C’était le 10 mars 2015. Les autrichiens de chez Moon Studios venaient de livrer leur tout premier projet que fut Ori and the Blind Forest. Un jeu d’exception (que j'ai classé parmi mes 10 jeux de la décennie précédente) avec une bande-son encore plus exceptionnelle que l’on doit à Gareth Coker.
Dix ans (et 2 mois) plus tard, je souhaitais lui rendre hommage dignement avec ma sélection d’une douzaine de morceaux parmi mes favoris. Et chacun ayant une histoire que je raconterai au fur et à mesure. Il y aura donc du spoil.
À peine le jeu est lancé pour la première fois, que la voix d’Aeralie Brighton (que l’on va beaucoup entendre ici) nous berce déjà les oreilles. Chantant durant la nuit d’orage de la cinématique d’introduction, alors qu’une feuille d’un éclat étincelant vient de se détacher de l’arbre des esprits. Virevoltant à travers la forêt jusqu’à atterrir quelque part.
Naru, Embracing the Light
Ce « quelque part » étant chez Naru. Une créature de la forêt qui, comme le titre de cette musique l’indique, va embrasser cette lumière qui est en réalité celle d’Ori. Un esprit de la forêt, et le personnage que l’on incarnera dans cette aventure.
S’ensuivit le début d’une amitié très forte entre ces deux personnages. Ressentie pleinement avec cette musique apaisante et joyeuse. Que l’on doit essentiellement à la flûte traversière de Rachel Mellis dont c’est sa première contribution dans cette bande-son. Et qui, vers 0:59, prend son envol avec une mélodie qui me donne systématiquement un sourire aux lèvres.
The Blinded Forest
Après les bonnes ondes du morceau précédent, changement radical d’ambiance avec celui qui donne son titre au jeu, et que l’on peut traduire par « la forêt aveuglée« . Une forêt qui, bien des années plus tard, se meurt à petit feu et pourrait devenir la tombe de notre duo s’ils n’y trouvent pas de quoi se nourrir. Ori s’attelle donc à la tâche en traversant sous un soleil couchant, mais loin d’être chaleureux, cette forêt terne et dont les arbres se sont dépossédés de leurs feuilles.
Puis, sur le chemin du retour pendant que les violons résonnent, Ori voit des fantômes de souvenirs des moments partagés avec Naru. Qui, telles des lueurs d’espoir, illuminent un peu une forêt déjà bien assombrie. Un espoir qui, hélas, s’éteindra en même temps que la musique et les dernières notes de piano. Lorsque Ori retrouvera son amie dans un coma profond. La faim ayant eu raison d’elle.
First Steps Into Sunken Glades
Alors qu’Ori s’affaiblit à son tour, l’arbre des esprits le remettra sur pied après avoir puisé dans ses dernières forces. Un réveil qui se fera au sein des carrières englouties, marquant le véritable point de départ de l’aventure. Un lieu dominé par un violet peu rassurant, et enveloppé par une musique autant mystérieuse que mélancolique qui doit l’essentiel de son atmosphère à son piano. Et plus particulièrement vers 1:53.
Up the Spirit Caverns Walls
On avance petit à petit dans la forêt pour arriver aux cavernes spirituelles. Un lieu qui, visuellement et musicalement parlant, demeure certes moins austère que les carrières, mais pas moins dangereux. Car il faudra être constamment sur ses gardes, et rester attentif à son environnement. Une musique accompagnée par le hautbois de Tom Boyd qui semble progressivement inciter à la découverte, jusqu’à mon moment préféré vers 2:30 comme pour nous dire "cette zone est à toi désormais".
The Spirit Tree
Première musique où on entendra ce qui deviendra le thème d‘Ori. Marquant la premièrerencontre entre ce dernier et l’arbre aux esprits. Dégageant une aura mystique et solennelle que l’on doit encore aux pianos, et surtout aux vocalises d’Aeralie Brighton.
Restoring the Light, Facing the Dark
Juste après qu’Ori ait restauré l’élément de l’eau (d’où le « restoring the light« ), une séquence d’échappatoire commune au genre du Metroidvania se lance. Celle où on doit fuir le niveau dans un temps imparti sous peine d’un Game Over. Ici, c’est l’eau qui est en train de tout engloutir. Et afin d’éviter une noyade certaine, il faudra se frayer un chemin vers le sommet en usant de la technique signature du Bash. Permettant de se projeter depuis un ennemi ou un projectile environnant, tout en figeant le temps autour de nous au moment de l’action.
Sauf que cette séquence d’échappatoire n’est pas comme les autres. Par sa mise en scène de haute volée, et surtout par sa musique qui est tout simplement l’une des plus incroyables que j’ai pu entendre dans un jeu vidéo. Une tempête orchestrale rythmée par les pianos et les violons. Et qui, dans le feu de l’action, m’aide à surmonter la frustration des échecs répétés. Le stress de l’eau qui me poursuit. Et me donne du courage pour cette ascension épique. Je n’ai pas souvenir d’avoir déjà ressenti ça dans un JV avant ce morceau. Et ça ne s’arrête pas là.
Car la seconde moitié prend une tournure d’abord plus menaçante avec le premier face à face entre Ori et Kuro (d’où le « facing the dark« ). Le principal antagoniste représenté par une chouette gigantesque, terrifiante, et nourrie par une haine incommensurable envers Ori. Et qui, d’un battement d’ailes, le précipitera dans le précipice. La cinématique se terminant par Kuro se rapprochant dangereusement d’un Ori en pleine chute libre, suivi d’un fondu au noir laissant planer le doute sur son sort.
Un pur chef-d’œuvre. Où quand la musique ne fait qu’un avec ce qu’on voit à l’écran.
