Petit voyage dans le passé, en 1993 pour être précis, avec la Jaguar d'Atari ; une console aujourd'hui largement moquée. Et pourtant, des passionnés existent !
En fin connaisseur de la "64 bits" d'Atari, Wizzy (un membre de l'équipe gameforever.fr) revient sur cette console à l'histoire singulière : de son échec inéluctable à sa contribution à l'émergence d'une scène homebrew productive, ce dossier vous fera peut-être changer de regard sur la Jaguar !
Pour Gamekyo, je vous propose un extrait sur les débuts de la console et l'arrivée des premiers jeux. La suite de l'histoire est à lire sur gameforever.fr :
https://www.gameforever.fr/jaguar.php
Bonne lecture !
La Jaguar est née du désir d’Atari de rester dans la course des consoles familiales. En effet, après s’être fait une place au soleil dans le monde de la micro avec l’Atari ST, Atari a l’appétit du géant qu’il était au début des années 80. La société vient de lancer la Lynx, une console portable en avance sur son temps, et compte tout naturellement avoir sa console de salon.
Le projet Panther est ainsi lancé en 1989. La console basée sur un processeur Motorola MC68000 (le même que la Megadrive) et un co-processeur permettant d’afficher des milliers de couleurs doit ainsi concurrencer sans problème les 16 bits de Sega et de Nintendo.
La folie des grandeurs n’a pas encore touché Atari à cette époque-là.
C’est en 1991 qu’un autre projet, proposé par Flare Technology, prendra le pas sur celui de la Panther. Un projet alléchant qui permettra aux vues des capacités du hardware d’avoir 10 ans d’avance sur tout le monde et écraser sans souci toute concurrence. Il s’agit non plus d’une 16 bits ou même d’une 32 bits, mais d’une 64 bits ! Une 64 bits !! Une 64 bits avec de la 3D magique, insoupçonnable en 1991, avec non plus des milliers mais des millions de couleurs affichables. Ce projet renversant pour l’époque mettra deux années à se concrétiser.
Et en 1993, la Jaguar est enfin annoncé officiellement. Dans le même temps, deux autres consoles américaines sont présentées à grands renforts de chiffres spectaculaires : la 3DO de Trip Hawkins et l’Amiga CD32 de Commodore. Mais aucune aux vues des chiffres ne pourra concurrencer la puissante Jaguar. Avec cette annonce délirante, Atari a fait très fort et a touché en plein cœur l’imaginaire des joueurs avec des chiffres magiques : 64 bits !!!
Beaucoup croit d’ailleurs à un canular de la part d’Atari et malheureusement, la suite ne leur donnera pas tort.
> Noël 93 et puis plus rien
Pour devancer tout le monde, Sam Tramiel, le papa d’Atari annonce un peu vite qu’il vendra des Jaguars le Noël de la même année. Seulement, sans le soutien d’éditeurs japonais, les professionnels ne croient pas en l’avenir de la machine, et les éditeurs-tiers, pas très confiants, ne se bousculent pas au portillon.
De plus la 64 bits n’en est pas réellement une, puisque c’est un gros mélange de la Panther avec le processeur Motorola (qui tourne sur la Megadrive !!) et une foire-fouille de processeurs "32/64 bits/on-sait-pas-trop" qui génère des sprites ou des animations. On s’en doute un peu, la console est une horreur à programmer, avec une interface bourrée de bugs et un service « après-vente » d’Atari déplorable de l’aveu même des programmeurs.
Vu qu’il ne reste pas beaucoup de temps avant Noël, et histoire de proposer quand même des jeux avec sa 64 bits, Atari annonce quelques jeux prévus initialement sur Panther (Raiden, Dino Dudes, Trevor Mc Fur in the Crescent Galaxie, Cybermorph). Des jeux 16-bit qui proposent des graphismes en 2D. Seul Cybermorph sort du lot avec un univers 3D en ombrages de Gouraud.
Cybermorph, un jeu de shoot fourni avec la console
Heureusement, des photos d’Alien Vs Predator, un doom-like ambitieux de Rebellion et d’Atari, paraissent dans la presse et augmentent d’un coup l’attente des joueurs. Entres autres anecdotes, Atari s’associe avec le géant de l’informatique IBM pour la fabrication des consoles avec un contrat mirobolant et déraisonnable de 500 millions de dollars.
Du coup, lorsque Noël 93 arrive, la Jaguar sort bien à la date prévue avec Cybermorph et une grosse manette qui ressemble à un téléphone (avec plein de touches pour y placer des overlays à l’ancienne), le tout vendu au prix attractif de 250 dollars. Attractif surtout comparé à celui de la 3DO, console a priori moins puissante et qui dépassait les 600 dollars.
