Après tant d'années à l'attendre, vous imaginez sans peine quelle était notre impatience de nous retrouver enfin face à Alan Wake. C'est donc avec autant de plaisir que de crainte que nous nous sommes rendus à la présentation de l'arlesienne de Remedy, avec la ferme intention de nous forger enfin un premier avis sur la bête. Le moins que l'on puisse dire, c'est que nous sommes sortis plutôt enthousiastes de notre tête à tête avec l'écrivain torturé.
Il apparaît en effet dès les premiers instants qu'Alan Wake a atteint une maturité rare dans notre média. Dès lors, on ne peut qu'admirer le travail effectué par Remedy, puisque c'est par ce genre de productions que passera l'évolution du jeu vidéo. Cela peut sembler quelque peut pompeux de coucher cela tout de suite sur le papier, mais il est difficile de faire autrement tant le constat s'impose comme une évidence. Loin de n'être qu'un jeu, Alan Wake est également un thriller qui s'annonce haletant, grâce à une histoire qui s'inspire de nombreuses références sans pour autant en oublier de se forger une âme. Nous avons pu entendre plusieurs fois évoqué le nom de Stephen King, ce qui n'est pas la moindre des références dans le monde du thriller qui lorgne doucement vers la science-fiction. Ici, c'est la limite entre rêve et réalité qui sera régulièrement mise en exergue, puisqu'Alan se retrouvera plongé dans l'un de ses romans sans savoir s'il est éveillé ou non. Il sera donc propulsé dans une course poursuite effrénée à la recherche de sa femme disparue, tout en se retrouvant confronté à des événements qu'il a couché lui même sur le papier quelques années plus tôt.

Si le scénario semble prometteur, puisque l'on imagine d'ores et déjà les multiples rebondissements inhérents au genre, l'ambiance est également de la plus haute importance pour ce genre de production. Encore une fois, Remedy semble avoir sorti le grand jeu, avec tout le savoir faire qu'ils ont acquis sur la série des Max Payne.
Le studio américain a donc accordé une importance toute particulière à l'ambiance sonore. Pour faire simple, cela faisait plusieurs années que cet élément n'avait pas été aussi bien intégré dans une production vidéo-ludique. La bande son ne se contente pas d'être une sorte de bonus qui permet une immersion plus importante, elle s'impose comme étant indispensable, à un tel point que lorsque nous avons touché au jeu sans avoir une installation sonore digne de ce nom, l'impression de qualité était beaucoup moins impressionnante que pendant la démonstration du développeur. La bande originale offre son lot de musiques dantesques, sans toutefois jamais en faire trop. La musique évolue en même temps que l'ambiance, mettant mal à l'aise lorsqu'il le faut, accélérant le rythme lors des phases de combat, s'accordant avec chaque situation aussi bizarre soit-elle. Les bruits secondaires, qui sont parfois trop négligés par les développeurs, sont ici incroyablement nombreux et jouent tous leur rôle à la perfection. Il en va de même avec les voix de tous les acteurs, principaux ou secondaires. Je ne peux qu'être dithyrambique sur cet aspect d'Alan Wake, mais le travail effectué mérite d'être souligné.

