La sensation d'une goutte glissant le long sa joue et chatouillant de sa subtile odeur salée ses narines tire Séléné de son inconscient. Léchant cette goutte téméraire qui titille la commissure de ses lèvres, elle prend plaisir à s'éveiller en dégustant son propre corps. Elle essuie du revers de sa main la trace humide qui sillonne son visage. Ses yeux rougis par la tristesse redécouvrent les lieux : elle n'a pas bouger, ni sa dernière victime qui repose toujours dans les bras de la statue. Enfin réveillée ! Ce n'est pas trop tôt, tu te prenais pour une princesse peut-être ? Allez on s'en va. Cette voix désagréable et cinglante résonne à nouveau dans son esprit transformant un réveil doux et agréable en un tourment.
Ses pas résonnent dans les grands halls peuplés de figures figées pour l'éternité qui lui semblent bien plus vivantes que les rares visiteurs qu'elle croise. Elle se sent observée, dévisagée voire critiquée, elle en l'a l'habitude et n'y prête plus attention. Elle entend les sons de la ville, des habitants : le vacarme habituel. Les sons parviennent jusqu’à son oreille, l’influx électrique parcourt synapses et dendrites mais rien ne se produit en aval. Elle refuse à son esprit le droit d’entrer en relation avec ce monde extérieur qui ne fait que la blesser ; isolée du monde elle s'apaise et se détend. En quittant le bâtiment une vague pensé pour la femme qui repose dans l’oubli entre les bras d’un ange traverse son esprit mais n’y reste pas, rien n’y reste plus.
Ses talons heurtent les pavés de la rue avec une cadence de métronome qui la plonge encore plus dans son isolement. Les façades défilent en périphérie de sa vision, sur le même plan évoluent les passants qui ne remarquent pas cette personne, située à moins d’un mètre d'eux, qui peut d'un instant à l'autre se transformer et devenir leur ennemi mortel. La scène comprend un décor citadin banal avec ses immeubles, ses passants moroses et ses rues lugubres, l'acteur est une forme sombre qui prend un malin plaisir à torture sa spectatrice. Les trois coups de bâton viennent de retentir et le monologue de l'acteur commence, pourtant Séléné ne saisit pas le sens de ses paroles. Elle se concentre alors sur les claquements de ses talons sur les pavés pour s'extirper de cette sinistre mise en scène. C’est dans un état second sans avoir réellement conscience de ce qui se passe ou de ce qu'elle fait qu ’elle arrive chez elle. Se déshabillant en hâte elle jette négligemment sur le dossier d'une chaise ces pièces de tissu qui sentent la mort : celle de deux femmes, sa victime et la sienne. Elle ne prend pas attention au mot posé sur la table de chevet et se laisse mourir sur ce lit si hospitalier. Ses paupières se ferment doucement lui occultant enfin ce monde si désagréable et hostile, la dernière vision qu’elle aura est celle d’un visage effrayant : un mélange grotesque de cette femme et de son bourreau.
Une douce brise plie les roseaux du petit étang et transforme le vaste champ d’herbe en une mer végétale, les brins d'herbes ondulent au rythme du vent affluant et refluant, le pollen jouant le rôle des embruns. Les rares habitants du point d’eau vivent leur vie tranquillement émettant de temps à autre une parole pour signaler leur présence. Les oiseaux ont commencé depuis quelques jours les parades aériennes de séduction transformant le ciel en un champ de bataille où les individus tombent abattus puis repartent au combat plus déterminés que jamais. C’était un tendre jour du début de l’été, de la maison émanait une agréable odeur de cuisson et les rires des fillettes habitaient les lieux. Pour un temps Lia oubliait sa souffrance et sa différence, elle oubliait le temps qui lui restait à vivre ; ou plutôt l’absence de temps. Pour l’instant il n’y avait qu ’elle et sa soeur aîné Séléné jouant comme le feraient des enfants de leur âge. Si la plus âgée des deux soeurs était plutôt jolie pour son âge avec ses mystérieux mais ô combien expressifs yeux argentés et les petites fossettes creusant ses joues, sa soeur ne jouissait pas de la même chance : la lèpre avait déjà causé des dégâts considérables en ôtant des extrémités telles que les dernières phalanges ou le nez, entraînant par la même occasion plus de douleurs psychiques que physiques. Elle avait du être jolie avant que le mal ne la ronge et n'éloigne sa beauté à tout jamais.
Leur mère les appela pour le goûter, une délicieuse tarte n’attendait qu’elles pour être dévorée. Un plaisir simple pour Séléné mais une occasion de plus de souffrir de sa différence et de sa maladie pour Lia. Manger une part de tarte quand vos doigts se réduisent à des moignons tenant par on ne sait quel miracle se révèle ardue même pour la plus motivé des enfants qu’était Lia. Sa soeur se rapprocha et lui tendit directement un morceau de tarte avec le sourire si caractéristique d’une enfant persuadée de faire une bonne action. Lia ne le voyait pas de la même façon ce sourire qui lui rappelait toute la différence qu'il y avait entre elle, l'une était joyeuse et l'autre déformée. Cette nuit-là encore les draps rêches lui irritèrent ses plaies lui arrachant des cris de douleur alors que de ses plaies suinte un mélange de sang et de pus. Et cette nuit-là encore Séléné dormit d'un sommeil paisible plein de rêves séduisant d'où est absente Lia.
Malgré l’état de ses mains Lia lisait énormément, au début elle se contentait de livre pour enfant que choisissaient ses parents mais un jour elle leur dit avec une manière très adulte qu’elle voulait choisir elle-même ses livres et que personne ne devraient les lire à sa place. Ne pouvant refuser une demande si juste et si joliment formulée, les parents acceptèrent.
Le lendemain Lia partit de bon matin pour la bibliothèque comme à son habitude, tous les samedis matin elle partait tôt en ville et ne rentrait qu'en fin d'après-midi un sourire de satisfaction en plus. La maison était calme quand les deux enfants n'étaient pas ensemble pour faire les folles et inventer sans cesse de nouveaux jeux. Pendant ces moments où sa soeur n'était pas là Séléné passait beaucoup de temps à la fenêtre se demandant ce qu'elle deviendrait plus tard. Aurait-elle un beau métier comme institutrice ou princesse ? Aurait-elle un gentil mari comme Papa ? Elle était sure d'une chose, elle ne jouerait plus avec sa soeur comme elle peut le faire en ces jours de printemps. Comme prévu sa soeur revint en fin d'après-midi l'air heureuse, quand Séléné lui demanda ce qui la rendait aussi joyeuse elle lui répondit que c'était un secret mais qu'elle le découvrirait vite. Le soir comme chaque soir leur mère vint leur lire une histoire de princesse et de prince charmant et comme soir Lia maudit la phrase Et ils vécurent heureux à tout jamais. Mais ce soir elle se vengera de ces contes.
