Alors que tous les fans de la série Persona ont les yeux rivés vers Atlus qui tarde toujours à présenter en détails le cinquième épisode, petit détour vers un spin-off de qualité.
Persona Q, pour ceux qui n'auraient pas suivi l'actualité autour de ce titre, est tout simplement un mélange entre la fameuse licence Persona, et cette des
Etrian Odyssey, également sous la houlette d'Atlus. Si on s'autorise une petite parenthèse en allant jeter un œil aux charts japonaises, on remarquera que le titre a fait plus de 230.000 ventes, un score pas si éloigné des épisodes canoniques et qui, connaissant l'appétit de l'éditeur, suggère clairement la mise en place d'une nouvelle saga à part entière. De quoi surfer sur une belle vague quand on sait qu'il ne s'agissait de base que d'un simple spin-off tiré d'une série qui était elle-même au départ le spin-off de
Shin Megami Tensei. Bref, l'argent coule. Donc notre intéressé va tout d'abord avoir la forme
Persona, avec la totalité des personnages issus des troisième et quatrième épisode, accompagné des musiques typiquement jazz, mais un design qui optera cette fois pour le SD afin de s'adapter plus facilement aux capacités de la 3DS. Et surtout éviter de savoir si elle peut faire mieux.
Dès le départ, on nous laisse le choix pour savoir quel casting privilégier : l'épisode 3 ou 4. On dressera notre team en fonction mais sachez tout de même qu'à un certain moment de l'aventure, la totalité du groupe est réuni pour vous laisser dresser l'équipe de votre rêve. Contrairement aux
Etrian Odyssey qui tentent seulement aujourd'hui, via les remakes, d'apporter un peu de profondeur au background,
Persona Q saute pieds joints dedans. Certes, ce n'est pas aussi construit que dans un « vrai » épisode mais les personnages se montrent bavards, parfois beaucoup, et les fans retrouveront avec plaisir les différentes personnalités atypiques (et caricaturales) qui permettent quelques échanges assez drôles. Bien sûr, inutile de vous dire qu'avec Atlus aux commandes et NIS America à la distribution, c'est du 100 % anglais, d'ailleurs cette fois sans les voix japonaises même si le doublage US se montre clairement correct.
Donc allons maintenant sur le gameplay qui emprunte l'essentiel d'un
Etrian Odyssey avec ses déplacements en case par case dans des donjons à la première personne. Si les premiers sont assez simples dans leurs architectures, surtout pour les fans de la série précipitée, les pièges ne tardent pas à pointer le bout de leur nez et on a tôt fait d'avancer à tâtons pour éviter le moindre drame qui vous renverrait à la dernière sauvegarde. Point de checkpoint ici. Et comme pour Etrian, c'est à nous de dessiner la carte des lieux sur l'écran du bas armé de notre stylet, l'essentiel étant de tracer les différents chemins, d'indiquer les routes (momentanément) bloqués, l'emplacement des coffres (qu'on ne peut toujours ouvrir du premier coup) et surtout les endroits où l'on peut passer à travers les murs, généralement suffisamment bien disposés pour qu'ils servent de raccourcis lorsqu'on souhaite repartir à la base en urgence et qu'on ne dispose plus d'objet pour fuir les donjons.
Toujours aussi accrocheur, le système motive à tout fouiner pour cartographier chaque étage à 100 %, ce qui implique souvent de trouver les zones secrètes parfois très bien cachées, que l'on peut se spoiler en « achetant » la map complète. Ne criez pas à la facilité, cette action à un coût... que l'on règle avec les fameuses piécettes de la 3DS obtenues en marchant avec la machine dans sa poche, et Atlus n'a pas cherché à jouer la générosité puisque cette option peut coûter plusieurs centaines de piécettes, et l'on rappelle au cas où que l'on ne peut en obtenir que 10 par jour. Bref, tenter la carte parfaite donne également une belle récompense en la présence d'un coffre pouvant vous octroyer de jolis bonus. Pour le reste, c'est identique aux Etrian, jusqu'à la présence des FOE, créatures spéciales incroyablement fortes qui apparaissent directement à l'écran et qui se déplace en même temps que vous. Certaines suivent un chemin prédéfini sans faire attention à vous, tandis que d'autres vous prennent en chasse dès qu'ils pointent dans votre direction. Dans un cas comme dans l'autre, un combat s'enclenchera si vous vous retrouvez sur la même case qu'eux (ce qui peut facilement arriver si vous vous retrouvez dans un cul de sac) et tenter de fuir la joute reste la meilleure chose à faire pendant une bonne partie de l'aventure.
Les combats eux semblent également tirés des Etrian, avec également une vue à la première personne, un système de tour par tour et des personnages placés sur deux lignes (front et arrière). Seulement, on comprend rapidement que le titre tourne autour des bases de
Persona avec, justement, l'utilisation des personas, sortes d'esprits que l'on peut octroyer à n'importe quel personnage pour lui offrir de nouvelles capacités et un bonus dans les statistiques. Rien qu'avec le premier jet de personas, des choix seront à faire pour rendre l'équipe un minimum polyvalente en leur permettant de pouvoir user d'un maximum d'attaques de type élémentaire et physique. Car évidemment, comme dans 99 % des RPG, certains ennemis sont plus sensibles à tel type d'attaque que d'autres (il faut juste trouver les faiblesses soi-même), mais dans
Persona Q, l'importance d'exploiter les éléments est juste primordial pour s'en sortir même face aux ennemis les plus basiques. Et ceci grâce au système de boost.
