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Perdus dans un océan de médiocrité il nous arrive parfois de voir briller une faible étincelle, une lueur se différenciant de cette masse uniforme. Le studio thatgamecompagny nous avait déjà offert des titres atypiques avec Flow et Flower, presque trop conceptuels et plutôt qualifiés de divertissements visuels. En la présence de Journey ces développeurs bouleversent encore les normes ; plongeons ensemble dans ce merveilleux voyage qui ne laissera personne indifférent.
L’écran titre donne le ton et incite à un « nouveau périple », terme des plus adéquats puisque notre frêle héros se retrouve sans explication livré à lui-même dans une immensité désertique. Journey captive d’abord via sa pate artistique hors-norme symbolisée par des environnements somptueux aux teintes exaltantes. Une magnifique 3D sans fioritures, volontairement épurée, soutient à merveille l’univers et les nombreux effets de lumières vous laisserons bouche-bée. J’ai d’ailleurs rarement vu une aussi bonne utilisation de cet élément dans un jeu vidéo, le sable et la neige servant de parfaits catalyseurs. L’animation suit le même chemin et ne souffre d’aucune lacune. Visuellement parlant voici sans aucun doute l’un des titres les plus marquants de la génération ; juste somptueux.
Les premiers pas sont hésitants et l’on se dirige instinctivement vers les rares repères à l’horizon. Perdu dans ces landes de sable la solitude émerge inévitablement, mais celle-ci n’est pas angoissante ou oppressante, au contraire, on se sent étrangement serein… Puis, déjà envouté par cette errance solitaire, on fini par apercevoir au loin un être à l’allure familière. En s’approchant on réalise qu’il s’agit d’un semblable, d’un voyageur lui aussi égaré dans cette immensité aride. Et c’est alors que Journey dévoile tout son charme…

Mais attardons-nous deux minutes sur le gameplay puisque celui-ci doit vois paraitre encore bien flou. Les bases se mettent en place en quelques minutes : via des commandes extrêmement simplifiées l'étrange silhouette peut se mouvoir, sauter, et émettre des ondes sonores. Chaque niveaux fourmille de secrets, parmi lesquels des Glyphes souvent bien dissimulés. Ces derniers rallongent au fur et à mesure votre écharpe ce qui permet de sauter/flotter plus longtemps et fluidifier ainsi l’exploration. Hormis votre compagnon de fortune les seules formes de vie que vous rencontrerez se manifestent à travers quelques végétaux chimériques et diverses étoffes animés. Des mystérieux tissus au cœur de la civilisation et du savoir, avec lesquels vous agirez en symbiose tout au long de l’aventure. Conté par des fresques et les interventions d’un mystérieux personnage immaculé de blanc, le but du voyage qui s’ouvre à nous semble encore flou et laisse libre cours à une interprétation personnelle.
Comme évoqué plus haut, au bout de quelques minutes votre complaisante solitude est interrompue par une silhouette familière qui ne se distingue que via la longueur de son écharpe et les motifs de sa robe (en rapport au nombre de périples achevés). A sa façon de se mouvoir on comprend vite qu’il s’agit d’un autre joueur, d’une autre âme errante perdue dans l’immensité des décors. Et ce compagnon de fortune apporte une saveur supplémentaire au jeu qui devient alors un moment de complicité inattendu. La communication s’avère primaire, rendue possible uniquement via nos déplacements et d’incohérentes ondes sonores. Pourtant l'alchimie fonctionne et les deux silhouettes coopèrent, unies devant un dénouement incertain. Qu’il s’agisse d’un rêveur sillonnant tranquillement les niveaux, d’un voyageur émérite nous dévoilant tous les secrets de ce monde, ou d’un débutant hésitant, l'avancée dégage quelque chose de magique et procure des sensations uniques.

Ce voyage déroutant vous enverra à travers des décors variés ; le désert laissera place à un monde souterrain puis à une montagne enneigée. Les environnements s'enchainent et, assommés par la beauté de cette nature, on sent approcher la fin du périple. Le mystérieux sommet en vue depuis le départ n’a jamais été si proche, mais l’on commence à douter. En cause le vent, le froid, tout s’accentue alors que notre bonhomme peine de plus en plus. Et puis… Ce sera à vous de le découvrir car l’expérience de Journey ne doit souffrir d’aucun spoiler ! Deux heures de bonheur, renouvelables à l’infini tant l’on reste subjugué par ce voyage spirituel.
Toutes les sensations formulées ici ne seraient pas viables sans un point que je me réserve pour la fin : la bande son. Des musiques superbes et originales, renvoyant le plus souvent une mélancolie enivrante qui transcende l’immersion et le dépaysement. Les bruitages bénéficient d’un soin similaire, l’ensemble formant une harmonie sonore fantastique clôturée par un ending émouvant.
Il m’est difficile de décrire l’expérience proposée tant celle-ci sera interprétée de manière différente, à l’appréciation de chacun. De cette façon il est concevable que Journey laisse de marbre une minorité de joueurs. Difficile toutefois de ne pas être transporté par toute cette poésie, cette beauté, et cette ingéniosité que dégage le titre. Oui, je dois l’admettre, mes premières parties me donnèrent des frissons jusqu’à en avoir les larmes aux yeux (traduction : j’ai chialé comme une merde quoi). Entrainé par une ambiance divine et un level design fabuleux, propice à des panoramas fantastiques, on s’évade sans retenue dans ce monde énigmatique. Si l’on adhère au concept seule la durée de vie reste critiquable, et encore : je défie quiconque d’être rassasié après un seul périple tant l’aventure s’avère unique. Les parties s’enchainent et, si l’émotion s’atténue, on en découvre toujours davantage sur ce monde riche en secrets.

Retenez que Journey reste une expérience fabuleuse à tous les niveaux. Visuelle d’abord, avec une direction technique et un level design enchanteurs. Ludique ensuite, tant explorer cet incroyable univers se traduit par une épopée immersive au plaisir décuplée lorsqu’elle se partage avec un total inconnu. Et enfin sonore via une bande son fantastique toujours en parfaite symbiose avec l’écran. Journey est un titre exceptionnel qui procure des émotions rares, un de ceux qui subliment le jeu vidéo en le portant bien au delà du divertissement. Œuvre magistrale, il laissera une empreinte onirique dans le cœur des joueurs et rappelle pourquoi nous chérissons tant cette passion.
Ce jeu est une perle
En tout cas, ton article est très bien écris
CELA DIT je lui préfère Flower et il reste trop cher
et je reste avec une légère douleur au niveau du fondement alors qu'a 8 ou 9 euros;
je suis sur que je serai resté avec une bonne sensation
le mytho lol
Bref malgré le peu d'émules j'espère en tout cas avoir convaincu quelques indécis de tenter l'expérience !
Meme si Journey est un peu plus emouvant au final (quoique) je rejoue avec plaisir à Flower de temps en temps et c'est un des rares jeux demat' que je n'ai jamais rangé
tant ce Flower me calme les nerfs , ce jeu est magique