Allez, hop, je suis chaud là ; je vous sors une petite critique de
Crazy, film québécois que j'ai particulièrement apprécié.
Crazy, qui termine en ce moment son exploitation en salles, est un film de Jean-Marc Vallée avec des acteurs dont j'ai oublié le nom mais tous excellents, vraiment.
Je vous fait un rapide pitch : Zacharie est le quatrième d'une famille de cinq garçons, dont les trois au dessus de lui sont particulièrement cons, et naît en 1960, au Québec. Sa famille est catholique, relativement pratiquante mais tout juste ce qu'il faut, et a priori pas engoncée dans des convictions à la con.
Assez vite, vers la puberté, Zacharie commence à se découvrir homosexuel. Parce qu'à l'époque c'est encore plus mal accepté que maintenant, et parce qu'il sait que son père ne le tolèrera pas, il s'en remet à Dieu pour se débarrasser de ce vilain penchant, mais rien à faire. Evidemment son père s'en doute, et les deux personnages vont connaître par la suite une reation particulièrement tumultueuse.
Bien que québécois, Crazy est un film très très très intelligent.
Il aborde le sujet de l'homosexualité dans la société d'une manière originale et certainement réaliste : alors que bien souvent les personnages homosexuels son au cinéma rejetés par toute leur famille pour des raisons religieuses, Crazy nuance le propos : le père de Zach désapprouve mais aime toujours son fils, et voudrait le faire sortir de ça ; et ce n'est pas tant la religion (habituel bouc-émissaire de ce genre de problèmes) que les idées générales de la société qui sont mises à l'index. Le père ne dit pas ''Oui, notre religion l'interdit, patati patata'', mais dans son esprit, c'est juste anormal et honteux. On a alors du mal à lui en vouloir, dans la mesure où lui-même ne peut pas vraiment savoir pourquoi il est contre ça. C'est l'immobilisme des esprits et l'incapacité d'une génération entière à gérer une chose pourtant ancestrale et naturelle qui sont montrés dans Crazy, avec humour, force et intelligence.
Autre élément clé : on ne sait jamais si Zach est véritablement homosexuel ou s'il pense l'être, dans la mesure où il sort en tout et pour tout avec une personne, une fille, et où il ne fait jamais quoi que ce soit avec un mec. Il faut dire que Zacharie lui-même a des idées bien ancrées qui font qu'il ne peux assumer et accepter ses penchants. Il y a une sorte de décalage qui se fait alors quand il demande à Dieu de le débarasser de ça. Ce qui se passe pourtant, c'est que Dieu ne l'en débarasse pas, parce que Dieu lui-même n'a rien contre l'homosexualité.
On peut tout de même se demander si finalement Zach ne se persuade pas qu'il est homo, à force de refuser de l'être, et à force d'être rejeté par son père pour cette supposée homosexualité, et si en fait tout ça n'est pas un moyen pour se faire remarquer dans une famille qui ne lui laisse pas la place dont il aurait besoin.
Le film montre également, avec humour, les difficultés à se sentir homosexuel à une époque où les insultes ''pédé'' (''fife'' en québécois) ou ''tapette'' sont des plus courantes et passent totalement inaperçues (c'est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui).
Là où le film est véritablement fort, c'est qu'au lieu de placer, comme c'est systématiquement le cas, la religion en opposition à l'homosexualité, il les fait cohabiter. Zacharie, qui dit devenir athée vers 17 ans, ne cesse en réaité jamais de croire, parce que tant qu'il se sent homosexuel il croit en Dieu.
L'une des grandes qualités de Crazy est sa bande-son, qui traverse toute une époque et ses plus grands groupes, avec les Pink Floyd, les Stones ou Jefferson Airplanes, sans oublier David Bowie qui a grandement contribué à la démocratie de l'image gay (tout en contribuant également du même coup et sans le vouloir à sa caricature).
Véritable bijou dans la réalisation, dans le rythme, dans le scénario et dans la BO, Crazy ne pêche même pas par l'accent québécois des acteurs, que personnellement je redoutait comme une pub pour la lessive, auquel on s'habitue très vite, même si personnellement il m'empêchait parfosi de rester dans le film (le fait est que pour moi l'accent québécois donne l'air con, et c'est pas toujours pratique). A tout cela, ajoutons qu'il s'agit d'un film très drôle, très fin dans son humour, et tout aussi fin dans sa manière de nous faire ressentir des émotions très fortes.
Une petite note : 8/10 (très bon film, à voir absolument).
Fallait que je fasse un choix ( pour les sousous ! lol) et j'ai craqué, sans regret, pour VOLVER d'Almodovar...!!
Merci encore Padrino pour ton article !!!
Foxx> Marie Antoinette n'a pas l'air formidable, il EST formidable^^ Va le voir