'instant, de combattre à la chaîne, sans plaisir, sans gloire, sans fun. Et pourtant, les joutes ne sont pas si mauvaises, voire même réussies si tant est que l'on passe l'éponge sur leurs inspirations à peine dissimulées : qu'on se le dise et redise, ce
Battle Stadium D.O.N. est un
Super Smash Bros. du pauvre, ni plus, ni moins ! Il en possède effectivement les caractéristiques principales : quatre combattants s'affrontent furieusement à coups d'items et de hors rings dans des stages en plan 2D ; mais pas les atouts. Nombre de personnages limité, challenges sans intérêt, qualité approximative, et trop peu de diversité dans les items, purement « gadgets » ici. Une grande différence, car il en faut bien une, viendra cependant d'une ligne de vie, commune à tous les joueurs, qu'ils devront conquérir à la force des poings. Et lorsqu'un joueur s'approchera au plus près de la victoire, il passera aussitôt en mode Rage (super Saiyen pour Sangoku, Sangohan et Vegeta, ou encore un semblant de Kyuubi pour Naruto), ceci lui conférant une puissance décuplée afin de véritablement « terminer ses adversaires »… Une nouveauté plutôt controversée, donc.
Mais le plus dur à avaler reste encore le système de bonus. En effet, durant l'Arcade, et ce, de manière aléatoire, jusqu'à trois missions vous seront assignées en début de matchs, la validation de ces dernières résultant en un gain plus ou moins conséquent de jetons. Car, une fois le mode achevé et en cas de succès d'au moins une de ces missives (uniquement dans la partie en cours), le joueur acquiert l'ultime possibilité de gagner différentes primes… à la loterie ! Cela peut sembler amusant de prime abord, mais lorsque l'on sait qu'il faut gagner deux loteries consécutives afin d'atteindre les 33% de chance de remporter un personnage jouable supplémentaire, ça le devient beaucoup moins. Vous croulerez donc sous un amas de prix de consolation, à l'instar de toutes ces options, quantitatives, du Custom Battle. Entendez bien par « quantitative » que chacune d'elle n'est utilisable qu'une fois par combat effectué, incitant le joueur à l'overdose d'Arcade pour tout
rematch d'une partie optionnelle, avec « temps illimité » par exemple. Rageant.
Gomu Gomu no Rasengan!
D'un point de vue technique, le constat de ce Battle Stadium ne s'avère malheureusement pas plus réjouissant, en particulier lorsque l'on se penche un peu plus sur son aspect visuel. En effet, bien que possédant une charte graphique agréable et colorée pour les différents protagonistes, ces derniers se voient pourtant affublés d'un
chara design qui ne leur appartient pas toujours. Ce point touche en fait plus précisément les combattants de la série Dragon Ball Z, qui, bien que reconnaissables, jurent totalement avec le style originel d'Akira Toriyama, l'auteur du manga à succès. Comme si cela ne suffisait pas, avec leur taille plutôt réduite et une architecture souvent inadéquate au
gameplay, les stages ne se démarquent pas davantage. Soulignons tout de même, une animation de qualité, très diversifiée, et propre à chaque personnage. Elle aurait même pu s'avérer parfaite, si les développeurs ne s'étaient pas endormis au moment d'intégrer ne serait-ce qu'un petit zest de
lip syncro, afin de soutenir des doublages tout bonnement excellents et immersifs à souhait. Les thèmes musicaux quant à eux, sans être tout à fait inaudibles, respectent les productions
Namco Bandai habituelles, en usant de sonorités plutôt kitchs afin d'illustrer des affrontements dantesques… Un travers dont on se passerait volontiers. Quelques morceaux tirés des animés respectifs auraient pourtant constitué un atout incontestable, mais encore une fois, il ne fallait pas trop y compter.
Côté
gameplay, le nombre conséquent et la variété de coups disponibles par combattant se voit tout à son honneur, mais finit par trancher tout net avec cette mobilité des plus imprécises. De fait, on notera une chose toute particulière à la version GameCube du soft, à savoir qu'en se servant du stick analogique pour contrôler son avatar, ce dernier se voit doté d'un
dash permanent. Cela a, pour effet immédiat, de donner un semblant de rapidité et de fluidité à l'ensemble, tout en amoindrissant grandement la précision des déplacements. A contrario, si l'on en vient à employer la croix multidirectionnelle (équivalence de l'analogique dans sa version PlayStation 2), nos super héros, pourtant si volatils dans nos souvenirs, paressent soudainement bien lourds, se hissant avec grand mal sur la moindre aspérité… un comble. Enfin, de longues et pénibles heures de jeu en Arcade attendront, le joueur fan, bien décidé à débloquer tous les personnages (vingt au total), afin d'en faire profiter jusqu'à quatre de ses amis dans des affrontements déchaînés en multijoueur. Plus que de la passion et du talent, c'est surtout d'un contrôle de soi hors norme dont il faudra faire preuve pour ne pas pulvériser bêtement son pad après la quinzaine d'échecs, visiblement bien prévus par cette maudite loterie. 8ing se moque véritablement des joueurs ici, et ce, dans le seul but de maquiller une durée de vie rachitique en une cinquantaine d'heures assurées... Bravo, pari réussi !