Mais qu'est-ce que le boost dira le nouveau-venu ? Alors c'est on ne peut plus simple à comprendre puisque, dès lors que vous toucherez un ennemi avec l'une de ses faiblesses ou que taperez un coup critique, le personnage entre alors en phase boost. Cette dernière offre au prochain tour la possibilité d'utiliser n'importe quelle attaque gratuitement, donc sans consommation de HP ou SP (car oui, certaines utilisent des points de vie). Un système à prendre en compte dès le départ et offrant de multiples stratégies importantes, dont la plus connu reste de d'abord balancer une magie peu coûteuse (mais visant la faiblesse de l'adversaire) pour au tour suivant balancer la grosse dose qui ne vous coûtera pas un rond. Idéal vu le peu de SP disponible même s'il est possible de contourner le manque assez facilement (en tout cas contre les ennemis les plus faibles) : chaque persona vous octroie un gain bonus de HP et SP qui se renouvelle automatiquement à la fin de chaque combat. De fait, il vaut mieux faire en sorte d'user cette réserve illimitée contre les plus petits adversaires afin de garder votre stock principal contre les plus forts.
Bon, comprendre le système n'empêchera pas de suer à de nombreuses reprises, surtout dès lors que vous délaisserez la difficulté la plus facile et sachez bien que les allers-retours seront très nombreux, déjà pour vous remettre d'aplomb (en notant bien que plus le personnage est puissant, plus la phase de soin à l'infirmerie est coûteuse), pour sauvegarder, mais également pour vous débarrassez de vos matériaux qui très vite prennent toute la place de votre « sac à dos ». A ce propos, comme dans les épisodes canoniques, la vente des matériaux est doublement bénéfique : déjà parce qu'il s'agit du seul moyen de gagner de l'argent, mais également parce qu'à force de refourguer tous vos trucs, les stocks du marchand se renouvelle pour vous permettre d'acheter vos pièces d'équipement (armes, armures et accessoires), ainsi que quelques objets.
Ce qui restera susceptible d'énerver le plus de monde, et c'est le genre qui veut ça, c'est la mollesse générale dans la progression. Sans parler évidemment de la méticulosité à cartographier chaque environnement, la lenteur vient surtout de l'augmentation en puissance de nos personnages qui passent leur temps à grapiller un faible nombre d'xp après chaque combat. Au moins, chaque niveau gagné est une petite victoire en soi, surtout quand il s'agit des personas (qui possèdent leurs propres niveau) puisqu'il passe leur temps à gagner de nouvelles compétences. Notons qu'il existe deux moyens de grinder plus facilement. La première est d'arriver à mettre au moins trois personnages en boost à la fin d'un tour, vous offrant une grande chance de voir tous les personnages sauter sur l'adversaire pour leur enlever une belle grappe de vie (déjà vu dans les épisodes principaux). Ce procédé, s'il achève la joute, vous offre ainsi un bonus d'xp et accessoirement un nouveau persona en stock. L'autre moyen est clairement tiré de
Dragon Quest et ses fameux Metal Slim : des ennemis dorés incroyablement rares, très difficiles à toucher et qui ont une chance sur trois de fuir le combat comme des lâches. Pour autant, un seul tué et c'est le bonheur vu la masse d'xp offerte.
Dernier point des plus essentiels pour espérer survivre durant la cinquantaine d'heures que vous demandera le jeu au premier rush (en mode normal du moins) : la fusion des personas. De ce coté, on retrouve la relative simplicité mise en place dans la version Golden de
Persona 4 où l'on connaît à l'avance les résultats pour éviter de se retrouver avec un allié en carton après avoir sacrifié vos plus belles âmes. De quoi amoindrir un peu une difficulté de base relevée et qui sera loin de correspondre à tous malgré la présence d'un mode facile, qui l'est justement trop et qui détruit une bonne partie de l'intérêt.
Les plus | Les moins |
+ Un cross-over de qualité
+ Casting forcément réussi
+ Le plaisir de la cartographie
+ Le système de jeu impeccable
+ Des musiques qui restent en tête
+ Long et difficile | - Crever misérablement à cause d'un piège ou d'un mauvais sort
- Très lent dans sa progression
- En anglais |
Conclusion : Alternative parfaite à la saga Etrian Odyssey, ce Persona Q permet à la nébuleuse Shin Megami Tensei de se doter d'un nouveau spin-off de belle qualité, qui plus est accessible à tous même si un bon choix dans la difficulté s'avère nécessaire pour apprécier toute l'essence d'un genre de base impardonnable, aussi frustrant dans les échecs que gratifiant à chaque donjon achevé. L'un des meilleurs titres 3DS de 2014, ce qui n'est pas du luxe vu le relâchement après une année 2013 juste parfaite pour la portable.