La Jaguar dans sa boîte, avec sa manette improbable
> Les jeux arrivent enfin !
Les commandes de consoles affluent de toutes parts dans un premier temps, mais faute d'un stock conséquent, Atari ne parvient pas à répondre à la demande. La sortie officielle de la Jaguar en 1993 ne concerne ainsi que 2 villes des Etats-Unis : New-York et San Francisco, la Jaguar étant introuvable ailleurs ! Pire, après 6 mois de commercialisation, on ne compte que 5 jeux disponibles. Difficile de s'imaginer qu'une console puisse s'imposer avec un catalogue de jeux aussi peu fourni.
Et si les jeux débarquent en nombre à partir d'août 1994, ce sont surtout des adaptations de jeux 16 bits, faciles et pas chères à réaliser (avec le fameux processeur Motorola), avec des graphismes améliorés (Cannon Fodder, Dragon, Flashback, Pinball Fantasies…). Des jeux sympathiques mais décevants pour des joueurs qui se prenaient à rêver devant les chiffres magiques d’Atari. La presse spécialisée se désintéresse d'ailleurs rapidement de la machine, ne rapportant qu'au compte-gouttes les sorties des jeux (déjà peu nombreux), avec un traitement qui plus est désinvolte. Les "64 bits" et le fameux "Do the Math" qui s'affiche dans les publicités américaines font l'objet de toutes les moqueries.
Après ce démarrage plus que poussif, des titres sortent quand même. Certains d’entre eux profitent en partie des capacités survendues de la console, redonnant un infime espoir aux joueurs :
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Tempest 2000, le shoot mythique du « Yak », j’ai nommé Jeff Minter. Un jeu pas très grand public avec des graphismes abstraits, mais un grand jeu assurément.
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Alien Vs Predator, un FPS de très haute tenue qui sera noté 95% par le magazine Consoles+. Dixit les testeurs de l’époque : « le meilleur jeu d’action toutes consoles confondues ». Il est plaisant de noter que certains des concepteurs de ce jeu se retrouveront quelques années plus tard sur GoldenEye, une autre référence du FPS.
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Wolfenstein 3D et Doom, deux FPS de légende signé Id software.
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Iron Soldier, un jeu de méchas géants assez complet et novateur dans le genre.

Alien Vs Predator sorti en 1994, était le jeu phare de la Jaguar
En revanche, d’autres jeux renforcent cette impression d’arnaque sur les prétendues 64 bits de la Jaguar :
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Checkered Flag, un clone de Virtua Racing en 3D flat à la jouabilité plus qu’incertaine. Il est amusant de constater que ce jeu est sorti le même jour que Ridge Racer sur Playstation au Japon.
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Kasumi Ninja, le Mortal Kombat du pauvre d’Atari, avec un bandana « Ninja » offert dans la boîte de jeu !
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Club Drive, un jeu de voitures en 3D flat tout honteux.
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Double Dragon V, un jeu de baston IGNOBLISSIME !
En bonne place parmi les jeux de la honte sur Jaguar : Kasumi Ninja et son célèbre coup du kilt !
Fin 1994, Sony et Sega ont déjà lancé en orbite leur 32 bits, avec des titres autrement plus affriolants que ces quelques jeux en 2D ou en 3D bien vilaines. La Jaguar semble déjà à bout de souffle un an à peine après sa sortie.
Ce sera tout pour cet extrait, mais je vous invite naturellement à lire la suite de l'article sur gameforever.fr. =>
https://www.gameforever.fr/jaguar.php
Wizzy y parle du Jaguar CD (oui, ça existe !), d'autres jeux de la console (dont Rayman), de la fin de sa commercialisation et de sa renaissance avec la scène homebrew.
A voir également, l'intégrale des avis pour
la Jaguar et
le Jaguar CD.
La Super Famicom et la Megadrive était largement au-dessus de cette console moquée à juste titre...
Je ne parlerais pas des jeux.
Bon, ça ne sera jamais pire que lamiga CD 32 qui nous avait bien fait rire.
Après, les jeux de la jaguar ne me parlait pas du tout, j'ai vu quelques titres tournés dessus (horrible) et j'étais bien heureux avec ma Snes et ma Neogeo
et puis évidemment rayman !
au final cette console c'est avant tout un gachi ... les possibilités étaient bien la, mais une gestion merdique par atari a tout gaché.
et puis arrêter d'oublier Tempest 2000 ! ce jeu est une tuerie
https://www.youtube.com/watch?v=9naCDhmREeo
Sinon, l'auteur de l'article n'a pas oublié Tempest 2000, il a d'ailleurs rédigé un dossier sur cette série : https://www.gameforever.fr/tempest.php