La Wii et la DS ont encore un fort potentiel de progression estime Stephan Bole PDG Nintendo France
Si vous parlez de succès à Stephan Bole, PGD France de Nintendo, il restera plus modeste, parlera d'une stratégie à poursuivre et évoquera des choix technologiques payants. Pour autant, les chiffres sont là pour le prouver : les dernières consoles de Nintendo, la DS et la Wii, plaisent ! Au Japon, la firme a vendu 25 millions de DS et 7,6 millions de Wii. Aux Etats-Unis l'année 2008 aura été positive avec presque 10 millions de DS vendues et plus de 10 millions de Wii, soit 55% des ventes de consoles nouvelles générations aux USA en 2008.
En Europe, avec 8,3 millions de Wii vendues en 2008, soit une progression des ventes de +58%, la base installée est au 1er janvier 2008 de 14,2 millions. Pour la console portable, après 3 ans de commercialisation, le parc installé est de 31 millions d'unité. Cette année, les Européens ont acheté 11,2 millions de DS soit +10% par rapport à 2007. A noter que la tendance est similaire au niveau des jeux.
Qu'en est-il en France ?
Nintendo a réalisé, en France, en 2008, des records de ventes tant pour la Wii que pour la DS. L'année a été faste pour l'univers du jeu vidéo avec un chiffre d'affaires en hausse de 22% à 3 milliards d'euros. L'éco système Nintendo représente environ 57% du marché et croit plus rapidement que celui-ci (+30%). Rien d'étonnant puisqu'en 2008, Nintendo a vendu 1,6 millions de Wii et 2,28 millions de DS. Au niveau des logiciels ou jeux, là encore 2008 est l'année des records : 11,7 millions de jeux sur DS et 8,5 sur Wii.
« Notre base installée en France ainsi que les ventes de logiciel sont sources de valeur pour les éditeurs tiers qui, rappelons-le, commercialisent les 2/3 des logiciels. Les Français ont acheté en tout 6,6 millions de DS et 2,9 millions de Wii. De plus, la part des éditeurs tiers évolue à la hausse : 2/3 en 2008 contre 53% en 2007 et 47% en 2006, le tout, mises à part quelques opérations ponctuelles promotionnelles, avec prix moyens pour les jeux DS qui sont restés stables sur un an » explique Stephan Bole. « Les jeux des éditeurs tiers sont présents dans le Top 10 des ventes de jeux vidéo. Ils font leurs meilleures ventes sur format Nintendo » ajoute-il.
Poursuivre la stratégie engagée depuis le début
Pour la console de salon nouvelle génération, la Wii, Nintendo a opté pour des choix stratégiques différents de la concurrence. Les concepteurs se sont concentrés sur autre chose que la puissance de calcul, ils ont privilégié l'interface. La tendance est d'ailleurs la même pour la DS. Ainsi, le joueur peut utiliser sa console comme un livre ou jouir de la reconnaissance de mouvement... Pour les jeux également, la ligne directrice était l'ouverture. « Il fallait ouvrir l'univers du jeu vidéo à un public plus large, développer la convivialité, le partage... bref briser le cliché du gamers type ! » commente Stephan Bole.
« Tout le monde lit, tout le monde regarde des films, va au cinéma mais pour l'instant tout le monde ne joue pas ! » constate Stephan Bole. « Il y a encore un gros challenge avec les partenaires de la distribution : démocratiser, évangéliser... Un gros travail a déjà été réalisé en magasin au niveau du merchandising. » L'objectif de Nintendo est bien sûr de poursuivre dans cette voie « pour démocratiser une industrie qui n'était pas réellement grand public ».
Et pour faire jouer encore plus de gens, Nintendo a présenté dernièrement la DSi qui est une extension de la DS, un complément pour renforcer la gamme. Elle sera disponible en Europe et aux USA au printemps prochain. Cette nouvelle console portable ouvre encore les possibilités puisqu'elle permet de jouer avec des images et du son. De plus, elle comprend des applications on-line.
Deuxième annonce qui s'inscrit dans la stratégie on-line du groupe japonais : la VOD. Là encore, ce service est exclusivement proposé au Japon, il faudra attendre pour l'Europe et les USA. Pour ce qui est des autres applications on-line, Stephan Bole explique : « Pour nous, le on-line représente du business additionnel à plusieurs titres, cela dit la vente dématérialisée de jeu vidéo n'est pas dans notre stratégie. » En effet, la majorité du catalogue est vendue via les partenaires « classiques », seul le fond de catalogue, c'est-à-dire, les jeux que l'on ne trouve plus dans les boutiques de jeux vidéo ; et les projets alternatifs développés par des créateurs indépendants sont disponibles via Internet. Ces deux catalogues sont générateurs de business additionnel, de plus les cartes pré payées sont commercialisées par la distribution classique !
Le mot de la fin
« Aujourd'hui, les tabous sont brisés mais il y a encore un gros réservoir. Les cibles sont déverrouillées : les femmes, les seniors... il faut poursuivre ! » conclut Stephan Bole.