Si Intellivision et Atari ont été ressortis du placard aux souvenirs avec des nouvelles consoles (enfin, il paraît !), un autre acteur du marché vidéoludique américain du début des années 80 est tombé dans l'oubli : Coleco !
Sa principale contribution au jeu vidéo fut la Colecovision, une console qui ambitionna de concurrencer l'Atari 2600.
Pour Gamekyo, je vous propose un extrait de mon article publié sur gameforever.fr, avec le lancement de la console ainsi qu'une vue d'ensemble sur ses jeux. L'article complet est à lire par ici : https://www.gameforever.fr/colecovision.php
Bonne lecture !
Quand Atari lance avec succès l'Atari 2600, le marché du jeu vidéo prend véritablement son envol dans les pays occidentaux. En ces temps anciens, Coleco était l'une des premières compagnies à avoir su se détacher du reste d'une importante concurrence, et se présenter ainsi comme l'un des challengers d'Atari. La compagnie américaine fondée en 1932, dont le nom d'origine est "Connecticut Leather Company", avait pour première activité la fabrication de chaussures en cuir (laquelle fut revendue par la suite) puis celle de matières plastiques, avant de se lancer dans l'électronique... et pour ce qui nous concerne, dans le jeu vidéo et la Colecovision.
> Les débuts de Coleco dans l'électronique
La compagnie se lance dans le jeu vidéo en 1976, avec sa toute première console Telstar. Ce clone de console "Pong" propose ainsi différents jeux copiant... euh, inspirés du mythique jeu de tennis de la Magnavox Odyssey - tout comme Pong d'Atari. C'est donc en opportuniste que Coleco se lance sur le marché (mais après tout, il en faut bien !), espérant surfer sur la vague "Pong".
Coleco produira en tout 14 modèles de Telstar, la plupart proposant des variantes de jeux Pong, avec quelques améliorations : La Telstar Ranger ajoute ainsi des jeux de tir, ainsi qu'un revolver ; le modèle Colormatic propose de la couleur, ainsi que des pads séparés de la console (ce qui n'est pas le cas dans le premier modèle Telstar) ; La Telstar Combat! propose quant à elle différentes variations du jeu d'arcade Tank ; ou encore la Telstar Gemini, proposant des jeux de flipper.
La Coleco Telstar, premier modèle d'une longue série
Ce marché des consoles à jeu dédié (principalement Pong) arrivera cependant rapidement à saturation, et fut dépassé par la sortie de l'Atari 2600 en 1977. Néanmoins, Coleco réussit à se maintenir sur le marché de l'électronique. Plutôt que de suivre Atari sur ce marché de consoles "next gen" initié avec l'Atari 2600, Coleco opta finalement pour les jeux électroniques, suite aux succès de Mattel en la matière. Elle se distingue par des séries "Head to Head", ainsi que des séries basées sur des licences de jeux d'arcade, comme Ms Pac-Man ou Donkey Kong.
Ce n'est finalement qu'en 1982 que Coleco, fort de son expérience dans le jeu électronique, revient sur le marché des consoles de jeux, avec la Colecovision.
> Le lancement de la Colecovision
Proposer une concurrente de l'Atari 2600 en 1977 était vain : Coleco n'avait qu'une seule année d'expérience avec ses consoles Telstar, et ne chercha pas à rentrer dans cette première bataille. La prochaine, en revanche, sera la leur. L'Atari 2600 ne sera pas éternelle, et il faut pouvoir proposer aux consommateurs une console plus performante, qui prendra le relais.
La stratégie de Coleco était de vendre une console ne proposant quasiment aucun jeu exclusif, mais des adaptations de qualité des hits d'arcade de l'époque. Elle arrive à une période où de (trop) nombreuses compagnies se disputent un marché archi-dominé par l'Atari 2600 et sa ludothèque dépassant les 1000 jeux.
La console ne paye pas de mine, mais elle était la plus puissante de sa génération
Mais Atari s'est reposé sur ses lauriers, et n'a pas fourni de réels efforts depuis bien longtemps pour proposer une offre de qualité sur sa console vieillissante. Une place est donc à prendre, et Coleco décide de se lancer avec une stratégie marketing nouvelle mais efficace : proposer un pack "console + jeux" qui donne envie d'acheter ! L'expérience de Coleco en matière de consoles se révèle plutôt limitée, mais c'est surtout grâce aux succès obtenus par ses jeux électroniques que le constructeur effectue son retour avec confiance sur le territoire d'Atari. Exploiter des licences est essentiel ; en réussir l'adaptation est un atout ; en obtenir l'exclusivité - ne serait-ce que temporaire - est un avantage.
