C'était peut-être la surprise de Microsoft pour ce TGS 2014 : D4 débarque soudainement sur le Xbox Live à la surprise générale alors qu'on attendait le jeu pour 2015. Voici nos impressions complètes sur le prologue et les deux premiers épisodes de la saison 1.
Beaucoup connaissent Swery65 pour son travail sur
Deadly Premonition, un jeu souvent considéré comme culte par quelques initiés mais qui n'a jamais réussi à être porté vers les hauteurs à cause d'un rendu technique à se tirer une balle, presque indigne d'une Dreamcast alors que le jeu tournait sur PS3 et 360. Autant crever l'abcès de suite :
D4 est moche, un peu comme redécouvrir un jeu 360 de première génération. Le cell-shading sauve heureusement les meubles et permet d'offrir un visuel disons acceptable pour ce produit pas comme les autres, qui va une fois de plus prouver que derrière ce créateur, il y a une sorte d'esprit fou. Ou un génie, au choix.
L'histoire met en scène David Young, ancien officier des stupéfiants qui a rendu les armes après l'assassinat de sa femme, Peggy (ou Little Peggy comme il l'appelle). L'ennui, c'est que David comme le joueur ignorent totalement la raison du meurtre. Il n'y a aucune emprunte, aucun indice et surtout aucun mobile, autre qu'une possibilité que tout soit lié (selon son ancien collègue Forrest Kaysen) à une sombre affaire de drogue, affaire justement en cours chez les stups. Depuis, David vit comme un fantôme dans son appartement, tuant le temps avec la recherche d'un meurtrier inconnu et la compagnie de l'alcool... Il n'est pas difficile d'ailleurs de deviner que notre anti-héros a le cerveau légèrement en vrac, voyant sans cesse une femme déambuler dans son appartement alors que c'est une chatte. L'entrée en scène de cette dernière est d'ailleurs perturbante. Mais le point essentiel de David, ce n'est pas sa folie ou l'attitude dépressive qui en ressort, mais c'est bien son « pouvoir », à savoir la capacité de voyager dans les souvenirs de certains objets. En quelque sorte, un voyage dans le temps, qui va être idéal pour notre enquêteur.
Le jeu se présente comme une sorte de Point&Click dans la droite lignée des jeux de
Telltale Games. On passe d'une scène à l'autre en dialoguant avec les personnages et en fouinant un peu partout pour déclencher les événements suivants. Notons que contrairement à
The Walking Dead et autres titres du développeur précité, il y a énormément de choses annexes à regarder, jamais obligatoires mais permettant de renforcer l'ambiance, avec ces petites anecdotes du héros qui permettent de le cerner un peu plus. Qui plus est, chacune de vos fouilles sera récompensée avec des points, qui eux-mêmes pourront être échangés avec votre chatte (un jeu Swery...) pour acheter de nouveaux vêtements ou régénérer vos différentes jauges, dont la vision (facultative mais servant à repérer plus facilement les indices) et l'endurance, qui s'use chaque fois que vous regardez des objets et qui conduira au Game Over une fois à zéro. Rassurez-vous, on est généralement assez large, sauf pour les plus méticuleux qui cherchent impérativement à tout voir en vue des succès à débloquer.
D4 peut être joué aussi bien à la manette qu'avec Kinect. Et exploit du siècle : le jeu s'avère meilleur avec la caméra ! Il faut dire que le genre se prête à merveille à l'exercice et à moins d'avoir les bras trop lourds, on évolue plus facilement dans le jeu comme dans les menus en mimant les gestes qu'avec notre curseur à déplacer dans tous les sens. On reste dans une haute accessibilité et il n'y aura donc aucun mal à s'en sortir quel que soit votre choix, même dans les malheureusement trop rares séquences de QTE, mais pour une fois que Kinect sert à autre chose qu'à évoluer dans le Dashboard en plus d'être efficace, on ne va pas s'en plaindre.
Les deux premiers épisodes (et le prologue) mettent donc en place un scénario qui risque d'être assez long à suivre, d'autres chapitres étant prévus dans les semaines ou mois à venir, en plus d'une éventuelle Saison 2 en cas de succès. L'essentiel se passe ici dans le fameux avion dévoilé dès la présentation du jeu (procédé bien connu entre Lost, Fringe et The Strain), où David doit donc comprendre comment un passeur de drogue a pu soudainement disparaître comme par magie entre le vol et l'atterrissage. Et c'est là qu'on entre véritablement dans le trip voulu par le créateur car si de base, le jeu se montre aussi nerveux qu'un produit de David Cage (c'est à dire aucunement, hors séquences de QTE), toute l'aventure repose sur l'ambiance et les personnages totalement fous qu'on aura l'occasion de rencontrer. Inutile de spoiler vu que cette première fournée de chapitres ne demandera qu'une poignée d'heures pour être achevés en ligne semi-droite (en fouinant moyennement quoi) mais notons tout de même l'excellence des doublages (uniquement en anglais par contre, mais sous-titres FR), les dialogues prenants et, tout simplement, l'envie de progresser pour comprendre ce qui se trame, malgré l'irrationnel qui semble ressortir de cet univers. Il faudra malheureusement attendre pour connaître le fin mot de tout cela mais pour une entrée, celle-ci est plutôt réussie.
Les plus | Les moins |
+ L'univers, l'ambiance entre malsain et folie, les dialogues...
+ Doublage US parfait
+ Le casting
+ Kinect, enfin utile !
+ L'envie de progresser | - Forcément très lent
- Quelques couacs dans la trad
- Oh que c'est pas beau
- Devoir attendre la suite |
Conclusion : La communication ultra hasardeuse autour du projet avait de quoi poser quelques belles craintes. Fort heureusement, Swery parvient à signer un produit très efficace pour les amateurs du genre qui n'ont pas peur des longueurs qui servent uniquement à renforcer l'univers et l'ambiance. La réussite dans ce type du jeu tient sur le background et le scénario, et on y trouve notre compte : entre doutes, mystères et rebondissements, D4 parvient à capter l'attention, et on espère vivement que les prochains chapitres seront de la même trempe.