Elle venait de s'endormir quand un bruit la réveilla, on aurait dit qu'un morceau de métal était tombé. Elle regarda le lit d'à côté, sa petite soeur n'y était pas ; un nouveau bruit, plus proche cette fois retentit. Plus rien, seul le silence répond aux peurs de la fillette. Puis sans prévenir un cri bref emplit la maison, suivit par des gémissements et d'autres bruits étouffés qu'elle ne parvient pas à identifier. Ils semblent provenir de la chambre des parents, Séléné irait bien voir si tout va bien et si ses parents dorment bien mais la peur la paralyse et la cloue dans son lit. Un grincement a remplacé les gémissements, on dirait quelqu'un qui traîne quelque chose de lourd sur le sol. Le bruit se rapproche rapidement et l'effraie de plus en plus ; elle s'enfouit sous ses draps et ferme les yeux se répétant qu'il ne s'agit que d'un cauchemar et qu'elle va bientôt se réveiller. La porte s'ouvre éclairant la chambre d'une raie de lumière, gardant les paupières fermée elle sent que quelqu'un se tient là à côté d'elle. Elle entend même la respiration rapide de celle-ci. Puis elle entend un sifflement...
Il circule beaucoup de ouï-dire autour de ce qu’il y a après la mort, eh bien Séléné n’eut pas le temps de vérifier la véracité de toutes les théories existantes. Elle flottait dans un néant créateur et plein de promesse quand elle se scinda en deux entité : elle-même d'une part et d'autre part un conglomérat de tout le mal qui composait une fillette de dix ans à peine : la tristesse, la vengeance et la peur. Cette seconde entité hurla sa douleur à un monde où le son n’existait pas encore ; puis une troisième présence fut là. Celle-ci était foncièrement mauvaise et sournoise, après une discussion muette, dont le sens échappa à Séléné, elle se lia avec la seconde entité. Cette nouvelle forme de non-vie luisait légèrement et s’approcha d'elle, cette dernière effrayée voulut fuir. Mais où courir quand rien n’existe. Cette forme qui prenait maintenant forme, une forme qui lui ressemblait étrangement l'enlaça. Elle lui susurra des mots doux lui promettant qu'elle ne serait plus jamais triste et que tout irait bien maintenant. C’est ainsi que sans savoir ce qui se passait elle se retrouva liée à une entité dont elle ne connaissait rien mais surtout qui la contrôlait, la dominait et la possédait. Et pour la première fois une nouvelle voix se fit entendre : Bienvenue chez moi humaine ! Nous allons avoir une longue histoire en commun alors autant d'obéir tout de suite.
Séléné se réveille en sursaut de ce rêve qui n’en est malheureusement pas un ; mais un souvenir, le souvenir de ce qui l’a conduit à sa condition actuelle. Jusqu’à maintenant elle ne s’était jamais rappelé de son enfance, mais ce rêve lui remémorait la raison pour laquelle elle tue depuis plus d’un demi siècle : se venger de sa soeur. Car elle avait eu le temps de réfléchir mais surtout de demandé à son coéquipier sur ce qui s'était passé cette nuit. Un autre souvenir remonte en elle : cette femme au long cheveux argentés qu’elle a entr'aperçu dans ce lieux étrange où se jouait une partie d'échec, n'était-ce pas Lia ?
publié le 26/01/2007 à 23:56 par
sp0ken
La douleur habitant son crâne et les bruits de son environnement amène petit à petit Luminous au bord de la conscience. Alors que ses paupières luttent contre sa volonté pour rester fermées, il s'éveille doucement. Ses sens lui transmettent à nouveau les données : le toucher l'informe qu'il est assis sur une chaise très désagréable et qu'une corde lui enserre les poignets. L'ouïe lui fait entendre des bruits étouffés de rire et de gémissement. L'odorat est sans doute le plus violent envers lui, un flot d'odeur lui assaille les narines : sang, sueur, sexe et larme. Et le dernier, quant il réussit enfin à soulever ses lourdes paupières ne lui renvoie que la pénombre d'une pièce exiguë. Les murs de facture grossière sont constitués de briques et d'un mortier quelconque ; l'humidité qui règne ici a favorisé l'apparition de mousses et autre algues diverses. Se demandant ce qu'il fait ici il tente de recouper les derniers souvenirs qu'il possède pour comprendre ce qui a pu l'amener en ces lieux : Il a quitté l'appartement de sa conquête d'une nuit pour suivre la piste des larmes et du sang puis a croisé cette apparition terrifiante ; après cela il est entré dans ce musée en suivant la piste et a découvert cet énième cadavre poétique.
Ensuite ? Le black-out complet, plus aucun souvenir de ce qu'il a fait ou de ce qui s'est passé. Alors qu'il essaye de comprendre sa situation la lourde porte en métal s'ouvre, inondant la pièce d'une lumière crue et violente. Ses pupilles agressées par ce trop plein de lumière il ne peut distinguer qu'une forme découpée dans la lumière. Après un certain temps d'adaptation il parvient enfin à voir son ravisseur ou plutôt sa ravisseuse. Une femme aux courts cheveux noirs le dévisage, elle semble avoir vécu plusieurs vies qui s'affichent toutes sur son visage parcheminé. Elle s'approche de lui et l'embrasse, les langues se mêlent et les lèvres se découvrent ; puis sans quitter sa bouche elle le frappe d'un coup de couteau dans la jambe. Rejetant sa tête en arrière il se mord violemment les lèvres pour ne lâcher aucun cris de douleur. La femme prend la parole en première tandis qu'elle essuie la lame du couteau.
- En ces lieux on m'appelle Reine mais comme tu n'es pas encore dompté tu n'auras qu'à m'appeler Eve. Quel est ton nom ? Que fais-tu ici ? Et qui est-elle ?
- ...
- RÉPOND !
- Hum. Ravissant comme accueil. Et mon nom ne te regarde pas par ailleurs je n'ai aucune idée de pourquoi je suis dans a demeure qui, si elle est aussi dérangée que toi, promet un spectacle sans fin humaine.
- Tu n'as pas répondu à ma question : Qui est-elle
- Comment le saurais-je Eve, je ne la connais pas.
- Alors pourquoi la suis-tu ?
- Ces humains ! Pourquoi faut-il qu'ils posent sans cesse des questions stupides.
Sans dire un mot Eve s'approche de lui et enlève la chemise faisant sauter les boutons avec sa lame, une fois celle-ci à terre elle entame un parcours du torse du bout du couteau. Dessinant cercles, spirales et autre formes géométriques le torse de Luminous se transforme en une toile sur laquelle une artiste démente trace les lignes de sa folie. Le sang se met à perler des sillons laissés par le pinceau et se mêle à la sueur qu'exsudent des pores de sa peau. Tout en continuant son oeuvre elle approche sa tête du cou de sa victime et l'embrasse tendrement. Ne sachant plus à quoi s'en tenir ni ce qu'il l'attend Luminous laisse sa conscience s'évader progressivement comme il sait si bien le faire. Il quitte un corps plein de douleur pour s'échapper par la porte ouverte vers l'inconnu.
