Luminous méprise foncièrement cette masse informe et incapable de réfléchir par soi-même qu'incarne l'humain de base mais ils sont nécessaires pour les prédateurs dont il fait partie. Cette réserve braillarde inconsciente de sa condition de gibier n'a qu'une vie de sursis avant de servir de mets de choix.
La foule se presse contre les portes du trains attendant que ces dernières s'ouvrent pour déferler sur le quais de la gare comme les grecs au pied de la forteresse Troyenne. Ça y est les portes viennent de s'ouvrir et comme attendu la vague déferle, indifférente à ceux qui sont tombés au champ d'honneur, elle piétine tout sur son passage. Définitivement Luminous les abhorre ; il descend quelques minutes plus tard du train et respire l'air de cette ville : il y sent la luxure, la jalousie, l'envie, la réussite, la déchéance et surtout le meurtre. Oui ! Le meurtre, cette odeur musquée si particulière : un mélange de peur, de délectation et parfois de sexe. Une odeur qui inlassablement suit les populations, là où est l'humain est le meurtre. En y regardant de plus près cette odeur semble en ces lieux emplit de tristesse, une légère odeur saline rappelant les larmes parfume l'effluve émanant du centre-ville. Il marche sous les immenses arches métallique soutenant le toit de verre de la gare vers la sortie, les volatiles habitant la toiture se massent les uns contre les autres afin de trouver un once de chaleur et, qui sait, de réconfort. Et dans la gare les humains les imite. Le faible soleil hivernal éclaire à peine les rues grisâtres et enneigées où les enfants surexcités par les fêtes courent autour de leur parents rayonnant de joie ; on pourrait presque croire à première vue qu'ils sont heureux mais chacun sait que tout cela ne rime à rien et que personne ne croit une seconde en cette supercherie. Mais la culture veut cela, Noël est une période de joie où qu'importe les véritables sentiments des gens il faut être et paraître joyeux. Peut-être que ce mari en train d'embrasser son épouse sur le trottoir ne rêve que d'une chose : s'enfuir loin de tout ça, et la femme ? Rêve t-elle à son prince charmant ? Luminous emprunte le boulevard en direction de son nouveau chez lui.
Douce nuit, sainte nuit !
Dans les cieux ! L'astre luit.
Le mystère annoncé s'accomplit
Cet enfant sur la paille endormi,
C'est l'amour infini !
Fichus gosses chantant ces insupportables chant de Noël, un jour il faudra vraiment leur interdire de chanter cette ignominie.
La porte est ouverte et de la musique lointaine s'échappe par filet de la maison, il pousse doucement la porte d'entrée et pénètre dans la maison. Le rez-de-chaussée semble vide : la belle cuisine est sans vie, la salle de bain silencieuse et toutes les lumières éteintes. Il monte pas à pas l'escalier menant à l'étage ; la chambre du fond, d'où s'échappe la musique est grande ouverte. En entrant dans la pièce, il est agressé par une odeur de tristesse si grande que les larmes pourraient presque lui venir aux yeux. L'homme qui devait l'héberger s'appelait Camille et gît nu et mort sur son lit. Pour être précis il est allongé sur le dos arborant sur son visage froid et rigide une étrange expression de nostalgie. Ses vêtements sont éparpillés dans la pièce laissant à penser qu'il était pressé à ce moment précis mais le plus étonnant reste les stigmates qu'il porte : sur l'intérieur de sa cuisse est gravé : Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Le sang a légèrement coulé le long de sa jambe et sur les draps formant une tache brunâtre, Luminous passe un doigt sur celle-ci, sur le cadavre puis hume l'air ; deux heures, il n'est mort que depuis deux foutues petites heures. Sur le bureau qui trône dans un coin de la pièce il aperçoit la photo d'un couple qui semble être celui habitant cette demeure. En plus il lui avait menti, il n'était pas divorcé et seul comme il l'a prétendu mais bel et bien marié comme tout bon samaritain. Écoeuré à la fois par la scène grotesque qui s'offre à lui et par le mensonge qui hante entièrement cette maison il sort de cette pièce et marche sans réfléchir dans les rues inhospitalières.
Alors qu'il repense à ce qu'il s'est passé plus tôt et à ce qu'il devrait faire : doit-il trouver quelqu'un autre ou dormir dans un hôtel, il se retrouve devant le porche d'une église. Amusé par la situation il pousse doucement la porte qui, grinçante, s'ouvre sur une très belle église d'inspiration gothique où d'immenses arc-boutant se rejoignent en clef de voute à plus d'une dizaine de mètres au dessus du dévot. Les immenses vitraux illuminent l'espace des scènes de la bible et les cierges par centaines diffusent une lumière tremblotante sur les fresques ornant les murs. Mais Luminous est captivé par une autre forme de beauté que l'opulence de ce lieu : la lumière du crépuscule illumine à travers un vitrail une jeune femme allongée sur un banc; cette divine créature semble dormir sur un oreiller argenté. Lentement il s'approche d'elle et l'observe profitant de la faiblesse induite par son sommeil : elle est jeune, une vingtaine d'année, de grand yeux où doit s'exprimer une gamme complète d'émotion et surtout de très long cheveux argentés. Fasciné par cette femme Luminous ne remarque que tardivement qu'elle s'est éveillée et le dévisage à son tour, sans prononcer un mot elle se lève et l'entraine avec elle.
Durant leur marche il n'apprend presque rien d'elle : ni son nom, ni son prénom ; il sait juste qu'elle a vingt-quatre ans et qu'elle ne sait pas comment elle s'est retrouvé dans l'église. Elle l'emmène en périphérie de la ville là où les bâtiments n'ont été construit que pour pallier au manque de logement après une vague massive d'immigration, il n'y trouve aucun sens architectural et encore moins artistique. Ils se retrouvent devant un immeuble à la façade décrépie de quatre étages, elle lui ouvre la porte tout en l'invitant à entrer. L'intérieur est à l'image de l'extérieur : vieux et nécessitant un bon rafraichissement mais encore fonctionnel. Gravissant les trois étages en toute vitesse, Luminous et sa mystérieuse compagne se retrouvent dans un petit appartement sobrement décoré sans pour autant être morne. Sa délicieuse compagne s'éclipse dans sa chambre et la porte se ferme ; quelques minutes plus tard la porte s'ouvre timidement et il pénètre dans une chambre chaleureuse à la lumière tamisée. Sur le lit point de cadavre mais une superbe jeune femme nue aux seins fermes et plein de promesses, il se déshabille calmement et s'allonge aux côtés de cette nymphe. Après quelques heures où les chaires et les fluides se sont mêlées dans des ébats mouvementés, il s'endort la mains sur le sein de sa compagne tandis que celle-ci pose sa tête sur son torse.
Le lendemain matin il se réveille seul dans le grand lit et seul un petit mot sur la table de nuit lui indique ce qu'il est advenu de sa sylphide.

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posted the 01/07/2007 at 03:45 PM by
sp0ken
tu devrai nous en dire plus sur ki est luminous, car tu ne peux garder un lecteur en restant aussi vague sur le perso principal