Home of the Gumon
Assez tôt dans l’aventure, Ori croisera la route de Gumo. Une créature discrète de la race des Gumon, et dont le but initial était de nous mettre des bâtons dans les roues. Durant l’exploration de son repaire, il nous tendra de nombreux pièges jusqu’à ce que l’un d’eux se retourne contre lui et le mette dans une situation de danger de mort. Ce qui ne l’empêchera pas d’être sauvé par Ori malgré ses tentatives pour le mettre hors d’état de nuire. Suite à quoi, toute l’hostilité que Gumo avait envers lui disparaitra. Et il lui rendra la pareille en le sauvant à son tour des griffes de Kuro après le fondu au noir de la cinématique évoquée plus haut.
Plus tard dans le jeu, on retrouvera ce même Gumo au sein de ses terres natales. Ou du moins, ce qu’il en reste. Car on apprendra en même temps que lui, qu’il est en réalité le dernier de son espèce. Tous ses congénères ayant succombé à un froid que l’on ressent littéralement par cette musique pleine de chagrin et de regrets. Moi-même, ça m’a foutu le cafard et j’ai eu de l’empathie pour un personnage pas très appréciable à son introduction.
Riding the Wind
Pour les deux morceaux qui vont suivre, la flûte traversière de Rachel Mellis fera tout le boulot. Celui-ci nous donnant l’impression de planer au sein d’un territoire infesté de hiboux et de ronces, et où le vent sera notre plus grand allié. Un morceau qui prend une toute autre dimension à 2:27.
Completing the Circle
Quant à celui-là, c’est probablement celui que je préfère dans ce style avec sa montée en puissance à 1:00. Et qui se lance dès qu’Ori complète son cercle de capacités avec l’obtention du saut chargé qui est la dernière de son arsenal. Le thème d’un héros accompli en quelque sorte.
Fleeing Kuro
La conclusion de cette aventure est proche avec la musique de la séquence d’échappatoire finale. Bien plus stressante que celle évoquée plus haut, car c’est Kuro qui nous pourchasse au sein d’une forêt en flammes et qu’elle ravage sur son sillage. Kuro dont la menace n’a jamais été aussi palpable qu’ici. Avec ses cris stridents en arrière-plan, rappelant constamment sa présence et sa volonté de nous oblitérer. Par cette musique, on ressent clairement l’urgence de la situation, la détresse, et notre impuissance face à cette chouette vengeresse et pratiquement invincible.
The Sacrifice
Après cette séquence haletante, Ori commença à planer en direction de l’arbre aux esprits pour parachever sa quête. Mais c’était sans compter la réapparition soudaine de Kuro qu’Ori croyait pourtant avoir semé. Bien décidé à l’empêcher d’aller plus loin en le faisant tomber violemment au sol. Une chute dont Ori ne semble pas pouvoir se relever. Le laissant à la merci d’un Kuro s’apprêtant à lui porter le coup de grâce.
Et c’est ce qui aurait pu arriver sans l’intervention de Naru qui surgit de la forêt en flammes. Accourant vers Ori pour le protéger de Kuro au péril de sa propre vie. Un acte de bravoure, et surtout d’amour, rappelant celui que la chouette éprouvait envers ses petits qui ont été presque tous décimés, sauf un. Et c’est pour sauver ce dernier que Kuro choisit de se sacrifier. Par un aller simple vers le grand arbre pour raviver la lumière qu’elle avait elle-même volé. Et c’est ainsi que l’ombre Kuro, disparut enveloppée de la lumière de Nibel.
Light of Nibel
Joie, émerveillement, peur, colère, tristesse, cette bande-son m’aura fait passer par toutes les émotions imaginables. Et la musique des crédits de fin (2,6 millions de vues sur YouTube), assez semblable à « Restoring the Light, Facing the Dark« , en est la parfaite synthèse. Certainement une des plus poignantes que je n’ai jamais écoutées dans ce média. J’ai les larmes aux yeux à chaque fois que je l’entends, même 10 ans après. La fin d’une belle aventure qui m’a marqué à vie.
Conclusion
Ainsi s’achève ma rétrospective sur cette OST dont je voulais parler depuis très longtemps. Même si à l’époque, elle ne fut pas récompensée à sa juste valeur. Comme ce fut le cas aux Games Awards 2015 où elle méritait clairement face à Fallout 4, Halo 5: Guardians, The Witcher 3: Wild Hunt, et le vainqueur de cette catégorie que fut Metal Gear Solid V: The Phantom Pain.
Pour autant, cela n’enlève rien à son statut de chef-d’œuvre musical qui m’aura fait découvrir ce compositeur de génie qu’est Gareth Coker. Ce dernier qui réussira l’exploit 5 ans plus tard en 2020, de se surpasser avec la bande-son de sa suite directe Ori and the Will of the Wisps. Mais ça, ça sera pour une prochaine fois.
Merci à tous les contributeurs de cette OST, et à vous lecteurs, d’être arrivés jusqu’ici.
Il faut vraiment que je prenne le temps de faire ces jeux un jour.
J'avais pris deuxième opus sur Xbox en prévision de l'achat de la série X quand elle baisserait..donc je crois que je vais revendre cette version et acheter la Ori Collection sur Switch.
Tout cela pour ma question: que vaut cette version en docké ? pas trop d'image qui scintille sur une TV récente ? et que framerate stable? (l'image je peux faire avec mais le framerate instable j'ai du mal)
J'avais pris deuxième opus sur Xbox en prévision de l'achat de la série X quand elle baisserait..donc je crois que je vais revendre cette version et acheter la Ori Collection sur Switch.
Tout cela pour ma question: que vaut cette version en docké ? pas trop d'image qui scintille sur une TV récente ? et que framerate stable? (l'image je peux faire avec mais le framerate instable j'ai du mal)