Son esprit se retrouve dans un couloir faiblement éclairé où, à intervalles réguliers, une porte s'ouvre sur une démonstration de la folie de la propriétaire des lieux. En avançant dans ce couloir des cris et des odeurs le prennent d'assaut : cris de douleur et odeur de sang ou encore gémissements et cette odeur âpre de sexe. Au fur et à mesure qu'il s'approche de la porte la plus proche de lui les gémissements se font de plus en plus forts. Cette dernière est ouverte et donne sur une pièce semblable à celle d'où il vient avec cette fois un ampoule éclairant les lieux de sa lumière nue. A l'intérieur un amas de chair en mouvement laisse entrevoir de temps à autre une bouche, un sein ou un sexe, Luminous n'arrive pas à compter le nombre de personne composant cette orgie. Captivé par cette incarnation de la luxure, captivé par les vas et viens des sexes et par les danses complexes qu'effectuent deux langues qui se rencontrent il reste dans l'encablure de la porte. Tel un voyeur observant sa victime il se cache observant la scène la scène d'un oeil et de l'autre guettant quiconque pourrait le surprendre. Une sensation vient alors le perturber : son corps lui envoie un stimuli fort dérangeant, celui procuré par le passage de lèvre puis d'une langue sur son sexe, l'image d'Eve penchée sur son corps apparaît en surimpression de l'orgie qu'il contemple l'arrachant à son voyeurisme malsain. Il continue alors son chemin tentant de mettre de côté les messages de son corps.
Dans ce couloir étrange approche une seconde porte où cette fois aucun gémissements ne s'en échappent. A la place des cris de douleurs plus ou moins rapprochés et plus ou moins perçants. Contrairement à la porte précédente celle-ci n'est qu'entrebâiller ne permettant que de regarder par l'interstice, donnant au tout une dimension de voyeurisme encore plus poussée probablement voulue qui n'est pas sans lui déplaire. Cédant à sa pulsion Luminous regarde dans la pièce et contemple alors le sort d'un homme qui est entre les mains d'une apprentie bouchère : celle-ci a tracé au pinceau les pointillés délimitant les zones du corps que l'on retrouve habituellement sur les planches didactiques ou chez le boucher. Mais elle ne s'est pas arrêtée en si bon chemin et a entrepris de découper sa victime en commençant par les parties les moins importantes : ainsi l'homme ne possède plus que des moignons au niveau de ses chevilles. Pour parfaire l'opération elle place des garrots empêchant l'homme de quitter ce monde de douleur. Il s'écarte de la pièce écoeuré par le spectacle et les cris rauques de l'homme trahissant l'usure de ses cordes vocales et donc la durée inhumaine de l'opération. Les cris sont pour la plus tard étouffés et s'arrêtent quand ses poumons sont vides, reprenant quelques instants plus tard après une respiration bruyante. Un doute envahit son esprit alors qu'il s'éloigne : et si son corps était sujet aux mêmes expérimentations en ce moment sans qu'il ne le sache.
C'est à ce moment là qu'ironiquement son corps lui transmet toutes les douleurs qui composent à présent son corps. Observant brièvement la scène pour savoir ce qui provoque un afflux d'informations si douloureuses. Eve continue son oeuvre : traçant des symboles dont elle seule connaît la signification, par ailleurs elle prend un plaisir visible à verser un liquide corrosif et brûlant sur les plaies encore ouvertes. Les tissus nerveux de se chargent en influx électriques parcourant l'espace et le temps aussi vite que possible pour prévenir l'être habitant ce corps de la tragédie qui se joue sur son corps. Mais il se force à s'éloigner un peu plus de ce réceptacle emplit de souffrance pour préserver le peu de raison qui habite encore son esprit délabré.
Traversant le couloir sans prendre le temps de satisfaire ses envies de voyeurisme en observant ce qu'il se passe dans les pièces, il débarque dans une immense salle recouverte de dalle noire et blanche. La salle est richement décorée malgré sa taille : de somptueux lustres illuminent le plafond où on peut admirer une gigantesque fresque dont le récit lui est inconnu. Il entend la voix de son hôtesse déformée par la distance et le temps : Demain, tu seras mon roi pour la partie, ne me déçoit pas. Puis il sent couler le long de sa gorge un breuvage chaud qui lentement déconnecte ses synapses pour le plonger dans un sommeil tourmenté. Ayant réintégrer un corps meurtri Luminous sombre dans un rêve bien triste tandis que ses dernières pensées portent sur le sort que lui réserve Eve le lendemain.
publié le 21/01/2007 à 18:49 par
sp0ken
Bon arpès quelques chapitres et parce que je ne l'avais pas fait auparavant, voici un petit synopsys de ce que j'écris ; terme qui n'est pas tout à fait convenable et vous allez vite voir pourquoi.
Le concept d'abord : il n'y a rien de préécrit sauf de rare partie comme l'ouverture ou un chapitre prochain qui sont des devoirs de cultures générales que j'utilise. Chaque chapitre est pensé dans la semaine et rédigé pour le samedi, jour où il est posté. Les chapitre raconte en alternance l'histoire de deux personnages : Luminous et Séléné qui se croisent et se cherchent, il y a de forte chance qu'un nouveau personnage arrive dans les prochains chapitres et qui sait peut-être d'autre.
Comme vous l'avez compris, je n'ai rien prévu d'avance l'histoire suit donc un fil que moi-même je ne connais pas donc si vous avez des suggestions ou des critiques constructives n'hésitez pas.
Voici la quatrième de couverture :
Dans un temps qui est peut-être le notre, une femme pleure elle s'appelle Séléné ; elle pleure car elle doit tuer. Pourtant ce n'est pas sa volonté Il l'oblige à commettre ces meurtre. Luminous méprise les hommes et vient d'arriver en ville, la première qu'il découvre est un cadavre avec un vers de Rimbaud sur la cuisse. Il ne cessera que de croiser ces cadavres poétiques en cherchant leur origine. Est-ce que ces deux protagonistes acteurs d'une ville étrange se croiseront au détours d'une ruelle sombre.
Voilou n'hésitez si vous avez des suggestions.
publié le 15/01/2007 à 14:06 par
sp0ken
Quand Séléné ouvre les yeux la lumière qui s'étale lascivement dans la pièce traversant les rideaux donne au lieu une atmosphère diffuse et agréable. Elle se lève et se dirige vers la penderie sans même jeter un coup d'oeil sur la forme allongée à ses côtés, encore une fois elle ne se souvient que vaguement de la soirée de la veille. Tout ce dont elle se rappelle est une sensation de moiteur agréable et de contacts charnels, mais qu'importe Il est là et a exprimé Ses désirs. Aujourd'hui à nouveau elle devra lui obéir et agir contre son gré qui, depuis quelque temps déjà, ne cesse d'être bafoué en même temps que sa dignité. Par pure politesse elle écrit sur un papier qui traîne un mot pour son amant d'une nuit, du moins l'espère t-elle.
