Des soldats russes sans insigne se massent à la frontière de l’Ukraine

Grandes manoeuvres... Tandis que l’armée russe se déploie près de la zone de conflit, des opposants au Kremlin dénoncent l’emploi de mercenaires


L’OTAN s’inquiète. Des journalistes occidentaux racontent. Des opposants russes enquêtent. Mais les autorités à Moscou, tout en plaisantant, continuent de démentir leur implication militaire directe.

Les chars russes «n’ont pas besoin de visa». La récente plaisanterie du vice-premier ministre russe, Dmitri Rogozine, chargé par le Kremlin de la Défense, a fait rire jaune plus d’un diplomate européen. Car ces derniers jours, divers indices semblent indiquer que Moscou passe à nouveau des mots aux actes en Ukraine. L’OTAN a notamment dénoncé des «attaques continues» contre son «intégrité».

Des journalistes occidentaux (Reuters, France 24, etc.) racontent par ailleurs comment les troupes russes se massent à la frontière. Plusieurs de leurs véhicules, avec notamment des lance-roquettes et des tanks, ne portent pas de plaque d’immatriculation et les soldats ont retiré leurs insignes.



Un tel regain d’activité militaire, à quelques kilomètres des zones de conflit dans l’est de l’Ukraine, serait bien plus que de simples exercices. Il relance les rumeurs sur les plans des séparatistes qui, profitant du fragile cessez-le-feu, prépareraient une nouvelle offensive contre l’armée de Kiev. Comme l’été dernier et en début d’année, les opérations seraient orchestrées par l’armée russe. Ces troupes sans insigne correspondent d’ailleurs aux forces déjà repérées depuis un an en Ukraine. Aujourd’hui, elles attendent en Russie, le long d’une route qui, de l’autre côté de la frontière, mène à la région de Louhansk.

«C’est dans cette région que, le 5 mai, au moins trois soldats russes ont été tués», affirme Vadim Korovine. Avec d’autres militants anti-Kremlin basés à Moscou, celui-ci essaie de recouper les données sur ce déploiement militaire. Sur les réseaux sociaux, loin de la propagande des médias publics, amis et parents échangent des témoignages. «C’est à partir de ces bribes d’informations que nous avons reconstitué l’histoire de ces trois soldats», a confié à 24 heures Vadim Korovine. Selon lui, ils appartenaient à la direction du renseignement militaire de l’armée russe. Deux d’entre eux auraient été tués dans des échanges de tirs et un troisième dans une explosion. Un récit confirmant le non-respect du cessez-le-feu par les deux camps: officiellement, toute artillerie lourde a été retirée.