A l'été 1982, la Colecovision fait donc une entrée convaincante sur le marché américain, avec comme jeu de lancement ni plus ni moins que le célèbre Donkey Kong de Nintendo. Bien plus qu'un atout de poids, le jeu sera l'argument de vente, d'autant que sa qualité approche celle de la version arcade.
L'adaptation de Donkey Kong fut un atout de poids pour la Colecovision à son lancement, malgré quelques petites digressions à l’œuvre originale
Coleco a dû débourser 250 000 $ (en plus de récolter un procès d'Universal qui estimait faire valoir ses droits pour la licence King Kong) pour acquérir le droit d'exploiter en premier la licence Donkey Kong sur consoles de salon ; une somme considérable qui fut cependant un risque très bien calculé. Grâce à Donkey Kong, la Colecovision allait se faire une place de choix dans la nouvelle génération de consoles, et parvient même à éclipser la sortie de la nouvelle Atari 5200 fin 1982, laquelle souffrait de sévères handicaps (ludothèque peu fournie, et pas de rétrocompatibilité avec l'Atari 2600).
Début 1983, profitant d'un Noël 1982 particulièrement faste, la Colecovision atteindra le million d'exemplaires vendus.
La console sera également distribuée en Europe à compter de l'été 1983 par le groupe CBS Electronics – d'où le nom, dans nos contrées, de CBS Colecovision.
> La ludothèque : une stratégie d'adaptations de qualité
La ludothèque de la Colecovision ne verse aucunement dans l'originalité. Coleco ne prend que très peu de risques, et souhaite avant tout vendre des jeux qui ne lui seront pas retournés pour mauvaise qualité ou mévente, comme ce fut le cas du désastreux ET sorti sur Atari 2600. L'exemple de la Videopac / Odyssey ², basée quasi exclusivement sur des productions maison, n'a également pas fait ses preuves. Ce qu'il faut, ce sont des jeux connus, faits par des éditeurs reconnus. A l'image du soutien de Namco pour Atari, Coleco passera ainsi des accords avec Sega, Konami ou Nintendo pour obtenir de tous ces mastodontes de l'arcade des licences d'exploitation permettant d'adapter leurs hits pour la Colecovision. Une sélection judicieuse, ce d'autant plus que la puissance de la console confère à Coleco un train d'avance sur Atari.
Outre Donkey Kong et sa suite Donkey Kong Jr., la Colecovision accueille ainsi les adaptations de Zaxxon, Lady Bug, Centipede, Defender, Dig Dug, Frogger, Galaxian, Burger Time, Star Wars ou Pac-Man, pour ne citer que les plus connus.
Lady Bug, un clone de Pacman porté sur les légumes et les insectes
Une autre licence forte, avec Zaxxon de Sega
Dans le lot, très peu de jeux seront des productions originales pour la Colecovision, comme les Schtroumpfs ou Rocky Super-Action Boxing.
Le très connu Pitfall!. Graphiquement, l'écart avec l'Atari 2600 est perceptible
Rocky Super-Action Boxing, un des quelques jeux maison de Coleco, basé sur le film Rocky 3
La liste des jeux de la Colecovision illustre donc parfaitement la stratégie de Coleco : proposer un catalogue fourni en licences connues. Globalement, les adaptations seront réputées bonnes, confirmant que l'ambition de Coleco de proposer l'arcade à la maison n'était pas mensonger.
Au total, environ 170 jeux sortiront sur Colecovision entre 1982 et 1984.
Ce sera tout pour cet extrait, qui vous donnera l'envie d'en lire plus :
=>
https://www.gameforever.fr/colecovision.php
La suite de l'article présente les différents modules d'extension, dont celui permettant de faire fonctionner les jeux de la concurrente (l'Atari 2600), ainsi que l'Adam, un ordinateur basé sur la Colecovision ; sans oublier l'histoire rocambolesque de la Coleco Chameleon, un projet de console pour le moins fumeux !