Presque partout sur la planète, l'écart de rémunération entre les salariés et les P-DG est jugé trop élevé. Et encore, les émoluments de ces dirigeants sont très largement sous-estimés…



Trop payés, les grands patrons ? Cet avis est en tout cas partagé dans la plupart des pays du globe, à en croire une étude de deux chercheurs, dont l'un fait partie de la Harvard Business School, qui s'apprête à être publiée dans la revue "Perspectives on Psychological Science".

Pour établir ce constat, les deux auteurs se sont appuyés sur une enquête menée en 2009 par le programme d'enquêtes statistiques international ISSP auprès de 55.238 personnes au sein de 40 pays . Cette institution leur avait demandé le niveau de rémunération estimé et idéal d'un grand patron et d'un salarié non qualifié. Ces résultats ont ensuite été comparés à la fiche de paie réelle de ces dirigeants et travailleurs, obtenue à partir de données publiées en 2013 par l'AFL-CIO, le principal syndicat aux Etats-Unis, pour 16 pays.

Quel que soit le pays, la conviction politique, l'âge ou encore le milieu social de la personne interrogée, le bilan est étonnamment similaire. En moyenne, les sondés imaginent qu'un patron gagne 10 fois plus qu'un salarié. Dans l'idéal, ils souhaiteraient que ce ratio tombe à 4,6. Autrement dit, les personnes interrogées rêvent que les salaires des patrons soient divisés par 2… ou à défaut que ceux des salariés soient doublés.

Le pire, c'est que ces sondés sous-estiment très largement les niveaux de rémunérations des patrons. Aux Etats-Unis, par exemple, ils pensent que leurs fiches de paie sont 29,6 fois plus élevées que celles d'un salarié, alors qu'ils touchent en réalité… 354 fois plus (12,3 millions de dollars par an contre 35.000 dollars). Même tendance en France, où ce gap est estimé à environ 25 alors qu'il est de 104.

Les écarts de rémunération idéaux ("Ideal"), estimés ("Estimated") et réels ("Actual") entre les grands patrons et les salariés dans 16 pays :



Et encore, ces écarts ne constituent que des moyennes. Le patron le mieux payé du CAC 40, Christopher Viehbacher, à la tête du groupe pharmaceutique Sanofi, a par exemple touché 8,6 millions d'euros en 2013, soit 503 fois le montant du Smic fixé pour cette même année, comme on peut le constater grâce à notre palmarès des salaires des patrons…