Depuis cinq ans, l’industrie du jeu vidéo vit la plus grosse vague de rachats de son histoire : Activision-Blizzard, Bethesda, Bungie, Codemasters, Gearbox, (et bientôt Ubisoft ?) et la liste continue de s’allonger. D’un côté, les géants consolident leurs catalogues. De l’autre, de plus en plus de studios indépendants cherchent un refuge financier face à des coûts de développement toujours plus lourds.
Mais cette consolidation tous azimuts pose une question simple : est-ce encore une évolution naturelle du marché ?
Les arguments “pro-rachats” : stabilité, moyens, ambition
Pour certains, les acquisitions restent une nécessité :
- Sécuriser le financement : un studio racheté ne dépend plus d’un seul jeu pour survivre.
- Accéder à des outils et infrastructures impossibles à financer seul (engines internes, serveurs, pipelines d’animation, marketing global…).
- Des jeux plus ambitieux : les fusions ont parfois permis des projets impossibles autrement, comme Baldur’s Gate 3, Sea of Thieves ou encore Final Fantasy XIV après sa relance.
- Continuité des séries cultes : certains rachats ont sauvé des licences abandonnées.
Sur le papier, tout le monde y gagne : les studios sont protégés, les budgets augmentent, et certaines licences revivent.
Les arguments “anti-rachats” : uniformisation, risques et monopoles
Mais l’envers du décor inquiète de plus en plus :
- Concentration du marché : moins d’acteurs = moins de diversité créative.
- Risque d’annulation des projets jugés “pas assez rentables”.
- Départs massifs : de nombreux rachats se soldent par… des licenciements.
- Pression GaaS et microtransactions : les catalogues doivent être “rentabilisés”.
- Exclusivités de force qui fragmentent les communautés.
- Fermetures soudaines : même des studios historiques (Volition, Tango Gameworks, Arkane Austin…) n’ont pas survécu malgré leur rachat.
Aujourd’hui, beaucoup voient les acquisitions non plus comme une opportunité, mais comme une menace pour la créativité et la stabilité de tout le secteur.
Le vrai problème : la dépendance aux géants
Peu importe le camp, une chose est claire :
Le marché devient de plus en plus dépendant d’une poignée d’acteurs capables d’absorber, de financer… mais aussi d’éliminer.
Ce n’est pas tant le rachat qui pose problème, mais le degré de contrôle économique qu’il crée.
En 2025, chaque acquisition n’est plus un événement isolé, mais une brique dans un système où : les risques sont centralisés, les échecs se répercutent sur des milliers d’emplois, et les décisions créatives se prennent de plus en plus loin des studios.
Et vous, vous voyez les rachats comme une chance… ou comme une menace pour le jeu vidéo ?