La surprise made in France
Si Ubisoft nous a habitué à des annonces musclées de ses futurs hits à venir (à grands coups de screens et trailers), il faut bien reconnaître que l'éditeur a surpris tout le monde en dissimulant la moindre petite information sur l'un de ses projets les plus ambitieux : l'adaptation en jeu vidéo de King Kong, le film de Peter Jackson (Le Seigneur des Anneaux) qui verra le jour en fin d'année. Heureusement le jeu s'est dévoilé lors de l'E3, mais pour cela il nous fallait patienter près d'une heure de file d'attente avant d'entrer dans une salle de projection privée dans laquelle les règles étaient strictes : pas de caméra, pas de photo, pas de téléphone. Des gorilles vêtus de costumes Security nous dévisageaient tout en passant leur lampe torche sur nos mains qu'il fallait bien mettre en évidence pour certifier que rien de ce que l'on s'apprêtait à voir ne sortirait de cette salle. La tension était palpable avant même l'extinction des lumières...
L'homme traque la bête...
La projection commença par quelques minutes d'interview de Peter Jackson (le réalisateur) vantant les mérites de Michel Ancel (chef de projet sur le jeu) et inversement. Après avoir découvert Beyond Good & Evil, mister Jackson serait ainsi tombé sous le charme du talentueux français, voulant absolument travailler avec lui. Avec deux grands noms, l'adaptation vidéoludique avait intérêt à nous surprendre... et ce fût le cas !
King Kong est donc un jeu d'action se déroulant tantôt à la première personne, tantôt à la troisième, puisque l'on y incarne deux personnages à tour de rôle au fil de la narration. Tout commence en vue FPS, lorsque nous nous retrouvons dans la peau de Jack Driscoll, l'un des personnages principaux du film qui fait partie d'une équipe d'explorateurs partis en mission scientifique sur une île peuplée de gigantesques créatures. En pleine jungle, alors que seule la lune et quelques torches enflammées éclairent la scène, notre héros ligoté ne peut que regarder autour de lui et s'apercevoir qu'une jeune et jolie demoiselle elle aussi écartelée va bientôt servir d'offrande vivante au dieu Kong. Des bruits de pas sourds se font entendre au loin, les arbres s'agitent... le gorille géant approche, la donzelle se met évidemment à hurler mais notre gorille géant nous donne un aperçu de sa virilité avec un rugissement tel que l'écran se met à trembler sous l'effet des ondes sonores. Le gorille finit par détacher la jeune fille et s'enfuir avec. Peu après, deux de vos amis (dont l'un porte une caméra sur son dos) viennent à votre secours pour vous détacher et partir à la poursuite du monstre. Mais les indigènes qui vous ont capturé ne l'entendent pas de cette oreille et nos trois compagnons se retrouvent rapidement sous une pluie de lances enflammées...
Un peu plus loin, c'est un Vélociraptor impressionnant qui décide de nous attaquer. Complètement désarmé, seule la fuite se présente comme option salvatrice. Malheureusement le raptor est rapide et bientôt le combat s'impose. Jack s'empare d'une des lances des indigènes pour s'en servir de harpon... mais la peau du dinosaure est aussi résistante que l'écorce d'un arbre et les premiers coups de dents de la bête affaiblissent considérablement notre héros. C'est alors qu'un mille-pattes géant débarque et s'attaque au reptile, donnant l'opportunité rêvée à nos compagnons pour se mettre à l’abri tout en assistant à cette lutte acharnée. Finalement l'insecte s'en sort victorieux et décide de commander de l'humain pour dessert. Heureusement la bête est bien amochée et quelques coups de lance finissent par le mettre au tapis.
