“Ahhhh !” Encore ce rêve, la troisième nuit déjà que je me réveillais en sursaut en ne gardant de mon rêve qu’une impression de terreur absolue et une fatigue immense. L’imposante horloge affichait 6h30 et la ville s’éveillait en même temps que moi tandis que les première lueurs de l’aube commençaient à poindre. Cette cité était depuis quelque temps le théâtre d'évènements étranges : les rues vides de toutes présence, l'atmosphère étouffée et silencieuse. Si aux yeux d’un étranger je pouvais paraître fatigué voire exténué, je passais pour un athlète survolté en comparaison des habitants.
C’est dans ce contexte très particulier qu’Il arriva. J’avais passé une annonce afin de trouver rapidement un colocataire pour que les murs de la demeure, qui est maintenant mienne, soient plus remplis. Il est vrai que les considérations financières entraient aussi en jeu ; quoiqu’il en soit c’est en début de soirée qu’Il se présenta à ma porte. Ce soir-là Il arborait une chemise blanche accompagné d’un simple veston noir, toutefois son habillement marquait moins que sa prestance. D'ailleurs ma première impression fut un subtil mélange d’attirance et de répulsion que moi-même je ne pus expliquer. Il se présenta comme étant un artiste pluridisciplinaire dont l’occupation changeait aussi aisément que peut le faire la mode de nos jours. Habituellement je ne dénigre jamais un métier mais il est vrai que je m’inquiétais de la question pécuniaire après qu'il m'eut présenté ses activités. Ce à quoi Il me garantit qu’il n’y aurait aucun problème et me versa deux loyers d’avance pour appuyer ses propos. Et c’est ainsi que mon nouveau colocataire emménagea et que ma vie prit un tournant pour le moins inattendu.
Le premier mois de cette cohabitation se déroula de façon fluide et presque inintéressante ; pour tout dire je ne croisais mon colocataire que sporadiquement. Ce dernier travaillant de préférence la nuit et moi le jour, les rencontres étaient rares et souvent brèves. J'appris au cours de ces rapides échanges qu’Il venait d’Europe où Il avait passé la majeure partie de son enfance avant une pénible journée de mai où sa famille fut décimée par l'épidémie ravageant le pays. J'appris aussi que son occupation du moment était l’écriture : Il oscillait entre roman et poésie. A ma question sur son mode de vie plutôt nocturne Il me répondit qu’en comparaison avec le jour la nuit offre plaisirs et distractions insoupçonnés aux yeux des communs. Toutefois il éludait nombre de questions plus personnel par un simple sourire. Assez régulièrement son lit et son corps goûtaient aux plaisirs des formes de belles jeunes filles, et je comprenais aisément ces dernières : avec Son visage fin à la peau diaphane, qui rehaussait l’éclat de ses yeux bleus, et ses longs cheveux blancs Il avait de quoi séduire le diable lui-même. Néanmoins quelque chose me dérangeait depuis notre rencontre et je n’arrivais pas à savoir quoi?
Fait étrange mais remarquable depuis qu’Il avait emménagé dans la maison mes cauchemars s’étaient évanouis me laissant des nuits calmes et reposantes mais vide de rêveries. Un soir alors qu’Il venait de se lever d’une nuit qui avait du être exténuante Il vint me voir et m’annonça son départ le lendemain matin et son absence pour une durée d’une semaine. Évidemment je n’y voyais aucun inconvénient et n’avait d’ailleurs aucune remarque à faire sur sa vie privée. Il partit comme prévu le lendemain soir en me disant que tout irait bien que je n'avais pas à m'inquiéter. Sur l'instant je fus intrigué par ses déclarations incongrues mais n’y fit finalement que peu attention.
“Ahhhhhhhhh !” Non ! S’il vous plait pas ça, pas à nouveau. Alors que je croyais m’être débarrassé de cette affliction pour toujours, la voila qui revenait plus violente qu'auparavant.
Au fil des jours et au fur et à mesure que mes cauchemars devenaient de plus en plus harassant, je pris conscience qu’Il me manquait. Pas dans le sens où sa discussion me manquait, sa présence me manquait physiquement. Je ressentais en moi un besoin effréné de le voir, à tel point que petit à petit je perdis goût à la vie. Trois jours avaient passé et déjà je ne sortais plus de chez moi, ne sortant de mon lit que pour pour soulager un besoin naturel trop longtemps contenu. J’avais perdu quinze kilos et n’était plus que l’ombre de moi-même, un être décharné errant dans les couloirs vides et silencieux de Sa demeure.
Le sixième jour alors que l’espoir reprenait pied en moi et que l’idée de Le revoir m’emplissait d’une joie indicible je reçu un message de Sa part disant en substance qu’Il ne pourrait revenir que la semaine prochaine suite à un imprévu personnel et qu'il en était navré. La dernière phrase de la lettre disait ceci : Très cher, ne perdez pas espoir accrochez-vous . Tout ceci n'est qu'une épreuve à passer, courage !. Malgré ses mots encourageant je chus, le miroir en face de moi se brisa répandant tessons de verre et bris de métaux à mes pieds. Je me dirigeais vers ma chambre insensible au verre qui me déchirait les chairs. M’endormant d’un sommeil ni conseiller ni réparateur je ne frémissais même plus à l’idée de devoir rêver et affronter mes cauchemars une nouvelle fois car je savais qu’il s’agirait de la dernière.
Lorsqu’Il arriva devant le perron Il savait que son oeuvre était accomplie. Comme prévu Il découvrit le corps dans la chambre au premier étage et comme les précédents ce dernier aussi souriait. Il se dévêtit et s’allongea près du corps depuis longtemps froid et rigide. A Son réveil Il contempla dans la glace les traits d’un jeune homme brun aux yeux noisettes.
Et Lui aussi sourit.

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posted the 01/07/2007 at 03:42 PM by
sp0ken
Je vais aussi m'esssayer à publier mon ecriture sur mon blog mais c tro cho donc bon courage deja tu arrive a ecrire et publier ton oeuvre.
Le début n'est pas du même style que la fin car je ne partais pas pour cette fin à la base et j'ai changé en cours de route donc ça se ressent un peu. Pour la fin le fait d'être ellusif est totalement assumé.
Et profite du site pour publier tu n'as rien à perdre.
j'écris un roman mais je ne le publies pas car les chapitres sont trop longs... bref ! tu as un style très particulier mais intéressant ^^
j'aime beaucoup la fin de l'ouverture qui donne un certain mystère et qui donne envie de savoir la suite