INTERLUDE
Aux origines il y eut les gnomes, puis les nains et enfin les elfes. Ensemble, ces trois races battirent les fondations d’une société multiculturelle aux frontières d’un monde en expansion constante. Puis arriva le cataclysme recensé sous l’appellation de conjonction des sphères, un portail interdimensionnel qui vit diverses créatures quittées leur réalité pour investir celle des races ancestrales. Des monstres qui pour la plupart ne tardèrent pas à pervertir la faune et la flore du fait de leur seule présence. Aussi, les écrits anciens ont eu tôt fait de rapporter l’existence de l’humanité en cette dimension à ce même phénomène d’ampleur quantique. Une nouvelle race indésirable a la surface d’un monde qu’elle ne tarda pas à convoiter au nez et à la barbe dès ses aînées. Pour cela les premiers hommes se perfectionnèrent à l’étude du chaos primordial, source première de la magie. Là, les élèves les plus réceptifs composèrent l’ensemble des troupes responsables de la destitution au pouvoir de leurs aïeux. Des Rois sans couronnes condamnés dès lors à constater du ravage culturel provoqué par le fléau humain sans ne jamais pouvoir répliquer en retour. Le grand continent devenu théâtre de l’hégémonie humaine, le temps est désormais entièrement dévolu au mépris et il est dit que quiconque convoite la paix emprunte un chemin pavé de bien des désillusions.
LE LOUP
La haine, sentiment dévorant par excellence et partie intégrante de la condition humaine. Capable de s’insinuer dans les cœurs y compris les plus purs, elle témoigne généralement de la faiblesse d’un individu confronté à la peur sinon l’incompréhension de l’inconnu. Seulement la haine génère la haine tel un serpent qui se mord la queue. Injustement calomniée sur la base d’une antique prophétie vulgarisée en une piètre thèse scientifique une fois échouée entre les mains du mage Stregobor, Renfri est l’une des victimes directes d’une ère propice au rejet d’autrui. La triste histoire d’une ancienne princesse a l’enfance bafouée devenue âme vengeresse en lieu et place d’une vie de martyre. L’on dit que les pires monstres sont ceux que l’ont créé et la haine de l’illustre pie-grièche n’a rien de semblable à celle d’une créature incapable d’outrepasser un instinct primaire. Elle résonne au contraire comme la complainte d’une fillette laissée seule à l'attention d’un monde qui ne l’aura traité qu’avec déférence.
Aussi la voir fomenter une expédition punitive en plein cœur des rues de Blaviken a l’encontre de son « créateur » ne répond à aucun désir de rédemption, seule lui importe la provenance et la quantité de sang versé dans le sillon de son courroux qui ne saurait se réprimer à moult pertes collatérales. Dotée de compétences d’épéiste hors pair, Renfri fait indéniablement figure de diablesse rompue à l’art du combat. Une frénésie meurtrière qui ne trouve d’égal qu’en la maîtrise bien singulière du glaive par un Sorceleur de passage. Son amant le temps d’une soirée, bon samaritain d’apparat le jour. Comme elle, il est un poison qui sans cesse nage entre deux eaux, bien décidées à ne jamais sombrer dans les abysses, la surface le renvoie pourtant systématiquement à sa condition de marginal. En conséquence de quoi le voilà entrain de battre le fer avec une congénère sinon de commettre l’un des échecs les plus cinglants de sa carrière a l’issue d’une joute victorieuse au goût toutefois amer. En ce jour « le Moindre mal » l’emporta et pour cela un boucher fut baptisé.
