Bon, vous devez nécessairement avoir entendu parler de ce film de Michel Gondry, devenu célèbre il y a deux ans de ça avec
Etenal Sunshine of the Spotless Mind, excellent drame un peu fantastique avec Jim Carrey. Gondry, qui est aussi le réalisateur d’un paquet de clips (
Knives Out pour Radiohead, par exemple) et de publicité (le What Else? de Nescafé avec Clooney).
Michel Gondry est français mais se démerde toujours pour réunir des castings internationaux (tout le monde s’en fait une gloire ici d’ailleurs, comme d’habitude). Si celui de La Science des Rêves n’affiche aucune star (contrairement à Eternal Sunshine), il peut se targuer d’avoir en Charlotte Gainsbourg et Gael Garcia Bernal (
La Mauvaise Education, Amours Chiennes) deux acteurs parfaits dans leur rôle respectif, avec derrière ça un Alain Chabat extraordinairement drôle.
Scène magnifique, où tout le monde reprend Afterhours
du Velvet Underground avec des paroles différentes (donc le groupe n’est pas crédité au générique). Enfin quand vous verrez le film, faites-bien attention à cette chanson ; à part les textes c’est du Lou Reed, ça date de 1969 et c’est superbe.
L’histoire de base de La Science est celle d’une aventure amoureuse classique : la rencontre fortuite entre deux êtres faits l’un pour l’autre mais qui se refusent au départ à en prendre conscience.
Après la mort de son père, Stéphane (Bernal) rentre du Mexique à l’appartement de sa mère à Paris, là où il a passé son enfance. Il y retrouve sa chambre, son petit lit et son papier peint de gosse. A côté, une voisine, Stéphanie (Gainsbourg) emménage avec l’aide de Zoé (allez, voilà que le nom de l’actrice m’échappe). Stéphane a d’abord des vues sur Zoé, puis sur Stéphanie, dont il finit par tomber amoureux.
Le problème de Stéphane est qu’il est constamment paumé entre le monde réel et celui du rêve : avec sa tendance à s’endormir n’importe où et à reproduire dans la réalité les rêves qu’il fait au moment où il les fait, il se trouve confronté avec quelques emmerdes alourdies par un collègue beauf et complètement crétin (Chabat, donc).
Cet effacement des frontières donne la possibilité à Gondry de laisser exploser son inventivité visuelle : dans les rêves de Stéphane, les villes et voitures sont en carton, les proportions se perdent et l’eau est en une matière dont le nom m’échappe, une sorte de plastique bleu transparent. Dans sa tête se joue l’émission de sa vie, avec un décor tout en carton est un petit fond bleu sur lequel Stéphane fait apparaître les images qu’il veut, se rajoutant par dessus. Bricoleur à ses heures perdues, Stéphane crée des objets authentiquement drôles et qui marchent vraiment tant qu’il est seul avec Stéphanie, seule personne capable de le comprendre : une machine à remonter dans le temps (d’une seconde), par exemple.
Ils sont mignons, non ?
A travers Stéphanie, Stéphane rencontre carrément son âme sœur. La construction de leur relation telle qu’elle se fait sous nos yeux, commençant par une joie commune et enfantine dans la construction de décors en carton, se poursuivant par le refus pour chacun de comprendre qu’eux seuls ne savent pas qu’il s’aiment, puis par les provocations d’un Stéphane dépité par la certitude de ne jamais obtenir l’amour de Stéphanie, nous touche directement avec une force que seuls ces acteurs pouvaient transmettre.
Si La Science est un pur régal esthétique, on pourra toutefois le trouver un peu moins profond qu’Eternal Sunshine. Drôle et intelligent, il offre un divertissement qui ne se refuse pas, à moins de vouloir faire son chiant.
Une note : 7/10.
Décidément, personne ne s’est remis de cette finale.