La dernière scène en vue FPS nous présentait une course-poursuite entre nos héros répartis sur deux radeaux de bois voguant le long d'une rivière, et deux Tyrannosaures affamés. L'affrontement commence par des jets de lances que Jack enflamme auparavant. Pas très bon viseur, notre héros finira par mettre le feu à un petit coin d'herbe, feu qui se propage ensuite à toute une étendue de la plus belle des façons. Le courant s'intensifie, les dinosaures perdent patience et accélèrent le pas, il est temps de passer aux choses sérieuses : un de nos alliés nous lance une mitrailleuse et Jack vide les chargeurs sur ses poursuivants apparemment insensibles aux balles. Une fois de plus la fuite s'impose, d'autant que vous vous retrouvez rapidement pied à terre et tentez de vous réfugier dans des abris de fortunes que les T-Rex s'empressent de démolir. La situation semble désespérée... jusqu'à l'arrivée de Kong lui-même.
...la bête sauve l'homme
A ce moment-là l'action passe à la troisième personne : vous êtes le grand King Kong. Sa taille imposante surprend et le moindre pas fait trembler les alentours. Après avoir délicatement posé la jeune prisonnière au sol, le gorille enchaîne les sauts majestueux en s'agrippant à divers éléments du décors, le tout avec une aisance impressionnante.
Le voici devant les deux Tyrannosaures, après s'être frappé le torse tout en lâchant un rugissement détonant, la lutte commence. Chaque frappe du gorille résonne comme un tremblement de terre, mais les T-Rex savent se défendre et leurs coups de queue ravageuse suffisent à faire tomber le gorille à plusieurs reprises. Quelques coups de temps plus tard, Kong finit par s'énerver complètement et passe aux choses sérieuses : quelques chopes par le cou, des étranglements, et pour finir le dernier Tyrannosaure en bonne et due forme, un écartement de la mâchoire jusqu'à ce que celle-ci explose dans un craquement d'os strident et une bonne giclée de sang. Les reptiles s'effondrent, le dieu Kong lâche un dernier hurlement tout en se frappant la poitrine. L'écran s'éteint, il nous a fallu du temps pour nous remettre de cette aventure...
Vivement une version jouable
On finit rapidement par la réalisation du soft signé Michel Ancel. Si celle-ci nous a bluffé, ce n'est pas tellement par sa qualité technique. En effet le soft utilise des textures plutôt pauvres, une palette de couleurs peu élevée, parfois ternes, et on pouvait noter quelques problèmes d'aliasing. Bref, techniquement parlant, on a déjà vu beaucoup mieux sur Xbox.
Mais là où King Kong nous a littéralement bluffé c'est au niveau de la mise en scène. L'atmosphère du jeu est brillamment retranscrite à l'écran : brume à couper au couteau, pluie battante, l'ambiance de la jungle profonde est excellente et on se sent littéralement plongé dans l'univers du jeu. Lors de cette présentation nous n'étions que simples spectateurs et déjà certains passages nous ont donné la chaire de poule, alors on imagine ce que l'on doit ressentir pad en main... Les animations sont bluffantes, notamment celles des dinosaures et de Kong lui-même, criantes de vérité.
Le jeu regorge d'évènements scriptés. A priori on pourrait penser que c'est un défaut mais après cette présentation une chose est certaine : Michel Ancel a un véritable don pour la mise en scène. Il se passe toujours quelque chose d'impressionnant à l'écran et on se retrouve dès le début immergé totalement dans l'univers de King Kong. En tout cas en sortant du bunker Ubisoft nous n'avions qu'une seule idée en tête : s'empresser d'y jouer !

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En s'envolant vers l'E3 cette année, nous ne pensions être bluffé que par les jeux next-gen. Si ça a été le cas pour plusieurs soft Xbox 360, Ubisoft a réussi à nous étonner avec son King Kong prévu sur Xbox première du nom (une version 360 est également prévue cela dit). Sa mise en scène ultra scriptée mais frisant la perfection, son ambiance unique qui plonge le joueur en pleine jungle hostile, son alternance entre gameplay à la première personne et à la troisième personne, King Kong a tout pour plaire et l'alliance Peter Jackson - Michel Ancel pourrait bien donner cet hiver l'une des plus grosse surprise de l'année. En tout cas on surveille de très près ce King Kong et on a hâte de s'y essayer.
source XBOXMatch