S’il y a une fête qui rassemble tous les japonais chaque année, c’est bien celle du Hanami, littéralement, regarder les fleurs ( 花見 ). Ainsi, lors de la floraison des cerisiers, entre fin mars et début avril, alors que les fleurs s’épanouissent, des centaines de japonais se réunissent sous les arbres, en famille, entre amis, dans tous les lieux possibles que ce soit en ville ou à la campagne, et admirent le spectacle de la nature. Parmi les plus connus, il y a la région de Sagano, d’Arashiyama, les parcs d’Ueno, de Shinjuku à Tokyo, les jardins Hama-rikyu et Koishikawa Kokaru, tous à Tokyo.
Cette célébration explique que les prix de voyages au Japon sont plus élevés à cette période de l'année, preuve que même les Occidentaux savent apprécier l'idée.
La coutume en place de puis le 8e siècle est issue d’une influence chinoise d’attention à la nature. Si les arbres célébrés à cette époque étaient les abricotiers (Ume), le cerisier (Sakura) lui a rapidement volé la vedette durant la période Heian (fin 8e – 12e siècles).
Pourquoi une telle fascination pour le Sakura ?
Pour commencer parce que cette floraison des cerisiers annonce la saison de plantation du riz, nourriture de base au Japon. Les dieux vivants dans les arbres faisaient donc signe à la population qui, en retour leur apportait des offrandes et buvaient de saké sous les majestueuses fleurs. L’empereur Saga (8e siècle) a adapté cette tradition en une fête de contemplation des fleurs au sein de la cour impériale de Kyoto avec saké et mets de choix à déguster sous les branches. L’art de louer la beauté des Sakura s’est développée : haikus, poésies, tanka… La fleur de cerisier est devenue le symbole de la vie elle-même, éphémère mais belle. Le Hanami est l’héritier de cette tradition et les Japonais gardent à l’esprit que les fleurs de cerisiers sont le reflet de l’existence, qu’il faut garder à l’esprit sa fragilité, sa magie, son caractère précieux et passager. De nos jours, c’est avec cette état d’esprit que les Japonais fêtent le Hanami, pique-nique en famille au rendez-vous.


Chaque étape du Hanami revêt une signification et un plaisir différent : l’apparition des premières fleurs (開花), le pic de floraison (満開). Internet, téléphone mobile, télévision, aucun média n’échappe au phénomène, attentivement suivi en parallèle de la météo qui, bien entendu, influe sur la floraison. Depuis la catastrophe de mars 2011, le Hanami est plus important que jamais pour les Japonais, il est l’espoir que les choses rentrent dans l’ordre, que la vie continue. Néanmoins, quelques individus se laissent aller à boire un peu trop et finissent aux urgences, surtout à Tokyo ! Il y a cette tendance double qui se partage le cœur des nippons : espoir et tristesse puisque le Hanami reste le fait d’un mois de joie seulement. Après tout, l’écrivain Motojiro Kajii n’a-t-il pas écrit dans l’une de ses nouvelles que « Sous les cerisiers sont enterrés des cadavres »…
Il y a dans les gares les informations sur les avancements "floraux" ^^