La journée s'annonce froide et grise, donc des plus désagréable mais qu'importe elle doit le faire, Séléné s'habille rapidement en conséquence et dévale quatre à quatre les marches de l'escalier. Sous ses pas pressés l'escalier en bois accuse le poids des années et grince en émettant un gémissement de douleur qui restera vain et ignoré. Dehors la neige commence déjà à fondre pour ne laisser qu'une boue grisâtre qui s'accorde parfaitement avec l'ambiance de la ville. Les habitants dans un soucis de mimétisme et d'intégration reflètent sur leur visage cette atmosphère : ils sont maussades, renfrognés et distants. Quel changement impressionnant ! Dire que la veille tous souriaient et riaient, heureusement d'autres fêtes arrivent bientôt. Elle se dirige alors vers le centre-ville et sans qu'elle ne sache pourquoi décide d'emprunter les petites rues transversales évitant ainsi les grands boulevards où s'entassent et se pressent les foules. En ces lieux reculés point de belle vitrine ou de proposition pour goûter du vin chaud, non faites place à la misère avec son cortège de mendiant, de vrai/faux orphelins et de pickpocket en tout genre.
A place des échoppes richement décorées trônent des gargotes lugubres où le patron pourrait être le fils caché de Jack l'éventreur et de Bloody Mary. Étrangement Séléné s'y sent à sa place et ce bien qu'un sentiment de peur se soit niché au fond d'elle. Soudainement résonne : J'ai à faire. Ne pense pas un instant que tu pourrais t'enfuir ! Et pour la première fois depuis des mois elle est seule, le bonheur et la surprise l'enivre. Elle danse et rigole au beau milieu de la rue prenant les passants par la main pour une danse spontanée et exaltée. Alors qu'elle court dans les ruelles criant au ciel son bonheur, des bruits provenant d'une porte entrouverte l'intrigue et l'attire. La porte donne sur un escalier de pierre où l'usure du temps et les milliers de semelle on contribué à lisser tous les angles. Elle descend une à une les marches manquant à plusieurs reprises de glisser et de se fendre le bassin. Du bas de l'escalier émane une douce lueur enveloppée d'une mélopée étrange, toujours aussi intriguée elle continue sa descente vers la lumière.
Séléné se retrouve sur un balcon donnant une vue imprenable sur une immense salle souterraine. Celle-ci est éclairée par des lustres suspendus au plafond, en bas des dalles noires et blanches s'alternent pour former un maillage noir et blanc ressemblant étrangement à un plateau de jeu. Aux deux extrémités de la salle un balcon semblable à celui où elle se tient. En bas un jeu se déroule sous ses yeux : sur le plateau évoluent trente-deux personnes affublées d'une tunique sur laquelle est peinte ce qui semble être des symboles. Une couronne, une tour, un cavalier et d'autres pictogrammes qu'elle n'arrive pas à identifier Ainsi elle avait vu juste : la salle est bien un plateau de jeu, d'échec pour être précis. Fascinée par la partie en cours en contrebas, elle reste captivée et essaye de comprendre à quel niveau se situe la partie : viennent-ils de commencer ou bien un des deux joueurs est proche du coup final.
Après quelques minutes elle en arrive à la conclusion que la partie en est à sa moitié : plusieurs pièces ont disparu des deux côtés mais aucune pièce majeure ne semble en danger. Par ailleurs il semblerait que le déplacement des pièces est commandée par la reine de chaque camp, ainsi cette dernière lance une série d'instruction typique des parties d'échec. La reine noire est une jeune femme qui lui ressemble étrangement avec comme elle de long cheveux argentés lui tombant en cascade sur les épaules, à l'opposé la reine blanche est une femme plus âgée dont le visage entouré par de court cheveux noirs de jais rappelle toutes les épreuves qu'elle a vécu auparavant. Puis survient l'horreur ! Alors qu'un pion blanc se fait prendre, la reine blanche prononce la sanction : le cavalier noir qui vient d'effectuer le coup gagnant, un robuste homme entre deux âges, a le droit de disposer du pion comme il le désire. Ce dernier étant incarné par une jeune femme ce qui arrive découle de la nature même de l'homme. Le cavalier s'approche du pion en ôtant sa tunique exhibant un sexe fièrement dressé contre son ventre, il la fait s'allonger à même les dalles et introduit son sexe en elle même pour commencer sa vile besogne. Incapable de détourner son regard ou de bouger Séléné reste prostrée face à cette scène surréaliste quand retentit en elle : Je t'ai manqué ? Forcément quand je ne suis plus là tu te retrouves dans les lieux les plus glauque et représentatif de la folie humaine. On part !
Alors qu'elle se retourne pour quitter les lieux, la reine blanche tourne la tête et la regarde arborant un sourire singulier et inquiétant. Quittant cette sinistre et morbide mascarade au pas de course Séléné est de nouveau déconnectée de la réalité ne réalisant plus ce qui lui arrive.
Durant les minutes qui suivent le retour à une condition de soumission les larmes coulent le long de ses joues rougies par le froid tandis qu'elle se remémore les trop courts instants de liberté dont elle a joui quelques instants auparavant. Les ruelles qu'elle parcourt n'ont plus aucune saveur et ne lui donne plus cette sensation si particulière qu'elle avait tant apprécié, tout est redevenu insignifiant et terne. A travers le filtre de la douleur et des larmes elle se rend compte qu'elle fait maintenant face à un imposant bâtiment qui la surplombe de son vénérable âge. Gravissant une à une les marches du perron elle pénètre dans une salle où la première chose qu'elle contemple est le tableau d'un ange la jaugeant du regard, quelle ironie ! D'après le plan situé à l'entrée chaque salle possède une thématique particulière : Biblique,Egypte , Renaissance etc. Mais une attire plus particulièrement son regard: celle sur le thème des échecs. Décidément ! Le destin s'acharne et prend un malin plaisir à se jouer d'elle. Se dirigeant alors vers celle-ci elle traverse des champs de statue, des murs emplis de tableau et des fresques monumentales. Dans la salle un tableau l'intrigue, sur celui-ci l'artiste a peint un cavalier sous forme de pièce pris dans la tourmente composé de soldat, de paysan, de pièce de l'échiquier et de symbole qu'elle ne parvient pas à définir.
