Six mois avant la sortie de la Playstation 3, le constructeur annonce les détails du lancement : la console sortira le 17 novembre en Europe, en deux versions coûtant 499 et 599 euros (style Xbox 360), avec un service en ligne communautaire (style Xbox Live) et une « nouvelle » manette Dual Shock gyroscopique (style Wii). De leader du marché, Sony semble désormais être passé en position de suiveur.
Les quelques minutes consacrées à la PSP (nombre de machines livrées dans le monde, upgrades à venir ) n'ont pas fait illusion longtemps. A quelques mois seulement de la sortie de la machine, le plat de résistance de la conférence pré-E3 de Sony était bien évidemment la Playstation 3, la console en « vraie haute définition » selon le constructeur, celle-ci étant capable d'afficher des résolutions allant jusqu'au 1080p, le maximum actuel.
Après le gigantesque flou de l'E3 2005 (Temps réel ? Rendus conceptuels ? Cinématiques conçues avec le moteur du jeu ?), on a ainsi été rassurés sur les capacités graphiques de la machine. Sony a proposé cette fois de vraies démonstrations jouables (quelques kiosques étaient d'ailleurs disponibles pour le public) et le résultat, même s'il n'est pas pas toujours parfait et pas tout à fait au niveau des vidéos diffusées l'année dernière, est souvent spectaculaire. En particulier, ce sont les arrières-plans et les décors qui semblent désormais prendre vie, quand ces derniers ne font pas soudainement irruption dans l'espace de jeu. Les adversaires perchés sur les gradins de Heavenly Sword, par exemple, finissent par sauter dans l'arène et confronter le joueur. Dans une version prototype de Gran Turismo « HD », ce sont les spectateurs, des vrais seconds rôles, qui quittent occasionnellement les bas-côtés pour s'aventurer sur la piste de rallye.
C'est du côté du gameplay que l'on est un peu moins rassurés. Evidemment, tout dépend de la définition que l'on donne au terme. Pour Electronic Arts, invité spécial de la conférence, la Playstation 3 « améliore le gameplay parce que [le jeu] n'a jamais paru aussi réel ». Pour notre part, on remarquera que Heavenly Sword, tout spectaculaire qu'il soit, semble surtout s'imposer comme un clone de God of War, complet avec prises aériennes et séquences de touches pour effectuer telle ou telle « fatalité ». Warhawk, lui, ravive les souvenirs des jeux style Crimson Skies. Graphismes mis à part, on a en fait l'impression que tous ces titres auraient très bien pu voir le jour sur Playstation 2.
Mais il y a la nouvelle manette Playstation 3. Vers la fin de la conférence, Ken Kutaragi annonce qu'il reste encore « un secret » à dévoiler et sort de la poche intérieure de son veston une manette Dual Shock PS2. Confusion ; le public croit à une plaisanterie. Phil Harrison rejoint alors le PDG de Sony Computer Entertainment sur scène ; on attend alors la vraie révélation. Et en fait non. Le « boomerang » qui avait fait sensation à l'E3 2005 est bel et bien remplacé par la bonne vieille manette Dual Shock. Pourquoi avoir changé ? « [Ce que nous avions présenté l'année dernière] n'était qu'un prototype, un concept, » insiste Kutaragi, interrogé par nos soins peu après la conférence. Il concède que le « boomerang » ne tenait pas bien en mains et que les retours parfois franchement hostiles des joueurs ont, en partie, décidé le constructeur à réviser sa copie. Mais c'est surtout la popularité de l'accessoire qui a fait pencher définitivement la balance. Le Dual Shock, selon Sony, s'est imposé comme « un standard ». En clair : il est plus facile de courtiser le grand public quand on lui propose quelque chose de familier. Un discours très similaire à celui de Nintendo, qui a choisi de s'inspirer du design classique d'une télécommande pour sa prochaine console. La nouvelle manette Playstation 3 est d'ailleurs équipée d'un gyroscope. On peut la pencher dans tous les sens, ou la faire monter et descendre, pour obtenir un résultat à l'écran. Toute ressemblance avec les expériences de la Wii serait bien entendu fortuite
Kaz Hirai, PDG de Sony Etats-Unis, a gardé le meilleur pour la fin : les détails du lancement Playstation 3. On ne les attendait pas si tôt mais le constructeur semble avide de défi. Le lancement sera 100% simultané aux Etats-Unis et en Europe, le 17 novembre prochain. Le Japon, lui, sera servi une semaine plus tôt seulement, le 11. Sony espère livrer pas moins de deux millions de consoles dans le monde entier pour le lancement (selon des chiffres non officiels, Microsoft avait livré moins d'un million de Xbox 360), quatre millions d'ici la fin 2006, six millions d'ici le 31 mars 2007. A l'instar de la stratégie Microsoft, deux configurations seront disponibles : avec un disque dur intégré de 20 Go, pour 499 euros, et avec un disque dur de 60 Go, pour 599 euros. Le positionnement est d'une logique implacable. C'est 100 euros plus cher que le prix actuel d'une Xbox 360 à capacité de disque dur égale, mais avec un lecteur Blu-Ray. Qui plus est, cela fait des mois qu'analystes et commentateurs font circuler le chiffre magique des 500. Pas vraiment une surprise donc.
La surprise, en fait, c'est d'en avoir appris aussi peu sur le futur service en ligne Playstation. On a pu happer les mots « communauté », « gratuit » (sans toutefois savoir qu'est ce qui sera gratuit) et « micro-transactions », payables grâce à une « Playstation Card ». On a même pu voir un exemple assez neutre d'interface, finalement assez proche de celle du Xbox Live. Service en ligne communautaire, gyroscope intégré, console déclinée en deux versions... Ce que l'on retiendra surtout de cette conférence, c'est l'image d'un leader du marché conservateur, voire frileux. Mais un leader clairement attentif aux développements effectués chez les concurrents et qui, du coup, se retrouve quasiment en position de suiveur. Le constructeur semble se reposer sur ses atouts technologiques (graphismes, lecteur Blu-Ray, processeur CELL...) pour séduire les futurs acheteurs. Mais alors que Nintendo et Microsoft montent à l'assaut de la montagne Sony couteaux aux dents, la bataille risque d'être plus serrée que prévu.