« Il faut jouer pour y croire, » dit le constructeur, un peu avare de concret en ce mardi matin. Pas de date de sortie ou de prix, donc, durant la conférence pré-E3 Nintendo, mais des propositions ultra excitantes ayant pour nom Mario, Metroid Prime ou Red Steel, du tennis, du combat au sabre ou de la pêche dans les étangs du prochain Zelda. Qui sortira sur GameCube et sur Wii : le titre old gen est devenu une double killer app. Imparable.

Comparée à la conférence Sony de la veille, l'atmosphère est complètement différente. Le public, conquis d'avance, applaudit joyeusement le chef d'orchestre Shigeru Miyamoto ou les apparitions de l'icône Mario. Quelques minutes plus tard, Reggie Fils Aime, véritable leader de la communication Nintendo, avertira : « l'important n'est pas ce que vous voyez, parce que les apparences sont parfois trompeuses ». Le message est clair, et le responsable refusera d'ailleurs de s'aventurer sur le terrain des spécifications. « Je ne vais pas remplir votre cerveau gauche d'informations mais plutôt inviter votre cerveau droit à l'imaginaire, » dira-t-il.
Un autre terrain sur lequel Nintendo refusera de s'aventurer est celui du lancement de la console. Malgré les révélations de Sony de la veille, Fils Aime a indiqué qu'il faudrait attendre « un peu plus longtemps » avant de connaître le prix et la date de sortie de la machine. Le responsable a néanmoins concédé qu'elle proposerait « plus de fun pour moins d'argent » et qu'elle serait disponible d'ici la fin 2006. Satoru Iwata, PDG de la société, avait promis il y a peu qu'elle serait disponible avant Thanksgiving (l'un des derniers week-ends de novembre) aux Etats-Unis.
La phrase-clé « il faut y jouer pour y croire » sera le véritable fil conducteur de cette présentation. Et on comprend Nintendo. La manette télécommande de la Wii ne ressemble à rien de ce que les joueurs ont eu l'habitude de manipuler jusqu'à maintenant. On savait déjà qu'elle était bourrée de capteurs, permettant à tout moment de repérer sa position dans l'espace ; on a appris aujourd'hui qu'elle disposait également d'un mini haut-parleur intégré. Concrètement, dans un jeu de tennis par exemple, celui-ci reproduira le bruit de la raquette frappant la balle. On a également découvert que l'add-on stick analogique est lui aussi équipe de capteurs. En le remuant d'une certaine manière, on peut ainsi déclencher des coups d'épées spéciaux dans le prochain Zelda.
Justement, Nintendo avait une bonne raison de s'attirer la colère des fans en refusant de clarifier la date de sortie de Twilight Princess, initialement prévu pour la fin 2005. Certains disaient qu'il était en train d'être refait pour Wii, d'autres promettaient de source sûre que des fonctionnalités spécifiques Wii étaient en train d'être ajoutées à ce titre officiellement développé pour GameCube. Tout le monde avait à la fois raison et tort. Il y aura, en fait, deux versions des prochaines aventures de Link : l'une pour GameCube, l'autre pour Wii. Toutes deux sortiront au même moment, en même temps que la nouvelle console de salon du constructeur. Les fans pleurent sûrement d'avoir à patienter aussi longtemps pour un titre qui aurait peut-être pu être prêt l'année dernière, mais le bénéfice pour Nintendo est fabuleux. Le retard de Twilight Princess transforme un jeu old gen en une double killer app pour les fêtes de Noël prochaines, un hit assuré qui fera décoller à la fois les ventes de Gamecube et de Wii.
Link ne sera, bien évidemment, pas seul sur Wii. Super Mario Galaxy, dont on connaît finalement très peu de choses, envoie le plombier moustachu sur des planètes, jouer avec la gravité. A ses côtés, le prochain Metroid Prime (le troisième, sous-titré Corruption), des nouveaux épisodes de Sonic et de Super Monkey Ball, Final Fantasy : Crystal Chronicles et Dragon Quest Swords chez Square Enix, le nouveau Rayman (Rabid Rabbits) et quelques nouvelles franchises Nintendo : Excite Truck, course de rallye, Project H.A.M.M.E.R., beat'em all, et Disaster. Les séquences de combat au sabre de Red Steel, le titre d'Ubi Soft dont nous parlions il y a quelques semaines, se sont révélées particulièrement intéressantes – et étonnamment physiques.
Face aux offres Sony et Microsoft, Nintendo offre donc une proposition ultra-excitante, la promesse d'une nouvelle manière d'aborder l'interactivité dans le jeu vidéo. Le constructeur peut-il pour autant séduire le public, qu'il soit grand ou hardcore ? George Harrison, l'un des responsables Nintendo, y croit. Il voit dans Wii la continuation d'une stratégie initiée avec la DS, puis poursuivie avec la sortie (et le succès) de titres comme Nintendogs ou Brain Training au Japon. L'élément « perturbateur », a répété plusieurs fois Iwata ou Fils Aime. Ce dernier a d'ailleurs clot la présentation en invoquant le passé glorieux de la société, qui a ressuscité une industrie console moribonde au milieu des années 1980. Nintendo espère, bien entendu, voir son heure venir à nouveau.
Ah si Overgame est Pro-JeuxVidéo !!!!!