Absorbée par la contemplation de ce tableau elle ne remarque pas cette femme qui la dévisage : une femme âgée aux courts cheveux noirs. Lorsqu'elle se retourne sentant le regard inquisiteur dans son dos elle ne contemple que le mur d'en face, une femme entre deux âges pénètre dans la pièce vêtue d'un simple chemisier et d'une jupe assortie. John Keats !Le cri résonne au fond de son esprit. Les larmes commencent à couler alors qu'elle commence à suivre la victime à travers les salles. Finalement cette dernière s'arrête dans une grand pièce circulaire où trône au centre la statue d'un ange. La plaque aux pieds de celle-ci indique L'ange de la mort., il est éclairé par de nombreux projecteurs rehaussant ainsi la majesté de cette sculpture. Séléné s'approche de la femme qui soudainement se retourne, la dévisage attentivement et s'allonge dans les bras de la statue.
Cette scène elle l'a vécu des dizaines de fois mais jamais elle ne pourra s'y préparer et encore moins l'accepter ; elle s'approche doucement de la femme qui tremble de peur mais ne peut bouger. Elle sort cette fine lame tant détestée, passe celle-ci sur le chemisier arrachant les boutons et écartant les deux pans tandis que de l'autre mains elle relève la jupe. La lame descend sur les cuisses et entreprend sa mortelle graphie.
Plusieurs minutes ont passé et Séléné est agenouillée en pleurs devant l'ange ; la lame entre les mains, rouge du sang de sa victime. A ses pieds le sang et les larmes se mêle dans une odeur saline devenue trop habituelle pour elle.
publié le 13/01/2007 à 16:19 par
sp0ken
Luminous tend le bras et prend le papier qu'il déplie entre ses doigts fins ; l'écriture est délicate et pleine de rondeur : l'écriture d'une jeune femme sensuelle et pleine de promesse. En substance le message indique qu'elle est partie pour régler une affaire urgente et qu'elle serait là ce soir, de plus l'appartement est libre d'usage pour lui. Un mot des plus banal mais qui dans les circonstances présentes semble quelque peu déplacé : elle ne le connaît que depuis la veille et, outre le fait qu'elle lui ait ouvert sa couche, lui propose d'utiliser son appartement comme bon lui semble. Décidément cette fille n'est pas normale mais cela lui plaît particulièrement, il faut dire en plus qu'elle recèle d'autres talents plus érotiques et que ce point est loin d'être négligeable pour lui.
Il se lève et se dirige vers la cuisine après avoir enfilé ses quelques habits qui trainaient autour du lit. Cette dernière est petite mais chaleureuse : des bocaux d'épices sont posés sur les étagères, de la farine est incrustée dans le plan de travail ; on sent que cette cuisine n'est pas là que pour épater les invités, elle sert à vivre. Une simple tranche d'emmental fera son petit-déjeuner et, tandis qu'il dévore celle-ci, la pointe de son stylo parcourt une feuille de papier et laisse sur son sillage les mots suivant : Ton hospitalité te fait honneur mais je ne peux rester pour l'instant, en revanche attends-toi à me revoir d'ici quelques jours. Après avoir fini sa tranche et laissé un billet sur le lit et quitte l'appartement ; il sait qu'il reverra ses lieux dans peu de temps mais pour l'instant il a autre chose à faire : suivre la piste des larmes.
Il erre dans la ville depuis des heures maintenant, les yeux aveuglés par les lumières de Noël, l'ouïe anesthésiée par les gamins hurlant et les mains insensibles à cause du froid régnant ici bas. Un couple passe devant en lui souriant Bonnes fêtes Monsieur ! Décidément les événements se ligue contre lui pour faire de cette journée la plus désagréable. Un enfant le double en courant et, en riant, lui jette une boule de neige. Alors que Luminous se prépare à le rattraper et lui infliger le sort qu'il mérite, il perçoit ce qu'il cherche depuis des heures : cette odeur saline si particulière mêlant le sang et les larmes. Humant avec un plaisir non dissimulé cette piste tant désirée, Il se lance à la poursuite de la chimère se situant au bout du chemin. A travers les rues bondées, les ruelles sombres et vides de toute vie ; traversant les foules, dense ou éparse, il se rend rapidement compte qu'il a déjà traversé la moitié de la ville et que la piste à toujours la même force.
Soit le gibier court aussi vite que lui, soit quelque chose cloche ; étrangement son esprit écarte aussi rapidement qu'elle est apparue la première idée : personne ne peut être aussi vif que lui, du moins personne d'ici. Alors que les doutes prennent place en lui et commencent leur discret travail de sape, une présence se meut derrière lui. Sombre et étouffante celle-ci s'approche de son oreille et susurre dans un chuchotement inquiétant : Que chasses-tu avec tant de hargne et de plaisir Humain ? Se retournant avec une lenteur conditionnée par la peur Luminous contemple enfin le but de sa chasse, une proie monstrueuse si vous voulez son avis à cet instant précis. Malgré la peur qui lui noue le ventre il trouve la force de faire bouger ses lèvres : Je pensais chasser l'humain mais il semblerait qu'il y ait plus fort que moi à ce jeu.[i] La présence se fait encore plus imposante et ténébreuse de telle sorte que l'espace et le temps se voient troublés alors que quelques instants auparavant rien n'aurait pu trahir cette présence; mis à part ce pénible sentiment de se sentir constamment observé. [i]Que le jeu commence alors ! Les mots résonnèrent avec fracas dans son esprit tandis que la présence s'efface.
Il se laisse tomber à terre et pour la première fois depuis des années il est celui qui pleure. Les larmes coulent à flot le long de son fin visage et viennent frapper les pavés de la rue après une chute interminable dans un air souillé par une âcre odeur de sang.
Pendant sa catatonie il n'a pu remarquer cette étrange femme aux cheveux argentés qui passait non loin de lui. Reprenant peu à peu conscience il sent alors cette effluve teinté de larmes et se relève instantanément. il est impossible que cela soit, pourtant il semble qu'ils soient deux, l'un ruisselant le sang et l'autre les larmes afin qu'au final leur trace soit celle du sel. Se précipitant sur les traces encore fraîche de sa proie, il traverse les même rues bondées et ruelles désertes pour se retrouver devant un grand bâtiment à l'aspect solennel comme tous les ouvrages aussi vieux que celui-ci. Résolu il entre dans l'immense bâtisse.
Il en a le souffle coupé net, il est en face d'un ange : les cheveux lui tombe en cascade sur ses épaules nues et viennent cachés ses seins, le corps est l'incarnation du nombre d'or tant il semble parfait, les yeux d'un bleu intense et profond cherchent un regard qui ne peut que se dérober devant tant de beauté. Impressionné par l'apparition Luminous se dérobe et fuit vers le couloir le plus proche, celui-ci mène vers une aile du bâtiment consacrée aux sculptures. Il traverse un champs de déesses figées pour l'éternité et condamnées à ne jamais pouvoir atteindre les héros leur faisant face qu'elles dévisagent avec envie. Plus loin un couple se voit interdit du baiser qu'il désire tant et les lèvres des amoureux restent à jamais éloignées d'un infranchissable centimètre.