Les différentes présentations du jeu que l'on nous offre depuis quelques années nous laissaient présager du meilleur d'un point de vue technique. Si Alan Wake ne déchire pas la rétine pour ce qui est des personnages, les environnements visités sont à contrario grandioses et en mettent plein la vue. Notre héros est en effet en vacances dans un coin perdu des Etats-Unis, qui pourrait très bien se situer dans le Maine tant ses habitants se rapprochent par leur comportement de ceux décrits par Stephen King. La maison que les deux amoureux ont louée se situe sur une petite île au milieu d'un lac entouré de montagnes gigantesques sur lesquelles reposent pêle-mêle des arbres à perte de vue. Cela pourrait paraître un décor idyllique, mais le rêve se transformera bien vite en un cauchemar dont il devrait être difficile de sortir.
Le gameplay reposant très fortement sur l'opposition diamétrale de l'ombre et de la lumière, un grand soin a été apporté sur ces deux éléments. Alan se promène toujours avec sa lampe torche, puisque ses ennemis, issus de l'ombre, ne sont vulnérables qu'à une source lumineuse intense, avant de pouvoir être tués de manière plus conventionnelle (entendre par là avec un flingue ou un fusil à pompe). Les halos de lumière issus de cet accessoire sont fort bien retranscrits, tout comme le rouge écarlate et éphémère des fusées de détresse.
Arrêtons donc ici la masturbation et passons maintenant au gameplay qui, s'il ne paraît pas contenir de défaut particulier, ne détonne toutefois pas par son originalité. Alan Wake est un jeu d'action/aventure tout ce qu'il y a de plus classique, avec son lot d'énigmes à résoudre, ses scripts qui nous plongent dans l'action et ses phases de shooting intenses. Le tout est très dirigiste mais nous laisse une fausse impression de liberté bienvenue, puisque l'on peut se balader librement dans les environnements traversés à la recherche d'indices ou de thermos de café (ne me demandez pas pourquoi des thermos de café, même s'il semblerait que nous le saurons à la fin de l'histoire). La première comparaison qui me vient à l'esprit n'est autre qu'Uncharted qui, même s'il joue sur un autre terrain narratif, propose grosso modo les mêmes ficelles. Bien entendu, si Alan Wake fait preuve du même brio qu'Uncharted, nous ne pourrons qu'être comblés. Les combats sont assez nerveux, puisqu'il vous faudra gérer en même temps la batterie de votre lampe et les munitions de votre arme. De plus, les ennemis sont vraiment véloces et il vous faudra jouer de l'esquive tout autant que de la gâchette si vous voulez survivre. Le système d'esquive est par ailleurs plutôt bien réalisé, puisqu'il occasionnera de manière aléatoire des ralentis vraiment classes, qui accompagneront des mouvements de caméra très cinématographiques. Nous avons pu en voir un exemple avec l'esquive d'un ennemi qui venait de derrière, puisque la caméra tournait alors lentement en s'écartant légèrement du héros pour dévoiler progressivement le monstre derrière nous. On ressent ici tout le savoir faire d'un Max Payne en terme de mise en scène des combats, ce qui n'est pas pour nous déplaire.

Chaque présentation de jeu en présence des développeurs est l'occasion d'en apprendre plus sur le soft par le biais d'un jeu de questions/réponses apportant souvent un lot d'informations importantes. Nous en savons donc maintenant un peu plus sur quelques éléments fort intéressants de cet Alan Wake.
Afin de multiplier les points forts du scénario, Remedy a décidé de s'inspirer des séries télévisées. L'aventure de l'écrivain sera donc divisée en épisodes, qui se termineront souvent par des cliffhanger. Cela permettra au jeu de nous faire vivre régulièrement des pics dans l'histoire et donc de ne jamais perdre en intensité. Toujours dans l'optique de nous faire vivre une réelle histoire, Remedy a intégré au début des chapitres des rappels des épisodes précédents. Cela s'inspire là aussi très fortement des séries, mais l'intégration semblait excellente. Bref, Remedy a peaufiné tous les détails de son bébé au niveau de l'histoire, et devrait nous offrir une expérience narrative d'une force très rare.
De même, dans un souci de cohérence, il n'y aura pas d'embranchement possible dans Alan Wake. Il n'y aura donc pas de fins multiples mais bel et bien une seule histoire que nous vivrons à travers le jeu. Afin de ne pas frustrer le joueur lors de son avancée, Remedy a mis au point une difficulté évolutive. Ainsi, si vous jouez comme un beau gosse, le nombre d'ennemis lors des affrontements augmentera (je me suis retrouvé avec des hordes de monstres à mes trousses), tandis que si vous mourrez régulièrement et que vous avez du mal à avancer, les affrontements en seront facilités (MaitreSoda en a fait l'expérience).
Enfin, et ce n'est pas une information anodine, nous devrions retrouver Alan Wake dans d'autres aventures, sous réserve bien sûr que ce premier épisode ne fasse pas un bide. Nous aurons donc peut-être le droit à des DLC qui feront un pont avec un possible épisode 2. Cependant, cela risque de ne pas être pour tout de suite puisque l'équipe n'a pas encore commencé à travailler sur tout cela.
Au final, entre les promesses et ce que nous avons pu voir, Alan Wake risque bien de justifier ses cinq années d'attente. Nous savons déjà de quoi Remedy est capable, tant au niveau narratif qu'au niveau de l'action, et ils semblent avoir mis tout leur savoir faire dans leur futur bébé. Il faudra attendre le 21 mai pour pouvoir enfin mettre la main dessus dans sa version définitive et l'attente risque d'être longue.
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