Traditionnellement exempté de Tokyo Game Show, comme pour mieux laisser les autres s'entredévorer, Nintendo a pris un malin plaisir cette année à briller par son absence. En laissant à Capcom le soin de présenter Monster Hunter 4G sur ses deux modèles de New 3DS, la nouvelle "nouvelle" version de sa portable, le constructeur japonais et son partenaire particulier étaient certains de braquer tous les projecteurs sur le jeu comme la machine ; le genre de privilège qui va au delà de la tape dans le dos. Aguerris à l'art du "rush", celui qui évite deux heures de queue les bras ballants, nous nous sommes précipités vers le Hall 3 dès l'ouverture des portes, histoire de prendre en main ces New 3DS et leur jeu de lancement phare un petit mois avant la sortie japonaise. Ce sera le 11 octobre.


Quelques détails factuels avant tout : même si chacune des deux versions de la New 3DS ressemble à la précédente, elles embarquent malgré tout un meilleur hardware. Et pour une fois chez Nintendo, cela ne se limite pas à quelques retouches du côté de l'ergonomie ou à une simple question d'autonomie en hausse (de 3h30 en pleine bourre à 6 ou 7h suivant le modèle). Hélas, ce n'est pas Monster Hunter 4G qui permettra de juger de l'apport du nouveau CPU pour tout ce qui est vitesse d'affichage et temps de chargement ; la démo était lancée d'office et à l'inverse d'un jeu comme Xenoblade, il ne s'agit pas d'un titre tournant exclusivement sur New 3DS. Néanmoins, le jeu est parfaitement taillé pour une utilisation intensive d'un second stick analogique, qui procure un confort de jeu indéniable quoiqu'en disent les "chasseurs" les plus réfractaires au changement. De point de vue, le stick C façon trackpoint apporte tout ce qu'on était en droit d'attendre de lui, et même s'il n'offre pas le confort d'un second stick de taille identique, comme au hasard la Vita, on ne voit plus vraiment comment jouer à ce genre de jeu 3D sans lui, comme un vieil ami vous manque aussitôt quitté la pièce.

Cela n'empêchera pas Capcom et Nintendo de commercialiser une nouvelle variante de l'odieux Circle Pad, mais vu tous les problèmes de gestion de caméra que règle l'ajout d'un second stick, on comprendrait que les éditeurs s'y penchent progressivement, jusqu'à rendre les anciens modèles de 3DS obsolètes à moyen terme. Précisons également que la console inclut également deux boutons de tranche ZL / ZR placés au dos de la console, à côté des L et R de série depuis la Game Boy Advance. Beaucoup plus accessibles qu'on le craignait, ils n'avaient pas vraiment d'utilité dans la configuration actuelle de Monster Hunter. Néanmoins l'ajout de ces deux boutons devraient là encore accélérer l'obsolescence programmée des modèles actuels au gré des prochaines sorties.

D'une manière générale, la prise en main est on ne peut plus similaire quelle que soit la machine avec une disposition quasi identique et des dimensions presque jumelles. On note néanmoins que le modèle XL n'aligne plus des boutons Select, Home et Start sous l'écran, pour mieux les replacer sur la droite ; le bouton Home, toujours à sa place, est un peu plus design. Le bouton Volume ou l'interstice réservé à la future carte mémoire (micro SD cette fois, ce qui induit un achat supplémentaire) changent eux aussi de place, mais rien qui ne bouleverse les sensations de prise en main. La coque un poil plus granuleuse nous a paru légèrement plus agréable au toucher, à moins que ce ne soit tout simplement la sensation du neuf - il faudrait revenir en fin de TGS pour voir comment les consoles se portent après être passées de mains en mains.

Les plus observateurs noteront au passage que la configuration tend finalement à se rapprocher des GamePad de la Wii U, d'autant plus que l'écran inférieur sera désormais compatible NFC, pour toutes les utilisations sans contact que prévoit Nintendo, du paiement par carte magnétique aux figurines amiibo. Un bon moyen de multiplier les jeux jumeaux comme le récent Smash Bros.

L'autre argument de vente reste bien entendu le nouvel écran revu et corrigé de la machine, toujours plus contrasté et lumineux, qui rend les jeux encore plus beaux et plus vifs. C'est d'autant plus vrai pour la New 3DS "de base", dont l'écran plus petit amplifie la sensation de netteté. Comme le soulignait Nintendo, l'écran reste surtout lisible où que l'on se place lorsque l'affichage 3D est activé, ce qui n'était pas le cas par le passé. Même en tenant la console à bout de bras, ce qui vous vaut le sourire gêné de l'hôtesse qui organise la session multi chronométrée à la seconde près, l'action reste lisible pour le joueur comme les convives. Dans ces conditions, difficile de dire quel modèle privilégier à la sortie, d'autant plus que le modèle classique risque de titiller la corde nostalgie avec ses coques interchangeables et boutons façon Super Nintendo. Un bon moyen de refourguer les deux modèles aux plus indécis.

Enfin, cela n'a l'air de rien, mais pour le moment ni la New 3DS ni sa version XL n'ont été officiellement annoncées en Occident, comme si Nintendo préférait feindre leur existence avec une paire d'oeillères et un casque anti-bruit en chantant du Stevie Wonder. Pour ceux qui oseraient l'import en optant pour l'une ou l'autre (17.280 ou 20.304 yens avec les taxes, soit une légère inflation qu'on appelle la taxe nouveauté), la console est zonée et ne lira pas les cartouches achetées au Lidl du coin. Les jeux exclusifs n'arrivent pas avant 2015, l'achat impulsif aurait donc tout du caprice. Le Japon, l'autre île de la tentation.