Il arrive alors dans un grande pièce circulaire où trône au centre la sculpture d'un ange mortuaire les bras prêts à accueillir le fardeau d'un mort. La lumière paraît venir de tous les côtés à la fois de telle sorte que jamais une ombre ne passe sur le visage de ce messager. Un rôle qui devient plus vrai que nature quand les bras portent effectivement le fardeau d'un mort : une femme gît allongée sur le dos, la tête rejetée en arrière dans un macabre masque de regret. Le sang qui paraissait maculé la sculpture intentionnellement est finalement celui de la morte coulant de ses cuisses. Pris d'intuition Luminous s'approche de la femme, contourne la statue et contemple les cuisses de cette dernière. Alors que son chemisier baille grand ouvert laissant entrevoir une peau immaculée, la jupe qu'elle porte est remontée jusqu'au haut de ses cuisses et laisse entrevoir un message qui devient trop familier : [i]A THING of beauty is a joy for ever.[i] Comme précédemment l'air devient saturé d'émotions à en devenir irrespirable pour lui, titubant vers la sortie il repasse devant ce tableau où l'ange bienveillant le regarde de toute sa beauté.
Il sort chancelant du grand bâtiment et marche en aveugle enivré par le sang et les larmes qui émanent de ce lieu. Pendant de longues minutes il erre dans les rues froides et sombres de ce début de soirée d'hiver avant s'écrouler épuisé dans une ruelle. L'esprit embrumé il n'arrive plus à penser, seule cette image sordide d'une morte dans les bras d'un ange l'hante. Dans son souvenir il distingue parfaitement les émotions flottant légèrement dans la pièce emplissant l'atmosphère. Il sombre alors dans un sommeil sans rêves ni repos hanté par une présence qui l'étouffe et l'accable.
publié le 07/01/2007 à 20:31 par
sp0ken
Les flocons tombent lentement sur le trottoir, Séléné n'aime pas l'hiver : le jour est d'une durée ridicule et le froid insupportable. Pour les humain le froid est une excuse qu'on se donnent pour se rapprocher les uns des autres. Sentir l'haleine fétide et le corps d'un inconnu se pressant contre elle lui est insupportable. Pour couronner le tout cette période est l'apologie de la mauvaise foi et de l'hypocrisie où durant quelques jours tout le monde s'aime et s'offre des cadeaux alors que trois jours plus tard chacun médira sur son voisin et le traitera de mille noms. Non, vraiment l'hiver n'est pas fait pour elle et elle lui rend bien. Alors qu'elle réfléchit à tout cela, ses pas la conduisent le long de la rue principale dans la direction qu'Il lui a suggéré.
La porte de la demeure devant laquelle elle vient d'arriver est en bois et semble relativement ancienne, elle la pousse d'une main et entre dans le vestibule. C'est une maison comme on en trouve tellement dans la région, le salon est plutôt grand et est pourvu d'une cheminé où quelques bûches mourante peinent à chauffer la pièce. La photo d'un couple est posé au dessus de cette dernière, ils sont mignons avec leur sourire crispé et leur posture guindée. En arrivant dans la cuisine la première chose qu'elle remarque est la beauté de celle-ci et l'opulence qui s'en dégage : les meubles sont en bois précieux, la robinetterie en chrome scintillant et des pots d'épice emplit de parfum d'orient sont disposés sur les étagères. Puis en s'approchant elle ne peut s'empêcher de remarquer qu'aucune trace de graisse ou d'aliment ne vient tacher ce tableau parfait, rien n'indique qu'elle fut jamais utilisée. Évidemment la cuisine n'est qu'une façade pour ce couple, ils ne doivent sûrement pas faire la cuisine ou bien ils sont maniaques au possible de la propreté. Le rez-de-chaussée comprend aussi une salle de bain, là aussi, comme pour la cuisine, tout scintille et resplendit le neuf. A croire que cette maison ne sert qu'à recevoir des invités et à afficher la richesse de ses propriétaires, y avait-il seulement quelqu'un qui vivait dans cette demeure.
Allez, avance il est temps d'en finir. Il a raison, le bonheur suintant de ces murs/façade est insupportable, la fausse joie qui imprègne cette maison lui donne envie de vomir. Séléné s'approche de l'escalier elle entend une musique discrète s'échappant de l'étage, alors qu'elle gravit les marches la chanson se précise : Un chant de Noël. Comme c'est touchant ! La mélodie provient de la pièce la plus éloignée de l'escalier, ses pas n'émettent qu'un bruit étouffé sur la moquette tapissant le couloir ; la porte de la chambre est entrebâillée. Préférant vérifier les autres chambres elle se dirige vers les deux autres portes du couloir, la première donne sur ce qui semble être une chambre de nouveau-né : berceau, jouets et même papier peint bleu sur le mur, ils ont un garçon ou plus probablement en attendent-ils un. La seconde chambre est vraisemblablement celle d'une femme : un boudoir comprenant un grand miroir et des produits de maquillage trône dans la pièce, des rideaux tamisés et de nombreuses paires de chaussure confirme sa première impression. Le lit est à une place, il n'est pas improbable que le couple aussi ne soit aussi qu'une façade et que la femme ne dorme pas avec son mari. Rassuré par l'absence d'autre personne Séléné s'approche lentement de la chambre d'où émane la musique. Dans cette pièce aussi le lit est à une place, à la différence que quelqu'un l'utilise, un homme aux cheveux grisonnant semble dormir dessus. Il est encore habillé pour le travail : un pantalon sombre strict, un chemise blanche serrée au possible et un gilet assorti au pantalon. On dirait que la période de fête ne fut pas synonyme de repos pour lui. Mais qu'importe sans même le connaître, elle ne le supporte pas.
Rimbaud, la voix profonde et impérieuse résonne dans un coin de son crane lui imposant une volonté autre. Elle sort une fine lame et, alors que les larmes commencent à couler, s'incline au dessus de l'homme. Ce dernier se réveille et voit, penchée sur lui, une femme au long cheveux argentés, il lui semble qu'elle pleure mais son esprit embrumé a du mal à tout distinguer. Lentement la brume se disperse et il discerne alors tous les détails : cette femme à la peau diaphane tient entre ses doigts fins une lame tout aussi fine dont le reflet sur le fil ne trompe pas. L'homme commence à prendre conscience de la situation mais étrangement ne peut détacher son regard de cette femme et encore moins bouger. Il a l'impression qu'une présence pesante l'empêche de se débattre ou de se lever. Des larmes de peur lui viennent aux yeux et, dans un flou absolu, ne voit plus qu'une tache argentée où se mêle le reflet de la lame et de la chevelure argenté de sa meurtrière et les larmes de cette dernière.
