...de la prochaine génération.
Cela fait un mois, depuis les trois conférences des constructeurs à l'E3 dernier en fait, que les pages des magazines en ligne et les forums sont chauffés à blanc. Sujet : les consoles de prochaine génération. Les promesses de la PS3 sont-elles réalistes ? La Revolution a-t-elle une chance ? Quelle machine est la plus puissante ? Qui a raison et qui a tort ? Un débat permanent agitant aussi bien les joueurs que les plus hautes sphères de l'industrie, alimenté quasiment tous les jours par un énième éditorial, un sondage inédit, ou des déclarations toujours plus fracassantes de tel ou tel constructeur.
Heureusement, les analystes sont là. Leurs idées valent de l'or (ou au moins, quelques milliers de dollars) et certains n'hésiteraient pas à miser toute leur collection de cassettes Amstrad CPC sur leurs spéculations de premier choix. Bien sûr, les erreurs de calcul sont toujours possibles. Mais ça, à la rigueur, on s'en tape. Ce qui nous intéresse, ce sont les prises de position audacieuses, les prédictions folles à l'argumentation imparable. Et dans un rapport sur la nouvelle génération de consoles publié récemment, la firme DFC Intelligence, spécialisée dans l'étude de marché stratégique, accouche de quelques théories intéressantes.
Commençons avec le débat classique Xbox 360 / Playstation 3. D'un côté, il y a les ambitions (parfois démesurément comiques) affichées par Microsoft. A grands coups de discours motivationnels de stade - c'est nous les meilleurs ! - et de marketing rouleau-compresseur, la compagnie entend bien faire savoir qu'elle veut devenir plus grosse que Sony. De l'autre, il y a la PS3, une machine qui, de l'avis général, sera probablement technologiquement supérieure à sa concurrente directe. Mais la technique n'est pas un argument recevable, affirme le rapport. En se concentrant sur des aspects spécifiques de l'architecture matérielle (les calculs en entiers, par exemple), on peut facilement produire des graphiques comparatifs à l'avantage de telle ou telle machine. Les jeux, en revanche, pèsent autrement plus lourd dans la balance. Et en sortant la machine à Noël prochain, bien avant les concurrents, Microsoft s'apprêterait effectivement à marquer des points importants. En démarrant avant les autres, la Xbox 360 aura le temps de se constituer ce portfolio logiciel crucial constituant la seule et unique raison pour laquelle les consommateurs choisissent une machine, avance ainsi DFC.
En revanche, le domaine dans lequel Sony pourrait reprendre l'avantage, explique l'article, concerne le support de la génération actuelle. A l'E3, Sony présentait toutes sortes de jeux pour la Playstation 2. […] La machine semblait très bien fournie jusqu'à 2006, au moins. Chez Microsoft, il ne semblait y en avoir que pour la Xbox 360. Apparemment, Jade Empire et Forza Motorsport seront les derniers gros titres exclusifs de la console. Car si les hardcore gamers se précipitent généralement sur les nouvelles machines, la grande majorité des joueurs, elle, préfère sagement attendre avant de changer de matériel. Dans ces conditions, continuer à supporter une plate-forme d'ancienne génération, c'est plus qu'adoucir la transition pour les consommateurs, c'est également transmettre l'idée que la nouvelle version de la machine sera un investissement profitable. Si les joueurs voient Microsoft ignorer la Xbox au profit de la 360 alors que la Playstation 2 continue à disposer de titres exclusifs excitants, ça pose problème. Sachant que beaucoup de possesseurs de Xbox ont également une PS2, cela devient également un vrai duel. Si un consommateur se retrouve soudainement à jouer tout le temps à la Playstation 2 alors que la Xbox prend la poussière, que croyez-vous qu'ils achèteront quand le moment sera venu de changer ? Xbox 360 ou Playstation 3 ?
Pour DFC, ce passage brutal à une nouvelle génération de machine représenterait l'une des raisons pour lesquelles la Gamecube s'est finalement imposée comme une déception énorme. Mais malgré ce constat sévère, la société estime néanmoins que les chances de la Revolution sont bonnes. D'abord parce que Nintendo a maintes fois prouvé son savoir-faire dès qu'il s'agit de concocter des super hits (voir la longue queue menant au stand Zelda à l'E3 ou le récent succès de Nintendogs au Japon). Le rapport souligne également l'émergence des Papas Nintendo, des joueurs adultes et désormais parents qui se sont fait les dents sur la NES étant jeunes. Selon l'institut, cette frange grandissante du public serait susceptible d'acquérir la Revolution pour deux raisons : l'image famille de la marque (pour les enfants, donc) et le concept de console virtuelle permettant de rejouer aux anciens titres Nintendo. On ne s'étonnera donc pas de voir le constructeur jouer facilement la carte de la nostalgie et de l'historique. D'autant plus que ça marche : selon un sondage publié par Famitsu, les japonais se déclarent actuellement plus intéressés par la Revolution que par toutes les autres consoles, justement grâce à cette super fonction de rétro-compatibilité (voir l'article Japon : le vote next gen).
Le résultat ? Tous les facteurs pris en compte, DFC prédit une érosion de la popularité de la Playstation, qui devrait néanmoins rester leader avec, au mieux, 50% de parts de marché. Pour information, la PS2 en détient actuellement 70%. Derrière, on trouve la Xbox 360 (40% de parts, au mieux) et la Revolution (35% de parts, au mieux). Bien sûr, il s'agit là de projections individuelles, ne prenant pas en compte la performance des autres machines (la somme est donc supérieurs à 100%). Mais ces chiffres donnent cependant une idée de ce que pourrait être le marché du jeu vidéo next gen. A savoir, une course beaucoup plus serrée qu'on ne l'imaginait.
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