Prétendument incapable de ressentir la moindre émotion humaine, Geralt est un Sorceleur. Engendré pour tuer, il est la foudre qui s’abat sur toutes les horreurs du monde pour peu que le salaire soit a la hauteur du devis. Comme la un jour décréter le vénérable Vesemir emporté dans un élan de sagesse qui le caractérise au fond si bien, un Sorceleur authentique ne devrait jamais avoir a passer de vie a trépas dans son sommeil. Aussi il le sait, un jour viendra et signera ce qui sera son dernier contrat. Cependant l’appel de la faucheuse, cette voix lancinante qui de tout temps guide ses pas, lui ne la craint pas. Sur les flancs de montagnes qui dominent la Dol Blathanna, pieds et poings liés, le couteau sous la gorge, cette voix, la voix, trouve comme un écho en celle de ses ravisseurs. Des elfes du « Bout Du Monde » qui ne peuvent que contempler du haut de leur royaume précaire l’un des joyaux de leur civilisation encore conservé dans son écrin originel. Une ostracisation forcée qui ne sied guère a Filavandrel pas plus qu’a ses sbires. Cette haine Geralt l’entend et d’une certaine manière la comprend, bien qu’en son fort intérieur il regrette qu’elle ne soit pas source de plus nobles desseins.
ZOOM : Henry de Riv.
Là, de nouveau maquillé sous une épaisse couche de chair et de sang, l’on se dit que le Sorceleur a tenu la cadence de bien des vies. En premier lieu fruit de l’imagination de son romancier de père, un Gepetto dans l’âme, le bon monsieur de Riv aura su un temps se restreindre aux manipulations de son géniteur. Une marionnette dont l’existence n’a dès lors jamais été suspendue à autre chose qu’a un fil. Si l’histoire ne précise pas s'il s’est un jour rêvé en un véritable petit homme, il put autrement s’extirper de sa condition originelle par le concours d’une dizaine d’illustrateurs qui lui prétairent obédience et don de physionomie. Seulement il apparut que ceux-là n’eurent pas le monopole de l’interprétation. En d’autres termes nul portrait combien même concordant en tout point avec la vision de Sapkowski ne saurait faire montre d’une exactitude a la mèche de cheveux prés. Plus encore lorsque l’écrivain lui-même s’amuse à brouiller les pistes par le biais de descriptions poussées mes o combien évasives. D’un artiste a l’autre, Geralt peut donc tout autant devenir un bellâtre que se muer en laideron. En définitive seul prime le regard que tout a chacun veut bien lui accorder tandis que demeure à tout jamais le consensus selon lequel il est un mystère qui ne vaut pas tant la peine d’être résolu qu’entretenu.
Mais puisque le Loup Blanc ce n’est pas qu’une pierre d’yeux de chats apposée sur un visage pale assortie d’une crinière blanche, il faut aussi savoir statuer sur ses multiples personnalités. Et si le pluriel est de mise ce n’est pas tant pour souligner un cas de schizophrénie latent que de considérer le Sorceleur comme l’égal de son public depuis voila plus d’une décennie. Une interaction rendue possible par sa contrepartie de pixels au crépuscule d’une existence figée sur papier glacé. Or dans l’obligation de se soustraire aux bons vouloirs de ses nouveaux hôtes née une théorie impopulaire qui tend néanmoins a se démocratiser a la force des années : promis a un plan d’existence « supérieure » Geralt du payer le lourd tribut de renoncer a son individualité pour pérenniser sa place dans les mémoires. Il est aujourd’hui un personnage de jeu vidéo et entant que tel il se doit de donner envie aux joueurs de l’incarner. Outrancièrement plus beau que ne le laissait a penser le matériau original, serein face au danger, jamais avare en répliques bien senties… la différence ne se mesure donc pas sur la somme d’une cicatrice au visage fantasmée par de la fan-fiction haut de gamme. Oui, inévitablement le Geralt d’antan est ressorti changé depuis qu’il s’est affranchi du cadre de son domaine premier. Mais plus encore il permet un niveau d’identification accru avec le joueur présentement légataire de son histoire. Un accord de principe qui le voit renoncer a son « moi » profond pour laisser libre court a l’évocation des sentiments exprimés de part et d’autre de son auditoire.