Lorsqu'il sent les mains se poser sur sa chemise et la déboutonner il ne peut retenir un frisson, frisson qui reste et s'accentue alors qu'elle passe les mains sur son torse nu et s'attelle à défaire son pantalon. Alors qu'elle descend lentement le pantalon le long de ses jambes, le corps de l'homme ne peut s'empêcher de réagir et le sang d'affluer en son membre. La raison a quitté l'homme mais ses bas instincts sont restés. Une situation qui ne le quitte pas même lorsque la lame se pose sur sa cuisse. Séléné effectue de lente figure avec le fil de la lame puis elle regarde une dernière fois sa victime et l'instrument commence alors sa sinistre besogne. L'homme quitte ce monde à cet instant précis et la dernière vision de la vie qu'il eut est celle d'une femme terriblement belle pleurant au dessus de son corps.
Lentement elle ouvre les paupières ; la lumière du jour l'agresse et l'aveugle, où est-elle ? Doucement elle commence à percevoir son environnement immédiat : elle se trouve allongée sur le banc d'une église et la lumière qui l'aveugle est celle d'un vitrail représentant la vierge. Elle remarque alors cet homme intriguant qui la dévisage, il est pas mal !
publié le 07/01/2007 à 18:32 par
sp0ken
Luminous méprise foncièrement cette masse informe et incapable de réfléchir par soi-même qu'incarne l'humain de base mais ils sont nécessaires pour les prédateurs dont il fait partie. Cette réserve braillarde inconsciente de sa condition de gibier n'a qu'une vie de sursis avant de servir de mets de choix.
La foule se presse contre les portes du trains attendant que ces dernières s'ouvrent pour déferler sur le quais de la gare comme les grecs au pied de la forteresse Troyenne. Ça y est les portes viennent de s'ouvrir et comme attendu la vague déferle, indifférente à ceux qui sont tombés au champ d'honneur, elle piétine tout sur son passage. Définitivement Luminous les abhorre ; il descend quelques minutes plus tard du train et respire l'air de cette ville : il y sent la luxure, la jalousie, l'envie, la réussite, la déchéance et surtout le meurtre. Oui ! Le meurtre, cette odeur musquée si particulière : un mélange de peur, de délectation et parfois de sexe. Une odeur qui inlassablement suit les populations, là où est l'humain est le meurtre. En y regardant de plus près cette odeur semble en ces lieux emplit de tristesse, une légère odeur saline rappelant les larmes parfume l'effluve émanant du centre-ville. Il marche sous les immenses arches métallique soutenant le toit de verre de la gare vers la sortie, les volatiles habitant la toiture se massent les uns contre les autres afin de trouver un once de chaleur et, qui sait, de réconfort. Et dans la gare les humains les imite. Le faible soleil hivernal éclaire à peine les rues grisâtres et enneigées où les enfants surexcités par les fêtes courent autour de leur parents rayonnant de joie ; on pourrait presque croire à première vue qu'ils sont heureux mais chacun sait que tout cela ne rime à rien et que personne ne croit une seconde en cette supercherie. Mais la culture veut cela, Noël est une période de joie où qu'importe les véritables sentiments des gens il faut être et paraître joyeux. Peut-être que ce mari en train d'embrasser son épouse sur le trottoir ne rêve que d'une chose : s'enfuir loin de tout ça, et la femme ? Rêve t-elle à son prince charmant ? Luminous emprunte le boulevard en direction de son nouveau chez lui.
Douce nuit, sainte nuit !
Dans les cieux ! L'astre luit.
Le mystère annoncé s'accomplit
Cet enfant sur la paille endormi,
C'est l'amour infini !
Fichus gosses chantant ces insupportables chant de Noël, un jour il faudra vraiment leur interdire de chanter cette ignominie.
La porte est ouverte et de la musique lointaine s'échappe par filet de la maison, il pousse doucement la porte d'entrée et pénètre dans la maison. Le rez-de-chaussée semble vide : la belle cuisine est sans vie, la salle de bain silencieuse et toutes les lumières éteintes. Il monte pas à pas l'escalier menant à l'étage ; la chambre du fond, d'où s'échappe la musique est grande ouverte. En entrant dans la pièce, il est agressé par une odeur de tristesse si grande que les larmes pourraient presque lui venir aux yeux. L'homme qui devait l'héberger s'appelait Camille et gît nu et mort sur son lit. Pour être précis il est allongé sur le dos arborant sur son visage froid et rigide une étrange expression de nostalgie. Ses vêtements sont éparpillés dans la pièce laissant à penser qu'il était pressé à ce moment précis mais le plus étonnant reste les stigmates qu'il porte : sur l'intérieur de sa cuisse est gravé : Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Le sang a légèrement coulé le long de sa jambe et sur les draps formant une tache brunâtre, Luminous passe un doigt sur celle-ci, sur le cadavre puis hume l'air ; deux heures, il n'est mort que depuis deux foutues petites heures. Sur le bureau qui trône dans un coin de la pièce il aperçoit la photo d'un couple qui semble être celui habitant cette demeure. En plus il lui avait menti, il n'était pas divorcé et seul comme il l'a prétendu mais bel et bien marié comme tout bon samaritain. Écoeuré à la fois par la scène grotesque qui s'offre à lui et par le mensonge qui hante entièrement cette maison il sort de cette pièce et marche sans réfléchir dans les rues inhospitalières.
Alors qu'il repense à ce qu'il s'est passé plus tôt et à ce qu'il devrait faire : doit-il trouver quelqu'un autre ou dormir dans un hôtel, il se retrouve devant le porche d'une église. Amusé par la situation il pousse doucement la porte qui, grinçante, s'ouvre sur une très belle église d'inspiration gothique où d'immenses arc-boutant se rejoignent en clef de voute à plus d'une dizaine de mètres au dessus du dévot. Les immenses vitraux illuminent l'espace des scènes de la bible et les cierges par centaines diffusent une lumière tremblotante sur les fresques ornant les murs. Mais Luminous est captivé par une autre forme de beauté que l'opulence de ce lieu : la lumière du crépuscule illumine à travers un vitrail une jeune femme allongée sur un banc; cette divine créature semble dormir sur un oreiller argenté. Lentement il s'approche d'elle et l'observe profitant de la faiblesse induite par son sommeil : elle est jeune, une vingtaine d'année, de grand yeux où doit s'exprimer une gamme complète d'émotion et surtout de très long cheveux argentés. Fasciné par cette femme Luminous ne remarque que tardivement qu'elle s'est éveillée et le dévisage à son tour, sans prononcer un mot elle se lève et l'entraine avec elle.
