A peine le temps de se remettre de la petite déception incarnée par Submerged que Sony pose sur PlayStation 4 un nouveau titre narratif, qui une fois encore va en laisser plus d'un sur le bas-coté, malgré cette fois d'indéniables qualités.
A l'instar de la saga Bioshock, notre intéressé fait par son titre référence à « Rapture », traduit chez nous dans la Bible par « L'Enlèvement », passage où les croyants se rassembleront vers les cieux pour accueillir le retour du Christ, qui selon certains renseignés (…) aura lieu en septembre cette année. On attend. Bref, si Everybody's Gone to the Rapture laisse une certaine place à l'Église dans son background, le propos est ici légèrement différent. Vous incarnez un illustre inconnu sans nom ni passif connu (donc on va dire que c'est « vous ») débarquant à Yaughton, petite bourgade anglaise des années 80 ayant subit une récente quarantaine à cause d'événements inconnus du public mais dont la résultante vous sautera directement aux yeux : tous les habitants ont disparu sans laisser de trace, et depuis assez peu de temps comme le prouvent les quelques mégots de cigarettes encore fumants dans les cendriers.
De fait, tout le principe va donc être de comprendre ce qui a bien pu se passer, mais avec un gameplay ultra limité. Vous ne pouvez pas lire de documents, fouiner dans des tiroirs… mais simplement vous balader à travers de très vastes zones (une demi-douzaine) de cette ville qui semble figer dans le temps et sujette aux rémanences, que ce soit à travers radios et téléphones fixes qui crachent des dialogues du passé, ou encore des apparitions fantomatiques. A ce sujet, que vous optiez pour le doublage US (parfait) ou celui en français (un poil moins bon mais tout de même servi par des pros comme le doubleur officiel de Morgan Freeman), pensez d'entrée à placer les sous-titres pour avoir constamment à l'écran le nom des « protagonistes » qui discutent, leur représentation à l'écran (sorte de forme lumineuse) n'aidant pas vraiment à se souvenir de qui est qui dans cet univers et même si l'on ne s'attardera que sur une poignée d'habitants, ils sont suffisamment nombreux pour que l'on soit susceptible de s'y perdre rapidement.
Donc voilà, une fois encore, de larges zones à visiter sans que chaque endroit ne soit un point de passage obligatoire. Car histoire de ne jamais être perdu, une étrange boule lumineuse aura tendance à constamment vous montrer la marche principale à suivre (malgré sa fâcheuse tendance à parfois faire n'importe quoi), et c'est donc à vous, si vous le souhaitez, de partir à droite/à gauche pour assembler un maximum d'informations et tout simplement connaître l'histoire de chacun. Chaque zone est consacré à un personnage en particulier, dont les différents dialogues d'importance décriront la destinée jusqu'à un final à chaque fois marquant et une transition vers la prochaine zone des plus envoûtantes d'un point de vue esthétique.
De là, deux clans vont se former. D'un coté, ceux qui n'adhéreront aucunement à une narration poussée à son paroxysme, laissant complètement de coté le gameplay pour une simulation de promenade à l'interaction limitée, qui plus est servi avec un personnage qui fait l'odieux choix d'avoir un comportement réel : vous marchez à rythme normal (c'est à dire lent) et vous trottinez au mieux de temps à autre car les développeurs ont eu le bon goût d'imaginer que la majorité des gens ne vont pas s'amuser à taper des sprints dans tous les sens dès qu'ils débarquent dans le moindre patelin. De l'autre, ceux qui vont parvenir à s'investir. Oh, non pas en terme de durée de vie (cinq à huit heures selon votre tendance à visiter), mais tout simplement dans la préparation. Everybody's Gone to the Rapture est une expérience qui se joue seul, au calme, si possible le soir et dans le noir avec un casque sur les oreilles, car tout à fait capable de véritablement vous happer dans cet univers qui est certes particulier dans la forme mais d'un réalisme incroyable dans le fond, doté d'une cohérence folle dans sa structure (rarement on a eu l'impression de visiter un village aussi « vrai »), de séquences qui frisent parfois le photo-réalisme en terme de rendu et d'une bande-son prodigieuse. Difficile de choisir son camp sans l'essayer.
Les plus
Les moins
+ L'atmosphère incroyable
+ La bande-son prodigieuse
+ Un réalisme saisissant
+ Le travail sur le background
+ Certains passages très marquants
+ Doublage réussi (US comme FR)
- Ne peut être pris comme un « jeu »
- On aurait aimé davantage d'interactions (dont la recherche de documents)
- Quelques bugs sonores
Conclusion : Everybody's Gone to the Rapture divisera, c'est un fait. Demandant impérativement une certaine forme d'investissement pour s'y plonger, le titre de TheChineseRoom incarne l'un des symboles de l'expérience narrative, capable d'être inoubliable pour un certain public, et juste incroyablement barbant et mou pour d'autres. On avoue de notre coté faire partie du premier cas, mais à 20€ la chose, il serait peut-être sage d'attendre une petite promotion avant de tenter le coup.
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