Quid de la place laissée vacante a Henry Cavill ? La réponse ne tient pas du calcul savant. A la croisée des chemins, fidèle a son vœu de fédérer en se glissant dans les bottes d’un Sorceleur tout en un, il apparaît que l’ancien fils prodige de Krypton a préféré opter subtilement pour le statut quo. Une décision pleine de sagesse que l’on ne manquera pas de souligner mais qui soulève également toute la problématique d’une neutralité chancelante. A trop jouer les funambules a tenter de maintenir son équilibre sur un fil, son sort n’appartient plus qu’a sa faculté a coordonner ses pas. Or en multipliant les acrobaties le voila a conclure sa performance sur un pied. Comprenez par la qu’un showman de la stature du sieur Cavill préféra toujours conclure le spectacle en beauté plutôt que de respecter la chorégraphie imposée. Plus encore quand le metteur en scène lui dicte ses instructions en direct. La forme au détriment du fond, voila ce qui défini la copie rendue par Netflix. En soi ce n’est pas un mal, dans la peau d’un Geralt plus proche de l’idée que s’en fait les jeux vidéos et plus particulièrement le troisième d’entre eux, ce serait médire que de ne pas concéder a lui trouver une certaine crédibilité bienvenue. Comment pourrait-il en être autrement avec un physique pareil taillé pour le combat. Comble de l’investissement, l’ami Henry s’est mème donner la peine de se délester de quelques octaves pour se mettre au diapason de la tessiture vocale infiniment plus rauque de celui qui le premier donnera un ton si unique aux dialogues du Loup Blanc, Doug Cockle.
Au risque de verser dans le révisionnisme créatif, l’ont peut aussi se satisfaire du bien fondé d’une première impression laissée aux nouveaux et nouvelles venu(e)s qui découvriront ici un Sorceleur en pleine possession de ses moyens qui contrôle l’action plus qu’il ne l’a subit. Quant aux fans originaux, ils ne le restera plus qu’a déplorer une facette plus intime du personnage qui se questionne plus qu’il n’agit. Cela n’en fait pas moins un formidable guerrier, mais la nuance est-elle qu’est permet de mesurer l’insondable complexité du gaillard. Entendons nous bien, un roman peu se permettre d’insister sur la psyché d’un de ses pions, dans le cadre d’une série le rythme est une variable avec laquelle il faut savoir composer et c’est la que la notion d’exposition devient vitale. Sous l’objectif de la caméra le bon Henry de Riv s’expose justement en réalité somme toute assez peu. Quelques plans rapprochés pour manifester une réaction intérieure et puis s’en va tandis que la lentille s’éloigne pour l’immortaliser dans l’un de ses instants de poseur. De quoi garnir la pellicule en belles images, en matière de psychologie approfondie du personnage on s’en contentera. Difficilement plus pardonnable en revanche, cet air proche de la désinvolture nuit irrémédiablement a bon nombres de scènes d’importances cruciales. Sur l’échelle du divertissement l’humour trône a marche égale avec le sentimental mais quand l’hilarité générée ne sert qu’a la prolifération de médias associés qui pullulent sur le net, nombreux sont ceux qui ne manqueront pas de s’interroger sur l’absolu nécessité d’interrompre un silence autrefois si évocateur par un propos injurieux ou bien un grognement écho d’un sale garnement que l’on prive de friandises. En conclusion, ce Geralt nouveau ne manque pas de prestance. Pour faire dans la métaphore, il est comme un Sorceleur mal dégourdi venu d’un futur alternatif pour revivre tout un pan de son histoire. Il désamorce beaucoup de situations souvent a son insu et a parfois bien des difficultés a se fondre dans le décor qui n’était pas le sien a l’origine mais il sait captiver l’attention et pour cela il mérite au moins la moyenne avec les encouragements.
Max : de mémoire les personnes en charge du projet se sont divisé dont certains ont été next level pour les jeux comme punch out ou encore Mario striker.
Il faut dire que niveau projet annulé, la X-BOX est aussi forte que la Dream
Ok cool
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