Durant leur marche il n'apprend presque rien d'elle : ni son nom, ni son prénom ; il sait juste qu'elle a vingt-quatre ans et qu'elle ne sait pas comment elle s'est retrouvé dans l'église. Elle l'emmène en périphérie de la ville là où les bâtiments n'ont été construit que pour pallier au manque de logement après une vague massive d'immigration, il n'y trouve aucun sens architectural et encore moins artistique. Ils se retrouvent devant un immeuble à la façade décrépie de quatre étages, elle lui ouvre la porte tout en l'invitant à entrer. L'intérieur est à l'image de l'extérieur : vieux et nécessitant un bon rafraichissement mais encore fonctionnel. Gravissant les trois étages en toute vitesse, Luminous et sa mystérieuse compagne se retrouvent dans un petit appartement sobrement décoré sans pour autant être morne. Sa délicieuse compagne s'éclipse dans sa chambre et la porte se ferme ; quelques minutes plus tard la porte s'ouvre timidement et il pénètre dans une chambre chaleureuse à la lumière tamisée. Sur le lit point de cadavre mais une superbe jeune femme nue aux seins fermes et plein de promesses, il se déshabille calmement et s'allonge aux côtés de cette nymphe. Après quelques heures où les chaires et les fluides se sont mêlées dans des ébats mouvementés, il s'endort la mains sur le sein de sa compagne tandis que celle-ci pose sa tête sur son torse.
Le lendemain matin il se réveille seul dans le grand lit et seul un petit mot sur la table de nuit lui indique ce qu'il est advenu de sa sylphide.
publié le 07/01/2007 à 15:45 par
sp0ken
“Ahhhh !” Encore ce rêve, la troisième nuit déjà que je me réveillais en sursaut en ne gardant de mon rêve qu’une impression de terreur absolue et une fatigue immense. L’imposante horloge affichait 6h30 et la ville s’éveillait en même temps que moi tandis que les première lueurs de l’aube commençaient à poindre. Cette cité était depuis quelque temps le théâtre d'évènements étranges : les rues vides de toutes présence, l'atmosphère étouffée et silencieuse. Si aux yeux d’un étranger je pouvais paraître fatigué voire exténué, je passais pour un athlète survolté en comparaison des habitants.
C’est dans ce contexte très particulier qu’Il arriva. J’avais passé une annonce afin de trouver rapidement un colocataire pour que les murs de la demeure, qui est maintenant mienne, soient plus remplis. Il est vrai que les considérations financières entraient aussi en jeu ; quoiqu’il en soit c’est en début de soirée qu’Il se présenta à ma porte. Ce soir-là Il arborait une chemise blanche accompagné d’un simple veston noir, toutefois son habillement marquait moins que sa prestance. D'ailleurs ma première impression fut un subtil mélange d’attirance et de répulsion que moi-même je ne pus expliquer. Il se présenta comme étant un artiste pluridisciplinaire dont l’occupation changeait aussi aisément que peut le faire la mode de nos jours. Habituellement je ne dénigre jamais un métier mais il est vrai que je m’inquiétais de la question pécuniaire après qu'il m'eut présenté ses activités. Ce à quoi Il me garantit qu’il n’y aurait aucun problème et me versa deux loyers d’avance pour appuyer ses propos. Et c’est ainsi que mon nouveau colocataire emménagea et que ma vie prit un tournant pour le moins inattendu.
Le premier mois de cette cohabitation se déroula de façon fluide et presque inintéressante ; pour tout dire je ne croisais mon colocataire que sporadiquement. Ce dernier travaillant de préférence la nuit et moi le jour, les rencontres étaient rares et souvent brèves. J'appris au cours de ces rapides échanges qu’Il venait d’Europe où Il avait passé la majeure partie de son enfance avant une pénible journée de mai où sa famille fut décimée par l'épidémie ravageant le pays. J'appris aussi que son occupation du moment était l’écriture : Il oscillait entre roman et poésie. A ma question sur son mode de vie plutôt nocturne Il me répondit qu’en comparaison avec le jour la nuit offre plaisirs et distractions insoupçonnés aux yeux des communs. Toutefois il éludait nombre de questions plus personnel par un simple sourire. Assez régulièrement son lit et son corps goûtaient aux plaisirs des formes de belles jeunes filles, et je comprenais aisément ces dernières : avec Son visage fin à la peau diaphane, qui rehaussait l’éclat de ses yeux bleus, et ses longs cheveux blancs Il avait de quoi séduire le diable lui-même. Néanmoins quelque chose me dérangeait depuis notre rencontre et je n’arrivais pas à savoir quoi?
Fait étrange mais remarquable depuis qu’Il avait emménagé dans la maison mes cauchemars s’étaient évanouis me laissant des nuits calmes et reposantes mais vide de rêveries. Un soir alors qu’Il venait de se lever d’une nuit qui avait du être exténuante Il vint me voir et m’annonça son départ le lendemain matin et son absence pour une durée d’une semaine. Évidemment je n’y voyais aucun inconvénient et n’avait d’ailleurs aucune remarque à faire sur sa vie privée. Il partit comme prévu le lendemain soir en me disant que tout irait bien que je n'avais pas à m'inquiéter. Sur l'instant je fus intrigué par ses déclarations incongrues mais n’y fit finalement que peu attention.
“Ahhhhhhhhh !” Non ! S’il vous plait pas ça, pas à nouveau. Alors que je croyais m’être débarrassé de cette affliction pour toujours, la voila qui revenait plus violente qu'auparavant.
Au fil des jours et au fur et à mesure que mes cauchemars devenaient de plus en plus harassant, je pris conscience qu’Il me manquait. Pas dans le sens où sa discussion me manquait, sa présence me manquait physiquement. Je ressentais en moi un besoin effréné de le voir, à tel point que petit à petit je perdis goût à la vie. Trois jours avaient passé et déjà je ne sortais plus de chez moi, ne sortant de mon lit que pour pour soulager un besoin naturel trop longtemps contenu. J’avais perdu quinze kilos et n’était plus que l’ombre de moi-même, un être décharné errant dans les couloirs vides et silencieux de Sa demeure.
Le sixième jour alors que l’espoir reprenait pied en moi et que l’idée de Le revoir m’emplissait d’une joie indicible je reçu un message de Sa part disant en substance qu’Il ne pourrait revenir que la semaine prochaine suite à un imprévu personnel et qu'il en était navré. La dernière phrase de la lettre disait ceci : Très cher, ne perdez pas espoir accrochez-vous . Tout ceci n'est qu'une épreuve à passer, courage !. Malgré ses mots encourageant je chus, le miroir en face de moi se brisa répandant tessons de verre et bris de métaux à mes pieds. Je me dirigeais vers ma chambre insensible au verre qui me déchirait les chairs. M’endormant d’un sommeil ni conseiller ni réparateur je ne frémissais même plus à l’idée de devoir rêver et affronter mes cauchemars une nouvelle fois car je savais qu’il s’agirait de la dernière.
Lorsqu’Il arriva devant le perron Il savait que son oeuvre était accomplie. Comme prévu Il découvrit le corps dans la chambre au premier étage et comme les précédents ce dernier aussi souriait. Il se dévêtit et s’allongea près du corps depuis longtemps froid et rigide. A Son réveil Il contempla dans la glace les traits d’un jeune homme brun aux yeux noisettes.
Et Lui aussi sourit.
publié le 07/01/2007 à 15:42 par
sp0ken