La reconnaissance du premier « Cannabis social club » (CSC) par la préfecture de Vendée le 29 mars relance la polémique sur la dépénalisation de cette substance.

Le Dr Laurent Joseph, responsable du service addictologie de l’hôpital Marc Jacquet à Melun, a accepté de revenir avec La Rep sur la question épineuse de la dépénalisation des usages de cannabis.
La République de Seine-et-Marne : Que pensez-vous de cette première reconnaissance d’un Cannabis social club par la préfecture de Vendée le 29 mars dernier ?
Très honnêtement, je ne sais pas si ce mouvement des « Cannabis social club » va amener nous faire avancer face à ce problème spécifique français de la consommation du cannabis. Ces associations sont présentées comme un moyen de consommer des produits de meilleure qualité et surtout de limiter les trafics de drogue qui mènent vers la délinquance ou le grand banditisme. Mais aujourd’hui nous n’avons aucun moyen de savoir avec certitude si ce sera vraiment le cas. Tout ce que je sais, c’est que cela vaut le coup d’être essayé.
Que voulez-vous dire par « ce problème spécifique Français" ?
Depuis dix ans, la politique de répression de l’État français a montré son inefficacité de façon certaine puisqu’elle n’a pas diminué ni même limité la consommation de cannabis, surtout chez les jeunes. Une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, intitulée ESPAD et publiée en 2011, a révélé que le niveau de consommation de cannabis en France est trois fois supérieur à la moyenne européenne. Il en ressort également que les jeunes Français sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe, il y a de quoi faire réfléchir. La répression des usages a dispensé l’État de faire la moindre politique de prévention. Il est temps d’arrêter d’agiter des épouvantails !
Est-ce que cela veut dire que vous êtes favorable à une dépénalisation ?
Je suis pour une approche pragmatique du problème. Donc oui, je suis favorable à la dépénalisation des usages, mais pas à l’autorisation du commerce.
Quelle part représente la consommation du cannabis dans les cas que vous soignez ?
Elle est très minoritaire. Près de 90 % des gens que l’on voir viennent pour des problèmes d’alcool et de tabac. Ce sont ces deux addictions qui sont les vrais fléaux aujourd’hui. Pour autant, il ne s’agit pas de nier les méfaits et les dangers réels du cannabis sur la santé et la vie sociale.
Justement, quels sont ces dangers ?
Déjà, la consommation de cannabis s’accompagne obligatoirement de celle du tabac, avec ces effets néfastes que l’on connaît tous. Mais les vrais dangers du cannabis sont les conséquences sociales pour l’individu, entraînant démotivation, perte d’attention, dépression, baisse des capacités intellectuelles ou encore décrochage scolaire. C’est ce qu’on appelle le syndrome amotivationnel. De même, il peut y avoir la psychose cannabique qui amène à une agressivité exacerbée. Enfin, il y a les risques d’accident.
Pensez-vous que si il y a une dépénalisation, cela pousserait à la consommation ?
Cet argument ne tient même pas face à une étude épidémiologique. La pénalisation des usages fait entrer les gens dans l’illégalité. Et l’illégalité est un cercle vicieux qui pousse vraiment à la consommation accrue voir même à tester d’autres drogues dites « plus dures », comme l’héroïne ou la cocaïne.
Pensez-vous que ce débat autour des CSC fera avancer les choses ?
On ne peut être sûr de rien. Mais c’est une vraie opportunité à saisir pour revoir complètement notre façon de gérer ce problème.

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posted the 12/05/2013 at 08:18 PM by
solidfisher
L'alcool et le tabac sont bien trop ancré en France pour les interdire, puis bon pourquoi supprimer une source aussi lucrative ?
Mais comme tu dis, le Cannabis finira par rentrer dans les mentalités
sa m'est jamais arrivé perso
Par contre pour le cas de l'alcool...
La répression, par principe donne envie de dépasser l'interdit et crée du trafic.
Alors trois choix :
Légaliser (permet d'avoir des produits "de qualité") et tant qu'a faire faire de la prévention (comme pour les médicaments, ne pas cacher les méfaits).
Dépénalisation qui permet de pas tomber sur les consommateurs et ceux et celles qui sont "accros" peuvent au moins dire leur dépendance et être aidé.
L'abolition qui permet de plus avoir accès du tout, car plus produit (mais par principe, un trafic se fera)."
Je me demande c'est quoi le plus dangereux entre le Prozac ou le Cannabis (je mise sur le premier )
Fumer du prozac
Je parle de l'utilité et de l'hypocrisie de certains médecins... car le cannabis peut être un antidépresseur naturel.
Comme dirait un pote si le gouvernement l'interdit, c'est pour pas ralentir la cadence des travailleurs